Les cyclistes le savent bien: nombre d’automobilistes considèrent les cyclistes comme des gêneurs. Ces petites choses insignifiantes qui occupent 50 cm de large sur la chaussée sont une entrave exorbitante en regard du droit, de plus en plus chèrement acquis, de circuler au volant d’un véhicule.
C’est pourquoi, il convient de dissuader les cyclistes d’emprunter ce mode de voyage en recourant au besoin à des comportements dangereux à leur égard.
C’est aussi une évidence, but last not least, si la voiture est un moyen de transport, c’est aussi une arme par destination dont certains possesseurs n’hésitent pas à se servir.
L’automobiliste, même lorsqu’il est aussi cycliste à ses heures perdues, ne manque pas d’encourager à reléguer ses congénères sur des pistes cyclables (de qualité souvent impropre), voire sur des chemins muletiers.
Le nouveau slogan des automobilistes arrogants étant « respectez-nous d’abord! on vous respectera ensuite! »
Dans l’esprit de l’automobiliste, le droit du cycliste serait donc conditionnel et subsidiaire.
Si prompt à invoquer le non respect du Code le Route par le cycliste et à se comporter en redresseur de torts, l’automobiliste sait faire preuve d’indulgence à l’égard de sa caste en brûlant stop, feux rouges, en « serrant » les cyclos contre les trottoirs ou dans les giratoires…
C’est que devant la prolifération éhontée des cyclistes en ville et sur les départementales, la gente automobile commence à se sentir menacée…non seulement, « ils » ne font pas la queue dans les embouteillages, mais en plus « ils » ont le droit de prendre les sens interdits…et on ne peut leur retirer des points sur le permis.
Le monde à l’envers!
Et en plus, « ils » se garent sans payer là où « ils » veulent!
Y’a franchement de l’abus! C’est de la concurrence déloyale.
Si on voulait tuer l’automobile, on ne s’y prendrait pas mieux!
Ce phénomène de stigmatisation du cycliste n’est pas nouveau; il est même une façon pour l’homo-automobilicus de marquer son territoire et d’affirmer son machisme souvent inassouvi.
Il paie cher et il n’en pas pour son argent.
Il y a 50 ans déjà, au début des Trente Glorieuses, tous les ingrédients de cette bêtise étaient déjà connus: comportement violent, intimidation, usage de la force …la suite sous la plume de Michel Haupais.
Rien à retirer, ni à ajouter!
Sauf peut-être « l’avertisseur de route »…
La technique est toujours la même: on lâche sur la route un ou plusieurs cyclistes puis on ouvre la porte des garages. Et la corrida commence.
Dès qu’il aperçoit un cycliste à l’horizon, le monsieur-qui-n’aime pas ces gens là frétille d’aise: « un cyclard…ça tombe bien, je commençais à m’ennuyer…cette route droite et insipide…et cette aiguille bloquée à cent.
Enfin du sport! »
A quoi va t-on jouer aujourd’hui?
Au klaxon?
Le jeu consiste à s’approcher sans trop de bruit du pédaleur, puis à vingt mètres de distance, à lui corner aux oreilles une fois, deux, trois fois, avec le fol espoir qu’on va le voir sauter de selle comme sous l’effet d’une charge de chevrotine, puis s’affaler dans l’herbe.
Certains jouent du rase-pédale.
C’est risqué pour la carosserie mais c’est efficace, surtout en ville, le long des trottoirs. On peut aussi employer la queue-de-poisson et là, on joue gagnant presque à coup sûr.
De plus les ennuis possibles sont réduits au minimum. Si un cycliste vient heurter l’arrière d’un véhicule dont le conducteur a employé cette méthode, on voit le monsieur sortir de sa voiture dignement mais outragé (« par l’arrière, jeune homme! »).
Il constate d’un doigt ganté autant que possible, les traces laissées par la rencontre sur le pare-chocs ou la carosserie et, sans regard pour cet imbécile de cyclard, qui se rélève (ou pas), il tire de sa poche calepin et stylo, il s’informe de l’identité de son adversaire, de l’adresse de son assureur et glisse négligemment entre ses dents que l’article 10 du code de la route enjoint à chaque usager d’avoir à être maître de sa vitesse en toutes circonstances.
C’est très excitant comme jeu!
En côte, il est de bonne guerre de chasser le gibier au ralenti. On appelle ça le grignotage. Ce jeu amuse beaucoup les enfants. Il consiste à rétrograder jusqu’à adopter l’allure du cycliste, puis à le suivre à quelque distance. Le pédaleur se montre rapidement inquiet. Il oscille des fesses sur la selle, il appuie tant qu’il peut sur les pédales. Il fait des grands gestes du bras (Passez…Passez!) mais on n’en fait rien. Si l’on a la chance d’être tombé sur un type qui sait grimper en danseuse, c’est un régal!
