Donc, le prix du pétrole va (à nouveau) augmenter, nous dit Mr TOTAL. Eh bien je dois vous dire qu’en lisant la nouvelle, j’ai souri.
J’ai souri en imaginant déjà la tête des millions de français. « QUOI ? Mais c’est incroyable ça ! Mais pourquoi ? Et comment qu’jvais faire MOI pour aller au boulot/faire les courses/partir en vacances ??! ».
Oh, pas d’inquiétude. Ils iront au boulot, ils feront les courses et partiront en vacances avec leur auto. Parce que « t’façons y a po l’choix ». Les mecs, même quand le prix du baril sera à 200 dollars, ils continueront, faut pas s’en faire. Vous savez ce que c’est ça ? De la dépendance. Pure et dure. Ils n’imaginent pas leur vie sans. Leur budget annuel moyen pour leur automobile d’amour : environ 6000 euros, sans compter le prix d’achat/crédit à rembourser. Soit environ 15% de leur budget total à l’année.
Alors vous imaginez si le prix du pétrole augmente avec ça, ils ne vont pas s’en sortir ! Rien qu’ils pensent à leur petite vie. Ils ne se disent pas que, si le prix à la pompe joue au yoyo et a plus tendance à augmenter qu’à baisser, c’est parce que le pétrole, on a de plus en plus du mal à en trouver. On aura bientôt épuisé nos réserves, même l’Agence Internationale de l’Energie l’a annoncé l’année dernière, nous sommes en plein peak oil. On détruit nos terres, nos sols, nos océans, on mazoute nos paysages et tout ce qu’ils peuvent receler d’êtres vivants, pour puiser toujours plus, et toujours plus profond. Ce qui n’est pas pour excuser ou plaindre les sociétés pétrolières qui finalement s’en mettent encore plus plein les poches qu’avant. Sans parler de ces pays qu’on exploite et à qui on ne rend rien en retour, à ces guerres prêtes à péter aux quatre coins de la planète. Pour quoi ? Pour alimenter nos bagnoles.
Alors oui, le pétrole est nécessaire, le pétrole est une ressource dont on ne pourrait désormais plus se passer. Mais des mesures s’imposent. Que les villes investissent davantage dans des réseaux de transport publics efficaces (et si possible propres et qui sentent bon pour ne pas trop perturber les ex-automobilistes). Que l’on empêche la construction de centres commerciaux et services publics en périphérie des villes. Que les campagnes retrouvent à nouveau leurs commerçants de quartier. Avant, dans un village de 300 habitants, on n’avait pas besoin de faire 20 kilomètres pour une baguette fraiche. Maintenant si.
Tellement de mesures sont à prendre, la liste est interminable. Ce qui est certain, c’est que l’augmentation du prix de pétrole peut être vue comme une bonne nouvelle dans le sens où bientôt, les automobilistes n’auront effectivement plus le choix. Alors, les alternatives se mettront en place d’elles-mêmes. Et ce plus vite qu’on ne pourrait l’imaginer, si j’ose espérer. Espérons cependant que ce ne soit pas à nouveau les plus pauvres qui trinquent…*
*Oui, ceci est une référence à notre chère Ministre de l’Ecologie, Nathalie KM, qui souhaite bannir l’accès aux villes aux voitures datant d’avant le 30 septembre 1997 ou les deux-roues datant d’avant le 30 juin 2004. En clair, ceux qui peuvent encore s’offrir les derniers modèles peuvent rester tranquilles.
Source: http://terragazette.wordpress.com/
Et aller au « drive »… Je l’ai vécu durant 10 ans, responsable d’un établissement de restauration rapide dont la zone de chalandise couvrait un cercle d’un rayon de 3 km : 50% du CA au « Drive ». Et s’il était autorisé aux vélos, c’étaient bien de svoitures qui y passaient. Et pourtant, il est situé sur une ligne de tram, à 3 km seulement de l’hypercentre. Allez comprendre pourquoi les gens utilisent leur voiture…
Oh, il y aura toujours l’artisan qui ne peut transporter à vélo son matériel (par exemple une chaudière pour un chauffagiste), ou celui qui habite à 40 km de son boulot (mais pourquoi aller à la campagne si on a son travail en ville ? Pour « économiser » le loyer ?)… Mais les autres, tous les autres ?
Je suis automobiliste… 1 WE sur 2 parce que mes enfants habitent à 50 km et qu’il n’y a ni train ni bus, la misère. Et je rigole également lorsque je vois le prix de l’essence augmenter… On dirait que c’est la fin du monde pour beaucoup. Alors que la fin du monde, on y contribue justement lorsqu’on ne pense même pas à changer ses modes de déplacement !
Pourquoi les gens utilisent leur voiture?
