Pour vous donner envie de lire…

… le livre, un extrait de « Pétrole, la fête est finie » de Richard Heinberg. Le livre a été écrit en 2002/2003, traduit en français en 2008.

(…) D’un côté, il y a le chemin basé sur « la culture monétaire ayant évolué à partir des us et coutumes de nos origines préhistoriques ». Il s’agit de la voie des optimistes, qui sont pour l’essentiel économistes de profession (Michael Lynch en est l’exemple le plus frappant alors que Peter Huber, qui est titulaire d’un diplôme d’ingénierie, représente un contre-exemple en la matière). Depuis des décennies, la plupart des économistes proclament de concert que les ressources sont en pratique infinies, et que plus nous consommons une ressource donnée, plus ses réserves croissent.

L’intellect humain est la plus grande ressource entre toutes, nous expliquent les optimistes, et la croissance démographique signifie que nous bénéficions collectivement d’une capacité accrue à résoudre les problèmes. Comme une somme d’argent à la banque qui augmente inexorablement grâce aux intérêts, l’humanité se prépare un avenir nettement plus radieux avec chaque année qui passe tandis qu’elle se reproduit, transforme son environnement, invente de nouvelles technologies et consomme les ressources.

De l’autre côté nous avons la voie basée sur « la somme des connaissances accumulées depuis quatre siècles sur les propriétés de la matière et de l’énergie ainsi que des rapports qu’elles entretiennent l’une vis-à-vis de l’autre ». Depuis des dizaines d’années, nous entendons également les écologues, géologues pétroliers, climatologues et autres scientifiques nous expliquer que les ressources sont épuisables, que la capacité d’accueil de la Terre pour les humains est limitée et que la biosphère dont nous dépendons ne peut pas continuer très longtemps à absorber le flot croissant de déchets en provenance de la civilisation industrielle.

L’hésitation de nos dirigeants à écouter sérieusement ce dernier point de vue est compréhensible: s’ils le faisaient, ils seraient logiquement et moralement en devoir :
1.d’adopter une éthique de « durabilité » dans tous les aspects de la planification, en anticipant pour les générations à venir;
2.de prendre des mesures systématiques pour améliorer l’efficacité dans l’usage de l’énergie, et d ‘accompagner ces efforts par des programmes visant à réduire la quantité d’énergie utilisée par la société;
3.de promouvoir le développement rapide et le déploiement partout dans la société de tout l’éventail de technologies liées aux énergies renouvelables;
4.de décourager systématiquement (par des taxes ou d’autres moyens) la consommation des ressources non-renouvelables; et enfin,
5.de trouver des solutions humaines pour inciter à la réduction du taux de fertilité dans tous les pays, de manière à réduire la population globale.

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En conséquence de leur inaction dans ces domaines, nos dirigeants ont, dans les faits, opté pour la seconde voie, celle des optimistes, qui implique un type de choix diamétralement opposé et les conduits à:
1.prendre des mesures pour ne régler que les crises à court terme car nous ne devrons affronter que ce genre de crise, et à ne pas s’inquiéter pour les générations à venir car elles auront à leur disposition des technologies avancées pour résoudre n’importe quel problème que nous pourrions être en train de leur préparer;
2.négliger les mesures visant à imposer des améliorations dans l’efficacité énergétique puisque le marché en fournira en temps voulu si besoin est;
3.négliger les programmes gouvernementaux pour le développement des énergies renouvelables puisque si on a besoin des alternatives, les signaux de prix inciteront le marché à se tourner vers elles le moment venu;
4.accepter que l’on continue à utiliser les combustibles fossiles au rythme imposé par le marché, sachant que sinon cela nuirait à l’économie; et enfin
5.considérer la croissance démographique comme un avantage plutôt qu’un problème, et ne rien faire pour ralentir ou inverser les tendances existantes.

Ce dernier chemin implique moins d’intervention immédiate dans l’économie et sert l’intérêt à court terme d’un nombre significatif d’acteurs du pouvoir de la société, parmi eux les compagnies pétrolières et les constructeurs automobiles. En l’empruntant, nos politiques ont simplement suivi la voie qui offrait le moins de résistance.

Cela est peut-être compréhensible, mais les conséquences, si les économistes ont tort et que les scientifiques ont raison, seront dévastatrices pour presque tout le monde.

Il est donc particulièrement important que nous réfléchissions longuement et sérieusement sur le chemin qui n’a pas été emprunté, avant qu’il ne disparaisse purement et simplement de notre champ de vision. Et si les Cassandre avaient raison? (…)

2 commentaires sur “Pour vous donner envie de lire…

  1. MOA

    >>Et si les Cassandre avaient raison? (…)

    Dans le mythe grec, en tout cas, Cassandre -même si elle prédit des choses pas très agréable- a toujours raison… au final… on en tendance à l’oublier non?

    En tout cas, la classe dirigeante est sans doute composée de gros incultes pour utiliser ce mythe lorsqu’ils veulent décrédibiliser ceux qui prévoient un avenir « pas très radieux » si l’on continue dans leur voie.

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