Visitez la planète à côté de chez vous

A l’heure de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie du Covid-19, il faudra s’interroger un jour ou l’autre sur le sens des innombrables voyages en avion liés à la mondialisation. Avec le développement de l’aviation et en particulier du low-cost, il devient possible de prendre l’avion pour un oui ou pour un non afin d’aller passer un week-end ou une semaine sur une « île de rêve » ou pour aller « visiter » un pays exotique à l’autre bout du monde.

On nous parle beaucoup du « monde d’après » qui devrait être – forcément – différent du « monde d’avant, » en tirant en particulier les conséquences de la crise sanitaire majeure que nous connaissons à l’échelle mondiale. Sauf que parmi les premières mesures de « l’après-crise » il y a des prêts d’argent public de milliards d’euros au secteur aérien pour faire repartir coûte que coûte les avions.

L’aéroport d’Orly redémarre en ce moment même avec le décollage d’un premier vol, à destination de Porto au Portugal, après près de trois mois de léthargie sous le coup de massue infligé au transport aérien par le coronavirus. Et c’est un avion de la compagnie low-cost Transavia ayant décollé à 06H25 ce matin qui marque le retour dans le ciel des vols commerciaux de l’aéroport du sud de Paris qui avait été fermé le 31 mars au soir.

Avant de s’élancer sur la piste, l’appareil a été arrosé par les canons à eau des pompiers de l’aéroport lors d’une cérémonie dite de « water salute ». Les avions repartent comme en 40, c’est la fête!

Au-delà de l’aberration énergétique, environnementale et climatique que représente l’aviation, il est désormais évident que la facilité des voyages en avion a pourtant un rôle non négligeable dans la diffusion des virus à l’échelle mondiale. Le tourisme hors-sol lié à l’avion symbolise le monde d’avant: on finit sa semaine de travail à Paris, on se jette dans un avion avec ses bagages et une dizaine d’heures plus tard on se retrouve « projeté » dans un autre pays, une autre culture, un autre climat, etc. Sans autre préparation que la lecture de quelques guides de voyage standardisés, on « survole » une culture à flux tendus en passant en général par tous les passages obligés du circuit touristique international.

Cela rappelle d’ailleurs ces touristes chinois qui viennent chaque année par dizaines de milliers à Paris pour visiter Montmartre et qui achètent des « produits typiques » parisiens, y compris des toiles de peinture à Montmartre fabriquées… en Chine. Il serait malvenu de se moquer des Chinois, car les touristes français achètent eux aussi des « souvenirs typiques » à Venise, Athènes ou New-York… provenant pour la plupart d’Asie.

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Il y a aussi cet état d’esprit déplorable qui consiste à dire « j’ai fait les States » ou « j’ai fait l’Egypte » comme si on inscrivait des cibles à son tableau de chasse. En général, on n’a « rien fait » de plus que le parcours typique du touriste mondialisé: aéroport – hôtel – musée – restaurant – musée – hôtel – aéroport.

On part à l’autre bout du monde au prix d’une orgie de consommation d’énergie et d’une diarrhée d’émissions de polluants et de CO2 alors que très souvent, on ne connait même pas son environnement immédiat à quelques dizaines de kilomètres autour de chez soi.

Voici une petite histoire véridique qui montre que la beauté du monde est non seulement près de chez soi, mais qu’il ne tient qu’à nous de la réaliser.

En 1943, Søren Poulsen, un agriculteur danois, travaillait sur le drainage des prairies environnantes lorsqu’il trouva dans un de ses champs une pierre en forme de péninsule du Jutland. Cela l’a inspiré et il s’est mis à créer son propre petit monde. Pendant les mois d’hiver, à l’aide d’outils primitifs, il plaçait de grosses pierres soigneusement sur la glace. Quand le printemps arrivait, les pierres pouvaient facilement trouver leur place, et c’est ainsi qu’une carte du monde prit forme. Certaines des pierres utilisées pèsent plus de 2 tonnes.

La carte du monde du lac Klejtrup est une carte du monde miniature construite en pierres et en herbe à Klejtrup Sø, près du village de Klejtrup, dans la municipalité de Viborg au Danemark.

Poulsen a créé la carte du monde entre 1944 et 1969. Elle mesure 45 mètres sur 90 mètres et couvre une superficie de plus de 4000 mètres carrés.

