Pourquoi pas le vélo?

Voici un ouvrage qui fera sans doute date dans l’histoire du développement du vélo en France. Il s’agit du livre intitulé « Pourquoi pas le vélo? » écrit par un Franco-Néerlandais pédalant en France, Stein van Oosteren.

Stein van Oosteren est attaché diplomatique et porte-parole du Collectif Vélo Île-de-France. Travaillant en France depuis de nombreuses années, il porte une analyse pertinente et singulière sur ce qui ne va pas en matière de vélo en France. Et il sait de quoi il parle, car il a vécu toute sa jeunesse aux Pays-Bas, le pays du vélo.

Dans cet ouvrage aussi ludique que solidement documenté, Stein van Oosteren se demande pourquoi le pays du Tour de France ne pourrait pas devenir cyclable comme les Pays-Bas. Car, il n’y a pas de déterminisme cyclable et il n’était pas écrit au départ dans le marbre que la France serait le pays de la bagnole et les Pays-Bas un pays de cocagne pour le vélo…

Peu de gens savent en effet que les Pays-Bas, reconnus aujourd’hui comme le paradis du vélo, étaient eux-mêmes un « pays de la bagnole » dans les années 1970, avant que la population ne déclenche une révolution du vélo spectaculaire. Comme quoi la révolution de la pédale relève avant tout d’une volonté citoyenne et politique.

Cette révolution citoyenne semble se répéter, timidement, aujourd’hui en France, depuis le début de la crise sanitaire. Stein van Oosteren veut la voir s’amplifier et son livre apporte sa pierre à ce changement.

Son livre expose ainsi les freins politiques au développement du vélo. A commencer par la politique du « partage de la route » qui entretient la peur de la voiture et empêche les Français d’oser le vélo. Selon lui, « en casquant les cyclistes pour les protéger, les élus fuient leur responsabilité de « casquer » pour financer des pistes cyclables qui protégeraient les cyclistes bien davantage. »

Lire aussi :  Après la pandémie : La gratuité des transports publics, un outil pour construire un monde plus solidaire et plus soutenable

Par ailleurs, les plus grands freins au développement du vélo sont peut-être situés « entre nos deux oreilles » quand on se refuse à envisager la solution vélo pour ses propres déplacements. Mais, surtout, entre les deux oreilles des élus et des ingénieurs français qui ne pensent pas circulation de personnes, mais uniquement circulation de voitures…

C’est pourquoi, Stein van Oosteren ne se contente pas de dire qu’il faut que cela change, il appelle à une action citoyenne collective comme aux Pays-Bas dans les années 1970. Si des centaines de milliers de personnes parlent et écrivent à leur maire pour lui demander de donner de la place au vélo, les maires le feront. Il faut arrêter d’espérer que les choses changent, pour demander clairement à ceux qui sont en charge des politiques publiques de réaliser les changements.

Rédigé en plusieurs courts chapitres et dans une langue limpide, Pourquoi pas le vélo? aborde toutes les dimensions associées à la pratique du vélo, des arguments de ses détracteurs aux bienfaits que procure l’aménagement d’un environnement cyclable sécuritaire et étendu.

A défaut de nous emmener aux Pays-Bas, Stein van Oosteren nous propose tout simplement d’amener les Pays-Bas en France… Et si la France devenait le paradis du vélo?


Pourquoi pas le vélo?
Envie d’une France cyclable
Stein van Oosteren
Préface d’Olivier Schneider
Mai 2021, édition Ecosociété
200 pages, 16 euros

15 commentaires sur “Pourquoi pas le vélo?

  1. Gieerts Patrick

    Bonjour,
    Les pays bas portent bien leur nom, et la platitude de leur paysage encourage à faire du vélo. Dans la Nièvre, perso à 74 ans j’ai quelques problèmes dans les montées, et tant que je n’aurai la possibilité d’acquérir financièrement un vélo aidé électriquement, j’abandonne mon vélo au garage, et cela me chagrine un max.