Le problème étant que la voiture coute cher à son utilisateur ….et tout le monde autour (les victimes de la pollution, les pietons, cyclistes, les enfants qui ne peuvent plus jouer dans la rue…. la ville qui doit dépenser des sommes astronomiques pour tout bitumer…)
Et ce n’est pas fini, car que l’utilisateur l’utilise ou pas, sa voiture lui revient cher quand même, elle perd toujours de la valeur en plus.
Donc l’utilisateur est encouragé à utiliser sa voiture « j’ai une voiture, je paye cher donc il faut que je l’utilise » voilà pourquoi en partie la moitié des déplacements en ville en voiture font moins de 3km
Donc le problème est clairement de posséder une voiture.
Mais abandonner leur voiture fait vraiment peur aux gens.
@ NIL :
« Mais abandonner leur voiture fait vraiment peur aux gens. »
Normal, c’est un symbole correspondant à une certaine vision de la réussite sociale.
Il y a aussi la notion d’effort qui rentre en jeu, les gens deviennent de plus en plus mous et inactifs. Ceux qui sont accrochés à leur bagnole, n’imaginent pas marcher 10 mn pour aller acheter leur pain, d’ailleurs beaucoup sont en surpoids. Les gens sont flemmards!! Il y a aussi le confort que leur procure leur voiture : espace clos, familier et intime, je peux mettre de la musique.. faire ce que je veux..
mais ce qui me fait halluciner c’est le fait de prendre sa caisse pour aller acheter son pain et de tourner 1/4 d’heure pour chercher une place… alors qu’à pied t’en aurais pour 10 mn, ça je comprends pas.
Aux Etats- Unis c’est vraiment typique, j’ai passé 1 mois dans une famille de l’Amérique profonde il y a environ 20 ans, c’était déjà comme ça : tout se faisait en voiture, d’ailleurs ils étaient tous obèses dans la famille. (les voitures étaient d’ailleurs déjà équipées de télé + magnétoscope…que pouvait regarder… le conducteur! je vous dis pas la sécurité)
C’est vrai Tassin, et c’est ça l’est encore plus dans les pays en voie de developpement et en Chine!voilà pourquoi la demande en pétrole explose: plus 1 millions de gens rêvent d’avoir une voiture, même si les villes sont complètement congestionnées. Bah oui, ils veulent faire comme les nord américains. Nous aussi on a voulu faire comme eux.
Flower: les gens ont peur de fournir de l’effort, oui, mais par contre, ils ont pas peur de perdre leur temps dans des salles de sport.
Je pense que pour aller chercher son pain, c’est la peur de se mélanger aux autres et croiser pleins de têtes que l’on de connaît pas qui fait peur. L’être humain se sent naturellement mal (stress) quand il voit pleins de têtes anonymes, car il est adapté et habitué à vivre en petits groupes. Le phénomènes de grandes villes est très récent à l’échelle de temps humaine.
Désolé Nil, mais je pense que ça n’a rien à voir avec le fait d’être ou non adapté à vivre en petites ou en grosses communautés. Il y a 80 ans, tout le monde allait acheter son pain à pieds, les villes étaient déjà grandes, certaines tentaculaires, et ça marchait très bien comme ça.
Par contre, qu’on ait renforcé l’individualisme, ou plutôt l’égoïsme, car l’individualisme supposerait une once de réflexion et d’idéologie, ça je pense que oui.
Le fait que des gens prennent leur voiture pour aller acheter leur pain à 800 m est dû au culte de l’immédiateté, plutôt que de la vitesse. Le mec sort de son garage avec sa caisse, il roule, et même s’il a deux feux rouges il y a des chances qu’il arrive devant la boulangerie avant le mec à pieds. Pour lui c’est immédiat. Simplement, une fois la boulangerie en vue, il perd complètement la notion du temps qu’il passe à chercher une place pour se garer. Parce qu’il vient d’avoir son désir d’immédiateté satisfait.
D’ailleurs, bien souvent il ne cherche rien du tout pour se garer, il se gare en double file, en triple file (on en voit !), ou tout simplement, je vous le donne en mille, sur le trottoir, ce large espace vierge qui ne sert à rien. Pareil pour les drogués allant faire leur plein de clopes au tabac.
« Mais abandonner leur voiture fait vraiment peur aux gens. »
» Normal, c’est un symbole correspondant à une certaine vision de la réussite sociale. »
Je suis d’accord, et j’ajoute que dans nos sociétés, c’est un des derniers « rites » du passage à l’age adulte. Donc si j’abandonne la voiture, je ne suis plus un homme/une femme !
Zanas j’aime beaucoup cette idée de l’immédiateté! Je n’avais jamais vu ça sous cet angle là.
L’immédiateté, c’est d’ailleurs un peu le caprice de l’enfant-roi et du consommateur qui ne s’est jamais réfréné. Je suis assez d’accord avec cette vision, également.
Analyse de Jeff Rubin :
http://www.2000watts.org/index.php/blog/jeff-rubin/794-ou-se-trouve-le-baril-de-petrole-a-200-.html