Parler plutôt qu’agir: Paris et les pistes cyclables

Au pays de Renault, le vélo n’est pas la plus grande préoccupation des politiciens. Cependant, ceux-ci doivent bien reconnaître qu’il existe – malgré la dangerosité, malgré les médias financés par des pubs pour voitures, malgré l’absence criante d’infrastructures – une part croissante de la population qui veut se déplacer à vélo. 

Les réponses politiques au niveau national ne peuvent consister qu’en des mesurettes embarrassées comme le plan vélo, on ne va quand même pas faire diminuer les profits de nos pollueurs et bétonneurs nationaux.

Au niveau des villes, une réponse peut consister à créer des aménagements… ou plus simplement à faire semblant d’en faire!

De nombreuses villes, même celles qui méprisent le vélo, ne se gênent pas pour communiquer sur leur amour de la bicyclette avec des campagnes d’auto-félicitation sur les panneaux urbains des afficheurs JC Decaux et Clear Channel, entreprises qui enlaidissent l’espace public avec des publicités… automobiles.

Commençons par exemple par Paris, qui selon son site officiel, veut devenir la capitale du vélo dans un an et demi.

On ne trouve pas la longueur du réseau dédié aux vélos sur le site de la ville et pour cause, il n’y pour l’instant pas de quoi se vanter: les pistes cyclables couvrent 200 km alors qu’il y en a 300 km à Strasbourg (la vraie capitale du vélo) qui a 4 fois moins d’habitants.

La maire de Paris Anne Hidalgo a pourtant plusieurs fois annoncé dans les médias que Paris avait 700 km de pistes cyclables! Pourquoi un tel écart?

Cet article a expliqué que dans la somme était en fait aussi inclus 275 km de « double sens cyclable » (les rues ou on doit passer sur le trottoir ou s’arrêter chaque fois qu’une voiture arrive dans l’autre sens), 160 km de couloir de bus (avec camions de livraison et scooters en option) et 60 km de bandes marquées.

Lire aussi :  G comme gratuité

Donc, pour reprendre l’article:

A Paris, 23 % de ce que Anne Hidalgo appelle des «pistes cyclables» ressemblent à ça:

Ou, dans 40% des cas, à ça:

Notons aussi qu’une vraie piste cyclable peut malgré tout servir de parking à camionnettes.

Bon courage aux Parisiens à vélo!

Vous pouvez signaler d’autres villes qui communiquent plus qu’elles n’agissent dans les commentaires et on en parlera plus tard…

9 commentaires sur “Parler plutôt qu’agir: Paris et les pistes cyclables

  1. Anne-Lise

    C’est pas si pire… On est tellement nombreux, à présent, surtout aux heures d’embauche et de débauche (comme on dit dans le sud-ouest) qu’on impose quand même un peu notre rythme aux véhicules motorisés. Une des plus grosses nuisances, pour nous, ce sont les taxis et autres Uber qui circulent dans les couloirs de bus, un privilège inouï quand on se rappelle qu’il s’agit d’un mode de transport individuel. La plupart nous insultent, nous frôlent dangereusement, et ne réalisent même pas qu’on est pourtant des clients potentiels, nous qui ne possédons le plus souvent pas de ouature.

    Seconde nuisance, mais de première catégorie pour certain.e.s, les deux roues à moteurs, qui nous disputent les sas cyclables, les quelques pistes, les stationnements, tiennent absolument à être devant tout le monde, tout le temps, et dont les pots d’échappement exhalent leurs gaz méphitiques vers le haut, c’est à dire directement vers nos nez et nos poumons.

    A part ça, faire du vélo à Paris, la plus belle ville du monde, c’est que du bonheur ! 😉 [surtout quand on va faire un tour ]

  2. vince

    Certes mais le peu qu’a fait Anne Hidalgo pour Paris est l’objet d’attaques sans merci, ces jours-ci on saura si les recours en jugement contre la piétonisation des voies sur berges sont validés. Sachant que Mme Hidalgo est une dame et qu’on sait bien que les automobilistes les plus virulents sont constitués de messieurs dont la voiture représente la partie masculine de leur anatomie on peut imaginer certaines réactions sur les réseaux sociaux.