La carte est l’épicentre d’un « parc » qui possède, entre autres attractions, une aire de pique-nique, un café-restaurant et une aire de jeux.

La carte du monde est une attraction importante dans la région et attire environ 40 000 visiteurs par an, pour la plupart danois.

Ne prenez pas l’avion pour aller voir la carte du monde du lac Klejtrup, construisez votre propre carte là où vous êtes avec les matériaux que vous avez à votre disposition…

Source: https://en.wikipedia.org/wiki/World_Map_at_Lake_Klejtrup

6 commentaires sur “Visitez la planète à côté de chez vous

  1. vince

    Article récurrent mais ô combien salutaire.

    Plus le monde est standardisé et moins le voyage n’a d’intérêt, tu trouves les mêmes enseignes partout. Le dernier exotisme est la langue mais personne ne fait l’effort de s’y coller, trop pressé, on se débrouillera avec un peu d’anglais.

    L’avion rend absurde le voyage, c’est comme allumer la téloche, le monde était encore exotique et visitable en 1900, et un long voyage était une épreuve initiatique. Aujourd’hui c’est rien, tu poses ta serviette demain sur une plage bulgare sans rien connaître de la Bulgarie et hop.

     

  2. pedibus

    on vous dit qu’il faut être résilient…

    résilient !

    continuer à engluer dans le système qui se pare des apparences d’un beau bas résille pour assurer les revenus de leurs acteurs principaux, qu’on s’épargnera de qualifier de la chose qui peut mouler le bas de soie ?

    une étymologie récente nous renvoie au bois et à la capacité de certaines essences de bien supporter le choc… :

    https://www.cnrtl.fr/definition/resilient

    … et il se trouve que le sapin est bien placé :

    voilà sans doute de quoi sera faite l’étoffe du prochain costume pour assister au grand spectacle de la catastrophe socio-environnementale qui se met en place…

    ah ces écolos catastrophistes… ! millénaristes… ! obscurantistes… !

    résilient, ouais… sans doute veut-on masquer la lenteur à résilier le bail qu’ont encore renoncé à rompre les sociétés avec le bon vieux système où ils se pensent captifs…

     

    alors oui, bien sûr, prendre de la hauteur, aux niveaux individuel et collectif, pourrait bien nous pousser plus vite à une expérience pragmatique et nous faire renoncer au mythe revisité d’Icare pour revenir sur terre et « à côté d’ici »…

  3. Bernard

    Bonjour

    Prochain voyage : partir en vélo pour visiter le monde à Klejtrup – Jutland – Danemark

    Trajet relativement plat pour tous ceux qui partent du nord ouest de la France, mais parfois du vent.

    Bonne route

    L’email a bien été copié

  4. Lydie

    La France, chacun de ses départements, communes recèlent d’une quantité innombrable de richesse si nous savons prendre le temps de les admirer, d’échanger avec les habitants. Le mercantilisme de l’industrie du tourisme ou chaque professionnel cherche à dégager le maximum d’argent en l’absence de toute authenticité et respect des individus, de la terre est un véritable fléau. L’accueil de ces commerçants pourtant n’est pas leur fort et ils espèrent que tout arrive tout cuit à quelque exception près.

    Prenons le temps de redécouvrir notre pays et l’Europe en  respectant la nature. Le train, le vélo, la marche, le kayak permettent de dégager des plaisirs d’agrémenter ses connaissances, sa culture physique et ses distractions. A personne il  n’aura échappé l’injonction de consommer consommer encore qui est faite par nos chers politiques dans l’incapacité de proposer un autre monde pour le bien être de tous dans le respect de chacun.

    Continuez carfree à œuvrer pour informer pour éduquer à un monde différent de celui des lobby, des multinationales qui imposent la destruction de la planète et de l’humain.

     

  5. Schrtroumph

    En même temps, si on continue de vanter la France, ses monuments, ses plages et ses beaux paysages, ça contribuer à faire venir en masse (et en avions) les touristes du monde entier.

    Donc créons une France moche, immonde et sale, et assumons-le !

  6. vince

    La France moche des bretelles d’autoroute et des parkings est créée depuis longtemps mais les touristes continuent d’affluer, bernés par les tour-operators.

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