Est-ce que le Covid-19 sauve des vies?

Question polémique sans doute à l’heure où de nombreuses personnes meurent de ce virus, mais qui mérite d’être posée quand on constate la chute drastique de la pollution de l’air dans les villes suite aux mesures de confinement liées au Covid-19.

Le confinement quasi-mondial de la population constitue un phénomène inédit. Du jour au lendemain, des centaines de millions de gens se retrouvent bloqués chez eux, en télétravail ou en congés forcés. Les déplacements, en particulier motorisés, ont fortement diminué, tandis que de nombreuses activités industrielles sont à l’arrêt.

En conséquence, la pollution de l’air a fortement diminué, en particulier dans les grandes villes habituées aux embouteillages et à la pollution automobile.

Rappelons qu’il est communément admis que la pollution de l’air cause en France environ 100.000 morts chaque année.

Que ce soit en Chine, à Los Angeles, Milan ou Paris, la qualité de l’air s’améliore fortement depuis le confinement, à un point où cela devient même visible depuis l’espace.

C’est principalement le dioxyde d’azote (NO2) qui diminue dans l’air, dans des proportions allant de -30 à -50%. Le NO2 est un polluant majeur de l’atmosphère terrestre produit par les moteurs à combustion interne, en particulier le trafic routier, et les centrales thermiques.


Forte diminution du NO2 à Los Angeles


Le NO2 a également diminué dans le nord de l’Italie


Cartes moyennes de pollution au dioxyde d’azote (NO2) en Île-de-France du 17 au 19 mars: en situation normale, en situation de confinement, et différence entre les deux

Localement, les particules fines de type PM10 diminuent aussi, comme cela a pu être le cas en Lombardie.


Les niveaux de PM10 en Lombardie ont chuté de façon spectaculaire après 10 jours de mesures de distanciation sociale liée au COVID-19.

Malgré tout, les particules ne diminuent pas partout dans les mêmes proportions. Rappelons que ces particules sont issues de davantage de sources que le seul trafic routier et pour lesquelles la diminution du trafic n’a pas compensé l’augmentation liée au chauffage résidentiel et au maintien des activités agricoles, conjugués à une météorologie printanière favorable à la formation de particules.

C’est le cas en Île-de-France, où Airparif fait remarquer que la diminution des particules a été peu visible avec la mise en place du confinement. Ceci dit, avec la forte limitation du trafic, les niveaux n’ont pas augmenté au point de nous placer en épisode de pollution. Ce qui aurait vraisemblablement été le cas en temps normal, avec des conditions similaires et un trafic normal.

Par ailleurs, le NO2 et les particules sont les principaux polluants observés en continu par les organismes officiels, mais le trafic routier produit en temps normal de nombreux autres polluants (benzène, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, plomb, hydrocarbures, etc.).

Le confinement a fait chuter principalement la pollution liée au trafic routier et aux activités industrielles. Il est probable que le chauffage résidentiel soit lui en augmentation, les gens étant la plupart du temps chez eux. Quant aux activités agricoles, elles sont censées être normales pour la saison.

Globalement, on parle en moyenne d’une baisse de la pollution de l’air allant de 30 à 50%. Selon le journal Le Monde, « l’impact du confinement est logiquement plus marqué près des axes de circulation, où la baisse atteint 70%, voire 90% sur certaines stations de mesure. »

Lire aussi :  Un autre salon de l'automobile

C’est ici un élément particulièrement important qui confirme l’impact de la baisse du trafic routier et l’amélioration certaine de la situation pour les riverains de ces axes de circulation.

Cela mérite surtout d’être rappelé aux constructeurs de voitures qui tentent de nous faire croire depuis des années que leurs voitures sont toujours plus « propres. » Pas de bol (pour eux), quand on supprime une bonne part du trafic routier, la baisse de la pollution de l’air atteint 70%, voire 90% près des axes de circulation. Ce doit être un hasard…

L’effondrement du trafic routier

Les données des GPS Tomtom, qui permettent de visualiser précisément l’évolution du trafic dans plusieurs villes de France, montrent que les embouteillages sont devenus quasi inexistants dans les grandes villes françaises depuis le début du confinement.

Selon France Info, le taux de congestion, qui correspond au temps passé dans les embouteillages et est calculé à partir des temps de parcours des utilisateurs comparé aux temps de trajets en conditions totalement fluides, s’est effondré depuis la mise en place du confinement: il a baissé de 83,7% à Paris, de 67% à Marseille et de 59% à Strasbourg.

Si on voulait trouver une phrase pour résumer la situation, on pourrait dire qu’en ce moment, c’est un peu un 15 août tous les jours.

On pourrait aussi parler de la baisse historique des accidents de la circulation liée à la quasi-disparition du trafic routier. Là aussi, même si les chiffres du mois de mars ne sont pas encore connus, il y a fort à parier que le nombre de morts sur les routes va fortement baisser. Si on voulait faire un trait d’humour, on pourrait se rappeler qu’il y a quelques mois certains se battaient contre le 80 km/heure sur les routes nationales… Aujourd’hui, c’est le 0 km/heure pour presque tout le monde.

Au moment où on écrit ces lignes, le Covid-19 est responsable d’environ 8.000 morts en France et ce bilan va continuer d’augmenter. Le confinement de la population, dans la mesure où il est bien respecté, permet d’améliorer très certainement la qualité de l’air et le bilan de la mortalité sur les routes. Cela n’enlève rien au bilan effroyable du Covid-19, mais cela constitue malgré tout une bonne nouvelle.