     

  3. Anne-Lise

    Cher Vince, merci de souligner que la meute vroumvroumante se déchaîne particulièrement contre notre maire parce que c’est une femme, c’est indéniable, il n’y a qu’à lire les commentaires sexistes dont elle fait l’objet, pour un oui ou pour un non. On a souvent fait le rapprochement entre recherche de vitesse, de puissance sous le capot, et genre masculin. C’est particulièrement criant lorsqu’il s’agit de 2 roues à moteur, comme le soulignait Olivier Razemon il n’y a pas longtemps.

    Je n’oublie pas mon appartenance vélorutionnaire, aussi, et j’affirme avec tous les vélorutionnaires qu’une ville vivable, c’est une ville où un enfant de 8 ans peut circuler tout seul à vélo, ce qui va beaucoup plus loin que de demander l’élargissement ou la protection des voies cyclables. Seule une réduction drastique de la vitesse des véhicules motorisés et de leur nombre pourrait rendre cette utopie possible.

  4. Citoyen Candide

    > rendre cette utopie possible.

    parlons plutôt de projet de société, car cette situation existe dans certaines villes dans le monde …

  5. Axelos

    Vous pouvez signaler d’autres villes qui communiquent plus qu’elles n’agissent dans les commentaires et on en parlera plus tard…

    On a la ville de Nancy qui communique beaucoup ces derniers temps sur « la ville à 30 », mais qui omet volontairement l’existence de zones de rencontres et considère que la limitation à 30 km/h est suffisante pour permettre aux cyclistes de circuler librement et en toute sécurité.

    On a aussi la Métropole du Grand Nancy qui communique beaucoup sur l’usage du vélo avec de beau gros autocollant sur leurs bus guidés, avec environ 200 km de « pistes cyclables ». La majorité des aménagements sont des bandes qui ne respectent pas les recommandations CEREMA, souvent à la limite de la largeur légale minimum. Des voies vertes qui font le tour de l’agglo, c’est bien l’été mais l’intérêt est limité pour les vélotafeurs. Et certaines voies de bus, pas très confortable mais en attendant d’avoir mieux …

    Bon je suis un peu médisant, il y a une copie du Vélib façon JD Decaux, et un projet de la toute première -véritable- piste cyclable intramuros bidirectionnelle de 500 mètres est prévu pour cette fin d’année.

    Une des plus grosses nuisances, pour nous, ce sont les taxis et autres Uber qui circulent dans les couloirs de bus, un privilège inouï quand on se rappelle qu’il s’agit d’un mode de transport individuel.

    Surprenant, je pensais que les Uber ne sont pas autorisés à circuler sur les voies de bus, n’étant pas des taxis.

  6. zit

    Il y a quand même une nouveauté permettant de se frotter encore plus aux pétrozaures : les bandes cyclables peintes en jaune quand la chaussée est rétrécie par des travaux, faut être motivé à certains endroits !

    De toute façon, la seule manière de ne pas se faire frotter, c’est de bien prendre sa place sur la chaussée, pas longer le caniveau…

     

  7. Hdkw Auteur

    Certes mais le peu qu’a fait Anne Hidalgo pour Paris est l’objet d’attaques sans merci, ces jours-ci on saura si les recours en jugement contre la piétonisation des voies sur berges sont validés. Sachant que Mme Hidalgo est une dame et qu’on sait bien que les automobilistes les plus virulents sont constitués de messieurs dont la voiture représente la partie masculine de leur anatomie on peut imaginer certaines réactions sur les réseaux sociaux.

    Tout a fait, l’équipe actuelle a Paris est peut être la meilleure que la ville aie connu depuis longtemps en matière de transport. Leur politique est insuffisante par rapport aux enjeux mais au moins elle va dans la bonne direction..

    @Alexos: je regarderai le cas de Nancy un peu..

     

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