Comment bloquer la circulation automobile

Comment bloquer complètement la circulation automobile? C’est l’expérience menée en 2008 à Turin en Italie par le groupe d’action Traffic Kills (« Le trafic tue »).

Cette action intitulée « Une démonstration de force polie » est très simple à réaliser. Vous cherchez dans votre ville un passage piétonnier dangereux, non contrôlé par des feux de circulation. Vous faites venir une centaine d’amis et de connaissances qui partagent l’idée de reprendre les rues (aux voitures). Pendant une dizaine de minutes, vous faites passer ces amis et ces connaissances sur le passage piéton sans discontinuer et sans céder le moindre passage aux voitures.

Conséquence : la circulation s’est bloquée, et seuls les transports publics, les piétons ou les vélos peuvent continuer; le bruit et la concentration de gaz d’échappement dans la rue vont rapidement dépasser la normale, stressant les pauvres conditions que crée la circulation automobile. Ainsi, l’attention est attirée sur les problèmes liés à la durabilité d’une utilisation aussi répandue des véhicules privés dans un contexte urbain.

La question que pose cette action est la suivante : « Quel type de trafic peut bloquer la circulation ? »
La réponse est la suivante : « Nous voulons des centres-villes uniquement dédiés aux transports publics, à la circulation des vélos et des piétons.

Retrouvez après la vidéo les 10 étapes qui ont permis aux organisateurs de réaliser l’action.

Voici les 10 étapes qui ont permis de réaliser l’action.

  1. Nous avons choisi un endroit approprié : un passage piétonnier adéquat, sans feux de circulation.
  2. Nous avons organisé la logistique et effectué plusieurs enquêtes sur place pour déterminer le moment idéal et le nombre de personnes requises.
  3. Nous avons conçu le projet d’action en répartissant les participants en quatre groupes, chacun dirigé par un coordinateur, qui avait reçu auparavant des instructions sur la manière de communiquer avec l’organisation centrale (en cas de passage d’ambulances ou d’urgences, les organisateurs situés au-dessus de la scène dans un bâtiment voisin alerteraient par mobile).
  4. Nous avons largement annoncé l’action sur le Meetup (en indiquant le lieu et l’heure précis du point de rencontre) en avance de manière à faire passer le message et à faire augmenter le nombre d’adhésions au Meetup nombre, grâce à l’intérêt de nouvelles personnes.
  5. Chacun d’entre nous a envoyé des invitations à ses amis par e-mail, sms, et en utilisant ses contacts personnels dans les réseaux sociaux et en créant un événement sur la page du groupe Facebook Traffic Kills, afin de toucher un plus grand nombre de participants.
  6. Par le biais du Meetup, nous avons mis en place une équipe, en essayant autant que possible d’être soutenus par des organisations ou les associations qui soutiennent des intentions similaires. Cela a permis à notre voix et à notre réseau de se développer considérablement.
  7. Nous avons créé une équipe vidéo et photo grâce à des passionnés, afin d’avoir une documentation de l’événement.
  8. Nous avons annoncé l’action aux journalistes, notamment par le biais d’un dialogue avec les personnes les plus sensibles à ces questions et initiatives. Leur soutien a permis d’amener les gens à s’abonner au Meetup et participer à l’action après en avoir pris connaissance dans les journaux.
  9. La réalisation de l’action était assez simple : une fois que les groupes ont commencé à se croiser et à occuper toute la traversée, le jeu était à nous. Deux groupes sont partis d’un côté de la route, les deux autres du côté opposé. Dans notre cas, notre grand nombre n’a pas permis la formation de vides, mais si nous n’avions pas été si nombreux, je pense que nous aurions pu compenser en maintenant des distances précises.
  10. Une fois l’action réalisée, nous avons rassemblé tout le matériel vidéo et photographique et avons diffusé l’info aux journaux, tandis que la Communauté nous a permis d’atteindre l’international.
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Ce type d’action a été reproduit ensuite à Santa Monica (USA) et Londres (Angleterre).

Source: http://www.traffickills.com/

7 commentaires sur “Comment bloquer la circulation automobile

  1. vince

    Le film date de 2008 on le voit aux véhicules, le même événement aurait un effet de blocage plus rapide aujourd’hui vu la taille des SUV actuels.  On entend une musique sympa mais à la fin de la vidéo, on entend le vrai concert produit par l’événement.

