Des immeubles vélo-amicaux

Signe des temps, on voit désormais apparaître des projets de construction d’immeubles entièrement pensés pour le vélo. Bien mieux, il ne s’agit pas d’adapter des immeubles aux vélos, mais de les concevoir uniquement pour des habitants utilisant le vélo.

Certains projets semblent un peu farfelus, tel ce projet d’immeuble en forme de rampe réalisé par le Dr Steven Fleming pour Copenhague. L’idée semble un peu extrémiste, car il s’agit rien de moins que de pouvoir rouler à vélo jusqu’à la porte de son appartement!

Par contre, d’autres projets sont beaucoup plus réalistes et sont même déjà construits! Ainsi, à Malmö en Suède, des architectes viennent de concevoir le Cykelehuset Ohboy (La maison du vélo), un immeuble conçu autour des besoins des personnes avec des vélos et des vélos de fret. L’immeuble est désormais terminé et ses 55 appartements semblent déjà occupés.

Le concept est plus réaliste que le projet précédent. Il s’agit d’un immeuble où il n’y a pas de places de parking automobile (ce qui est apparemment une première à Malmö). L’argent économisé sur la non-construction de stationnement automobile a permis de multiplier les espaces de stationnement vélo, à tous les étages.

Par ailleurs, l’immeuble est pensé pour le vélo, avec en particulier des portes spécialement larges et des ascenseurs suffisamment grands permettant de faire entrer un vélo ou même un vélo-cargo! L’idée étant de pouvoir amener son vélo-cargo rempli de victuailles de retour des courses jusque dans sa cuisine…

Les revêtements de sols ou de murs des parties communes sont également adaptés à la circulation permanente des vélos, que ce soit en matière de chocs ou de nettoyage. Les terrasses des appartements sont prévues pour accueillir des vélos. Et les parties communes de l’immeuble sont équipées de services pratiques tels que la possibilité de recharger des vélos électriques, regonfler ses pneus ou effectuer des réparations dans un atelier dédié.

Lire aussi :  TOD ou le développement de la ville autour du transport public

Des vélos pliants pour les déplacements domicile-travail ou des vélo-cargos pour faire ses courses sont proposés aux habitants en partage. L’immeuble dispose aussi de quelques voitures en auto-partage. Enfin, des boites aux lettres très grandes sont prévues pour faciliter les livraisons à domicile.

Source: http://www.treehugger.com/green-architecture/its-not-apartment-building-its-bicycle-house.html

11 commentaires sur “Des immeubles vélo-amicaux

  1. Jeanne à vélo

    Merci. Très intéressant.

    D’autres illustrations à cette page : http://ohboy.se/en-overblick-av-ohboy/ (on voit notamment une remorque vélo dans une cuisine).

  2. moimeme

    Absurde, le vélo est conçu depuis son origine pour être adapté à la ville, la ou l’auto demande à la ville de s’adapter à elle.
    Contrairement à ce qui est dit, je doute qu’avant 1950 il y ait eu à Malmö un seul immeuble construit pour que l’automobiliste puisse y entrer dedans.
    Il suffit d’aller à Berlin (est) pour se rendre compte que tous les immeubles correspondants a ce cahier des charges : couloirs larges remplis de vélo à tous les étages, cour intérieure avec des nombreux stationnements vélo (quasiment jamais pour les bagnoles), large ascenseur. Quand la ville fut reconstruite après guerre, personne n’avait d’auto, et ce jusqu’à la chute du mur, donc on n’a pas pris en compte les automobilistes pour la construction, hors la bicyclette est naturellement adapté à un bâtiment « neutre ».
    Le problème ici c’est de sous-entendre que pouvoir utiliser un vélo nécessite des aménagements (qui coutent cher) ou devoir établir des règles spéciales, alors que non, il n’y a rien besoin de faire, si ce n’est d’empêcher l’auto d’imposer sa loi.

  3. Legeographe

    Un peu d’accord avec « moimeme » – hahaha, ce pseudo porte à confusion dans ma phrase.

