L’approche néerlandaise du vélo

Faire du vélo aux Pays-Bas n’a pas toujours été une évidence. Les Néerlandais ont été parmi les premiers à construire des autoroutes. A partir des années 1950, la voiture est devenue le mode de transport dominant et le nombre de voitures sur la route a été en constante augmentation depuis ce temps. Les quelques pistes cyclables construites à cette époque l’ont été non pas pour le confort des cyclistes mais pour les déplacer sur le côté et donner de la place aux voitures sur la route.

Que s’est-t-il donc passé pour expliquer le fait que les Pays-Bas sont maintenant perçus comme un paradis du vélo ? Ce changement s’explique par une combinaison d’évènements ayant pris place au milieu des années 70.

Le nombre très élevé de morts sur la route, notamment d’enfants, déclencha l’indignation générale ce qui fut source de nombreuses manifestations. De plus, la crise pétrolière a fait prendre conscience à tous des risques liés à la dépendance au pétrole. En conséquence, plusieurs mouvements citoyens furent créés et appelèrent au changement. Ces mouvements ont gagné en importance et ont influencé les décideurs à rendre les villes et la pratique du vélo plus sûres. Mais il n’y avait pas encore de politique nationale pour le vélo et les différences entre les villes étaient très importantes.

Sous la pression de l’opinion publique, les politiques d’urbanisation évoluèrent graduellement vers une meilleure prise en compte du vélo en tant qu’option de mobilité. Les politiques changèrent pour augmenter la densité de l’urbanisation et ainsi contrôler et limiter l’étalement urbain. Ces politiques intégraient aussi la construction d’infrastructures cyclables.

Alors que la construction d’infrastructures s’accélérait, la vision des urbanistes évolua de la construction d’infrastructures isolées à l’élaboration de réseaux cyclables complets.

La ville de Delft fut l’une des premières villes à créer un réseau d’infrastructures cyclables. Ces initiatives transformèrent les villes en des lieux où les enfants, les personnes âgées, les riches et les pauvres, et même la reine pouvaient faire du vélo en sécurité. Le nombre de personnes utilisant le vélo pour se déplacer commença à augmenter de nouveau. Plus récemment, un plan national pour le vélo fut adopté dans les années 90 et les réseaux cyclables sont maintenant présents dans la plupart des villes aux Pays-Bas. En conséquence le nombre de cyclistes tués sur la route a diminué de manière très importante. De nos jours, alors que la population vieillit, tout le monde aux Pays-Bas fait du vélo. On observe par exemple chaque année une augmentation de la distance parcourue à vélo par les personnes âgées.

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Cette augmentation est due à l’amélioration de la condition physique des personnes âgées ainsi qu’à la popularisation de l’utilisation du vélo à assistance électrique. Ce qui s’est passé aux Pays-Bas est spécial et a porté ses fruits.

Mais ce n’est pas si spécial que cela ne puisse être reproduit nulle part ailleurs.

Pour Stientje van Veldhoven, Ministre de l’environnement des Pays-Bas, l’approche néerlandaise du vélo peut être appliquée dans d’autres pays, de sorte que les villes et les régions du monde entier puissent tirer parti de l’expertise néerlandaise. Les experts de l’ambassade cycliste néerlandaise (Dutch Cycling Embassy) ont donc tenu à partager leurs connaissances avec le monde entier, en réalisant un document de synthèse dans plusieurs langues, dont le Français. Ce document s’intitule Dutch Cycling Vision, ce qui peut se traduire par « l’approche néerlandaise du vélo. »

Télécharger le document: Dutch Cycling Vision (français), octobre 2018 (format pdf)

2 commentaires sur “L’approche néerlandaise du vélo

  1. AAlain

    La différence significative avec notre beau pays la France réside aussi dans le fait que les néerlandais ne possède pas d’industrie automobile (style Pigot ou Rinot) qui sont portées aux nues par leur gouvernement successif, et donnée en exemple comme un symbole de réussite industrielle et de création d’emplois.

  2. Ludovic Brenta

    Les Pays-Bas ont (avaient) la Duitse Auto Fabriek qui continue à fabriquer les camions DAF. Ils ont encore aujourd’hui un taux de motorisation de 481 voitures particulières par 1000 habitants en 2016 (contre 479 en France et 503 en Belgique) (source Eurostat). On ne peut pas dire qu’ils aient eu un politique anti-voiture (ou alors elle a lamentablement échoué). En revanche on peut dire qu’ils ont eu une politique pro-vélo réussie. Il n’y a presque plus d’automobilistes aux Pays-Bas: seulement des cyclistes qui se trouvent momentanément au volant d’une bagnole.

    Et il me semble que s’ils achètent encore des bagnoles, c’est uniquement pour aller en France en été 🙂

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