La bande d’arrêt d’urgence pourra désormais être empruntée par les véhicules durant les heures de pointe et sur les autoroutes flamandes. La Région a donné son aval à l’expérience qui devrait permettre de » fluidifier le trafic« [1], rendue d’autant plus facile que les blessés graves et autres morts par accident de la route resteront incarcérés dans leur automobile[2].
Le principe est toujours le même: construire pour résorber les effets d’un processus qu’on présente – et qu’à force on se représente – comme inéluctable. Édifier des prisons pour réduire la surpopulation carcérale et continuer l’incarcération ou construire des routes pour poursuivre l’inflation automobile, les deux processus répondent du même principe fondamental; et escamotent d’autres réalités. La logique de développement des centres pénitenciers élude deux vérités: la première, celle que la majorité carcérale actuelle ne devrait pas être enfermée – en Europe, de nombreux détenus le sont pour leur consommation de produits illicites – ; la seconde, que la construction de nouvelles prisons ne mènera pas à une baisse de la population des pénitenciers déjà existants mais créera de nouvelles peines pour remplir les nouveaux centres et les… surpeupler. A l’identique, Dans le domaine de la bagnole, l’inflation routière élude deux réalités fondamentales: la plupart des automobilistes ne devraient plus rouler en voiture; et les nouvelles routes répondront au besoin d’espace des nouvelles voitures qui elles-mêmes réduiront l’espace nouvellement créé, ce qui nécessitera la création de nouvelles routes, etc… La construction sans cesse renouvelée assure la pérennité du processus.
Les deux phénomènes sociaux posent la question qu’aucun des « responsables » politiques ne posent: jusqu’à quand? Et empêchent de revoir deux habitudes humaines qu’on croit naturelles: enfermer et rouler en bagnole… permettant de ne pas voir la réalité sous un autre jour: réduire les inégalités qui génèrent les actes délinquants et la souffrance sociale, et modifier nos modes de déplacement pour privilégier les transports non polluants, et toute la révolution socio-économique que cela impliquerait.
Dans les deux cas, on touche à deux fondements de nos sociétés capitalistes. Ils seront nécessairement modifiés au moment où il faudra tout bouleverser.
A.P
[1] http://www.rtl.be/info/votreregion/flandre/825975/la-bande-d-arret-d-urgence-ouverte-au-trafic
[2] Voir http://carfree.fr/index.php/2011/09/01/jusquou-labsurde-peut-il-aller
pas mal, la comparaison entre le tout voiture et les prisons. dans les 2 exemples, c’est le triomphe d’un système destructeur, par phénomène de cercle vicieux. On pourrait rajouter un 3ème: la Bombe atomique (course aux armements de destructions massive dont la France fait allègrement partie). Un 4ème? allez!… les engrais chimiques en agriculuture: ils répondent au besoin d’une agriculture plus productiviste qui elle-même réduit la qualité des sols, ce qui nécessite l’augmentation d’apporte d’engrais!…
Bien vu Espritcritique, bien vu Nico!
Dans le même ordre de stupidité ambiante. On a fini par se rendre compte que les appareils électriques toujours en veille consommaient énormément. Donc on a crée des multiprises avec interrupteurs pour couper les veilleuses. Alors qu’avant on n’avait des appareils sans veilleuses … cherchez l’erreur.
Au rayon bagnole, on sait que la vitesse tue. On a donc obligé le port de la ceinture, on a installé les freins ABS, on a mis un airbag devant, puis un airbag latéral. Mais on n’a jamais pensé à diminuer la vitesse (et le poids du véhicule et la consommation du moteur et les gadgets inutiles)…
Le mode de pensé à l’origine d’un problème ne peut servir à en trouver la solution.
Tout à fait: on ne peut résoudre un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré (Einstein)… voilà pourquoi sans bouleversement majeur on va droit dans le mur. Les technocrates et gouvernants divers, l’apathie ambiante, tout cela est désespérant… mais ne doit pas empêcher d’encore croire au changement et à la convivialité qui viendra.
Mais le monde qu’il nous impose et quotidiennement lourd.
C’est vrai que le commentaire de Grasshoper est limpide. Du non-sens industriel !