  2. pedibus

    Patrick je pense avoir une solution à tes difficultés… : ça s’appelle un dérailleur…

    il faut juste que tu évalues les besoins relativement aux pentes rencontrées (puissance musculaire contre effort gravitaire) ; une bonne source, ancienne mais toujours intéressante :

    https://www.ville-bouchemaine.fr/contacts/altigraph-edition/

    hélas beaucoup d’ouvrages restent indisponibles :

    https://www.lalibrairie.com/livres/editeurs/altigraph,0-74913.html?debut=23&slug=altigraph&id=0-74913&rapid-search-id=d35b579a-ad7e-11eb-a3c2-479af81c9618

     

    sans doute une recherche sur le web d’ouvrages d’occase permettrait de s’en sortir…

     

    passe également chez un bon vélociste, lui-même pratiquant de la petite reine… :

    pour beaucoup moins cher que l’électrification et avec le plaisir de s’en sortir par sa seule force musculaire, aussi modeste soit-elle, un vélo classique avec le dérailleur adéquat est de très loin la meilleure formule, « passe partout »…

     

     

  3. jean FAVIER

    Bonjour,

    Ceux qui pensent qu’il est facile de faire du vélo aux Pays-bas parce que c’est plat n’ont jamais dû y circuler à vélo. Il y a toujours du vent, fort, et on l’a souvent dans le nez. En plus l’est des Pays-bas n’est pas plat et ce n’est pas pour autant qu’on y fait moins de vélo  Je préfère de loin un relief vallonné comme celui de la France au moins les montées durent moins longtemps que le vent du Nord et on a le plaisir de la descente.

    Comme l’a si bien dit Pedibus il suffit d’un développement adéquat et tout va bien. Quand j’ai fait changé les plateaux de mon vélo j’ai demandé à mon vélociste qu’il m’en mette de plus petits et le tour est joué.

    Voilà, j’ai un vélo qui me permet de monter facilement les cotes pour aucun surcout, car mes plateaux étaient  en fin de vie de toutes façons. Par rapport au prix des vélos électriques cela fait pas mal de sous d’économisés et aucuns des tracas liés aux vélos électriques

     

  4. zit

    Je fréquente assidûment les coteaux nivernais, et bien que certains puissent être incroyablement pentus (du côté de Sancerre, bien que sur l’autre rive de la Loire, j’ai même franchi du 26 % sur environ 400 m), avec une bonne paire de dérailleurs et les couronnes adaptées (et de la patience, ça va pas vite !), il est effectivement possible de passer vraiment partout. D’autant plus qu’à moins de titiller les quelques cols du Morvan, les efforts sont rarement de longue durée, c’est de la petite colline (après, faut aimer grimper, ce qui est mon cas ;o).

    Sinon, je fréquente quotidiennement la proche banlieue parisienne et sur mon trajet quotidien (désespérément plat au début ;o), nous avons connu des années noires de travaux préliminaires à la création d’une ligne de tram, qui a enfin été mis en service le 10/04 de cette année, et là, ils ont ouvert les pistes cyclables latérales et c’est un vrai bonheur : les pistes cyclables les plus roulantes que j’ai fréquentées, il y a même des bordures de trottoirs qui ont été refaites pour que le passage soit le plus doux possible, et en plus, en roulant de concert avec un tram, il est possible d’avoir tous les feux sur 5 km ! ça progresse dans le bon sens…

  5. marmotte27

    @ Gieerts Patrick:

    « la platitude de leur paysage encourage à faire du vélo »

    Il y a des pays et des régions de pays parfaitement plats, y compris en France, où personne (ou 2% des gens) fait du vélo, et des pays et des régions montagneux/vallonnés  qui sont pas mal cyclistes, comme l’est des Pays Bas ou la Suisse.

    En fait vous répétez là un des nombreux mythes sur le vélo.

  6. Lydie

    « Pourquoi pas le vélo » est à faire lire à tous les élus, les aménageurs  quelque soit leurs niveaux de responsabilités. L’absence d’ambition d’une véritable politique pour l’usage du vélo ne vient-il pas aussi de notre mentalité de notre culture de l’absence du goût de l’effort et aussi du monde automobile qui voit d’un très mauvais œil sur tout ce qui porterait atteinte à son hégémonie. La pression sur la société française doit se faire à travers les associations de cyclistes très actives et convaincantes; mais pas que; car les freins se desserrent avec beaucoup de difficultés. Aussi à chacun de nous de demander des comptes aux idylles qui nous gouvernent. Le manque de volonté est criant et nous en subissons dramatiquement les conséquences. La percée de l’usage du vélo serait beaucoup plus significative si les restrictions de l’usage des voitures été coordonnées au niveau de chaque ville et de la nation avec une régularité systématisée. Le Français reste très attaché à sa voiture et l’urbanisme conduit depuis de nombreuses années n’arrange rien. A chacun de nous d’œuvrer, de militer pour un véritablement développement  de l’usage du vélo quel qu’il soit (musculaire ou assistance électrique). Il est toujours plus cohérent de déplacer 18kgs que 1500kgs  pour transporter 70kgs à 50 kms/jours

  7. vince

    Stein van Oosteren va réussir à transposer la Hollande chez nous je l’espère ! En tout cas il aura réussi à en rameuter pas mal.

