En matière de mobilité et de santé publique, les produits proposés par l’industrie automobile sont, il faut en convenir, inadaptés et obsolètes en ville: trop polluants (pour ceux à énergie fossile), trop puissants, trop lourds, trop volumineux, trop lents (en comptant les bouchons et le temps pour stationner), trop inactifs (aucun exercice physique) et trop coûteux pour effectuer seul un petit trajet.
Les villes marchables, cyclables et (de facto) respirables semblent désormais animer les aspirations.
La prise de conscience grandissante sur la problématique de la qualité de l’air en ville et sur le changement climatique crée un effet d’aubaine que doit absolument saisir à la force du mollet l’industrie du cycle qui, à mon sens, a toujours semblé effacée du paysage médiatique.
Vendez-nous vos vélos et son usage comme l’a brillamment et bruyamment fait l’industrie automobile pour ses voitures! Il y a tant d’arguments comme la mobilité, la liberté, la santé et le bien-être. La vente ici acquiert toutes ses lettres de noblesse avec l’enjeu majeur de la santé publique.
Cela passe par une révolution marketing avec de l’innovation et de la communication!
Voici les quelques pistes (cyclables) que je suggère en m’inspirant notamment de quelques recettes de l’automobile:
Repenser le concept:
– « agences de mobilité » ou « distributeurs de solutions de mobilité » en développant des services d’aides à la mobilité pour remplacer les parfois vieillissants « magasins de vélo ».
-Le vélo doit être présenté comme une solution de mobilité et un outil de déplacement principal; non plus comme un outil accessoire pour la balade, les loisirs, les vacances ou le sport (soit quelques jours ou semaines par an).
Développer les services:
– Pour devenir mode de transport principal, le vélo doit rendre des services à son utilisateur:
développer l’aspect utilitaire, ce pour quoi on utilise sa voiture pour transporter des personnes, des objets ou des courses (développer par exemple les remorques, les vélos caddies, les vélos cargos),
– le confort (ce aussi pourquoi on prend sa voiture) avec, par exemple, des capotes transparentes anti-pluie, des poignées chauffantes, etc…
– la protection: contrats d’assurances.
Des services doivent être proposés pour y accéder:
– Reprises des anciens vélos.
– Solutions de financements,
– Location de courte et de longue durée,
– Contrats d’entretien,
– Entretiens minute,
– Dépannage (sur un secteur déterminé, notamment pour les vélos à assistance électrique),
– Essais: minutes, à la journée, ou à la semaine.
Les partenariats:
– Partenariats avec les concessions automobiles (vélo offert sous forme de remise) ou les bailleurs sociaux ou les promoteurs immobiliers.
– Convaincre les collectivités territoriales de subventionner l’achat, notamment des VAE.
Communiquer:
– Valoriser l’usage du vélo à travers la publicité: l’usage du vélo doit devenir « tendance »!
– S’inscrire dans la mode comme par exemple le textile.
En somme, entraînez-nous tous dans votre roue!
L’idée de « développer l’aspect utilitaire » est, je trouve, excellente et manque cruellement à l’industrie actuelle du vélo… Le « problème » est que le sport/loisir demeure la porte d’entrée des achats de vélo, avec 89% de vélos achetés pour cet usage. Il suffit de voir le nombre de VTT qui roulent en ville pour comprendre le scénario qui est à l’oeuvre…
Malheureusement le dieu qui gère nos vies s’appelle argent (au détriment du bien-être et santé) et tant que ces idées ne mènent à gagner de l’argent elles ne seront pas mises en pratique. Les gens valorisent beaucoup plus leur comptes en banque, confort et plaisir immédiat que la santé de leurs familles et eux-mêmes à long terme. Question de (im)maturité.
Dans ce sens les ateliers de réparation vélos (éventuellement avec option lavage ou personnalisation vélo) seraient de bonnes affaires à démarrer. A part les ateliers de magasins Décathlon – chers, temps longs d’attente et de qualité médiocre – il n’y a presque pas d’ateliers vélos en région parisienne.
Si je suis entièrement d’accord avec l’idée proposée, j’ai de gros gros doutes quant au fait que ca puisse marcher.
Le vélo est (hélas?) trop vertueux, trop sobre, trop propre. Il ne génère donc pas assez de bruit, de déchets, et par conséquent d’argente. Il ne fait pas tourner la machine économique. Certes, avec un développement inespéré du vélo (au sens large= utilitaire + aménagements + politique etc.), on génèrerait un peu d’économie de croissance etc.
mais tellement peu devant le « monstre voiture »!