    Il faut vraiment beaucoup de monde pour réaliser ça, il faut qu’à chaque instant il y ait une épaisseur de plusieurs piétons avec des poussettes, des vélos, des enfants, et ça passe quand même un peu. Mais quel pied !

  2. pedibus

    s’il y avait une masse critique (encore… !) de carfristes enragés dans la population, sûr qu’avec les zoziaux sociaux on pourrait leur fienter quelques beaux engluements à nos amis bagnolards…

    dommage que Poupoute et les Chinois soient aussi peu fréquentables, même avec une longue cuiller… sinon on les inviterait bien au festin, voire dans la cuisine, comme pour l’ingérence dans l’élection de la Trumpette à l’époque, pour retourner savamment l’opinion, avec leurs hordes de fonctionnaires-hackeurs…

    ou alors il faudra monter notre laboratoire de psychosociologie… dans le garage à vélos… pour monter de fructueuses opérations de traffic jam, pour étaler plus tard nos p’tites histoires d’apprenti(e)s ingénieur(e)s des sciences sociales…

    boaaa d’avance…

  3. jol25

    Je ne sais pas pourquoi, à chaque fois que j’entends les klaxons énervés (en cas d’urgence uniquement bien sûr), ça me fait penser à un gamin qui pique sa crise et se roule par terre en trépignant et en hurlant…

  4. mat b

    Bon, moi je l’ai fait tout seul avec mon vélo et j’ai bouffé 300 euros d’amende + les taxes.

    Quand je me suis expliqué avec la PJ, ils étaient mort de rire quand je leur ai dit que la PM est arrivée en courant.

    A mon sens, le plus gros problème, en tous cas, dans ma ville, est cette résilience partagée par les automobilistes et les piétons. Car si des voitures ou camions font la même chose que j’ai faite, ils n’ont jamais  cette espèce de forcing que l’on constate face aux piétons dans la vidéo. Et dans mes altercations, je fais souvent face  à la compréhension des passants envers les voitures. Mon amende est due à leurs témoignages partiaux

  5. Zaph

    Il y a une quinzaine d’années, à Grenoble pour dénoncer la réalisation d’un giratoire de 47 m de rayon en zone urbaine, nous avions organisé un matin entre 7h30 et 8h30 une ronde de cyclistes dans l’anneau.

    Une dizaine de cyclistes, espacés de quelques mètres, roulaient sagement sur le bord droit du giratoire dans la bande cyclable. Il n’a fallu que peu de temps pour bloquer les accès aux motorisés, d’abord dubitatifs puis énervés.

    Comme nous avions pris la précaution d’avertir la presse , papier et TV locales, la police municipale arrivés sur la scène de crime, n’a pas osé intervenir pour mettre fin à la ronde que nous avons stoppé après la captation de belles images qui n’ont pas ému le CD 38 maître d’ouvrage

    A réitérer?

  6. Prolo

    Il faudrait le faire avec une petite équipe d’automobilistes complices qui jouent le jeu de s’arrêter totalement, couper le moteur et sécuriser ainsi le passage.

  7. jean h.

    @mat b : cela s’explique aisément. Dans l’espace urbain, la majorité des gens sont alternativement piétons et automobilistes, et la plupart d’entre eux ne roulent jamais à vélo. Les cyclistes sont donc perçus non seulement comme des gêneurs (trop lents sur la chaussée, trop rapides dans les espaces piétonniers pseudo-partagés, qui sont en fait de vastes zones touristico-commerciales à ciel ouvert) mais aussi comme une minorité d’intrus qui vient disputer l’espace public à ses occupants historiques, donc légitimes. Comme les minorités ethniques ou religieuses, les cyclistes sont réduits à cette appartenance, soupçonnés de bénéficier de traitements de faveur et tenus pour responsables collectivement et individuellement des comportements répréhensibles de certains d’entre eux. D’ailleurs, un gougnafier en voiture, cela s’appelle un chauffard. Mais pour un gougnafier à vélo, il n’y a pas de mot spécifique. Alors faute de mieux, on dit … un cycliste !

     

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