Rester maître de son véhicule, quel que soit le véhicule…

Une disposition du Code de la route dit que le conducteur doit rester maître de son véhicule. Plus les véhicules vont vite et plus il est dur de respecter cette disposition. De même, il est un autre véhicule dont l’on nous rebat les oreilles, que ce soit pour parler de notre pouvoir d’achat, de la crise de l’euro, du déficit français, de la dette italienne ou du naufrage grec. Nous voulons parler de l’argent.

Qu’a inventé l’homme de mieux que l’argent pour posséder ? Rien. Avec l’argent, l’homme possède, il est maître d’un bien, un bien monétaire en particulier. Il ne possède rien que par le papier… Même par des écriture comptables, de nos jours!

Qu’a inventé l’homme de mieux que l’argent pour faire des transactions ? Rien. Avec l’argent, l’homme ne cesse de donner pour recevoir en contrepartie : l’opération commerciale n’est pas véritablement un don, nous en conviendrons. Mais contrairement à un don symbolique (un cadeau fait à la tendre épouse, par exemple), l’objet donné (à savoir la somme d’argent) repartira anonymement dans une autre transaction, pour que soit achetée une tout autre chose. L’argent circule. Il circule tellement et en tellement grandes quantités que certains pays, certaines régions, certaines îles, certains royaumes ou certaines principautés se spécialisent dans le blanchiment de cet argent. À dire vrai, il y a peu de choses dont on se souvient aussi peu la provenance  et la destination. Si mon épouse me passe une alliance autour du doigt, je sais qui m’a donné cette alliance et pour quoi, et à qui. Difficile de « blanchir » un tel don, une telle propriété, ou c’est la dispute de couple assurée (enfin, très grosse dispute même !). On s’en contrefiche pas mal de la provenance de l’argent : c’est l’exemple du blanchiment et de la personne qui se laisse corrompre.  Le méfait même de proposer une corruption salit l’argent. À l’autre bout, c’est-à-dire quand l’argent sort de notre entier contrôle, le destinataire de notre argent fait à peu près ce qu’il veut de notre ancienne propriété.

Quand je dépose au banquier, en fait c’est un beau « cadeau » que je lui fais. Le banquier peu scrupuleux qu’il est peut s’amuser à faire fructifier l’argent (ça, c’est à peu près son métier) à peu près où il veut (ça, c’est sa dangerosité). Un paradis fiscal où sont blanchis des milliards, et hop les thunes arrivent. En aucun cas mon banquier n’est resté maître du véhicule-argent que je lui ai prêté. Et encore moins que cela je suis resté maître de mon propre argent. Ce véhicule est allé bien loin (et je ne sais pas vraiment où), et pourtant il est encore ma propriété.

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Plus les véhicules vont vite et plus il est dur de respecter cette disposition : rester maître de son véhicule, en toutes circonstances.

Une solution : ralentir, au besoin, les véhicules monétaires comme les véhicules motorisés. Au besoin, c’est-à-dire ? Traduction : beaucoup. Car tout véhicule non maîtrisé écrase sans que l’on puisse s’y opposer.

Cette règle d’or de la maîtrise du véhicule rappelle une  métaphore de la non-maîtrise totale dans la modernité : celle du Titanic. Quel que soit le véhicule, réputé insubmersible ou non, il vaut mieux éviter les catastrophes, faire preuve de sagesse et donc rester maître de sagesse.

Comme nous le disions, plus les véhicules vont vite et plus ça devient difficile de rester maître du véhicule. On manque cruellement de sagesse, et non pas de vitesse, mais de lenteur.

L’argent est peut-être le véhicule le plus incontrôlé, plus dangereusement et inconsciemment conduit que la voiture. La société automobile a édicté un conseil (la maîtrise du véhicule) qui est ridiculement considéré puisque l’augmentation de la vitesse ne peut qu’aller à l’encontre de ce principe de sagesse. Pour l’argent, il en est de même : ne pas réfléchir, foncer, c’est déjà percuter tous les murs à coup sûr. Augmenter les vitesses et les sommes en jeu, c’est se donner le minimum de chance de contrôler le véhicule.

L’argent et la voiture ont peut-être bien tous deux sacrément accéléré les vies, à nos dépens malheureusement (les rendant plus incontrôlables). Pour notre bonheur, nous assureront d’autres…