Les cyclistes sont-ils supérieurs aux automobilistes?

Commençons directement par la réponse à cette question volontairement provocatrice: bien sûr que non. Personne n’est supérieur à personne, ou plutôt tout le monde est supérieur aux autres personnes dans ses domaines de prédilection et selon sa propre morale.

Lorsque certains cyclistes appuient sur le fait qu’ils aspirent à un monde où la part de la voiture serait drastiquement réduite, ils se heurtent parfois à la réaction de certains automobilistes ne comprenant pas pourquoi les fautes des automobilistes (vitesse excessive, non respect des distances de sécurité, stationnement gênant, etc.) sont mises en avant alors que les fautes des cyclistes (non respect des feux, des stops ou des sens interdits, trafic sur les trottoirs, etc.) sont tout aussi gênantes pour la bonne entente et la sécurité de tous les usagers de la route.

Et en effet : un cycliste n’est en rien supérieur à un automobiliste et le non respect du code de la route représente une gêne et un risque pour tout le monde. Alors pourquoi continuer à chercher à réduire la part automobile et à mettre en avant le vélo comme une des principales alternatives aux modes de transport individuels motorisés ?

En fait, qu’il soit cycliste, automobiliste, piéton ou autre chose, l’Homme est relativement individualiste et fait passer la plupart du temps ses attentes personnelles avant la loi et avant la sécurité d’autrui. Il est relativement rare qu’il cherche délibérément à provoquer un danger mais le besoin personnel prioritaire masque la conscience de ce danger.

Il ne faut donc pas se focaliser sur la personne qui se déplace et qui pense rarement aux choix qui l’ont amené à utiliser tel ou tel mode de déplacement lorsqu’elle effectue un trajet, mais sur le mode de déplacement lui-même et sur la globalité de ce que son utilisation implique.

Outre le comportement de certains automobilistes, le principal problème que représente la surabondance de l’automobile est sa surexploitation de l’espace, qu’il soit sonore, visuel, matériel ou olfactif. Je mettrai de côté volontairement le problème écologique qu’elle peut représenter car il représente un débat à part entière dont elle n’est pas forcément le centre selon moi.

Lire aussi :  Le vélo stimule l’imagination des parlementaires (hélas)

– Malgré tout, les gaz rejetés que l’on renifle directement et qui sentent mauvais équivalent à fumer plusieurs cigarettes au nez de quelqu’un.

– Le bruit émis par les véhicules motorisés oblige parfois à stopper une conversation lorsqu’ils passent à proximité car on ne s’entend plus. Au-delà de ces instants brefs et particulièrement en ville, le bruit général provoque une sorte de fond sonore omniprésent et entêtant.

Ces deux problèmes majeurs pourraient être réglés par des motorisations différentes, les deux suivants, non:

– La place énorme occupée pour avancer et pour stationner et les aménagements urbains que cela force à réaliser pour lui donner l’espace dont elle a besoin (parkings, voirie) entraînent une défiguration des paysages urbains et ruraux et un coût extrêmement élevé pour mettre en place et entretenir les infrastructures nécessaires. Très peu d’espace est laissé aux premiers usagers de la voie publique: les piétons, qui ne sont plus maîtres de la ville ou promeneurs des campagnes mais des éléments gênants qu’on a placé sur les côtés de la route pour laisser passer l’automobile, qui, même si elle n’est pas prioritaire selon la loi, l’est de fait.

– Et enfin, le danger qu’elle représente n’est pas seulement imputable aux chauffards inconscients: l’erreur étant humaine, la moindre baisse d’attention ou la moindre erreur de manipulation peut entraîner blessures ou mort des autres usagers, qu’ils soient piétons, cyclistes, et même automobilistes. Et même sans erreur du conducteur, elle reste un danger omniprésent et permanent pour toute erreur commise par un autre usager (un enfant qui traverse au dernier moment sans regarder par exemple).

Au-delà du comportement des uns ou des autres, c’est bien la surabondance de l’objet voiture qui est pointée du doigt comme une nuisance générale.

Source: http://pasdevoiture.wordpress.com/

12 commentaires sur “Les cyclistes sont-ils supérieurs aux automobilistes?

  1. vince

    Je suis tout à fait d’accord et la plupart du temps, je n’ai rien contre la personne dans la voiture elle-même.

    Le problème est que le « mauvais comportement » est induit par l’objet lui-même. Cela dépasse l’être humain, il suffit de prendre le volant pour le ressentir, le « c’est ma route, je passe comment ? Il va se pousser  ? »

    De plus, bien que se déplaçant plus rapidement que l’homme le plus rapide du monde, la voiture rend insupportable l’attente et la lenteur. Ce n’est encore pas assez rapide. Cela ne le sera jamais. Là encore ce n’est pas l’homme, c’est l’action de la voiture sur l’être humain qui fait ça.