    Sinon, il existe depuis longtemps quelques immeubles sans escalier – ça marche du tonnerre pour une trottinette, à la descente – : en voici 2 à Saint-Étienne.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Maisons_sans_escalier
    Les Chalets de Bizillon, ou Maisons sans escalier, sont deux immeubles de logement identiques, construits par l’architecte Auguste Bossu aux numéros 54 et 56 du boulevard Daguerre, à Saint-Étienne, l’un en 1933 et l’autre en 19391940.
    […]

    « La maison sans escalier ! La maison de demain. Pourquoi ?
    L’escalier est un moyen barbare de monter les étages. Les marches imposent à tous le même pas : aux enfants comme aux vieillards, aux malades comme aux bien portants.
    Avec notre montée par galerie en plan incliné, chacun fait le pas qui lui convient, long ou court, rapide ou lent, comme on le fait sur le trottoir.
    Notre galerie est d’une pente douce, elle se déroule autour d’une belle cour intérieure en jardin. »

    — citation d’Auguste Bossu, dans des documents publicitaires de l’époque

  4. pedibus

    ah ça le Géographe tu me la coupes, ça rafraîchit un peu notre loi 2005 PMR, passée aux oubliettes :

    elle aurait donc eu des devanciers… !

     

    En tout cas sur Carfree on est en pleine sérendipité :

    on trouve plein de choses, plein de gens, sans avoir manifesté la moindre volonté de le faire, un peu comme la marche en ville…

    Article qui mérite de rester dans les tronches, et qui intrique parfaitement architecture et urbanisme. Qu’on me permette d’attirer l’attention sur ce que l’auteur évacue un peu trop vite, en se dispensant d’une opportune allusion – il me semble…  – avec le système automobile… du système cycliste évoqué par l’architecte fada (touché par les fées, sans faire le cuistre…), Steven Fleming, qui nous plongerait sans doute dans un cauchemar pas très éloigné de notre quotidien infesté par les autels et grands chemins de procession dévolus à Ste-Gnognole…

    Bref, voici une occasion pour mettre en garde nos amis cyclistes, des vrais ceux-là, de ne pas répéter l’erreur du début du siècle dernier avec la motorisation individuelle, et même bien antérieurement avec le système hippomobile, donc de ne pas rendre impossible le quotidien piéton, surtout si les cyclistes, jeunes et vieux, s’amusent comme des déments, tout en faisant « vroum vroum » avec la bouche,  – peut être par nostalgie ou dépit pour certains… – à singer la conduite automobile.

    Pour mon cher Vincent, je proposerai plutôt le bon vieux caddie, avec siège incorporé, bien pratique pour les seniors, à atteler/dételer au vélo, et qui sort à un dollar US des ateliers infernaux chinois… :

    http://pdf.lu/9SUQ

    Si nos édiles, éclairés à la bougie de graisse de mammouth… dégraissé, pouvaient se grouiller pour en commander quelques supertankers, ils trouveraient-là sans doute puissant moyen pour débagnoliser le réseau viaire de leur centre-ville encore commerçant…

  5. Bernard G.

    Sans aller aussi, cet immeuble HLM où j’ai vécu adolescent (il y a 50 ans) permettait au rez de chaussée de garer une grosse centaine de vélos.

    https://www.google.fr/maps/@46.5803792,3.3331296,3a,75y,316.03h,106.51t/data=!3m6!1e1!3m4!1sweP8SHDTRI_Y4RYk1iTraA!2e0!7i13312!8i6656

    Il en était de même des autres bâtiments de la cité, et les deux lycées que j’ai fréquentés dans cette ville avaient tous de quoi stationner les vélos ou mobylettes pour la quasi totalité des élèves

     

  6. Legeographe

    Bernard G.

    —> Oui, snif, quand on voit le résultat – plus très photogénique -, sur votre lien…

    Mais il faut savoir que bien souvent les aménagements de voirie pour installer « le trône de fer » de la bagnole partout gagnent les anciens projets urbains novateurs pour l’époque qu’étaient certains grands ensembles pensés sans l’automobile – parce qu’une automobile, ça ne pense pas… OK, ça « dépense » du pétrole, une voiture, mais ça ne pense pas – Ouais, « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées », souvenez-vous…

    D’ailleurs, je pense qu’il faudrait déterrer ce slogan pour militer collectivement – suggestion. Se réapproprier des formules de genre « séguélien » – comprenez « publicité d’État ».

    Pour exemple :

    https://www.youtube.com/watch?v=Y5qa1Oqra1k

    (Les images parlent, et les témoignages aussi…)

    Après, la question du règlement de la ségrégation socio-spatiale, raciste, classiste et ploutocratique – sexiste et/ou âgiste aussi, quand on aborde le problème sous d’autres angles –, est à prendre en compte.

