On lit quelques fois dans la presse locale des courriers de lecteurs automobilistes qui pestent contre les cyclistes soit-disant dangereux et irrespectueux du code de la route. Et d’ajouter systématiquement que quand les cyclistes seront respectueux du code, il sera alors temps de favoriser leur pratique.
Mais qu’en est-il du respect du code par les automobilistes ? A-t-on attendu que toutes les voitures respectent les limitations de vitesse avant de construire de nouvelles routes ? Attend-t-on qu’il n’y en ait plus aucune garée sur les trottoirs pour aménager des parkings ? Non.
Les automobilistes sont aujourd’hui, hélas, beaucoup plus nombreux que les cyclistes et source de beaucoup plus d’accidents, source de beaucoup plus de nuisances qui rendent la ville désagréable. Ils sont responsables d’une pollution catastrophique, et il y a parmi eux au moins autant de contrevenants au code de la route que parmi les cyclistes. Ils appartiennent sans aucun doute à la catégorie des usagers de la route la plus dangereuse. Nos collectivités continuent cependant à investir des sommes énormes pour développer l’usage de la voiture.
Les cyclistes, eux, par nature, respectent :
l’atmosphère, et plus généralement l’environnement,
toutes les limitations de vitesse,
le protocole de Kyoto,
la quiétude des riverains puisqu’il ne font pas de bruit,
l’espace public puisqu’un vélo est dix fois moins encombrant qu’une auto,
etc…
Et, pour la plupart d’entre-eux, ils respectent les piétons, avec qui, grâce à un léger coup de sonnette, ils cohabitent sur les espaces qui restent et qui n’ont pas encore été envahi par le stationnement sauvage des voitures automobiles
Évidemment, un cycliste, comme tout véhicule est soumis au Code de la route. Hélas, les aménagements réalisés vont parfois eux-mêmes à l’encontre de ce Code. Par exemple:
on ne devrait jamais aménager de « pistes cyclables » sur un trottoir, sur lequel les cyclistes de plus de huit ans ne sont pas autorisés par le code de la route. Il est donc normal et acceptable qu’à ces endroits-là les cyclistes les plus respectueux du code roulent sur la chaussée; L’automobiliste ne manquera pourtant pas de penser et de dire en se trompant « que fait-il ici ? Il DOIT rouler sur le trottoir. C’est un sauvage qui ne respecte pas le code…« .
une piste cyclable longeant une avenue, devrait avoir partout la même priorité que l’avenue, et ne pas être interrompue à chaque entrée de parking;
les ronds-points devraient TOUS être aménagés en suivant les recommandations du CERTU;
etc…
Quant à l’aménagement des « double sens cyclable », qui sont la conséquence d’un décret national qui impose depuis 2008 que dans les zones 30, toutes les voies soient à double sens pour les cyclistes, il ne manquent pas de provoquer également les reproches des automobilistes à qui on conteste la propriété de la chaussée à laquelle ils sont depuis si longtemps habitués. Pendant que toute la France réinvente « le code de la rue » et favorise les modes alternatifs à la voiture et le partage de la voirie, ils attendent encore qu’on fasse rouler plus de voitures et plus vite, et qu’on évacue cyclistes et piétons de la ville, et de leur champs de vision manifestement aussi étroit qu’un rétroviseur.
Rêvons un peu… Quand Perpignan sera une ville cyclable, que les rues seront envahies de bicyclettes et de piétons, que nous aurons sur les quais de la Basse l’ambiance paisible des canaux d’Amsterdam, il y aura encore besoin de policiers pour réglementer la circulation et pour encourager les usagers au respect du code. Mais au moins le transport en ville ne sera ni bruyant, ni encombrant, ni polluant, ni violent.
N’attendons pas que tous les cyclistes soient des anges exemplaires pour favoriser l’usage du vélo, car cela n’arrivera pas ! Dès à présent, dissuadons l’usage de la voiture, et développons les TC et un réseau piéton et cyclable sans plus attendre !
Thibaut LEGAYE
Image: Aleluja from Velocypedia Part II
Une autre chose: Quand un cycliste brûle un feu rouge pour pallier l’absence de sas à vélo, c’est seulement sa vie qu’il risque alors que l’automobiliste risque aussi la vie des autres.
J’ai toujours l’impression qu’il y a dans la tête des gens, cycliste=respecte pas le code. C’est un réflexe (comment est-il acquis?) de beaucoup de mes collègues qui sont outrés, choqués, offusqués dès qu’un vélo grille un feu. Pas besoin de se justifier, le code, c’est aussi pour les vélos, les cyclistes ne sont pas au dessus des lois, punir, torturer, criminels, terroristes… Je suis vu comme quelqu’un d’irrespecteux de tout et de tout le monde dès que je dis que je grille les feux, et eux automobilistes citoyens, qui ne grillent pas les feux peuvent continuer à discuter de leur traversée des boulevards en ville à 100km/h, de leurs records sur autoroute, et ça c’est normal. Et les radars, c’est dégueulasse! On bafoue ma liberté de tuer, euh me déplacer!!
