Au détour d’une publication de l’INSEE consacrée au vélotaf (fait d’aller au travail à vélo), on découvre le classement des communes de 100.000 habitants ou plus en la matière. A vrai dire, il faut bien chercher l’information, car elle fait partie de ce que l’INSEE appelle les « données complémentaires » et qui prennent la forme d’un simple tableur, dans lequel il faut naviguer jusqu’à l’onglet présentant ce qui constitue de fait le palmarès français du vélotaf.
A l’échelle française, seulement 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo en 2015. C’est encore bien peu. Mais, ce chiffre masque d’énormes disparités entre petites et grandes communes et même entre les grandes communes de même taille.
L’article de l’INSEE consacré au vélotaf se trouve ici (cliquer ensuite sur données complémentaires).
Le classement suivant donne ainsi le taux de recours au vélo pour aller au travail par commune de 100 000 habitants ou plus. On ne parle donc pas ici des agglomérations, mais seulement des communes au sens INSEE de plus de 100.000 habitants. Les données proviennent de l’enquête annuelle de recensement 2015 de l’INSEE. L’enquête porte sur les personnes âgées de 15 ans à 74 ans ayant un emploi ou en apprentissage.
Sans véritable surprise, les trois premières places sont occupées par Strasbourg, Grenoble et Bordeaux, seules communes françaises à dépasser une part modale du vélo de 10% pour aller au travail. On peut donc considérer que ce sont les trois champions français du vélotaf.
Après ce trio de tête, on rencontre quelques communes avec un taux honorable, autour de 6 à 7 %: Rennes, Toulouse, Tours, Montpellier, Nantes ou même Angers et Lyon qui atteignent difficilement cette barre symbolique (5,9 %).
A noter, le score moyen de Paris avec 4,2 % de pratique vélo pour se rendre au travail, mais cela va sans doute augmenter avec les aménagements cyclables mis en place dans la capitale…
Ensuite, c’est la dégringolade continue pour atteindre en fin de classement des communes qui font même moins bien que la moyenne nationale (moyenne qui prend pourtant en compte toutes les communes, grandes ou petites, y compris les communes rurales!): on trouve ainsi des communes comme Marseille ou Aix-en-Provence qui affichent un taux de 1,5 % seulement.
Ne parlons même pas des communes qui font moins de 1 % de pratique vélo, à ce niveau-là, cela relève sans doute d’une politique anti-vélo délibérée.
Part des actifs des communes de plus de 100.000 habitants allant travailler à vélo en 2015 (en %)
Strasbourg 16,0 %
Grenoble 15,2 %
Bordeaux 11,8 %
Rennes 7,3 %
Toulouse 7,0 %
Tours 7,0 %
Montpellier 6,2 %
Nantes 6,2 %
Angers 5,9 %
Lyon 5,9 %
Dijon 5,5 %
Lille 5,0 %
Le Mans 4,8 %
Villeurbanne 4,7 %
Caen 4,4 %
Besançon 4,4 %
Orléans 4,3 %
Paris 4,2 %
Amiens 4,2 %
Nancy 3,8 %
Montreuil 3,3 %
Reims 3,1 %
Mulhouse 3,1 %
Toulon 3,0 %
Nîmes 2,9 %
Rouen 2,8 %
Boulogne-Billancourt 2,8 %
Clermont-Ferrand 2,7 %
Brest 2,4 %
Nice 2,3 %
Metz 2,1 %
Perpignan 2,1 %
Le Havre 2,1 %
Aix-en-Provence 1,5 %
Marseille 1,5 %
Saint-Denis (La Réunion) 1,5 %
Saint-Étienne 1,1 %
Saint-Denis (93) 1,1 %
Limoges 0,9 %
Argenteuil 0,9 %
Saint-Paul (La Réunion) 0,7 %
Champ : personnes âgées de 15 ans à 74 ans ayant un emploi ou en apprentissage, France hors Mayotte.
Source : Insee, enquête annuelle de recensement 2015.
Et pourtant dans « Libération » du samedi 2 septembre 2017 ou le gros titre est « C’est La Lutte Cyclable », Paris est enjoint à rattraper son retard sur des villes telles que : « Strasbourg, Lyon ou Nantes ». On voit bien que ces deux dernières sont en retard dans ce classement : ce sont encore des villes où les bagnoles restent les reines de la rue. Leurs « avances » sont juste les fruits de la communication de leurs municipalités.
