Je n’irai pas jusqu’à me demander s’il peut y avoir quelque chose de pourri au royaume du Danemark, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le type d’analyse qu’a pu faire « l’organisme Copenhagenize design Co » pour classer Bordeaux à un tel rang pour les villes cyclables, d’après le quotidien Sud Ouest de ce jour.
Il est vrai que se contenter d’envoyer un questionnaire aux édiles risque de ne sélectionner que les meilleurs services de communication territoriale…
Tout est dit dans l’article :
– les aspects positifs du prêt gratuit, de la location en libre service, du contre sens cyclable ou du kilométrage de pistes et de traces de peinture au sol;
– et pour ce dernier point, la nécessité de relativiser au vu de l’inconfort fréquent et de l’insécurité due au stationnement automobile illicite sur pistes et trottoirs…
Comportement automobiliste bien trop rarement contrôlé pour espérer voir changer les mauvaises habitudes, et cette absence de contrôle vient démentir « la politique très volontariste » clamée par l’adjoint à Alain Juppé : sur les bords de la Garonne on reste encore avec la musique « tout pour la voiture »…
Pour illustrer ça, voici une cartographie du quart sud du réseau cyclable de la commune de Bordeaux, réalisée par mes soins en juin dernier : je peux vous assurer que piétons et cyclistes n’ont vu aucun changement depuis.
Télécharger la carte au format pdf (280 Mo):
http://www.fichier-pdf.fr/2013/05/06/reseau-evaluation-bx-sud/reseau-evaluation-bx-sud.pdf
C’est un gros fichier de 280 méga octets, long à charger avec beaucoup de photos, mais une bonne résolution autorise un zoom important. Sur la carte les boulevards auraient dû être mis en rouge du fait du stationnement automobile illicite sur trottoir généralisé…
Le questionnaire n’était pas réservé aux édiles. J’avais vu que Copenhagenhize recherchait des volontaires sur Toulouse et je me suis donc inscrit me permettant de le compléter pour ma ville, Toulouse. Ils ont panaché différents acteurs et publics je pense.
Ce questionnaire n’est pas quantitatif sur les km de pistes ou bande. Les seuls chiffres demandés concernent la part modale, la proportion de femmes, la proportions de cyclistes casqués… Une grande part est accordée aux volontés politiques, aux connaissances des techniciens, à la vivacité des assos, à la culture cycliste, à leur image positive ou négative dans la population et les médias… bref un questionnaire assez intéressant mais aussi subjectif !
Bordeaux et Nantes devant Strasbourg, sans même sortir du territoire national, il y a quelque chose qui ne va pas.
Voir des villes françaises aussi bien classées lorsqu’on connaît l’accueil réservé aux cyclistes de façon générale dans les villes françaises est également, disons surprenant.
Faut pas trop se plaindre quand même, ils auraient pu mettre Tours en première place…
Tiens, quelques questions :
– Y a t’il mentionné dans le questionnaire la présence d’un ou plusieurs ateliers associatifs ? Quelle proportion idéale d’ateliers dans une ville ?
– Est-ce que les associations d’usagers, disposant d’un atelier car à Toulouse on en apprend de belles sur « l’asso vélo », sont sollicitées dans les aménagements et projets autour du vélo ?
– Qu’en est il de la récupération et du recyclage des vélos ? A Toulouse par exemple, la mairie a zappé les ateliers pour donner ça à une « ressourcerie » qui voit grossir ses stocks mais n’a pas d’atelier participatif (donc les pièces s’entassent dans la plus grande inutilité…), cela fait juste pour emmerder les ateliers associatifs…
– On pourrait aussi se poser quelques questions sur l’indépendance des associations, par exemple quelles sont leurs ressources financières ?
Parce qu’on peut se poser des questions sur l’instrumentalisation des cyclistes dans des « associations » sous contrôle ou particulièrement « bisounours » avec les éluEs… C’est le cas à Toulouse où l’une des plus dangereuses bandes cyclables le long de portières est toujours d’actualité dans le plus grand silence de nos « aménageurs » et de la seule association autorisée à discuter avec les éluEs mais qui n’a pas d’atelier et des « usagers » particulièrement lèche-botte des éluEs… Ce genre d’enquête sert la soupe aux pouvoirs en place mais nullement aux initiatives locales, on peut souvent aussi remarquer la mise à l’écart du tissu économique (artisans, commerçants, cadreurs, etc.)