En bon gestionnaire, je choisirais logiquement le vélo pour son « rapport qualité prix » incomparable. En bon actionnaire, je choisis la voiture. C’est évident: on a tous besoin de 4 tonnes de ferraille pour déplacer nos 80kg de chair humaine, et tous besoin d’un Iphone 4g 6s extra plus lampe de poche et vernis à ongles pour passer un coup de fil.
Car malheureusement, l’ère décroissante n’est pas pour demain, à moins que celle ci ne soit forcée.
Tout comme il est inconcevable d’acheter une paire de chaussure ou une voiture sans essais, la facilitation de la démarche vers le vélo passe également par la possibilité d’essayer. Trop de magasins de vélo sont encore trop frileux là dessus.
Tout cela est vrai, mais est la conséquence logique de la part ridicule en France du vélo comme moyen de transport. Ici comme quasiment partout en Europe, le vélo, c’est du loisir : vélo de course, VTT, et petites balades le dimanche avec les gosses.
Déjà, tant que les villes n’offriront pas des infrastructures dignes de ce nom, la part modale restera à un chiffre et le vélo urbain majoritairement pratiqué par des 1) hommes 2) jeunes 3) en bonne santé.
Le truc qui va nous faire rebasculer, c’est la contrainte financière et pétrolière : les revenus stagnent et même diminuent, et l’Europe est chaque jour plus dépendante du pétrole importé. La moitié des salariés français gagne moins de 1.500€/mois; une voiture à ce niveau de salaire est une dépendance pas négligeable.
On aimerait qu’il y ait plus de maires qui percutent comme Eric Piolle à Grenoble :-/
Donc si je comprends bien:
– Les magasins de vélo sont vieillissants.
– Pour vendre du vélo, il faut s’appuyer sur les concessions automobiles.
Mon commentaire a été validé trop vite. La suite:
Cet article est un gros n’importe quoi et rien d’étonnant si les magasins de vélo meurent. La France, c’est 25% de vélos Decathlon, 25% de vélos de supermarchés et pour le reste, c’est quasi des vélos bons pour la ferraille car vieux et entretien tous les 36 du mois.
Décidément, être réparateur de vélo/vendeur de vélo n’est pas un métier d’avenir en France:
Entre les clients qui ne veulent pas foutre plus de 20 euros dans leur vélos et les donneurs de leçon « internetiens » qui ne voit l’avenir que dans le déclin des magasins de vélos….
A tours, en 5 ans, 3 magasins de vélos ont disparu. Pour la France, dans le même laps de temps, 4 grossistes vélo ont déposé le bilan, une usine s’est arrêtée, plusieurs fabricants de VAE ont mis la clé sous la porte.
A part çà, tout va bien, madame la marquise…
On peut essayer de développer des services autour du vélo pour le rendre plus « attirant ». Ce n’est pas une mauvaise idée.
Mais je reste persuadée que si on veut développer le vélo comme moyen de transport, la meilleures façon est belle est bien de créer des infrastructures adaptées, sécurisées, et en site propre pour pouvoir s’y déplacer en famille.
C’est le frein numéro 1 pour se déplacer en ville, si on peut très bien aller faire les courses de la semaine avec 2 enfant et une carriole, on n’a pas envie de le faire au milieu de véhicules qui vous frôlent à plus de 60 à l’heure.
Faites une piste cyclable en site propre, vous y verrez des vélos rapidement.
Le danger c’est aussi de s’éloigner du concept du vélo (moyen de transport pratique, rapide, léger, pas cher, peu coûteux) pour se rapprocher finalement de celui de la voiture.
Vos exemples d’amélioration du confort sont insoutenables pour un vélo (un pare brise prendra beaucoup le vent, réduisant fortement la vitesse. Pour les poignées chauffantes, celles pour moto consomment au minimum 50W, soit pas moins d’un quart de ce que vous développez avec vos mollets…). C’est le virage pris par beaucoup d’entreprises de velos electriques, equipant leurs velos de freins a disques, GPS, suspensions, et qui du coup se retrouvent avec des « vélos » pesant + de 25kg et coutant 4000 euros, et n’allant pas plus vite que des vélos a 500 euros… Soit l’inverse du concept du vélo…
Bonjour à tous,
Franchement, en lisant cet article, j’ai d’abord cru à une plaisanterie : le vélo hyperconnecté, électroniqué, bien pisté par les capteurs, avec plein de nouvelles pannes… Non, je ne veux pas adopter le prêchi-prêcha des voituristes. Pourquoi compliquer et moderniser à tout-va un mode de déplacement si simple ? Pour séduire qui ? Enrichir qui ?