Ceux qui en parlent le moins (ex : Grenoble et Bordeaux) ont pourtant le double ou le triple de part modale. Les vrais aménagements sont donc plus importants que la communication.
Pour bien connaitre Saint-Etienne, dans les profondeurs du classement, il a bien sur une politique qui ne favorise pas le vélo (même si vélos en libre service) mais il y aussi un relief très marqué dans l’ensemble de la ville avec des pourcentages de dénivelés très importants dans certaines rues comme:
https://www.google.fr/maps/@45.4308021,4.4049409,3a,75y,188.21h,69.42t/data=!3m6!1e1!3m4!1sweUJqPdGlaoSnCsEUq3mCg!2e0!7i13312!8i6656
et parfois en plus du dénivelé une mauvaise visibilité
https://www.google.fr/maps/@45.4255163,4.4022685,3a,75y,7.49h,76.78t/data=!3m6!1e1!3m4!1s3Z7dmoInw4NBXR1eS5kwBQ!2e0!7i13312!8i6656
De plus la ville s’est developpée à l’ère industrielle et ne présente pas les caractéristiques d’un centre ancien avec des ruelles nombreuses qui présenteraient un caractère « pas construite pour la voiture ».
Je dédouane absolument pas le faible pourcentage mais c’est beaucoup moins évident que Grenoble, très plate.
On y apprent aussi que pour les distances domicile-travail d’UN KILOMÈTRE OU MOINS, 60,2 % des actifs en emploi utilisent un mode de transport individuel à moteur thermique (58,4 % « Voiture, camion, fourgonnette » + 1,8 % « Deux-roues motorisés ») !
Étonnant qu’on les nomme encore des ACTIFS !
C’est dommage de se limiter aux villes de plus de 100000 habitants. D’autant plus que de nombreuses personnes résident dans des communes de banlieue des grandes villes recensés (Paris 2M d’hab, sa banlieue proche plus de 5M).
Étudier Lyon sans Villeurbanne… n’a guère de sens. Un classement des agglomérations aurait nettement plus d’intérêt vu l’extrême morcellement communal français. Morcellement qui n’aide pas à avoir des politiques de circulations douce cohérente dans les agglos ceci dit.
Certaines communes en queue de palmarès se trouvant en zone « défavorisée », le risque de vol explique peut-être leur mauvaise performance!?…
Bon on peut pas faire de réponse. Donc pour Bertrand,
la présence des seules communes de plus de 100 000 habitants vient du fait que 2015 est la première année où le METS (bon il ne s’appelait pas comme ça à l’époque mais passons) à réussi à les convaincre de séparer le mode « vélo » du mode « deux roues motorisés » qui auparavant était regroupés en « deux roues ». Il se trouve que pour pouvoir faire des stats sur l’ensemble des communes il faut une période de cinq ans d’enquêtes, sauf pour les villes de plus de 100 000 habitants qui sont enquêtées tous les ans. Les données complètes devraient donc être disponibles en 2021, millésimées 2017.
Pour info, l’INSEE Pays de la Loire a fait un document dans lequel il compare les villes ligériennes aux autres villes de taille comparable :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2563552
C’est assez intéressant. En gros Nantes est pas si terrible que ça, par contre, Angers, dans sa catégorie de « grosse ville moyenne » s’en sort très bien.
au vu des densités très différentes observables s’arrêter à une comparaison municipale peut relever de l’analyse choux-navets-carottes…
des stats à l’échelle de l’IRIS et dans les périmètres EPCI aurait permis de dégager des « noyaux homogènes comparables »…
dommage…
avec l’INSEE c’est toujours pareil…
fâchés avec les objets géographiques la vieille dame…
Pensez à répondre à cette enquête de la FUB. J’imagine que les résultats seront transmis aux élus
Votre ville est-elle faite pour le vélo ?
https://fub.typeform.com/to/U6Afij
et moaaaa fâché avec l’ortografffe…
> A noter, le score moyen de Paris avec 4,2 % de pratique vélo pour se rendre au travail
Un élément important : Paris possède un des réseaux de transports en commun les plus denses au monde. Dans ce contexte, le vélo est moins nécessaire.