Nantes devant Berlin ? Une blague ! Il faut lire le classement à l’envers ou quoi ? J’ai eu le privilège d’habiter et me déplacer en vélo à Paris (où j’ai pu exercer en tant que livreur en vélo), Bordeaux et Nantes. Et dans les 3, sans hésiter je place Paris devant. Réseau de vélopartage bien plus dense, facilité de circulation sur les couloirs de bus (bien meilleur que les pistes cyclables merdiques de la cité des ducs), densité urbaine augmentant le ratio « potentiel/km », lenteur du trafic, etc… Nantes et Bordeaux restent de grosses bourgades où le vélotaffeur se fait klaxonner toutes les semaines car il ne laisse pas place à la sainte bagnole et se fait rageusement doubler à ras du guidon, arceaux cycles introuvables/pleins devant les bâtiments publics, voiries pourries, plans de circulation cycliste obligeant à un zig zag permanent, valorisation du vélo à des fins essentiellement récréatives, aberration du réseau cycle (discontinuités, virages sans visibilité, cohabitation hasardeuse avec les piétons, etc..)
* Morceaux choisis : « Le vélo c’est pour le dimanche », « PIIISTE CYCLABLE (tuuutt) – « y’en à pas » – ben roule sur le trottoir connard ! », « Vous nous ralentissez le matin ! On a du travail nous ! »
Tours? Ben c’est la première ville, si on en juge cet article:
http://roulementabilltours.wordpress.com/2013/05/07/871/
Décidément, on est pas près d’y arriver… Certains sont vraiment prêt à croire les promesses politiques. Pourtant, la réalité, elle est là:
http://pressibus.org/blogcvl/velos/index.html#2013-03-17
Alors quand une association d’autoréparation applaudit à la politique de ville parce qu’elle promet que les vélos ne rouleront plus sur les trottoirs, alors qu’on voit clairement sur le site pressibus que les nouveaux aménagements d’un pont font rouler les vélos au milieu des piétons, on se dit que y’en a qui voient pas bien la réalité. Sans doute, ont-ils sur le nez des Google Glass en réalité augmentée.
Mais chut… Ces aménagements sur le pont ont valu le guidon d’or à la ville de Tours. Alors, je ferme ma gueule. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je me demande même si il ne serait pas temps de dissoudre les collectifs vélorutionnaires tourangeaux et les associations vélos par la même occasion: l’avenir étant tellement radieux!!
Pas sûr que l’article de Roulement à Bill ait été saisi dans sa verve ironique qui m’avait échappé également et que j’ai dû relire pour grincer avec eux.
Mais en lisant l’article sur Bordeaux, je comprends bien que l’heure est venue pour les candidats aux municipales de mentir et promettre, de maquiller les chiffres, endormir la populace votante et instrumentaliser les associations qu’elles subventionnent…Est-ce un signe positif de la place grandissante du vélo en ville (ironie) ?
En tout cas la planche à Greenwashing bat son plein, ça récompense à tout vat et ça pédale à la reconnaissance de celui qui a le plus beau pneu dans son guidon, ridicule mais efficace. Le gogo-électeur continue à mordre à l’hameçon…
Part de la population utilisant le vélo comme principal moyen de transport:
Pays bas 31,2%
Danemark 19%
Allemagne 13,1%
France….2,6%!
PS On fait mieux que le Royaume uni et l Espagne, ça nous fait une belle jambe…
source: Courrier international, 2 mai 2013
2,6%? Pfff. Pays de fainéants.
Et puis, faut voir ce qu’on entend (même dans la bouche de membres d’Europe Ecologie):
– Le pétrole, y’en a encore pour longtemps. Et puis, on inventera bien autre chose.
– Tu es venu du vélo? Qu’est-ce que tu es courageux.
– Moi, je ne fais pas de vélo. C’est trop dangereux.
– Il faudrait faire en sorte qu’on revoit les aménagements cyclables à certains endroits parce qu’ils freinent les voitures, et comme les voitures roulent pas vite, çà fait plus de pollution.
– Annoncer comme une évidence que l’autoroute A10 pollue ne me va pas. Cela n’est pas démontré et je ne juge pas sur des évidences non démontrées.
J’ai aussi eu droit à une époque par un responsable d’une association cycliste:
– L’arrivée d’Ikea est une bonne chose parce que çà va créer des aménagements cyclables dans le coin.
J’ai tellement entendu de conneries que parfois, çà me dégoute.
