Mourir pour la voiture ?

Le journaliste Paul Moreira vient de terminer un documentaire : « Mourir pour la voiture ?… », diffusé sur Canal plus, le 4 octobre dernier à 23h10. Le film passera en mars prochain dans « Temps Présent », l’excellente émission d’investigation de la Télévision Suisse Romande, et donc sur TV5 Monde par la suite (il passera aussi sur Planète pour ceux qui ont le cable).

Je suis comme tout le monde. J’ai grandi avec la voiture. J’ai même grandi dans la voiture. On la lavait le week-end avec mon père. Elle me fascinait. Je la trouvais belle. Elle allait vite. Elle nous emmenait à la plage. Chez ma grand mère. Au Jardin d’Acclimatation.

Elle faisait partie de la famille. Aujourd’hui, malgré les preuves qui s’accumulent, j’ai toujours du mal à croire qu’elle pourrait vraiment nous faire du mal. A nous, et à quelques centaines de milliers d’espèces animales, à un certain nombres de régions en danger de désertification ou soumises aux ouragans, typhons et autres raz de marées.

La voiture, nous dit-on, émet du gaz carbonique. Celui ci réchauffe la planète. Le parc automobile serait responsable de 20% de ce réchauffement. Dans dix ans, si la Chine continue à ce rythme (1000 voitures de plus par jour dans les rues de Pékin), ce sera 50%.

Autrement dit, la voiture, sous sa forme actuelle, carburant aux énergies fossiles, pourrait bien nous tuer. Ou tuer nos enfants. Et pourtant, jamais les ventes des voitures les plus émettrices de CO2, les gros 4×4, par exemple, ne se sont aussi bien portées. Notamment aux USA, le premier des pays pollueurs. Comme si tout allait bien…

Mais c’est parce que tout va bien, justement… Voilà ce qu’affirment une poignée de scientifiques et d’avocats, généralement financés par l’industrie pétrolière et automobile… Toute réduction massive des émissions de CO2 signifie une baisse des profits pour ce secteur industriel. Ces lobbys ont mis en place une incroyable machine de guerre furtive pour détruire le protocole de Kyoto et nier la réalité du réchauffement climatique.

Depuis longtemps, j’avais envie de réaliser un documentaire sur la bagnole. La culture de la voiture. Notre désir érotique pour la voiture et les manipulateurs qui savent s’en servir pour nous aveugler sur l’urgence.

L’industrie de la voiture et du pétrole ont créé le monde à leur image. Ou plutôt en fonction de leurs intérêts commerciaux. Les villes, surtout américaines, ont été dessinées pour les servir. Aux USA, les transports publics sont pauvres, rares et crasseux. Los Angeles a connu son premier métro en 1992 (j’ai bien écrit 1992, pas de faute de frappe…).

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Le gouvernement Bush est presque totalement issu de l’industrie pétrolière. Nous vivons la première guerre mondiale pour l’approvisionnement de nos pompes à essence. Même Greenspan ne fait plus semblant de mentir.

Souvenez vous cette étrange musique en 2003 : Weapons of Mass Destruction… Armes de destruction massives (Allez voir une incroyable installation vidéo au Plateau, un centre d’art contemporain près des buttes Chaumont, « le ciel est peut être vert et nous daltoniens »; un artiste américain s’est amusé à mettre bout à bout des « weapons of mass destruction » prononcés par des politiques et des journalistes, ça dure trois minutes et c’est implacable).

Dans le film, nous montrons, avec Tal Zana, comment Exxon Mobil a versé des centaines de millions de dollars pour nous convaincre que le réchauffement climatique, c’était pas si grave et qu’en tous cas, ce n’était pas provoqué par l’activité humaine.

Nous avons pu filmer une taupe de l’industrie pétrolière installée au cœur de la Maison Blanche. Son job ? Truquer les rapports des climatologues américains, faire croire au public que tout va bien… Démasqué, il a dû quitter sa position. Pour la première fois, on voit le visage de cet homme qui était resté dans l’ombre.

A cause de cette formidable machine au service de laquelle il travaillait, nous avons pris cinq ans de retard.

Plus personne ne nie l’urgence. Et pourtant, jamais les ventes des voitures les plus émettrices de CO2, les gros 4×4, par exemple, ne se sont aussi bien portées. Notamment aux USA, le premier des pays pollueurs. Un cadeau fiscal allant jusqu’à 100 000 dollars a été offert par le gouvernement Bush aux dirigeants de PME se payant un 4×4.

Un 4×4 gratuit. Formidable, non ?…

Mourir pour la voiture ?
Un documentaire de Paul Moreira

https://www.pltv.fr/mourir-pour-la-voiture/

2 commentaires sur “Mourir pour la voiture ?

  1. RANDOLET Michel

    C’est tellement bon de savoir que la « Société de Consommation » a encore un avenir!Peu importe le flacon,pourvu qu’on ait l’ivresse!Mais,ne désespé- rez pas trop:les excès du climat vont faire réfléchir quelques irréductibles extrèmistes:pourquoi faudrait-il acheter une voiture dans des zones du glo be où se multiplient tornades,cyclones,tempêtes tropicales ou inondations de fontes des neiges?Quand ce ne sont pas de gigantesques incendies… Et puis,qui va désormais s’endetter pour une « bagnole » alors que le chôma ge menace encore…et que l’air sera irrespirable en Chine et en Inde?La ba gnole aura encore un certain rôle,mais en utilisation partagée:en location ou en utilitaire…Un point c’est tout!

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