Course de lenteur

A la fin du 19ème siècle, fleurissaient en région parisienne les « courses de lenteur » à bicyclette. Imaginées pour amuser le public, ces épreuves visaient à récompenser les coureurs les plus lents – et donc les plus habiles.

Voici le règlement de la course de lenteur de Saint-Cloud en 1896. Amusant.

Et pour être complet sur le sujet, voici le croustillant résumé de la course de lenteur de Saint-Cloud en 1897 (600 mètres en 29 minutes pour le vainqueur !)

La Lanterne donnait hier à Saint-Cloud une réunion sportive qui n’a pas manqué d’attirer dans la charmante localité la multitude des cyclistes. Il s’agissait, on le sait, d’une course de lenteur. Déjà, l’an passé, les amateurs avaient été nombreux. Mais, le progrès aidant – et, en l’occurrence, c’est un progrès à rebours, puisqu’il s’agit d’aller de moins en moins vite! – ceux-ci se sont multipliés dans d’imposantes proportions. Cent quatre concurrents ont répondu à l’appel du starter. Dix dames se sont également essayées dans ce nouveau genre de record. On voit que la fête a été complète.

Voici comment les choses se sont passées.

A deux heures, le départ de la première série est donné. L’animation commence à être grande sur la côte de Saint-Cloud et c’est avec une peine inouïe que les commissaires peuvent maintenir l’ordre, tout le monde voulant suivre les concurrents. Enfin, les départs ont lieu à intervalles égaux. La finale réunissant les dix gagnants de cette épreuve donnait le classement suivant:

1er (n° 160), J. Nazez, 600 mètres, en 29′.
2e. (n° 37), F. Wermelinger, en 28′.
3e (n° 153), Grassoreille.
4e (n° 78), Hilaire Trehet.
5e (n° 145), Dieudonné.
6° (n° 80), Chollet.
7e n° 88!, Henri Pointal.
8e n° 129), E. Rophé.
9e (n° 13), A. Wermelinger.
10e (n° 48), Gaëtan Gazard.

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On voit, d’après ces résultats, que le record de l’année dernière a été battu de sept minutes.

La série spéciale de dames a été aussi des plus intéressantes. Dix concurrentes, sur seize inscrites, se présentaient sous les ordres du starter. Et, après une très belle lutte de lenteur, c’est Mme Mervyl qui est sortie dernière et par conséquent première de la course, dont voici le classement:

1ère Mme Mervyl.
2e Mme Juliette Gileth.
3e Mme Marie Bernard.
4e Mme Richaume Azéma (de l’Opéra).
5e Mme Marie Tellig.

On remarquera que les premiers étaient les derniers.

La performance du coureur – ce mot est-il bien exact? – de Nazez, est fort appréciable. Mettre 29 minutes pour couvrir 600 mètres en descente, c’est peu banal.

Voilà un Monsieur qui peut circuler sans crainte dans les rues de Paris. Il pourrait figurer aussi avec quelques chances de succès dans certains matchs sensationnels où les « sur place » remplacent le « train » des bonnes courses d’antan.

Pierre Lafitte
La Presse, 21 septembre 1897.

Source: https://twitter.com/davidguenel

Un commentaire sur “Course de lenteur

  1. Le hérisson

    Il me semble que dans certains bouchons des autoimmobilistes  effectuent des peformances encore plus lentes,   mais souvent ils trichent par usage du point mort ou du stop&go.

     

    Vu le règlement, je suppose que les vélocipèdes de sécurité  étaient des fixies.

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