Augustes Pédales : l’art pour le vélocipède est aussi contre l’auto

Dans le cadre du Festival Augustes Pédales, dimanche 14 Avril 2013, le public, conduit par une poignée d’artistes, a occupé à plusieurs reprises une ancienne route nationale devant l’ancienne station-service de La Mézière transformée en théâtre, près de Rennes.

Cette route désormais départementale, où l’on peut compter le passage de 500 voitures à l’heure en heure de pointe, la plupart du temps ne transportant qu’un seul automobiliste, ne bénéficie pas de la baisse de trafic que l’on aurait pu attendre lors de la construction de la quatre voies venue la remplacer il y a 20 ans. Ceci illustre bien la folie de la surenchère routière qui défigure notre monde et dont nos dirigeants ne semblent pas avoir encore tiré la leçon de sobriété qui s’impose. Le premier fléau qui frappe notre cadre de vie depuis les trente glorieuses est bien celui de la croissance économique dont l’automobile est le symbole le plus violent et le plus agressif de par sa masse, sa vitesse, sa consommation d’énergie et d’espace et sa colonisation de notre quotidien comme de nos imaginaires.

C’est la raison pour laquelle (voir photos) :

L’artiste plasticienne Marion Derrien a invité le public à se coucher sur toute la largeur de la chaussée pour y dessiner les silhouettes des corps humains niés par le trafic routier.

Le poète Dominique Cagnard a orchestré un atelier de lecture en travers de la route pour réenchanter, le temps d’un poème, le monde asservi par le moteur et la vitesse.

Le comédien Gwenael De Boodt s’est jeté dans l’arène du macadam pour toréer contre les monstres de mécanique qui privent l’homme de l’usage naturel de ses mains et de ses pieds.

Lire aussi :  La fin du monde n'est pas pour tout de suite: profitez-en, consommez et polluez!

La Station-Théâtre n’abandonnera pas ce combat contre l’automobile dans la mesure où il devient urgent de construire une culture libérée de tous les asservissements technologiques que la croissance économique et les intérêts capitalistes imposent à nos sociétés.

photos Marion Derrien et Karine Hervé

5 commentaires sur “Augustes Pédales : l’art pour le vélocipède est aussi contre l’auto

  1. Gwenael De Boodt

    Je livre aux commentaires des lecteurs de cet article un nouvel élément.
    Reçue ce matin et datée du 20 avril 2013, cette lettre signée du Maire de La Mézière, adressée à Mr De Boodt, propriétaire du bâtiment, qui abrite la Station-Théâtre. L’association organisatrice d’Augustes Pédales (qui porte le même nom) n’est pas mentionnée :

    « Je viens vers vous suite à l’article que j’ai pu lire dans l’édition d’Ouest-France du mercredi 17 avril 2013. On y fait état du festival d’Augustes Pédales et du succès qu’il a connu, ce dont je me réjouis véritablement.
    On y évoque également l’investissement de la route départementale 637 par un groupe de personnes lors de cette manifestation.
    Je me permets de vous dire ma désapprobation à propos de ce type d’initiative. Cette départementale enregistre un trafic quotidien de plusieurs milliers de véhicules, certes moins élévé le dimanche mais pas pour autant moins dangereux.
    L’initiative prise de mettre des individus sur cette route même si elle concourt à vouloir faire partager des convictions ne me semble pas le meilleur exemple que des adultes puissent donner en matière d’éducation à la sécurité à des enfants.
    Le théâtre de rue, les arts vivants et toute forme d’expression culturelle ne peuvent s’éxonérer d’assurer des conditions de sécurité pour les différents publics et dans le cas qui nous intéresse, bien qu’on m’ait dit que toutes les garanties avait été prises, j’estime néammoins que la vie d’autrui a été mise en danger.
    Nul n’est à l’abri d’un excité de la route -croyez-moi, il y en a- et la fête aurait très bien finir en drame. Je tenais à vous en faire part.
    Je profite de cette occasion de m’adresser à vous pour aborder également les abords de la Station théâtre qui, comme je vous en avais fait part lors de notre dernière entrevue, suscitent de nombreuses réactions de Macériens, certaines parfois vives.
    Vous m’aviez assuré il y a quelque mois lorsque vous étiez venu défendre votre projet dans le cadre de la ZAC de votre soucis de faire de ce théâtre un cadre de qualité aussi bien sur la façade que sur les abords.
    J’ajoute enfin que je m’interroge parfois sur la capacité de ces décors à résister au vent lors d’une forte tempête avec un risque potentiel pour les usagers de la route passant devant.
    Sans intention de vouloir ouvrir une quelconque polémique et en espérant pouvoir compter sur votre compréhension, je tenias à vous livrer ces éléments.
    Je vous prie de croire, Monsieur DE BOODT, en toute ma considération.
    Gérard BAZIN
    Maire. »

  2. Jean-Marc

    Hum… vaut mieux attacher les décors et faire un peu de ménage aux alentours…

    car il semble chercher une excuse pour avoir la possibilité (de tenter) de vous faire fermer…

  3. Vincent

    > La Station-Théâtre n’abandonnera pas ce combat contre l’automobile dans la mesure où il devient urgent de construire une culture libérée de tous les asservissements technologiques que la croissance économique et les intérêts capitalistes imposent à nos sociétés.

    Pas d’inquiétude, le problème va se régler de lui-même avec la fin des hydrocarbures bon marché. On va décroître à donf’.
    http://www.dailymotion.com/video/xrs6fn

  4. de boodt

    On ne peut pas être contre l’auto en 2013. C’est trop radical !! Toi-même, tu en profites avec l’auto de ta fille et la camionnette de tes copains. Il faut militer pour le développement des TER qui traversent la France du Nord au Sud et de l’Est en Ouest et l’auto électrique à condition que les bornes soient accessibles et que le coût n’en soit pas trop élevé.
    J’approuve le commentaire du Maire de La Mézière. En effet, votre exemple a été mal choisi. Mettre des individus couchés sur la voie publique, même un dimanche, est irresponsable tant au niveau des adultes que des enfants. Quant à la qualité de la façade et des abords, je suis aussi d’accord. Martine

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