     

  7. Legeographe

    @ pedibus :

    Oui ; semi-RIP, loi accessibilité… 🙁 Ou plus cyniquement, RIP PMR… Et là, ça grince des roulements à billes !

    De rien pour la sérendipité, internet est comme ça. 🙂 Comme la marche à pied – et le vélo dans une moindre mesure. Oui. Je crois que vous êtes vous-même géographe (non ?), la sérendipité est toujours un « hasard » de la « providence » spatiale… quand elle s’invite. Internet est un espace singulier, mais oui : un espace.

    Bref, voici une occasion pour mettre en garde nos amis cyclistes, des vrais ceux-là, de ne pas répéter l’erreur du début du siècle dernier avec la motorisation individuelle, et même bien antérieurement avec le système hippomobile, donc de ne pas rendre impossible le quotidien piéton, surtout si les cyclistes, jeunes et vieux, s’amusent comme des déments, tout en faisant « vroum vroum » avec la bouche,  – peut être par nostalgie ou dépit pour certains… – à singer la conduite automobile.

    —> Eh oui, entre ce qu’on appelle habituellement « l’anarchie » et l’anarchisme – l’idéal anarchiste –, il faut bien distinguer. Parce que quand quelqu’un qui habite près de la Place de l’Étoile dit que c’est l’anarchie, tout ces voitures… ben moi, j’y vois plein de pouvoir, justement. Comment ça s’appelle, la vitesse à laquelle un moteur fournit un travail ? Ah oui, la puissance… 🙂 Et comment ça s’appelle, quand on « surdimensionne » la puissance par rapport à un usage sage et/ou cohérent avec la densité (des personnes et/ou choses en présence, la ville dans notre cas) ? Chais pas ; en tout cas, c’est bien le contraire de l’anarchisme.

    Les cyclistes ne sont pas à l’abri d’une vanité… L’homme n’en est plus à une incohérence près… :/

  8. pedibus

    Oui le Géographe, j’en suis moaaaa zossi de la discipline des sciences sociales, qui ne jure que par « spatialisation », « jeu d’échelle » et autres « jeux d’acteurs territorialisés »… Le discours se fait souvent par cartes interposées, sans toujours avoir l’opportunité ou l’audace de les retourner…

    J’essaye de me dépatouiller au mieux avec cette mobilité à partir d’un angle d’attaque géohistorique. Et la période classique m’est bien utile, pour appréhender ce qui faisait déjà frissonner d’émotion nos ancêtres : la parade. Essentiellement avec un véhicule spécial, le carrosse, où étaient en monstration d’abord la Médicis, puis le beau monde : début de démocratisation donc… ! Celle-ci aboutit, comme tout le monde le sait, avec le fordisme avant de finir chez les Chinois, puis bientôt sans doute dans le mur, pas celui du çon, hélas…

    Sinon dans nos sociétés de super primates à gros bulbe, soit disant en capacité de symboliser et sublimer depuis la technique de l’art pariétal – à mon avis une myriade de dizaines de milliers d’année bien avant, mais bon… la science me donnera sûrement raison quand les os me feront plus mal… – nous adorons nous projeter hors de ce que nous considérons comme insuffisance, misère et honte de notre corporéité. Et pour ça l’artifice est l’autre parade (!). Le véhicule en est un, depuis le cheval jusqu’aux bolides les plus sophistiqués que peuvent cracher les pools les plus puissants concentrant foultitude d’ordinateurs et de têtes d’oeuf… Bien sûr le vélo en est, et pédibus, s’il reste désarmant de simplicité, restera sans doute le moins emmerdant des modes de déplacements si l’environnement n’a pas vu exagérément dilaté sa métrique, par ces artifices à roulettes/roupettes/tuyères et autres coussins d’air…

    boaaa

  9. Bernard G.

    @moimême,

    Vous écrivez  « Contrairement à ce qui est dit, je doute qu’avant 1950 il y ait eu à Malmö un seul immeuble construit pour que l’automobiliste puisse y entrer dedans »

    Il me semble que vous oubliez les maisons individuelles avec garage attenant et sous le même toit que le logement : il devait bien en exister quelques unes ?

    Et peut être aussi quelques immeubles dont le rez-de-chaussée est occupé entre les halls d’entrée par plusieurs garages individuels donnant directement sur la rue, comme on en trouve – hélas – dans nos villes

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