Copenhague, capitale du royaume du Danemark d’un point de vue administratif; capitale européenne du vélo d’un point de vue cycliste!
Lorsque l’on débarque à la station Nørreport après avoir quitté l’aéroport, inutile d’avoir à chercher bien longtemps pour vérifier cet état de fait. Des centaines de bicyclettes garées recouvrent littéralement la place, et des dizaines de cyclistes surgissent chaque seconde à tous les croisements.
Viking en deux roues
Comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe du Nord, le vélo et les danois, c’est une grande histoire d’Amour, qui a débuté vers la fin du XIXème siècle, et qui a perduré jusqu’à l’aube de la seconde guerre mondiale.
Puis, les urbanistes de la reconstruction post world war ont fait comme dans toutes les villes de la vieille Europe, construire rapidement de grandes artères pour y favoriser le développement de l’automobile, vue à l’époque comme la solution de transport du futur.
Pourquoi tant de vélo ?
A l’inverse d’Amsterdam, où c’est en partie la physionomie de la ville qui a favorisé petit-à-petit l’usage du vélo, Copenhague, elle, avait toute la place nécessaire pour que l’automobile s’y impose confortablement. Or, les choses se sont ensuite passées différemment.
C’est le choc pétrolier du début des années 70 qui va faire reprendre conscience aux danois de leurs racines cyclistes et les remettre en selle. S’en suit alors toute une série de mesures qui vont limiter la place de la voiture dans la ville pour favoriser celle du vélo.
Les pistes cyclables qu’on y a réalisé, sont larges, vraiment très larges. De sorte que vous pouvez y circuler facilement à deux, voire trois, de front (pour discuter, on parle là-bas de cyclisme social) tout en laissant de la place pour que les cyclistes plus rapides puissent vous doubler.
De même, les pistes sont surélevées par rapport à la route, parfois de quelques centimètres seulement, mais suffisamment pour séparer efficacement le flux automobile de celui des vélos.
Plus de 400 km de pistes se sont développés dans Copenhague, et les derniers chiffres datant de 2012 font état d’une part modale du vélo supérieure à 35% (50% dans l’hyper-centre), ce qui représente plus de 150 000 cyclistes quotidiens !
Respect scandinave
Ce qui frappe le plus en définitive, ce n’est pas tant le nombre de cyclistes urbains dans les rues, c’est surtout l’incroyable respect qui coexiste entre les différents usagers de la chaussée.
Si la voiture qui vous précède doit tourner à droite, elle vous laissera systématiquement passer, même si vous êtes à plusieurs centaines de mètre derrière (oui, ici on sait se servir de ces étranges miroirs qui affublent de chaque coté les voitures…).
De même, les cyclistes sont extrêmement attentifs aux mouvements des piétons, qu’ils considèrent comme prioritaires avant tout le monde. Quant aux piétons eux-mêmes, traverser au bonhomme rouge leur parait tout bonnement inconcevable !
Un réseau ininterrompu
Autre preuve que le déplacement à vélo n’est jamais mis de coté ; Copenhague subit en ce moment une profonde mutation avec l’arrivée de nouvelles stations de métro (place Kongens Nytorv notamment).
Il va de soi que les pistes cyclables n’ont pas été supprimées, juste déplacées, empiétant une bonne partie de la voie automobile si il le faut. D’ailleurs, là-bas, ce sont les pistes cyclables que l’on déneige en premier.
Le plus amusant est de noter que le cycliste urbain copenhaguois en devient très exigeant. Alors que le réseau cyclable de la ville n’a presque aucune équivalence dans le monde, un étude récente a montré que seul un habitant sur deux était satisfait de l’état du réseau cyclable !
Jolies machines
Un autre fait marquant, c’est l’état de la flotte de vélo.
Tandis qu’à Amsterdam, la majorité des cyclistes roulent sur des vélos d’un autre âge, à Copenhague, on constate qu’une large part des montures utilisées est relativement récente et que certains roulent même sur de très jolies machines.
On a également pu remarquer, que le port du casque vélo est loin d’être anecdotique, contrairement à Amsterdam ou celui-ci est parfaitement inconnu.
Quand au vol de vélo, véritable fléau dans certaines villes nord-européenne, et bien curieusement il ne semble pas effrayer les cyclistes de Copenhague : partout dans la ville, les vélos sont, la plupart du temps, simplement posé contre un mur, très souvent juste la roue arrière bloquée par l’antivol de cadre.
Zéro carbone
C’est l’objectif de la ville ; atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025. Un objectif pas si ambitieux que cela, au regard des nombreuses mesures déjà ou prochainement mises en place.
A l’image des cykelsuperstier, les autoroutes vélo dont certaines ont déjà été inaugurées et qui permettent notamment aux habitants les plus éloignés d’atteindre le centre-ville en quelques minutes et en toute sécurité.