    Pour en revenir à la personne dans le nivernais qui trouve le vélo électrique trop cher, je me demande comment elle se déplace à l’heure actuelle ?

    Ca reste quand même moins cher qu’une voiture.

     

     

  8. pedibus

    ouais… on peut rêver, par exemple :

    subvention à 90% du coût d’achat d’un vélo pliant Brompton (autour de 1500€ en version guitare sèche et plus du double pour ceux que ça démange de bouffer du KW nucléaire…) pour tous les abonnés travail TER…

    une bonne opportunité pour réduire – en partie – les parkings à proximité des stations situées en périr-urbain et de faire du logement sur le foncier récupéré… :

    https://www.google.fr/maps/place/Toulouse/@43.2123171,1.0819769,106m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0x12aebb6fec7552ff:0x406f69c2f411030!8m2!3d43.604652!4d1.444209

    illustration précédente avec la gare de Cazères, 60 km au SO de Toulouse, parking de 150 places pour les pendulaires abonnés du TER, ici déserté : COVID ou prise de vue un dimanche… ?

    astuce des « gens des voyages » pour échapper à la rente foncière : 1300€ le m2 de cabane à Cazères contre 3400€/m2 à Toulouse en moyenne au second trimestre 2021…

    https://www.meilleursagents.com/prix-immobilier/cazeres-31220/

    faut-il encore qu’il y ait des itinéraires cyclables « pacifiés » pour ceux qui ont besoin d’abattre quelques km entre la station et le domicile…

  9. Bernard G

    Mes déplacements se font à pied, en vélo, en TC dans cet ordre. La part modale de la marche dans les quartiers de Lyon où je vis dépasse (sans doute largement)  50 %.

    Je n’aspire pas à voir trop souvent une circulation cycliste de masse (genre Utrecht) où les piétons se trouvent parfois en peine pour franchir le flux vélo qui ne leur cède pratiquement pas le passage.

    De moins en moins de voitures roulant et stationnant est souhaitable (  http://tems.epomm.eu/  nous dit la part modale de la voiture est  plus élevée à Utrecht qu’à Lyon, si, si), mais mettre les 3/4 piétons sur des vélos n’améliorerait pas forcément la situation.

  10. Bernard G

    @Pedibus, en se mettant en 2012 sur la striteviou du parking de la gare de Cazeres, il est plein.

  11. pedibus

    @Bernard : oui, bien vu, et pas d’extensions du parking entre 2012 et 2020… quant à gougoule herse (!) l’image date du 11/8/2018…

    pour les stats sur epomm il ne faut pas tomber dans le panneau… :

    les comparaisons restent souvent impossibles à réaliser d’un territoire à l’autre puisque soit il s’agit d’un territoire communal soit « d’autre chose » :

    ainsi les 44% de part modale bagnole, affichés comme relevant de l’agglomération en 2015, ça ne correspond pas aux chiffres INSEE : au moins 250.000 hab. de plus…

     

    pour Utrecht les 41% de PM en 2012 concernent la commune…

     

    notons au passage que nous sommes très loin des propos lénifiants des uns et des autres sur le règne de l’open data pour la donnée publique :

    des PM qui datent de près de dix ans pour certains territoires et en France des données absentes pour les transports urbains depuis 2016 : le CEREMA a cessé de publier les stats des réseaux et l’UTP, l’organisme patronal de gestion des réseaux, vend 300€ TTC son annuaire cette année, pour compléter les données de 2017 et 2018 et probablement 2019 cet été…

    ici c’est pareil  « comparaison n’est pas raison », puisque chaque périmètre de transports urbains est particulier, avec un EPCI comme Bordeaux  par exemple, qui ne couvre que 85% de la population de l’unité urbaine,  alors que Grenoble et Toulouse par exemple c’est 100% avec des communes périurbaines en plus :

    le ratio du nombre de validations par habitant et par an (VHA), qui renseigne sur la PM TC en considérant que les EMD donnent en moyenne 4 déplacements par jour, sera plombé pour Grenoble et Toulouse avec des communes moins denses et sur-motorisées sur-représentées…

    idem pour Lyon et Zurich pour ce même ratio qu’on se plaît à sortir pour une comparaison :

    les 320 VHA de l’agglo française sont très honorables relativement aux 700 VHA de la commune suisse…

     

    pour rêver, rappelons quand même les chiffres epomm 2015 pour la commune de Zurich :

     

    PM bagnole ratatinée au quart…

    PM TC à 41% !

