La dernière critical mass de vendredi dernier l’a bien montré : plus les autorités criminaliseront ce mouvement, plus elles chercheront des boucs-émissaires en faisant le procès de jeunes innocents, plus l’engouement lié à ce mouvement alternatif mondial sera grand. 1.500 personnes dans la rue vendredi soir : jamais la critical mass n’avait mobilisé autant de jeunes cycloterroristes (navré pour le pléonasme M. Maudet) ! Merci donc à Isabel Rochat et à la droite dans son ensemble dont l’acharnement a manifestement porté ses fruits hier. Petit retour sur les faits (à ce propos, lire l’intéressant résumé du journaliste indépendant Richard Etienne).
Mardi passé a eu lieu à Genève une mascarade de procès au Tribuanal de police. Mis en accusation ? Deux participants réguliers de la critical mass, qui, comme chaque dernier vendredi du mois, participent à cet événement festif et spontané qui exige un plus grand espace pour les déplacements non-motorisés.
Ce cortège spontané a lieu dans environ 325 villes sur plusieurs continents. Il s’agit tout d’abord de porter un message de sociabilité dans des villes où le vivre ensemble est largement sacrifié, tant la machine et la vitesse ont remplacé l’humain et la chaleur du lien.
Mais la droite ne l’entend pas de cette oreille, elle qui veut criminaliser tout ce qui sort des schémas bien-pensants.
Prise en otage de la jeunesse
La jeunesse qu’on nous présente volontiers comme essoufflée et absente du débat démocratique, montre qu’elle se mobilise à sa manière en dénonçant l’acharnement des autorités envers les thèmes qui la concerne (pénurie de lieux festifs, réquisition de squat…). La revendication d’un espace, d’une place pour vivre, pour se déplacer, pour exister est portée haut et fort par cette masse critique non organisée qui refuse le monopole de la voiture et remet en question la domination des plus forts sur les plus faibles.
Qui en effet mieux que cette jeunesse qui va devoir assumer la catastrophe écologique provoquée par les génération passées, est à même de critiquer la prédominance de la voiture individuelle dans nos villes ?
Pourtant on se plaît à désigner des responsables, et les cyclistes sont désignés par un Conseiller administratif (Pierre Maudet pour ne pas le nommer) en campagne pour sa réélection de « cycloterroristes ». Monsieur propre s’est donc lassé de faire la chasse aux tags, aux crottes et aux mégots… et s’est trouvé un nouveau joujou porteur électoralement. Le premier tour aux élections passé, voilà qu’il s’en prend aux incivils à deux roues. L’amoureux des néologismes organise maintenant des journées de cyclocivisme (sic!) car «il y a une absence grave et notable de code de la rue : le respect de l’autre dans l’espace public ne peut être négligé.» Devinez qui est une nouvelle fois désigné comme irrespectueux dans son comportement ? Ces bons vieux cyclistes. Ou plutôt les jeunes cyclistes, vous savez, ceux qui se comportent mal ! Et qui subissent à longueur de journée le diktat du tout bagnole à Genève (mais cela, ce n’est pas politiquement porteur de le dire).
Les automobilistes, les scootéristes et autres non-cyclistes n’ont rien à craindre, les cours ne leur sont pas destinés : le monopole de l’incivilité est attribué aux jeunes à vélo. On prend des pincettes pour pas trop le mentionner : cette action viserait à sensibiliser la population et particulièrement les «nouveaux utilisateurs» quant aux risques d’une conduite insouciante… La jeunesse insouciante et irresponsable, le couplet que la droite entonne en chœur, Isabel Rochat en tête, avec le pseudo-procès qu’elle mène contre deux jeunes qui, en plus d’être des cycloterroristes, organisent des manifestations interdites (de quoi être bien fichés par ses services).
Par ailleurs la droite, non contente d’aseptiser les comportements en voulant tout réguler, en rajoute en donnant des récompenses : lors de la 1ère journée de cyclocivisme (on se passera volontiers des prochaines) celle ou celui qui se sera le mieux comporté-e sur la route se verra offrir un vélo électrique (rouler au nucléaire, c’est plus écolo et plus aseptisé). Cela nous rappelle la page facebook « 20h no stress » pour l’ouverture des magasins, orchestrée par les jeunes PLR et leurs aînés à Genève, qui offrait un I-Pad à chaque 500ème membre. L’argent et les récompenses pour mieux corrompre une jeunesse insouciante et trop revendicative.
Mais revenons à nos moutons, et à la critical mass. Les autorités au lieu de chercher vraiment la sécurité lors de ces cortèges, oublient qu’elles ont affaire à des êtres humains, souvent à des mineurs, et mettent en danger inutilement les cyclistes en roulant trop vite au milieu ou à proximité du cortège avec leur gros camions. Sans compter les policiers infiltrés qui s’incrustent au cortège pour mieux trouver les boucs-émissaires. Et leurs comportement incivils à eux ? Le jour où ceux-ci viendront en tenue de service et à vélo, alors un vrai dialogue pourra s’installer. Mais pour l’heure force est de constater que les forces de l’ordre ne désirent pas faire un pas vers les participants, préférant s’acharner sur nous, augmentant dès lors les tensions.
Mais la jeunesse ne sortira que galvanisée par ces attaques frontales envers elle et la dernière critical mass hier soir le prouve s’il le fallait encore : notre détermination pour notre cause est non seulement légitime, mais nécessite un engagement de tout instant pour aller jusqu’au bout de nos idées.
Enfin, une petite dédicace à Isabel Rochat sans qui tout cela n’aurait pas été possible !
« Ils vous méprisent, ils vous combattent, ils vous humilient, et à la fin vous gagnez. », disait Gandhi.
Pour moi, tous les ingrédients d’une révolution « style 1789 », à l’échelle mondiale cette fois-ci, sont réunis: trop grande inégalité riche/pauvre, pénurie alimentaire (via la pénurie énergétique qui se profile), énarques politiques complétement dépassé par la tournure des choses,…fabricant de guillotine voilà un métier d’avenir je pense…
Aux dernières nouvelles, les deux jeunes inculpés pour « cycloterrorisme en masse critique organisée » ont été acquittés.