L’un des points cruciaux du vélo, qui font son intérêt, c’est précisément sa simplicité de fonctionnement. Il est bêtement mécanique, et le progrès ne fait plus que le frôler depuis une petite centaine d’années (non, je n’ai pas envie de revenir au grand bi à roue de bois et sans dérailleur). Quand on prêche auprès des gens qui hésitent à l’adopter, cette simplicité constitue justement un argument très important : vous serez vite capable, M’ame Dupont, de diagnostiquer, voire réparer, les petits problèmes les plus courants. Sans compter l’effet sur le prix des accessoires présentés dans l’article (guidon chauffant, arf, arf !).
Près de chez moi, en pleins champs, il y a un magasin de vélos, tout petit et indépendant, mais il existe et il est de bon conseil, même si le vélo de ville y est minoritaire. Il y a aussi une association de réparation et de distribution de vélos sauvés de l’enfer de la déchetterie. C’est parce que quelques péquins se démènent à l’ancienne, très bêtement, que ces offres-là existent. Il faut les soutenir et demander aux fabricants autre chose que de la tôle molle conçue pour rouler deux fois 2 h dans les bois.
Je n’adhère pas non plus à la promotion systématique d’un aménagement urbain spécifique. Cela a des effets pervers qui peuvent devenir invivables. Ainsi, près de chez moi, une bande cyclable (sans muret, délimitée par une ligne blanche) a été aménagée pour les cyclistes le long d’une route départementale. Après quelques années, le résultat est que les voitures nous doublent plus vite qu’avant et ne freinent plus pour nous croiser car elles considèrent qu’elles n’ont plus besoin de faire attention. La route n’est donc plus partagée. Est-ce vraiment ça qu’on veut : une voie motorisée, une voie vélo, un trottoir, une piste pour les rollers, une autre encore pour les poussettes, une dernière pour les petits chiens ? Non, la route est à tout le monde, ce ne sont pas les voitures qui la détiennent et la prêtent aux autres à leur bon gré ! Évidemment, le long des nationales ou des rocades, je n’ai rien contre les voies réservées. Coignières sur la N10 à vélo, non merci…
Le meilleur moyen de promouvoir le vélo utilitaire, c’est d’en faire sans se montrer systématiquement hors du commun, pour que les communs se sentent capables d’en faire autant.
alain> Pour vendre du vélo, il faut s’appuyer sur les concessions automobiles.
C’est déjà un peu le cas : Norauto vend bien des VAE sous la marque Wayscral 🙂 http://www.wayscral.com
alain > Décidément, être réparateur de vélo/vendeur de vélo n’est pas un métier d’avenir en France:
Ça dépend peut-être où : dans les grands villes, il est sans doutepossible de s’en sortir en vendant du matériel plus haut de gamme (VAE, vélo-cargos, etc.), en attendant que le périurbain s’y mettre quand la contrainte financière d’utiliser la voiture pour de petits déplacements va vraiment se faire sentir.
emmp > Je n’adhère pas non plus à la promotion systématique d’un aménagement urbain spécifique
Aux Pays-bas, seules les voies à 30km/h sont partagées avec les motorisés : les axes à 50km/h sont systématiquement équipés de pistes cyclables indépendantes (des voitures et des piétons). C’est la seule façon de réintroduire sérieusment le vélo en ville.
Le bon test, c’est : mamie peut-elle se déplacer à vélo avec ses petits-enfants en toute sécurité?
Vincent:
Et bien si maintenant Norauto devient une référence en valeur de vélos…. Ces vélos sont des grosses daubes. C’est du vélo jetable.
J’adore le fait que l’on propose à un réparateur vélo de « survivre » en faisant du haut de gamme alors que dans le même temps un article propose le référencement vélo dans les concessions automobiles et un commentaire nous renseigne sur les vélos norauto. C’est tellement évident que si le marché du vélo en France est si lamentable, cela vient des petits commerçants et artisans du vélo…. Avec un peu de chance, dans quelques commentaires, on nous fera la promotion des vélos GoSport et TopBike….
Bien sûr, on va tous acheter son vélo dans les grandes chaines (cf: commentaires précédents) ou on garde sa ruine qu’on répare une fois tous les 2 ans. Mais en cas de pb, on fonce chez le réparateur. Bien sûr aussi, il ne faut pas que çà coute cher (rendez-vous compte: « une roue arrière, 30 euros? mais c’est le prix de mon vélo »).