Copenhague, le paradis du vélo ? Non, juste une ville où les habitants se déplacent naturellement à bicyclette…
Source: http://www.weelz.fr/
Article et photos réalisés lors d’un séjour sur Copenhague au printemps 2015.
On remercie au passage l’office du tourisme du Danemark pour leur aide à la préparation de ce voyage.
Ayant eu l’occasion de travailler pendant quelques semaines à Copenhague, il y a une quinzaine d’années, j’avais déjà été très agréablement surpris par l’importance du vélo dans les déplacements urbains, malgré une météo pas toujours favorable à cette pratique…
Ce succès repose en effet d’abord sur des pistes cyclables bien conçues, larges, séparées de la chaussée automobile et des trottoirs piétons par une petite bordure, et surtout, continues et sûres. J’enrage de voir régulièrement dans nos villes françaises quantité de « pistes cyclables » qui se terminent brusquement sur un carrefour, une bretelle d’accès à une rocade, voire même radialement sur un rond-point, sans aucune signalisation ni aucun aménagement permettant de réduire le danger lié à la réinsertion dans le flux de la circulation automobile. Nos édiles feraient décidément bien de s’inspirer de l’exemple danois…
Un long commentaire…
> Lorsque l’on débarque à la station Nørreport après avoir quitté l’aéroport, inutile d’avoir à chercher bien longtemps pour vérifier cet état de fait. Des centaines de bicyclettes garées recouvrent littéralement la place, et des dizaines de cyclistes surgissent chaque seconde à tous les croisements.
C’est ce qui m’étonne au Danemark et aux Pays-bas : le manque de place pour attacher son vélo, et le manque criant d’arceaux pour l’attacher en sécurité.
Résultat, les gens posent leur vélo comme ils peuvent, le plus souvent pas attaché… ce qui expliquerait l’usage de vélos pourris (en cas de vol, on s’en fout plus que si on se fait piquer un vélo récent à plusieurs centaines d’euro), même si, c’est vrai, ils sont moins pourris qu’à A’dam.
Pourtant, il y a encore beaucoup de voitures, et donc largement la possibilité de prendre des places de stationnement pour y installer des arceaux.
> Comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe du Nord, le vélo et les danois, c’est une grande histoire d’Amour
En fait, ça n’est pas vraiment l’impresssion que j’en ai après avoir roulé au Danemark et aux Pays-bas : là-bas, c’est juste un moyen de locomotion, et le plus pratique pour les petits déplacements du quotidien.
À voir l’état des vélos sur lesquels ils roulent (rouillés, abimés, chaîne et freins qui grincent), je n’ai même pas l’impression qu’ils prennent plaisir à se déplacer à vélo. Ça fait penser aux automobilistes coincés dans les embouteillage : pas le choix.
> Puis, les urbanistes de la reconstruction post world war ont fait comme dans toutes les villes de la vieille Europe, construire rapidement de grandes artères pour y favoriser le développement de l’automobile, vue à l’époque comme la solution de transport du futur.
C’est un point important : les villes en France, et en premier lieu les villes anciennes, n’ont tout simplement pas la largeur de rue qui rendrait possible l’installation de 1) trottoirs 2) pistes cyclables et 3) chaussée. C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup de rues dans le centre d’Amsterdam n’ont pas de piste cyclables et obligent les cyclistes à se mélanger au trafic motorisé, ce qui est considéré par les Hollandais comme LE truc à ne pas faire.
Mais à moins de raser la ville et de reconstruire, ou alors d’interdire la quasi totalité du flux motorisés…
> C’est le choc pétrolier du début des années 70 qui va faire reprendre conscience aux danois de leurs racines cyclistes et les remettre en selle. S’en suit alors toute une série de mesures qui vont limiter la place de la voiture dans la ville pour favoriser celle du vélo.
Un truc qu’a mentionné Frédéric Héran mais que je n’ai bizarrement pas trouvé par Google, c’est que la ville de Copenhague au début des années 90 était en quasi « faillite »* suite à une désindustrialisation, ce qui a obligé la ville à annuler des projets de développement routier et favoriser le vélo. À la même époque, la ville de Stockholm allait mieux et a, elle, continué à favoriser la voiture, ce qui expliquerait qu’elle est beaucoup moins cyclamicale que CPH.
> Ce qui frappe le plus en définitive, ce n’est pas tant le nombre de cyclistes urbains dans les rues, c’est surtout l’incroyable respect qui coexiste entre les différents usagers de la chaussée.
Non seulement ça, mais aussi la présence d’enfants. Et sans casque (ça, c’est pour les Américains, qui considèrent le vélo comme un truc dangereux**).
