Troisième épisode des Poèmes pro du carrefour blême.
Ne plus vivre en ville à vau-l’eau des autos
Sonné comme un standard à tour de roue
Et pieds courant le gril à chaque feu rouge
Sans jamais prendre ici et maintenant
L’étrange lenteur blanche des ronds de lune
Défier l’arme lourde qui masque l’état de siège
Sous la courbe des capots
En relevant d’un regard clair celui de ton semblable
Rendu trop loin à ne plus faire des pieds et des mains que par son automobile
Gagner la force d’être en témoin fragile
Papillon d’une beauté qui ne doit d’être vive qu’à son propre sang
Avec, dans l’aile ouverte, l’œil d’un aigle pour sidérer le chauffard
Passer devant l’auto en rétablissant l’homme d’un possible assassin
Lui débrouiller l’âme d’un coup de sang
être la bourrasque qui évente les gaz et fait tomber le plomb
puis débusque à revers du pare-brise les plaies cachées de la vitesse.