    PM pédibus un peu plus du quart et PM vélo à 8%.

    Beaucoup de pendulaires prennent le train à Zurich, ce qui explique le chiffre…

     

  12. Bernard G

    Oui @Pedibus, je sais qu’il faut rester circonspect avec les données epomm (qui annoncent qu’à Bratislava / Slovaquie, on ne se déplace qu’en voiture ou TC, pas du tout en vélo, ni même à pied)

    D’ailleurs en disant qu’à Utrecht ville (99 km2 / 357 000 hab) on se déplace plus en voiture qu’à Lyon, j’ai utilisé pour ma ville centre  (46 km2 / 470 000 hab) les données EMD 2015 qui disent 47 % on foot, 2 %  bike, 26 % on PT and 25 % by car.

    Il est normal que la marche soit plus intense en ville dense (cf Fes el Bali)

    D’autre part, en observant (google vues aériennes )une ville comme Utrecht on voit (en dehors des 5 km2 du centre historique) un urbanisme périphérique moderne et des voiries largement dimensionnées, au final peu propices au piéton. C’est donc naturellement à la marche, encore plus qu’aux bagnoles, que le vélo prend de la part modale quand on lui fournit les pistes nécessaires, sans trop grignoter l’espace automobile.

    C’est plutôt une conséquence à éviter, à mon sens.

  13. Bernard G

    Dans une EMD à la française (méthode CERTU) on demande aux personnes sondées « Quels déplacements avez vous fait hier, et avec quel mode ? »

    On sait donc à l’issue de l’enquête comment ont bougé la veille les Bellifontains, Briochins, Cadurciens, Ebroïciens, Lyonnais, Pontissaliens, Vitryates et habitants de toute autre commune. A coup sûr un Gervaisien sort plus souvent de sa commune qu’un Arlésien, ça ne signifie pas qu’il fait plus de kilomètres.

    Pas sûr qu’on compte de la même façon dans d’autre pays, suivant des modes opératoires définis par un organisme public français ? La comparaison est effectivement difficile.

  14. pedibus

    @Bernard : Bébert doit se retourner dans sa tombe depuis que le CEREMA a lancé ses EMD EMC2…

    https://www.cerema.fr/fr/activites/mobilites/connaissance-modelisation-evaluation-mobilite/enquetes-mobilite-emc2

    Il faut espérer qu’on arrive rapidement à obliger les gros EPCI à réaliser une EMD un an avant les élections municipales : qu’on puisse mieux évaluer les politiques publiques locales, politiques de déplacements comprises, et  pour que les électeurs puissent savoir à quoi s’en tenir…

    Côté €uropéen maintenant que « engueulez-la la mère quelle » se voit le troufion à la portée des crocs d’une belle Teutone écolo dans les sondages – Annalena boit la bierre en bock je crois* – il manque plus que sa majesté pharaonesque Kronkrounette Ier se paye un beau sarcophage dès le premier tour avec un ver dans le fruit dans la politique française au second (Marlène la pine HS because chaude pisse judiciaire**)… Dès lors on pourrait espérer mettre le grand braquet pour faire autre chose que maintenir les systèmes automobiles en place…

    Et parmi les choses à faire ç’est pas ce qui manque rien que pour « refaire la ville » :

    densifier
    désartificialiser en commençant par les parkings
    obliger la grande distribution à revoir leurs concepts avec l’objectif de saupoudrer de façon isotrope le territoire urbain de petits supermarchés et supérettes (moyens de pression : taxes sur les parkings, puis préemption de la moitié du foncier du terrain d’assiette des centres commerciaux avec obligation de construire du parking en ouvrage…)
    végétaliser les rues avec des arbres d’alignement en lieu et place des files de stationnement…

     

    et pis comme il est tard je laisse la suite à plus courageux que moaaaaaaaaaaaaaaaaa…

    **boaaaaaa

Les commentaires sont clos.