Si le développement du vélo en ville se fait pour le bien de la collectivité (moins de bruit, pollution, gaz à effet de serre, etc.), c’est alors à la collectivité de le financer.
Mettre ce type de développement entre les mains d’une société privée, en l’occurrence JCDecaux, est dangereux. Depuis quelques semaines fleurissent partout à Lyon de nouveaux panneaux publicitaires. Ils encombrent les trottoirs sans aucun respect de l’alignement urbain.
Une gène pour les piétons et encore plus pour les fauteuils roulants, les aveugles, les poussettes. Une pollution visuelle dans une ville patrimoine de l’Unesco, une pollution idéologique, avec des publicités appelant à la surconsommation et les mérites de vitesse de telle ou telle nouvelle voiture.
Demander à la société JCDecaux de développer le système de prêt / location de vélo (Vélo’V) s’est fait à ce prix. Celui du renouvellement et de l’extension du nombre de panneaux publicitaires dans la ville, partout, sans respect des piétons, du patrimoine et des esprits.
Le marchand aurait-il définitivement gagné sur l’humain. L’avenir des circulations douces doit-il réellement passer par le développement de la publicité ? Plus de pub pour moins d’autos, est-ce la seule alternative des politiques et des aménageurs urbains aujourd’hui ? Si le vélo est la solution au problème de saturation de nos villes, de bruit, de pollution… l’autorité publique, comme la société, ne peut que tirer les fruits du succès d’une opération type Vélo’v… alors pourquoi mettre ce concept entre les mains d’une multinationale de mobilier urbain ?
Car c’est gratuit ? Non, un vélo n’est pas gratuit, quelqu’un paye. La publicité paye. Monsieur JCDecaux n’est pas un mécène en faveur du vélo. Il n’y voit qu’un moyen d’asseoir son monopole et faire céder les élus à son désir de plus de publicité en “faisant passer la pilule” avec ce service de prêt / location de vélo.
Protéger l’environnement en défigurant nos villes n’est pas la solution. Alors, oui à un système de prêt ou de location de vélo en libre service mais au frais de la collectivité (et donc garant de l’indépendance) et avec des points de location installés sur la chaussée et non sur les trottoirs (comme c’est malheureusement le cas à Lyon). Lyon avait une bonne idée, elle s’est trompée sur la manière de la réaliser. Rouler en vélo, comme marcher en ville doit être un plaisir, celui de vivre dans une ville protégée et non défigurée.
Steve
Des argumentaires sont disponibles dans le Numero 2 de Opinion sur rue, le magazine de Pignon sur rue, la maison du vélo à Lyon.