    Or on ne peut pas changer l’homme mais on peut changer son mode de déplacement.

    Sur le deuxième point, il y a le bruit du moteur certes, il y a aussi le bruit d’un engin traversant le vent à grande vitesse. Je passe le long d’une route limitée à 70, et le bruit des voitures même électrique est énorme à cette vitesse.

  2. pedibus

    heureux de ton retour Struddel.. !

    on apprécie la fraîcheur de l’article daté de 2013 tiré de ce site « pas de voiture » : dommage qu’il soit inactif depuis quatre-cinq ans ; a contrario on se réjouira de la longévité de Carfree France qui entamera le mois prochain sa dix-septième année d’existence… on trépigne d’impatience et on souhaite avant l’heure au Marcélou une bonne année et une santé de fer (faite du métal recyclé à partir des bagnoles réduites à l’état d’épave… ) : en espérant qu’il ne cultive pas d’opposition à la vaccination pour bientôt se protéger du grô-con-de-virus-19…

    au-delà de ces considérations ne faut-il pas voir l’addicte au culte de Ste-Gnognole comme un pur produit des sociétés fordistes et post-fordistes… ? périodes où les générations successives des techniciens de la mercatique nous ont fabriqué ce mythe du « client-roi », chérissant leurs débouchés jusqu’à faire de cette contre-révolution une fabrique de petits tyranneaux…

    on pourrait s’amuser de l’expression « auto-centré » s’agissant des sujets au barycentre localisé sur le nombril… et puis il y a toujours cet enfant survivant durant la période adulte, avec les restes de la toute puissance infantile, bien documentée par Piaget et Winnicott par exemple, ce dernier présentant le nourrisson comme créateur de son monde perceptif*… En faisant de la psy de comptoir, de bas-art, on pourrait situer notre automobiliste comme incarcéré dans sa bulle amniotique motorisée, privé du retour du réel à travers le regard de l’autre, trop fugace ou invisible à travers son pare-brise, qu’il s’agisse de cyclistes, piétons ou des autres automobilistes… On note aussi chez les pervers cette incapacité à symboliser suffisamment (ibid), avec pour le cas qui nous occupe le véhicule et le conducteur qui fusionnent en permanence, donnant libre cours à cette toute puissance où l’intrasubjectif fait obstacle à l’intersubjectif…

    pour le reste ce n’est ni la faute à Voltaire, ni à J.-B. Say (théorie des débouchés), ni à Ford et au fordisme si… les villes sont sorties trop loin de leur limites initiales parcourables facilement à pied, à l’exception des plus grandes d’entre elles (la Rome impériale par exemple) :

    en cause la période classique avec ses avenues et boulevards, son dictat de la circulation hippomobile, ses carrosses écraseurs au nom de la distinction, les Etats monarchiques en cours de consolidation en recherche de transformation des territoires urbains vers un modèle de « territoire-machine » où il n’est question – déjà – que de flux de richesses marchandes et de personnes, foncièrement en conflit avec le modèle de la rue comme lieu de vie, d’interaction sociale et de mixité sociofonctionnelle, où le boutiquier, l’artisan, le commerçant habitaient les étages au-dessus de l’échoppe comme au Moyen-Âge, s’économisant de longs trajets inutiles…

     

    *Le devenir de la toute-puissance dans les liens précoces, Anne-Marie Blanchard, Gérard Decher in Le Divan familial 2009/1 (N° 22), pp 149-163.

     

  3. zaph

    Très bon article et réflexions pertinentes !

    Le cycliste n’est pas supérieur aux autres , il a seulement un temps d’avance .

    Il a compris qu’il est nécessaire de déconstruire le système automobile mis en place depuis des décennies .

    –   Incitations à acheter des autos inadaptées, via des publicités envahissantes , agressives et franchement anti égalitaires

    – adaptation de la ville à la voiture ayant conduit à l’occupation démesurée de l’espace public pour l’usage de l’automobile au détriment des autres usagers et de la vie de quartier

    – prise en charge des externalités négatives de l’usage de l’automobile par l’ensemble de la population

    – conditionnement dés le plus jeune âge à être docile face aux risques induits par la circulation

    Il nous faut donc bâtir un système vélo-piéton pour bousculer l’hégémonie de la voiture

    Merci à ce site de nous aider à lutter. On se sent moins seul à sa lecture.

    Bonne année 21

  4. vincent

    Bonjour Vince

    Je salue votre message que je ne partage néanmoins pas du tout.

    En effet, comme je peux le dire souvent sur ce site, ce n’est pas la voiture le souci, à mon sens mais bel et bien le conducteur.