C’est triste à dire, mais il aura fallu attendre un confinement généralisé de la population pour recommencer à pouvoir respirer à peu près normalement dans nos villes habituellement embouteillées. Cette expérience sociale inédite nous montre ainsi ce que pourrait être une vie avec beaucoup moins de voitures.

A vrai dire, à certains égards, on peut être inquiet de la fin du confinement.

10 commentaires sur “Est-ce que le Covid-19 sauve des vies?

  1. Gwenael

    Il faut craindre cependant que la radioactivité ne prenne le relais. Nucléaire et 5G ont de beaux jours devant eux.

  2. pedibus

    https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/pollution-lair-origines-situation-et-impacts#e6

    48 000 disparitions prématurées en France par an par la pollution de l’air extérieur :

    les chiffres macabres du gros con de virus c’est donc déjà deux mois de létalité de pollution atmosphérique chez nous début avril…

    mais il ne faudrait pas que l’expression « comparaison n’est pas raison », citée déjà en 1610 (Janus Gruter), nous renvoie en plein Moyen-Âge et ses épidémies, avec le proverbe « toute comparaison est odieuse » (1317) ;

    il est vrai aussi que « le ridicule ne tue pas »…

    à vérifier.

     

     

  3. pedibus

    … et puis j’oubliais :

    ne s’agirait-il pas maintenant de tenir l’objectif- puisque « nous sommes en guerre » – d’être con finement… ?

     

    boaaa

  4. jol25

    Les nanoparticules (PM0.1) échappent à la plupart des mesures et sont les plus nocives (passage direct à travers les muqueuses nez/bouche dans le système nerveux, sans même passer par les poumons). Ces joyeusetés sont principalement issues des « améliorations » des filtres diesels ou downsizing des essences. Dommage qu’elles échappent aux mesures (centrées PM10 et PM2.5), car elles devraient avoir baissé drastiquement. A savoir que la surface d’attaque des nano est équivalente à celle des micros (elles représentent 90% des particules émises en nombre), sauf qu’elles ne font pas de « suie » (au temps pour le test du chiffon blanc).

  5. David

     

    Beau billet. C’est exactement ce que je pensais. Merci de l’avoir écrit.

    Et à vélo sur les petites routes de campagne, plus de bagnoles, plus de bruit, on entend les oiseaux, on respire…

    C’est quand même sacrément ironique que le virus qui s’attaque à nos bronches soit aussi celui qui nous permet collectivement de mieux respirer !

    On vit une époque formidable !

  6. Lydie

    Bravo pour ce texte très documenté et factuel. Les constructeurs automobiles et les politiques de tout horizon sauront-il en tirer les conséquences pour agir sur les causes? Pas sûr malheureusement.

    Gardons l’espoir de voir remiser les automobiles dans un format différent (déplacer une tonne de ferraille pour 70kgs) une aberration sans nom, et revenir à des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement en préservant la qualité de vie de tous.

    Les constructeurs Allemands pour ne pas les citer interviennent auprès des ministères et de l’Europe pour ne pas devoir respecter les textes contraignant. Voir ce que TRUMP vient d’abroger sur les textes de l’environnement pour l’industrie pétrolière. Verrons nous une vrai solidarité se dégager permettant de mettre au pas tous ces industriels qui ne pensent qu’à produire des engins mortifères et de malheurs.

    La grave crise que  nous traversons doit absolument nous amener à nous interroger et de prendre une direction différente de celle que nous connaissons. C’est l’occasion d’une véritable refondation qui implique un accompagnement (information, formation, financier, modèle) est fait auprès de chacun à des degrés divers mais pour aller dans le respect du bien commun.

     

     

  7. Zfred

    C’est sans oublier aussi (meme si ce n’est pas exactement le sujet de l’article) les morts de moins par d’autres maladies, reduites par ces precautions sanitaires: la grippe « classique » (plus d’1 million de morts par an tout de meme de par le monde), la gastro (200 000), etc…

    En terme de statistiques, le bilan de l’année 2020 sera très interessant !

  8. Tom Lobo

    Un autre aspect de la chose : le babyboom engendré par le confinement …
    Donc oui, ce virus sauve par effet rebond certainement des vies, mais il contribue sans doute aussi à l’avènement de la génération « virus » …
    Portez-vous bien ….

  9. Olivier

    @Tom Lobo, remarque amusante, mais rien n’est moins sûr.

    Il est montré que la baisse de natalité anticipe les crises, car il faut une certaine confiance en l’avenir pour décider de faire un enfant.

    Le contexte énergétique de ce début de 2020 (cf. derniers commentaires de  Jancovici) nous dirigeait probablement vers une crise même sans coronavirus et de fait la natalité était déjà en baisse.

  10. Tom Lobo

    @Olivier,
    RDV dans neuf mois pour constater « l’engorgement » des maternités …

    Quand à Jancovici, il y a peu encore, n’a pas vraiment anticipé le maintien à bas coûts du prix du baril de pétrole par Poutine et de l’ouverture de ces resserves par l’Arabie Saoudite, histoire de rire de la production non-conventionnelle américaine sous respirateur bancaire artificiel et coûtant un pognon de dingue à extraire. (https://lesakerfrancophone.fr/guerre-du-petrole-poutine-ne-cillera-pas-le-premier).

    « Car il faut une certaine confiance en l’avenir pour décider de faire un enfant » je ne me lancerai pas dans des recherches statisticiennes pour simplement constater que ce n’est pas uniquement une « confiance en l’avenir » qui dicte la courbe des naissances (cf La Palestine et beaucoup d’autres pays) mais tout une série de raisons … que je ne listerai pas ici. (https://books.openedition.org/cdf/1544).
    Et bien sûr : https://www.youtube.com/watch?v=4ltVtbPp1wo

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