Au faîte de la côte, on agrémente l’action d’un vigoureux coup d’avertisseur (de route, cela va de soi), et l’on peut terminer sur une partie de rase-pédales.
(Michel Haupais, Le Cycle 1954 in Archives du Vélo de Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff- éd. Michèle Trinckvel-1998)
Image: Automobiliste contre coursier à vélo
Les automobilistes oui mais il convient de mentionner également les scooteristes avec un passager qui se fait un plaisir d’hurler en passant juste à côté du cycliste et de le narguer ensuite avec un sourire d’imbécile. Vraiment ça peut être dangereux non seulement par la déconcentration que ça provoque mais aussi par le réglement de compte qui est susceptible de s’ensuivre au prochain feu rouge.
Faut leur péter les rétros. leur cabosser la taule à ces enculés de dinosaures alcooliques.
Putain, la Bêêêête ! !!! ! ! ! ! ! !! !!! !!!!! Enragée, la Bête !
C’est rigolo, en inversant le texte de Michel Haupais je me reconnais assez bien : le cycliste qui se met bien au milieu de sa voie pour ne pas être dépassé simplement, qui nargue les motorisés en les rattrappant ou leur passant devant au feu rouge, qui les oblige à ralentir quand ils me croisent dans une rue soi-disant à sens unique dans laquelle je roule à contresens (il paraît que c’est plus ou moins autorisé maintenant).
Dans les années 1950, peu s’offusquaient de voir les cyclistes malmenés sur les routes. La voiture, c’était le progrès. Mais maintenant qu’elle nous a plus qu’envahis, on cherche à s’en débarrasser sans vraiment y mettre de la volonté. Espérons que la grève et la pénurie d’essence aidera certains à se mettre au vélo pour faire quelques kilomètres.
Pas de doute. ça se passe bien dans mon pays…
C’est dit avec humour, mais c’est tellement triste. Je vous ai cité dans ma revue de liens hebdomadaire ; j’espère que cela ne vous dérange pas !
Pas mal mais ça ne marche plus avec tout le monde : un U bien en évidence semble refroidir de plus en plus ces dinosaures.
C’est que ça coute cher les raccords de peinture ou les remplacements de rétro…
Désolé, mais je ne reconnais pas mon quotidien dans cet appel à la haine entre automobilistes et cyclistes.
En général, les voitures et utilitaires font attention à moi sur la route. Je n’ai jamais été insulté. Si je discutte avec un véhicule qui m’aurai un peu fait peur, c’est toujours avec courtoisie et en général le conducteur(trice) est désolé(e).
Evidemment, je circule en province…
A+
TOM.
PS : cela fait longtemps que les voitures ne montent pas à 100 km/h en périphétie urbaine, il y a bien trop de bouchons pour cela 🙂
je ne pense pas qu’il s’agisse d’un appel à la haine mais d’une description du comportement type récurrent d’une minorité d’automobiliste irresponsables qui mettent en danger la vie des cyclistes.
je fais 160 km par semaine dans paris et proche banlieue et je dois croiser quelques 10 000 véhicules. Sur ces 10 000 il y en a 3 ou 4 qui frolent, donnent des coups de klaxons illégitimes, et c’est déjà trop.
@Jean-Louis
Moi aussi.
Sur les 150 km que je vais faire cette semaine, je me faire raser les mollets par 2-3 voitures, me faire couper net la trajectoire par une voiture. Sur l’annee, je vais me faire insulter une dizaine de fois. L’annee derniere un taxi a tente a trois reprise de me faire tomber du velo.
En fait, ce n’est pas pire que les incivilites entre automobilistes (hormis le fait que certains automobilistes considerent que le velo n’a rien a faire sur la route), sauf que, leur incivilites, peuvent etre dangeureuses lorsqu’un velo est implique. Leur carapace de metal, leur donne le sentiment de securite mais aussi celui de penser qu’ils peuvent se permettre de faire quelques entorses aux regles de bases.
« Leur carapace de metal, leur donne le sentiment de securite mais aussi celui de penser qu’ils peuvent se permettre de faire quelques entorses aux regles de bases. »
Oui et il me semble qu’une autre particularité d’être dans une voiture, c’est qu’ils se sentent physiquement plus forts que quelqu’un se trouvant sur un vélo.
Il suffit souvent que automobiliste et cycliste se retrouve côté à côte sans vélo ni voiture pour tout de suite rétablir la réalité aux yeux de l’automobiliste.
Cela m’a toujours surpris ça.
Et cela m’a toujours fait penser à l’attitude d’un chien, qui ne reconnaissant pas l’humain sur le vélo, attaque le vélo(-humain).
Il suffit dans une immense majorité des cas de descendre du vélo et de faire face au chien pour que ce dernier, ayant reconnu l’humain, se calme instantanément.
Enfin, bon, j’ai pas écrit une thèse là dessus mais il me semble que cela fait appel au même genre de comportements « reptiliens ».