Permaculture et agriculture biologique

Différencier agriculture biologique et permaculture est assez simple, et je vais pour cela sortir du domaine agricole pour transposer les notions dans le domaine des transports.

La permaculture est souvent confondue avec une forme d’agriculture biologique, faite de mulch et de bandes de cultures surélevées. La confusion vient à la fois des origines de la permaculture (qui signifiait “permanent agriculture”, c’est à dire “agriculture soutenable”) qui s’est concentrée dans un premier temps sur l’élaboration de systèmes agricoles soutenables (1), et du contexte français dans lequel l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka et son adaptation française par Emilia Hazelip (agriculture synergétique) ont souvent été confondus avec la permaculture (2).

Différencier agriculture biologique et permaculture est assez simple, et je vais pour cela sortir du domaine agricole pour transposer les notions dans le domaine des transports.

Dans ce cas, l’agriculture industrielle est un véhicule conventionnel (avec des différences entre les différentes agricultures industrielles, comme il y en a entre un 4×4, une voiture, un camion).

L’agriculture biologique peut être apparentée à une voiture électrique. Les deux se définissent principalement par le rejet d’un produit précis (les engrais et pesticides de synthèse, les carburants fossiles). Ce ne sont pas des concepts radicaux, dans le sens où il est difficile de voir la différence avec leurs homologues conventionnels. Une voiture électrique utilisera les mêmes réseaux de transports, pour les mêmes utilisations, provenant des mêmes réseaux de production. L’agriculture biologique reste une agriculture “moderne”, possédant les mêmes outils de production (tracteurs) et les mêmes réseaux de distribution (du magasin au supermarché, utilisant des supports marketing) (3).

La permaculture est bien plus qu’une méthode d’agriculture (l’agriculture biologique ne compte que parmi les nombreuses techniques des nombreux domaines concernés par la permaculture), puisque c’est une méthode de conception de systèmes anthropiques (systèmes agricoles, lieux de vie, finance, …). Ramenée aux transports, c’est un réaménagement complet des voies de communication, passant par un placement réfléchi des activités (relocalisation, centres d’activités intégrés au zones d’habitations, zones piétonnes, …), et la mise en place des meilleurs moyens de transports adaptés aux besoins (vélo, transport en commun, ferroutage, voiture électrique …).

Inutile de dire que je ne pense pas que la voiture électrique suffira à régler les problèmes de transports dans un futur énergétique à la baisse

Ajout: un article intéressant intitulé “what is permaculture” ajoute quelques précisions entre les deux concepts :

Bien que l’agriculture biologique soit sûrement une part important de la permaculture dans la pratique, on ne peut pas appeler un potager biologique une “permaculture”, à moins qu’il ait été conçu de façon permaculturelle, auquel cas il sera bien plus qu’un simple potager biologique productif. En plus de produire de la nourriture, il fournira des niches pour la vie sauvage, les oiseaux et les prédateurs de ravageurs; il prendra en considération les éléments, le vent, le soleil et le feu en créant des microclimats pour les plantes, les animaux et la maison; il prendra en compte les cycles de l’eau, des nutriments et de l’énergie depuis l’intérieur de la maison, à travers le jardin et au-delà; il considérera la maison et le jardin comme partie intégrante du voisinage plus vaste, de la récupération d’eau et de la biorégion.

Comprendre la différence entre conception, stratégie et technique peut aider. Les techniques sont des “comment faire” quelque chose, comme les différents systèmes de compostage[…] La stratégie concerne le “comment et le pourquoi”, le timing et l’agencement des travaux et des événements […] La conception (design) concerne le lieu où nous plaçons les choses en relation les unes par rapport aux autres, et comment nous intégrons les connections entre elles […] La conception vient en premier, planifiant “quoi va où”; ensuite nous devons réfléchir à nos stratégies “quoi arrive quand”; et enfin nous devons sélectionner les techniques appropriées à la situation.

(1) Dans le contexte de la permaculture, un système durable est un “système qui produit ou conserve suffisamment d’énergie, durant sa durée de vie attendue, pour se construire et se maintenir lui-même, tout en produisant un surplus.” (Bill Mollison, The Foundation Year Book of the Permaculture Academy, p. 23).
(2) Les différences entre agriculture naturelle et permaculture sont à la fois fondamentales et très subtiles, voir sur le sujet la traduction d’un article et mes conclusions.
(3) Le fait est que certaines productions biologiques ne ressemblent pas à la filière conventionnelle (polyculture, vente directe …), mais la part biologique fait partie d’une vision plus large, puisqu’on peut très bien faire un produit biologique en important des intrants biologique de Chine, en vendant son produit à l’étranger dans une enseigne de la grande distribution avec force marketing.

2 commentaires sur “Permaculture et agriculture biologique

  1. TITRE Bernard

    Bonjour,

    Il ne faut pas oublier que l’électrique c’est aussi le nucléaire et ces 100 000 ans et plus de pollution; que les éoliennes c’est aussi du pétrole, etc. Nous sommes dans une spirales infernale.
    Je tiens à remercier Jean Pain, Fukuoka,mes maîtres. Et surtout Emilia Hazelip qui explique très simplement dans ces petits films ce qu’est l’agriculture naturelle.
    Je n’aime pas les mots « biologique », « permaculture », qui sont des copyright à la solde de mercantiles. je préfère « agriculture naturelle ». qui est vraiment libre de droit… Soyons NATUREL.
    Cordialement Bernard TITRE

  2. Nicollas

    Salut Bernard,

    autant je suis d’accord sur le côté « label » de l’AB qui comme je l’ai lu quelque part est une « marchandisation de la confiance », autant je ne suis pas d’accord avec ton avis sur le terme « permaculture ».

    Tu peux utiliser ce mot comme il te semble, la seule restriction étant au niveau de l’enseignement : il faut avoir un diplome pour pouvoir enseigner « officiellement » la permaculture. Cette mesure a été mise en place pour garantir un certain niveau dans les formations, et pour être sur que tout le monde parle bien de permaculture (et non pas de jardinage par exemple).

    Ensuite « agriculture biologique », « permaculture » et « agriculture naturelle » ne recoupent pas la même chose, donc il ne s’agit pas de préférence d’utilisation, mais de préférence sur ce que désigne ces termes.

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