> Si la voiture qui vous précède doit tourner à droite, elle vous laissera systématiquement passer,
En même temps, c’est la loi : priorité à droite.
En plus, vu le nombre de témoins, le type qui jouerait à ça se fera piquer immédiatement : plaque d’immatriculation, police, etc.
En plus plus, la plupart des automobilistes sont aussi des cyclistes, contrairement à chez nous.
En plus plus plus, tout le monde sait que c’est galère de rouler en ville au DK/NL, et donc, on ne prend la voiture que si c’est vraiment nécessaire.
> C’est l’objectif de la ville ; atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025
Totale illusion. Ou alors, faut pipoter sur le contenu carbone en question (en ignorant par exemple le coût-carbone des importations) : l’activité économique consister à transformer des ressources naturelles; pour qu’il y ait transformation, il faut de l’énergie; actuellement, plus de 80% de l’énergie primaire sont… des énergies fossiles.
Donc, si on veut réduire très sérieusement la quantité de gaz à effet de serre qu’on balance dans l’atmosphère, il faut revenir au début du 18ème siècle (et zigouiller une bonne partie de l’humanité pour revenir aux 500 millions que nous étions à l’époque). Combien de gens vont voter pour ce programme?
* la faillite, c’est pour les agents privés; pour un agent public comme une ville ou un État, il s’agit plutôt de défaut de paiement, ce me semble
** forcément, quand on doit « partager la route » avec des SUV conduits par des gens au téléphone ou en train de textoter…
de Vincent : « Donc, si on veut réduire très sérieusement la quantité de gaz à effet de serre qu’on balance dans l’atmosphère, il faut revenir au début du 18ème siècle (et zigouiller une bonne partie de l’humanité pour revenir aux 500 millions que nous étions à l’époque). Combien de gens vont voter pour ce programme? »
Ah…! ferais-tu donc partie des néo malthusianistes…?
Un objectif de basse intensité carbone pour la ville doit se faire toutes choses égales par ailleurs en termes démographiques:
avec une volonté politique consistante et son discours pédagogique d’accompagnement, la panoplie de la boîte à outil smart city, son mix d’intelligence sociétale et de reconquête des parts modales automobiles à coup de requalification viaire, de mise en oeuvre d’un supplément de transports en commun en site propre et de priorité absolue en direction des modes de déplacement actifs…
Le principal est d’entrer au plus vite dans l’âge du faire et de faire oublier le paléolithique routier…
Non, simple ordre de grandeur.
Même en obligeant les 7 – bientôt 9 – milliards d’individus à vivre comme l’Indien moyen (et comment?), le compte n’y est pas.
Et en plus, il faut prendre en compte la violence de la décroissance : on ne revient pas facilement et rapidement sur des décennies d’étalement urbain et de globalisation.
Il suffit de s’éloigner un peu des centre-villes pour mesurer le problème. Et observer les tensions qui montent (Charlie/HyperC, FN, Ukraine, etc.)
La décroissance risque d’être vachement moins joyeuse que nous le raconte notamment l’ami Paul Ariès…
« La décroissance risque d’être vachement moins joyeuse que nous le raconte notamment l’ami Paul Ariès… »
attention aux termes et à la confusion
(si j ai le temps, je le perdrai à expliquer la différence d ordre de grandeur : si un riche américain peut prendre 10 fois l avion dans l année, manger 500gr de steak par jour, et rouler 25 000km/an en voiture, il est très difficile de trouver un couple d’indiens qui ont 100 fois plus d enfants qu’un couple d américains… en sachant, par ex, niveau alimentation, que, vu que 70% de l alim mondiale est faite pour les animaux d élevage (et qu’on approche des 2% pour les agro-carburants), dont le taux de conversion moyen est de +/- 6 protéines consommées pour 1 produite) (8 pour le boeuf, 4 pour le poulet c.f. manicore, de J-M Jancovici, « assiette »), et qu’on approcherait de 2% pour les agro-carburants, on pourrait, sans rien changer niveau surface et productivité agricole, sauf tous devenir végétariens et en arrêtant les inutiles agro-carburants (utiles qu’à offrir des primes et du travail financé par nos impôts à nos agriculteurs), nourrir près de 20 milliards d être humains (7/(70/6 +28)*100)…
Après, taxation plus en rapport avec la réalité, des avions et des voitures, pour qu’ils deviennent, progressivement, aussi utilisés qu’en 1950… et qq autres choses de ce style (comme la taxe foncière allégées/grossie si murs mitoyens/murs 4 vents), et on arrive à une chute de l’empreinte écologique de chacun)
Paul Ariès, Pierre Rhabi et d autres parlent de décroissance heureuse, car ils parlent de CHOIX de ne pas rouler en voiture, mais plutôt de marcher, utiliser un vélo (ou les TEC électriques en site propres, sans charge électrique embarquée)
Là, tu parles de baisses SUBIES, d’austérité, de contraintes :
comme le disait déjà Ghandi : « vivre simplement, pour que chacun puisse simplement vivre » :
soit on choisi de moins consommer, et de consommer mieux (isolation de sa maison, re-usage (achat d occase, don), auto-production, vélo, AMAP,…)
soit, si on n’est pas assez à faire ce choix, et pour une partie de ceux qui ne font pas ce choix, il s imposera de l extérieur à certains qui ne le souhaitent pas :
cela se fera par le pouvoir d achat, par l argent : de plus en plus de gens voudront une voiture + maison + viande à chaque repas +.. +..
