Je vous laisse juge de la situation dans cette ville de Galice, en Espagne, d’après l’article en lien à la fin de mon laïus. Mais il semblerait bien qu’avec une bonne dose de volonté et de courage politiques on arrive à remettre le piéton sur le haut du pavé.
Ce mode de déplacement naturel serait désormais là-bas hégémonique et cantonnerait en lisière la mobilité automobile qui aurait chuté de 90%. Un Etat comme le nôtre ferait bien de s’en inspirer, où le législateur a eu le culot de reculer aux calendes grecques la date limite de transposition de la directive européenne pour l’accessibilité de l’espace public[1] pour les publics fragiles non motorisés…
La politique publique locale menée pour arriver à ce résultat inespéré, de rendre attractive la bourgade en réduisant les nuisances dues à l’automobile, consiste en un cocktail de mesures très complémentaires :
- dévier le transit automobile qui empruntait le centre ville
- limiter la vitesse automobile à 20 ou 30 km/h
- réglementer le stationnement en l’autorisant pour une durée très courte
- sanctionner le stationnement sauvage à 200€
- ne pas proposer de parking en ouvrage à moins de 10 mn à pied du centre ville
- supprimer le stationnement en surface
- requalifier l’espace public en le végétalisant, et en offrant des bancs publics
- promouvoir la marche en mettant en avant ses avantages en termes de santé publique et d’urbanité
- compléter la marche en faisant connaître l’offre vélo dans un rayon de 20 km autour du centre…
Alors bien sûr j’ai voulu me faire une idée de la situation viaire, à partir de captures d’images de Google Street View, et je n’ai pu m’empêcher de faire mon petit planificateur, en maugréant contre la présence encore bien trop forte des quatre roues à bien des endroits, mais je ne boude pas mon plaisir pour autant. Et j’aimerais tant qu’on envoie par le train là-bas, en délégations nombreuses, tant de nos édiles, de nos techniciens territoriaux, qui, une fois les dernières élections municipales pliées, avec leurs professions de foi à l’emporte pièce, populistes diraient certains, détricotent si vite ce qu’ont pu reprendre à l’automobile leurs devanciers clairvoyants…
Photo: Pontevedra. Rúa Rosalía de Castro (Juan Mejuto)
[1] Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées
La volonté politique transforme efficacement l’espace urbain. Malheureusement, c’est souvent pour la bagnole.
Ce matin, je trouvais ca sur terraeco : http://www.terraeco.net/Voyez-le-monopole-de-la-voiture,56755.html
Des cartes qui sont indéniablement éloquentes…
Tant que l’essence sera abondante et bon marché, aucune chance pour que le pouvoir politique remette en cause la place de la voiture. Électoralement, ça ne sert à rien de rappeler que la France claque chaque année 50 milliards d’euro pour importer du pétrole.
En revanche, à 5€ le litre, il est probable que ceux qui ont moins de 20km à parcourir dans la journée commenceront à réfléchir à l’option vélo.
« Comment Cuba survécut en 1990 sans pétrole »
http://www.youtube.com/watch?v=KEF19NV_3SE#t=12m17s)
Il suffit de constater la différence entre les pays basque français et le pays basque espagnol : d’un côté, rien n’est fait pour encourager les circulations « douces », de l’autre c’est comme le jour et la nuit: métro Hendaye-Donostia (et pas « san sébastien »), pistes cyclistes partout , et même escalators(eh oui !ils pensent aux handicapés et personnes âgées, eux!) dans les quartiers trés pentus!