Tichit, je n ai pas trouvé l article dont tu parles (peux-tu donner le lien direct, stp ?);
mais j ai trouvé plusieurs sujets intéressant repris par courrier international, sur le vélo et/ou la voiture :
http://www.courrierinternational.com/article/2013/02/28/le-velo-c-est-bon-pour-les-affaires
faciliter la vie des cyclistes est bon pour l’économie locale (pour attirer les jeunes diplômés)
le désamour pour la voiture :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/04/la-voiture-et-la-banlieue-c-est-bon-pour-les-vieux
USA : la-voiture-et-la-banlieue-c-est-bon-pour-les-vieux
« Les blogueurs ont adoré la voiture. Les jeunes automobilistes beaucoup moins. »
http://www.courrierinternational.com/article/2010/11/04/la-voiture-c-est-pas-mal-mais-le-portable-c-est-mieux
allemagne : « Les jeunes sont moins accros à la voiture que leurs parents. Les constructeurs automobiles s’adaptent avec des offres de transport à la carte. »
http://www.courrierinternational.com/article/2006/08/03/dans-paris-a-velo-on-depasse-les-autos
Paris (en 2006) :
« Il y a quelques années, les touristes frissonnaient à l’idée de parcourir la capitale à bicyclette. Quelques centaines de pistes cyclables plus tard, la ville est devenue – presque – accueillante. »
Un texte accessible (certains des liens précédents ne sont accessibles qu’aux abonnés), mais surtout sur les vélo en libre service, pas sur vélo en général :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/07/12/new-york-ma-bicyclette-et-moi
« Bogotá, par exemple, possède des ciclovías : le week-end, les grandes artères de la ville sont fermées à la circulation et réservées à la petite reine. Le romancier Gabriel García Márquez a dû batailler dur avec ses voisins pour qu’une piste cyclable soit aménagée dans son quartier, mais aujourd’hui les habitants semblent tous conquis : l’usage du vélo dans la ville a été multiplié par cinq. Et cet engouement a sensiblement modifié l’économie de la ville : Bogotá a récemment étendu son réseau de pistes cyclables aux quartiers défavorisés de sa périphérie, permettant ainsi aux habitants de ces quartiers de se rendre au travail plus facilement et à moindre prix. L’équation est simple : pistes cyclables = emplois. «
P.S.
Malheureusement, il n’y a pas que la pratique du vélo, qui est en progression :
http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/09/la-vallee-des-armes-ne-connait-pas-la-crise
Sinon, pour répondre à Jacques Dutheil :
comme Seb l a en partie dit, c est un classement fait par le créateur de Copenhagenhize.com , à partir des infos que des volontaires lui ont récolté/renvoyé sur les différentes villes.
Les critères de choix de Copenhagenhize.com, pour attribuer X points, sont donc à voir avec lui, pour savoir, par ex, si les ateliers vélo ont été pris en compte.
En fait, c est comme pour le bac (ou toute autre truc multi-factoriels) :
selon les coefficients que tu attribues à telle ou telle donnée, celà change le résultat final.
Le choix des critères retenus, et le choix des coefficients appliqués à chaque critère, peuvent être discutables… et donc, aboutir à des résultats différents selon nos choix.
(par ex, avoir X milliers de cyclistes quotidiens est-il 1000 fois plus important, ou 10 fois plus, ou 10 fois moins important que d avoir Y vélos en libre service; pour définir la cyclabilité d’une ville ?
selon JC Decaux, c est peut-etre 10 fois moins important; selon moi, c est 1 000 000 fois plus important)
En partant des données brutes, et en appliquant tes coefficients, tu auras ta vision de la cyclabilité
(je ne suis pas allé voir sur copenhagenize.com, s’il donnait les données brutes, ou juste le résultat final, donc le résultat de ses choix de +/- grande prise en compte et d’oublis de critères)
Cependant, même si c est forcément contestable, au vu des résultats; les éléments cités par Seb montrent qu’il s est posé de bonnes questions, pour définir la cyclabilité et/ou cyclabilité future d’une ville.
TICHIT > PS On fait mieux que le Royaume uni et l Espagne, ça nous fait une belle jambe…
Il serait intéressant de comparer l’urbanisme + topologie dans les pays en tête et en queue de liste : peut-être les déplacements sont-ils objectivements trop longs/pénibles chez les seconds.