@Paladur : Quand tu dis « alors que l’automobiliste risque aussi la vie des autres », je pense qu’il risque surtout la vie des autres, et surtout des piétons, cyclistes et 2 roues, surtout en ville. Car dans sa carrosserie, même en léger excès de vitesse, les chances qu’il se tue sont faibles alors que les chances de survie d’un piéton percuté à plus de 50km/h sont minces!
Les cyclistes qui grillent les feux rouges sont-ils au-dessus des lois ? Je pense que la plupart sont au-delà, car ils ont très bien compris les tenants et aboutissants de la signalisation routière : sécuriser le trafic motorisé à plus de 30 km/h, et fluidifier la circulation automobile.
Mais, plus grave est la propagande de sécurité routière qui s’oriente sur les dangers que les motorisés courent eux-mêmes, plus que sur ceux qu’ils font courir aux autres. Rien qui prépare au Code de la rue, à la priorité des piétons et au respect de la spécificité des cyclistes, dans la rue comme sur la route.
À ceux qui s’offusquent de la liberté que prennent les cyclistes par rapport aux règles de circulation, je leur conseille de prendre leur vélo et de faire pareil, afin de se rendre compte de la liberté et de la mobilité qu’ils acquièrent en quelques coups de pédale. Encore faut-il avoir les couilles de se lancer.
Le pb, c est que les automobilistes ne grillent pas les feux non pas parce que celà mettrait des vies en danger;
mais parce que celà mettrait les points de leur permis en danger.
Ce qui compte, c est le permis; pas la vie des gens et le respect de l’autre.
Ce n est pas le respect du code qui génère leurs reproches sur les cyclistes…
sinon, ils n’agiraient pas comme ils le font, illégalement :
non respect des distances de sécurités; non respect de l’interdiction de s’engager dans un carrefour si on ne peut pas le quitter (il est interdit de bloquer un carrefour); non ralentissement aux abords d’un feu quelque soit la couleur du feu (il faut pouvoir s arrêter « de suite », si le feu change de couleur, et sans que celui derrière soit nous rentre dedans = en ayant ralentit assez pour que celui derrière nous ne soit pas surpris si jamais on s arrête),….
Non, ce n est pas le non-respect du code qui les gène, quand on traverse à un rouge, alors qu’il n’y a aucun véhicule dans la voie perpendiculaire; mais bien plus la jalousie, l envie. Il n’y a que la peur de perdre les points de leur permis qui les empêchent de faire de même
(en sachant qu’avec un véhicule de plus d’une tonne, avec un -long- capôt, ils sont moins réactifs et voient moins bien -> leur traversée seraient bcp plus dangereuse).
Le plus « drôle », c est quand un piéton est à un passage piéton sens feux :
il est prioritaire, les voitures DOIVENT s’arrêter pour le laisser traverser.
Or, ils ne le font jamais (moins d’une sur 20), alors que le piéton est visible.
Par contre… quand il y a un feu piéton (un feu avec un bouton d appel), qu’un piéton « appele » le rouge/vert, ils s arrêtent quand le feu est rouge, voient le piéton traverser… et, comme de plus en plus de feux sont équipés de caméra, attendent jusqu’au vert, alors que plus personne ne cherche à traverser (c est la loi… mais là, ils l appliquent au pied de la lettre, face à un feu; et s’essuient dessus face à une personne).
Ce réflexe d’obéir aux feux plutôt qu’à l environnement, aux personnes vivantes présentes, pourrait évoluer, si jamais les feux étaient moins utilisés : utilisés que quand ils sont utiles, quand il y a un trafic intense à réguler.
Ajout à ce que dit Jean-Marc…
[citation]
Le plus « drôle », c est quand un piéton est à un passage piéton sens feux :
il est prioritaire, les voitures DOIVENT s’arrêter pour le laisser traverser.
[fin de citation]
Encore faut-il souligner que les CYCLISTES AUSSI DOIVENT laisser les piétons traverser. Pas de respect entier du code de la route ne veut pas dire être con et irrespectueux !
Ceux avec qui je suis de temps à autre à vélo n’ont aucune vergogne à griller cette priorité de droit aux piétons… De même, des cyclistes prennent à la légère les priorités à droite, et ce sciemment… Or, laisser la priorité à celui qui l’a de droit est normal pour éviter les cafouillages et les carambolages.
Quand je m’arrête pour laisser passer des piétons, non seulement mes collègues cyclistes n’en ont cure et ignorent ces piétons, mais aussi les piétons réagissent-ils donc avec surprise, ne sachant pas trop si c’est à eux (leur tour) de traverser ou pas. Le monde à l’envers.