(c.f. les chinois, dont les conso de viandes, produits laitiers et autos explosent depuis 10-15 ans)
mais voilà… ils ne gagneront pas assez : du fait des choix politiques et économiques de faible redistributions des revenus, et de prédominance des revenus financiers sur tous les autres, les classes moyennes (et pauvres) européennes pourront de moins en moins s offrir leurs rêves :
cela a déjà commencé : les précaires énergétiques (ceux qui dépensent plus de 10% de leurs revenus en énergie : chauffage, frigo, eau chaude.. et carburant de voiture) explosent en france, de même que d autres précaires.
(explosion des conducteurs à 0point = sans permis, et des conducteurs sans assurance, explosion du nombre de personne sans complémentaire santé, et de « sans dents »,….)
Soit on a un monde, un pays, une ville, où même les pauvres s en sortent (aller acheter du pain à pied ne coûte rien.., aller faire une balade au parc municipal ou aller à la bibliothèque municipale ne coûte rien…),
soit on a un monde où il faut un smartphone + une voiture + une maison aux 4 vents avec jardinet passé au round up (pour si jamais on veut faire du golf dans son jardin..) avec une piscine personnelle… et là, seuls 5 à 15% des gens s en sortent, les autres font des choix entre telle ou telle option, douloureuse, prise par contrainte.
(suppression des vacances : 40% des français ne partent pas/plus, chiffre qui grossit, alors que, depuis le front popu, ce chiffre diminuait…)
J ai été un automobiliste avec fin de mois difficiles, choisissant de ne pas faire réparer ma voiture (c etait avant l existence du contrôle technique), roulant le moins possible dans mon épave, qui me trainait au boulot :
travailler pour payer sa voiture + utiliser sa voiture pour travailler…le cercle vicieux sans fin et sans espoir de s en sortir, vu le peu d argent que je pouvais mettre de coté en travaillant…
Passé d’automobiliste à cycliste m a offert la liberté, l indépendance financière, et la suppression de nombreux problèmes et de contraintes quotidiens (et pas seulement financier : entre autre.. niveau santé en général, et mal de dos en particulier… des bonus que je n attendais pas, mais qui font plaisir :))
bonjour, je viens de lire les commentaires ci-dessus et je remercie les personnes pour leurs qualités, bien sûr je suis déjà convaincue par certains arguments et apprécie davantage ceux de l’un plutôt que ceux de l’autre, mais c’est un débat riche avec des mises au point et des références, merci à vous!
Un point qui n’a jamais été mentionné mais qui a sans doute joué dans le développement du vélo au Danemark:
Avant le Marché Unique, mis en place en 1992, qui a réduit les écarts de TVA entre pays européens, le Danemark appliquait une TVA sur l’achat d’une automobile de ….200%!
Oui vous avez bien lu:le prix TTC à l’achat était le triple du prix HT, çà calme n’est-ce pas?
« Si la voiture qui vous précède doit tourner à droite, elle vous laissera systématiquement passer, même si vous êtes à plusieurs centaines de mètre derrière »: j’imagine qu’il s’agit plutôt de dizaines de mètres, ou alors les conducteurs ont une patience infinie et de très bons yeux!
« On a également pu remarquer, que le port du casque vélo est loin d’être anecdotique »: personnellement, je vois plutôt ça comme un point négatif, mais bon…
En tout cas, merci pour cet article très intéressant.
Vincent : « Donc, si on veut réduire très sérieusement la quantité de gaz à effet de serre qu’on balance dans l’atmosphère, il faut revenir au début du 18ème siècle (et zigouiller une bonne partie de l’humanité pour revenir aux 500 millions que nous étions à l’époque). Combien de gens vont voter pour ce programme? »
Pourquoi pas revenir au Moyen-âge, non plus? Pour retrouver une empreinte carbone soutenable, il faudrait revenir à la consommation des années 60. Je ne crois pas qu’on mourrait de faim ou qu’on était mal soigné, non?