De toute façon, comme le pétrole risque de commencer à coûter fort cher dans les vingt ans qui viennent et que la voiture électrique a peu de chance d’être une alternative viable*, le problème va se régler de lui-même…
* « Le véhicule électrique est-il la panacée ? » http://www.manicore.com/documentation/voit_elect.html
@jean marc
j ai lu ces chiffres dans la version papier, leur source vient d’un rapport de la communauté européenne de 2010 intitulé eurobarometer: future of transport (il y a un pdf sur internet)
@vincent
En effet les villes des pays latins sont généralement plus vallonnées que celles de la plaine germano-soviétique, mais je pense que même sans cet handicap topographique, nous serions en retard pour des raisons culturelles. Pour les anglais, ils ont peut être été lobotomisés par Thatcher qui avait déclaré en son temps « si à 30 ans tu prends encore le bus, c’est que tu as raté ta vie »
En ce qui concerne votre remarque sur l’urbanisme, une comparaison simple me vient à l’esprit, celle des carrefours: depuis l’époque classique, les aménagements urbains français privilégient largement les carrefours en étoile, de types rayonnant (dont les rond points sont les héritiers), ce qui est particulièrement pénible pour les cyclistes, qui se retrouvent empêtrés dans une circulation dangereuse et imprévisible, mais aussi parce que ces carrefours constituent des obstacles dans leur parcourt. Au contraire il me semble qu’à Amsterdam (pour prendre l’exemple d’une ville favorable aux velos) on a plutôt un plan en damier, donc moins de noeuds de circulation et plus de petits carrefours.
@Jean-marc
…un rapport de la commission européenne, pardon.
Merci Tichit
—
« Il serait intéressant de comparer l’urbanisme + topologie dans les pays en tête et en queue de liste «
La poule-l oeuf / l oeuf-la poule….
Si tout le monde a une voiture, et fait ses courses à l’hypermarché à 10km du centre-ville; les magasins de centre-ville ferment, et il deviend de plus en plus nécessaire d avoir une voiture pour acheter du pain :
Les villes sont des choses en évolution constante :
plus il y a de cyclistes/piétons, qui font leur courses dans des magasins de proxi, plus il y a de mag de proxi, accessibles à pied/en vélo.
(et l inverse est vrai pour les hyper/voiture)
=> il est essentiel, pour un cycliste urbain, qui veut promouvoir le cyclisme en ville, de ne pas aller faire ses courses dans une zone commerciale excentrée.
Si personne ne fait ses achats en proximité, peu de chance que les magasins de proxi survivent 20 ans ou plus sans clients…
De même, les nouveaux quartiers peuvent n être accessible que par l autoroute urbaine, après plusieurs km (mais « à 15 minutes » de la grande ville, par l’autoroute)… ou, au contraire, accessibles que par de petites routes, en proche banlieue; selon si la majorité des nouveaux proprios ont tous une voiture, ou pas.
Si on s’en tient au lien renvoyant à « l’organisme classificateur » le classement de Bordeaux serait justifié par les actions menées au cours des cinq ou six dernières années, compte tenu aussi d’une pratique traditionnelle non nulle (population étudiante et autres ?), avec un kilométrage de peinture ou de pistes partant d’un niveau initial « espilonesque ». Pour la peinture la préconisation est la pose de « bordures de séparation » : s’il s’agit des traditionnels bourrelets de plastoc au sol, le stationnement automobile illicite habituel viendra toujours faire obstacle.
Un commentaire concerne un « un réseau de tramway impressionnant », qui irait de pair avec la « performance cyclable » de la ville : ce qui m’impressionne surtout c’est d’être à ce point à côté de la plaque. En effet peut-on parler de « réseau » avec seulement 3 lignes, de surcroît en surcharge même hors période d’heures de pointe ? Avec un périmètre démographique transport de moins de la moitié Montpellier a une ligne de plus, et est en train de lancer sa 5ème… Je renvoie à une note personnelle là-dessus : http://www.fichier-pdf.fr/2013/05/10/carfree-comparaison-de-reseaux-de-tram/ .
Le succès du libre service vélo est incontestable, même si le système n’est pas sans défaut pour trouver à tous les coups à prendre ou laisser sa monture.
Complètement OK avec Jean Marc et d’autres sur l’arbitraire du choix des coefficients et autres méthodes pour fabriquer le résultat. Sans prétendre avoir fabriqué une « contre expertise » je prépare rapidement un petit power point sur une sortie réalisée en période creuse, mercredi dernier, à pied sur 8 km en boucle sur les quais de la Garonne, en photographiant les aménagements cyclables…
http://www.fichier-pdf.fr/2013/05/13/boucle-a-velo-autour-de-la-garonne/
http://www.fichier-pdf.fr/2013/05/13/itineraire-cyclabilite-testee/
Voilà le compte rendu en images d’une sortie à pied, le mercredi après midi 8 mai 2013, sur un circuit « cyclable » aux abords et le long des 2 rives de la Garonne à Bordeaux : la faible affluence, tous modes confondus ce jour-là, fait malheureusement ressortir assez faiblement l’exigüité ou la non-conformité des cheminements pour les modes actifs, dans des lieux pourtant stratégiques en visibilité et symbolique pour le marketing territorial sur le thème du développement durable…
La Rochelle est très bien pour un quotidien à vélo…Petite ville certes mais bien aménagée !