    Son égocentrisme, sa manière de voir les choses par le petit bout de sa lorgnette, son manque d’empathie. D’ailleurs, les conducteurs entre eux se conduisent bien souvent comme des vrais c… aussi

    Pour ma part, je ne me ressens pas agressif envers les cyclistes, ni les coureurs, les cavaliers. Pourquoi ?

    Parce que je ne me ressents pas plus automobilistes que rollerman ou autres. Non je suis juste un homme sur une route, un père de famille et qui le lundi fait du vélo, le soir sera piéton pour aller chercher son fils à l’école et le lendemain fera 300 bornes en voitures pour le boulot et le surlendemain un petite rando cycliste avec ses trois enfants.

    Donc je sais ce que c’est de se faire frôler en vélo par un idiot en voiture, comme accosté par l’arrière à pieds par un vélo de course qui nous frôlera pour ne pas casser sa course, ou devoir à pieds aller sur la route pour circuler en poussette, éviter les crottes de chiens, les chewing-gums sur les trottoirs etc etc etc etc

    donc ne faisant pas aux autres ce que je ne veux pas que l’on me fasse…c’est aussi simple que cela cqfd

    Anecdote : il y a un moment à pieds avec les enfants j’ai pesté ouvertement contre un de nos voisins qui nous frôle quasi chaque jour en voiture dans les petites rues étroites de notre village. Il s’est arrêté, n’a pas apprécié. « Je roule à la vitesse autorisée. T’es pas content : tu passes autre part etc etc.  »

    Puis l’autre jour, il était à pied sous la pluie dans la même petite rue, je suis passé à sa hauteur. J’ai vu qu’il m’avait vu. J’ai ralentis, suis passé doucement à coté de lui. il me dit eyh ben vous roulez vite. je lui réponds, je suis à 20… Lui l’autre fois ce plaignait de ne pas rouler vite alors qu’il était à …50. Depuis il a réfléchie et ralentis dans cette rue quand il nous voit.

  5. vince

    @ Vincent

    « Le problème n’est pas le véhicule mais la personne à l’intérieur »

    Sauf que la personne à l’intérieur on ne peut pas la changer.  Si vous voulez attendre que les cons soient moins cons vous risquez d’attendre longtemps, la seule action possible est de changer de véhicule, un con à vélo n’a jamais tué personne.

    En revanche en voiture, même une personne très bien peut écraser quelqu’un.

     

     

     

     

  6. vincent

    Bonjour Vince,

    « la personne à l’intérieur on ne peut pas la changer. »

    Et bien si l’on peut, c’est justement bien ça le souci.

    Comment pouvons-nous avoir 99% de patrimoine génétique commun avec le chimpanzé et le bonobo et être capable de construire des gratte-ciels, des avions, des sous marins, aller dans l’espace etc,  alors que le singe est juste bon à prendre un bout de bois pour gratter un fruit ? Parce que l’être humain évolue pardi ?!

    De la découverte du feu à la dernière greffe de face récente, des milliers d’année d’évolution humaine le prouve.

    comme dit l’adage « il n’y a pas de mauvais outils juste de mauvais ouvrier »

    Quant à votre affirmation sur le fait qu’un cycliste n’a JAMAIS tué personne, l ‘affirmation est plus que péremptoire… Je vous recommande d’aller voir par exemple la base de données VOIESUR spécial cycliste (ou tout autre base de donnés accidentologie étrangère type Canada etc).

    A votre grand étonnement vous pourrez voir que les cyclistes comme les trottinettes électriques d’ailleurs peuvent entrainer la mort de piétons dans les accidents et ça chaque année dans le pays.  et oui …

    Il est un peu trop simple de dire que le souci c’est la voiture, … le souci c’est le conducteur qu’il soit au volant d’un camion, d’un vélo, d’une trottinette,  ou que sais-je d’autre

     

    a plus

  7. pedibus

    bah mon vieux Vincent… !  kekchose me dit que t’as le patrimoine gégène-tic-tic commun à 99.99% avec ceux de 40 millions d’automobilistes, nos potes d’en face… :

    va donc troller un p’tit pneu chez eux…. fais-nous en retour un chouette mémoire éthnologique, avec à la base les échanges tu pourras avoir avec nos « ami(e)s » automobilistes… en plus y a plein de rubriques qui pourraient te faire bicher, du genre « sécurité routière », « infrastructures plus sûres » et autres « évolution de la réglementation »…

    allez sans rancune j’espère… bonne route l’ami… !