Dans quel monde vivez-vous donc les gars? vous croyez qu’on « survit » en France avec du matériel haut de gamme que personne n’achète car le prix moyen d’un vélo en France est de…. 303 euros.
Les gens voudraient le beurre et l’argent du beurre. En fait, faut vivre à la campagne, avoir 2 voitures, acheter son vélo dans une grande surface, faire ses courses aux supermarchés, mais de temps en temps, on aime bien avoir le réparateur vélo de quartier, le petit boucher pour une tranche de jambon le temps des vacances, le petit fleuriste pour l’anniversaire de maman… Bien oui, mais ces magasins disparaissent. Ils ne survivent pas. Ils meurent… Allez comprendre pourquoi…. peut-être parce que Norauto vend sa merde, et peut-être aussi parce qu’on ne les soutient pas en proposant de vendre des vélos dans les concessions automobiles!
Emmp, une attaque contre le cyclo-chic ou le lycra ? 😛 Très belle phrase au demeurant.
[quote]e n’adhère pas non plus à la promotion systématique d’un aménagement urbain spécifique. Cela a des effets pervers qui peuvent devenir invivables. Ainsi, près de chez moi, une bande cyclable (sans muret, délimitée par une ligne blanche) a été aménagée pour les cyclistes le long d’une route départementale. Après quelques années, le résultat est que les voitures nous doublent plus vite qu’avant[/quote]
Une ligne blanche sur un coin de la route n’est pas un aménagement cyclable sécurisé. En ville, c’est une voie de stationnement pour les « arrêts sur piste cyclable » et donc encore plus dangereux que rien du tout puisqu’il faut changer de voie pour dépasser au risque de se prendre une portière.
En campagne, le phénomène que vous décrivez augmente le danger pour les vélos.
J’essaie de me déplacer le maximum à vélo avec mes enfants, et je suis capable de faire de grands détours pour emprunter les pistes en site propre. Ailleurs, je considère que le « partage de la voirie » n’est pas adapté : les enfants sont trop petits pour être vus des véhicule : ils dépassent à peine des portières et des véhicules qui reculent et sont donc encore moins visibles que les cyclistes adultes, ils peuvent être distraits et faire des écarts de façon inattendue, ils sont très lents par rapport à la vitesse des voitures, ils ont des notions du code de la route mais de là à les appliquer scrupuleusement…
Mais ces raisons sont elles qui suffisantes pour les obliger à ne circuler qu’enfermés dans des enclumes qui leur crachent des particules fines et autre CO2 et les tuent à petit feu ?
Je suis persuadée que les pistes cyclables en site propre sont la solution. J’en emprunte une chaque matin et j’y croise des dizaines et des dizaines de collégiens se rendant à l’école en toute sécurité.
A Vincent, eghza et emmp
Oui, en Allemagne c’est également le cas. Et ça marche parfaitement bien.
Donc la généralisation du 30km/h dans toutes les agglomérations, sauf sur les grands axes… doublés d’une piste cyclable est la bonne solution (parce qu’on ne fera pas d’aménagement cyclables de type piste sur chaque chaussée, le but n’étant pas d’élargir encore plus les rues de nos villes, sans compter le coût que cela génèrerait).
Comme emmp l’a dit, la piste cyclable en dehors des grands axes est une mauvaise solution car cela éloigne les cyclistes des automobilistes qui ne les voient donc plus, sauf aux carrefours… et là… c’est le drame…
Il est prouvé que les pistes cyclables hors grands axes (et carrefours espacés de plusieurs centaines de mètres) sont plus accidentogènes que les bandes cyclables.
À Alain : saine colère, je te suis sur ce point : on ne peut pas tuer les commerces et pleurer leur disparition.
Un article intéressant : http://tempsreel.nouvelobs.com/l-obs-du-soir/20151007.OBS7252/martine-contre-les-hypermarches.html
En Allemagne l’économie du vélo génère plus d’emplois que l’industrie automobile en France.
On ne peut donc pas dire que le vélo n’a pas un rôle important à jouer pour créer et maintenir des emplois non délocalisables en France.
Faute à nos gouvernants dont les choix ne font qu’entretenir la dépendance à l’automobile, faute au manque d’aménagements cyclables de qualité, faute à la paresse des motorisés. Notre marché intérieur mettra des années à atteindre la maturité de l’Allemand ou du Hollandais. Les français sont beaucoup moins nombreux à se déplacer à vélo et ils dépensent aussi beaucoup moins pour leur monture.