Vincent >
Corrigé
Une donnée esssentielle, dans ce palmarès,
c est que les 3 premières ville de vélotaf sont
1 – Strasbourg à l’E-N-E de la France
2- Grenoble à l’E-S-S de la France
… dans les alpes.. un endroit pas vraiment plat… et largement moins plat que la majorité des autres grandes villes françaises
3 – Bordeaux au W-S-W de la France
plusieurs 100aines de km entre Str. et Gr.
et toute la France à traverser, entre St et Bx => aucune unité géographique, aucun lien entre les champions français du vélo
et qu’on n a pas :
1 – Strasbourg
2 – Colmar
3 – Mulhouse
contrairement à ce que certains pourraient croire, en connaissant mal le sujet :
Ce n est pas la proximité de l Allemagne et de la culture germanique (qu’on va trouver en Hollande et Danemark), le folklore local ou le régionalisme qui comptent, dans l adpotion du vélo,
pas plus que la religion majoritaire.
Petit rappel : dans les années 50, le danemark, la hollande (où on fait bcp de vélos maintenant), l allemagne, l autriche (ou en un fait plus que france), la france le royaume uni (où on en fait uautant qu’en france), l’italie le portugal (où on fait moins de vélo qu’en france),
avaient tous des proportions de cyclistes plus élevés que maintenant :
c est les choix politiques d aménagements cyclistes, ou -pour la france, l italie et le portugal- de NON aménagement cyclistes,
qui ont permis, d années après années, d avoir PLUS de cyclistes dans les villes qui créent des infrastructures adaptées, et PLUS d automobilistes/moins de cyclistes, dans les villes qui pasent au tout voiture.
D ailleurs, de nombreuses villes allemandes, plus plates, ont moins de cyclistes que Grenoble.. et, des villes séparées de moins de 50km, ont souvent des %ages de cyclistes énormément différentes.
(au passage, Renne « n est que » 4eme : alors que la ville avait été pionnière dans les années 70 et 80, avec ses vélos jaunes en libre service, depuis elle a eu une politique plus pro-voitures.. qui fait que Starbourg, avec une politique plus volontariste dans les années 2000, l a dépassé (même si, maintenant, Stras stymatisent les cyclistes et leur colle des amendes : il ne faudrait quand même pas qu’ils deviennent « trop nombreux »…)
De J-Marc :
Sans doute l’enterrement de 1ère classe des transports en commun, avec le mini métro VAL, qui a englouti un Himalaya de ressources financières, qui aurait pu servir à reconquérir l’espace viaire, via un réseau dense de lignes de tram, bien maillé comme à Strasbourg précisément – mais aussi à Montpellier -, y est-il pour quelque chose, ce qui a permis aux pratiquants de la religion de Ste-Gnognole de faire toutes les processions possibles et imaginables, sans contrainte aucune, au détriment des modes actifs de déplacement, bien sûr…
Lesquelles processions, pour une autre divinité, se faisaient à pied en ville, au Moyen-Âge…
« 2- Grenoble à l’E-S-S de la France
… dans les alpes.. un endroit pas vraiment plat… et largement moins plat que la majorité des autres grandes villes françaises »
Détrompez-vous ! Grenoble est la ville la plus plate de France !!! Entre le point le plus bas (207m au bout de la presqu’île du Polygone au nord-ouest de la ville) et le point le plus haut (227m vers le sud de la ville), on n’a que 20 m de dénivellé !!! Ok, on a des montagnes aux alentours qui culminent à plus de 2000 mètres, mais l’ensemble des déplacements cyclistes utilitaires se font en fond de vallée là où ça ne grimpe pas. D’ailleurs, c’est désolant de ne voir que 15% de part modale avec de telles conditions 😀
Petite erreur de ma part :
Si, avec plus de 400 000 habitants, Mulhouse fait partie des plus de 100 000 habitants étudiées
(classée 23°, avec 3.1% de déplacements à vélo); Colmar n en a que 68 000, si bien qu’elle n entre pas dans cette étude (mais, par ouïe-dire, elle ne brillerait vraiment pas niveau vélos..)
Malgré tout, la faible place du vélo à Mulhouse par rapport à Grenoble ou Bordeaux, permet cependant d’illustrer mon propos précédent.