Le nouveau Chasse-Goupille vient de paraitre. Comme à l’accoutumée entre les pages du petit fanzine photocopié chacun-e dénichera d’incroyables histoires et d’ébouriffantes illustrations.
L’édito louvoie entre l’écologie, les frites et les contes d’Afrique de l’Ouest. « Transmission », de Florent, évoque des souvenirs de biclous et de premières manifs. « Le vélo est féministe sans essence », de Collision, prend prétexte d’un extrait d’article sexiste publié dans le numéro précédent de Chasse-Goupille pour revenir sur la représentation des femmes dans les ateliers et dans les publications vélocipédiques (fanzines, publicités, affiches…). « Antoinette à bicyclette », de Modestin, est le récit d’une voyageuse tranquille et heureuse d’être procrastinatrice. Ensuite dans un extrait du « Dernier round », Julio Cortazar par le biais d’une démonstration lucide, décroissante et surréaliste, balaye les moyens de transports, l’aménagement du territoire, la joie et les congés payés. « Tina »(There No Alternative), de Marco, tente un article casse-gueule, sur l’engouement du cyclisme féminin (entre émancipation, invention, récupération, etc.). « Pas mon genre », de Nono, est le témoignage d’une mécanicienne, sa formation, son diplôme, ses envies de voyages, ses indignations. « Manifeste pour un cyclisme pirate » des Cycles Cattin questionne: « Humains, bécanes, évasions: quoi et qui au service de qui et de quoi? Pourquoi? Comment? Jusqu’où? Etc. ». « Le jardin des miracles », de B., raconte la richesse du désordre dans un espace à ciel ouvert où l’on stocke des biclous, les bricole, se repose et invente plein de trucs inutiles, indispensables et merveilleux. « Remerciements », par Abdallah Geronimo Cohen, revient sur le travail, souvent invisible, des bénévoles migrant-es qui, sans compter, offrent des coups de main et se retrouvent, pourtant, dubliné-es, sans papiers, inquiété-es, etc.
La couverture est de Victor Tello (elle est visible ici : https://wiklou.org/wiki/Chasse-Goupille_(fanzine)). On trouve aussi des petits croquis et une chouette bédé de Lena. Une linogravure de Gramouski (de Contre-Ecrou). Une cycliste dessinée par Collision. Une autre bédé réalisée par Anormally https://lestroiscanards.ouvaton.org/. Merci à Manu du Chat Perché pour sa trottinette nucléaire. Quelques photos de grafs insolites envoyés par Marco. Une peinture à l’huile, au dégrippant et au cambouis, réalisée par Nono. Une autre cycliste, mais cette fois-ci, au porte-bagage lourdement chargée, dessinée par Elodie. Un plan-croquis du jardin réalisé par Diana. Marion, elle, nous a envoyé un difficile problème de mathématique transposé au monde du vélo (à résoudre sans calculatrice). Enfin, tous les titres (sauf celui de Collision) sont réalisés par Gra.
Pour ce numéro, pour la première fois, le poster central a été piqué sur Internet. Bouh!!! Bon, il est quand même bien, pédagogique et ludique! Pour la prochaine fois, le Copil de C.G. se dit que ce serait bien d’essayer de réaliser un jeu, ce serait plus formateur, plus coopératif, par exemple un jeu de plateau (ou de l’oie). Case 1: « Choisi un nom d’atelier » (Il faudrait trouver un nom qui n’existe pas déjà et qui a un jeu de mot dedans). Case 2. Récupère des vélos. Case 3. « Sub du département » (tu peux t’acheter des outils et relancer le dé). Case 3. « Local pourri » (tu perds trois tours le temps de réparer le chauffage). Case 4. « On n’a pas les moyens d’acheter de la merde! » (Ton pied d’atelier casse, le vélo tombe sur ton pied, tu as une entorse et tu dois encore réparer le pied. Tu passes deux tours. Case 5. « Apéro » tu gagnes en cohésion mais tu restes au même endroit, car tu dois faire la vaisselle et aller vider le verre », etc. (Avis aux dessinateur-teurice, jou-heureux-ses!)
Pour vous inspirer regarder cet autre jeu d’éducation populaire, https://www.librairielibertalia.com/web/antifa-le-jeu-2022.html / https://www.youtube.com/watch?v=h-2rdRr4mw0&ab_channel=FranceInter
Merci de votre attention,
Travaillez moins
et bonne lecture!
Chasse-Goupille
https://wiklou.org/wiki/Chasse-Goupille_(fanzine)#O.C3.B9_trouver_Chasse-Goupille_.3F
LE PEUPLE EST UNE MASSE DE DEBILES QUI ADORENT LA BAGNOLE
Démenti! Le poster en page centrale a été changé à la dernière minute, il s’agit maintenant d’un plan indiquant comment aménager, à partir d’un endroit quelconque, un atelier d’autoréparation de vélos et de couture. En marge, on trouve un solide argumentaire qui explique pourquoi et comment aménager un atelier dans son quartier. Ce travail a été réalisé par Diana.
@WITTMAN ; c’est un peu plus compliqué en fait ; lisons donc la page Wikipédia consacrée à Jon Elster : « tout aspect des actions humaines peut s’envisager comme le résultat de deux processus de filtrage :
1 un ensemble de contraintes structurelles (échappant au contrôle immédiat de l’agent), qui réduisent l’ensemble des actions possibles d’un point de vue abstrait à l’ensemble des actions faisables;
2 le mécanisme qui sélectionne l’élément de l’ensemble des actions faisables qui sera réalisé.
Elster nomme « structuraliste » la position selon laquelle le premier filtre réduit l’ensemble des actions faisables à un seul élément ou, du moins, à un ensemble si restreint que le deuxième filtre en perd toute signification. Mais rejetant cette position structuraliste, il considère plutôt les contraintes structurelles comme une toile de fond et se concentre sur le fonctionnement du second filtre. Deux interprétations principales en sont alors possibles ;
• la position qu’on pourrait appeler traditionaliste consiste à affirmer qu’une des actions faisables est choisie suite à l’application involontaire de normes traditionnelles;
• l’approche en termes de choix rationnel affirme en revanche que le second processus de filtrage consiste en un choix délibéré et intentionnel d’une option faisable, choix qui maximise une fonction-objectif tel que le profit ou l’utilité. »
UNE MASSE DE DEBILES… mais qui ont des actions complexes qui ont des conséquences déplorables, certes. La débilité est dans les contraintes structurelles, les structures (les coûts de transaction) qui échappent au contrôle de l’agent et, plutôt que de taper sur ce dernier (pour ne pas taper sur ces structures, car taper sur du crétin est plus facile), il est préférable de regarder vers elles.
NOAM CHOMSKY a bien décrit pourquoi le système avait besoin d’une masse de débiles…..