La voiture cède du terrain à Paris

Le Parisien , mercredi 07 décembre 2005

LA POLITIQUE de la municipalité porterait-elle déjà ses fruits ? Grâce à ses transports en commun, la capitale n’a jamais été le royaume de la « bagnole », mais la tendance semble s’accélérer ces dernières années. Un chiffre l’atteste : les immatriculations ont reculé de 8 % dans la capitale entre 2000 et 2004. Alors que, dans le même temps, le parc automobile augmentait de 3,5 % dans l’ensemble de la France.

Une récente étude de la mairie de Paris sur les commerces parisiens montre que toutes les activités touchant de près ou de loin le commerce automobile sont également en repli. Principales victimes : les concessionnaires indépendants ou les petits garages de quartier. « C’est l’hémorragie, confesse Jean-Claude Filibin, du Centre national des professionnels de l’automobile (CNPA). Aujourd’hui, les indépendants préfèrent vendre plutôt que de tenter de chercher un repreneur. Les garages deviennent des commerces alimentaires ! Seuls les constructeurs peuvent encore tenir le choc en gérant eux-mêmes leurs garages ou concessions.» Et encore : la plate-forme de Renault-Paris est déficitaire et la marque au losange n’espère pas être rentable avant 2008 dans la capitale. C’est la tendance globale pour tous les constructeurs. « On vend moins de voitures à Paris, reconnaît un cadre de Peugeot, et en plus c’est plus coûteux. Mais c’est important pour nous d’être dans la capitale. Nous continuons de croire que la voiture reste un formidable outil de liberté pour les Parisiens » (voir ci-dessous).

Les stations-service ferment

Rouler risque d’être pourtant de plus en plus problématique. 13 stations-service sur les 126 que comptait Paris en 2000 ont disparu. Il devient de plus en plus complexe de faire le plein dans le centre de la capitale. « Je me suis retrouvé presque à sec une nuit à l’ouest de Paris, j’ai dû aller jusqu’à la gare de Lyon pour trouver une pompe ! », raconte un automobiliste. Une situation alarmante pour le CNPA : « On s’est battu pour sauver la station sous la gare Montparnasse, qui vend plus de 500 m3 par mois, renchérit Jean-Claude Filibin. Cela aurait été catastrophique pour les taxis, les livraisons, toute l’activité économique autour d’une gare ! » Les petites pompes de trottoir, qui faisaient le charme de Paris, sont promises à disparaître, car elles ne répondent plus aux normes environnementales. Souvent accusée de chasser la voiture de Paris, la municipalité de Bertrand Delanoë a toujours répondu par sa politique de développement des transports en commun, alors que la circulation automobile aurait baissé de 13 % depuis 2001 sur les grands axes parisiens. « Mais dans cinq ou dix ans, il faudra aller en banlieue pour faire le plein ou faire réparer sa voiture », prédit Jean-Claude Filibin.

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Sébastien Ramnoux