  8. vincent

    Bonjour,

    Je ne vois vraiment pas en quoi est-ce troller que de dire que le problème n’est pas un objet, mais celui qui l’utilise…

    Mais bon…pensée unique quand tu nous tiens…

     

    et merci, pour une fois pedibus, on comprend a peu près la moitié de ton poste… ça change

     

    sans rancune l’ami !

     

     

  9. vince

    Rechercher les très rares cas de piétons tués par des vélos pour soutenir que la voiture n’est pas plus dangereuse que le vélo est quand même d’une particulière mauvaise foi.

    Les chiffres de la mortalité routière sont facilement trouvables.

    Evidemment on trouve des gens pour se plaindre d’avoir été bousculé par des vélos, ceux qui l’ont été par des voitures ne sont plus là pour en parler.

    Plusieurs études montrent que le comportement humain au volant ressemble en certains points à loi du plus fort, par exemple les personnes au volant de gros véhicules auront tendance à prendre plus de risques et à forcer le passage, les automobilistes auront tendance à plus frôler un cycliste si c’est une femme qu’un homme car il y a moins de risque, de même beaucoup de conducteurs ne s’arrêteront pas aux passages piétons parce qu’au fond ils savent qu’ils ne risquent rien d’une éventuelle « confrontation », etc…

    Et une fois qu’on a établi que ce sont les conducteurs qui sont dangereux et non les voitures que fait-on, on continue de produire des véhicules d’une tonne et demie que l’on peut lancer à 200km/h et on installe des ralentisseurs partout, des policiers et des radars, le tout pour un coût exorbitant ? Ou bien on limite simplement la taille, la puissance et la place de la voiture en faisant une économie substantielle.

     

     

     

  10. vincent

    Bonjour Vince

    Alors pardon mais ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit…

    Vous dites : « le vélo n’a jamais tué personne »… et bien si.

    Le reste, c’est vous qui l’extrapolé de ma déclaration…. Je n’ai JAMAIS dit que la voiture était aussi dangereuse que le vélo… un peu d’honnêteté … Relisez-moi.

    Il est indéniable que la voiture tue plus que le vélo…

    Pour répondre à votre question « une fois qu’on a établi que ce sont les conducteurs qui sont dangereux et non les voitures que fait-on ? »

    et bien la réponse est toute simple, vous le dites d’ailleurs vous même…

    Je vous cite « Plusieurs études montrent que le comportement humain au volant ressemble en certains points à loi du plus fort, par exemple les personnes au volant de gros véhicules auront tendance à prendre plus de risques et à forcer le passage, les automobilistes auront tendance à plus frôler un cycliste si c’est une femme qu’un homme car il y a moins de risque, de même beaucoup de conducteurs ne s’arrêteront pas aux passages piétons parce qu’au fond ils savent qu’ils ne risquent rien d’une éventuelle « confrontation », etc…

    Et bien c’est fou, mais à vous lire, le souci c’est le gars au volant finalement !!

    Donc qu’est-ce qu’on fait ? eyh bien on change les mentalités, on fait évoluer les choses.

    Je travaille dans un gros site industriel qui brasse d’énorme engins en tout genre, mais aussi des piétons, des cyclistes etc et en 10 ans on n’a pas eu un accident entre un piéton et un engin. Pourquoi ? Parce qu’on a fait de la sensibilisation, des stages de mise en situation pour comprendre ce que voit un gars dans un camion et comment le perçoit le piéton, on a défini des zones claires d’évolution quand c’est possible, des règles claires de cohabitation quand ça ne l’est pas, on forme les nouveaux, on rappelle régulièrement les règles et on est intraitable sur chaque écarts que ce soit motorisé ou pédestre.

    et bien je peux vous garantir que jamais vous ne verrez un de nos gars en tombereau frôler une collègue sous prétexte qu’il a le plus gros véhicule et ne risque rien… tout comme vous ne verrez pas un piéton évoluer dans un zone qui ne lui est pas dédié sans respecter les règles de cohabitation fixée. Et c’est un contrat mutuel…

    et pourtant un tombereau est bien plus imposant qu’une minable berline même bavaroise… comme quoi…

    Partant de ce genre de principe doit-on interdire dans la société civile les couteaux, les scies, les briquets, les portes, les extincteurs, les branches d’arbres, les mouchoirs, les lacets, les chaises bref tout ce qui pourrait être arme par destination finalement…alors que finalement le souci c’est l’usage qu’en fait la personne…

     

  11. vince

    Ce qui fonctionne dans votre entreprise, et on ne peut que vous en féliciter, n’a pas l’air de fonctionner à l’échelle du pays.

    La voiture existe depuis un siècle et malgré un budget consacré à la sécurité routière toujours plus grand il y a autant sinon plus d’incivilités routières. Ca ne fonctionne pas.

    C’est un peu comme le débat sur les armes à feu.

     

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