Vous l’entendez cette petite musique qui monte sur les aménagements cyclables qui coûtent un « pognon de dingue » ou qui prennent toute la place à l’automobile, provoquant la congestion et quasiment tous les problèmes que connaissent les automobilistes en ville? Car, les automobilistes ne se contentent pas de tuer les cyclistes et les piétons en ville, en plus ils se permettent de râler contre ces mêmes cyclistes et piétons et contre tous les aménagements qui leur sont favorables.
Pourtant, il faut rappeler un fait indiscutable qui ne percole pas dans le cerveau malade de l’automobiliste moyen: la voiture individuelle est la plus grande gabegie de l’histoire de la mobilité. Elle constitue un gaspillage général d’espace public et d’argent public, au détriment de solutions efficaces de mobilité, comme la marche, le vélo et les transports publics.
Un article récent du président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal (Québec), Karel Mayrand, rappelle un certain nombre de faits en la matière. Cet article, intitulé « Pistes cyclables: remettons les pendules à l’heure, » nous apprend ainsi qu’à Montréal les pistes cyclables n’occupent que 1% de la voie publique, contre 75% de la voie publique consacrée à l’automobile (le reste étant réparti entre le transport collectif et les infrastructures pour les piétons).
Ces mêmes pistes cyclables ne reçoivent également que 7% du financement routier à Montréal. Or, il y a 1,1 million de cyclistes à Montréal et… 983 000 automobilistes. Donc, les cyclistes qui sont plus nombreux que les automobilistes à Montréal occupent seulement 1% de la voie publique et reçoivent seulement 7% du financement routier à Montréal… Dit autrement, les automobilistes accaparent l’essentiel de l’espace public et de l’argent public, au détriment des piétons et des cyclistes, pour déplacer au bout du compte moins de monde que le vélo.
C’est logique, car selon la National Association of City Transportation Officials, une voie cyclable permet le déplacement de jusqu’à 7 500 personnes à l’heure, contre de 600 à 1 600 personnes pour une voie automobile. Les pistes cyclables accueillent plus de gens dans le même espace, et c’est une des solutions qui contribueront à réduire la congestion.
Le résultat est donc sans appel : l’automobile confisque l’espace public et l’argent public pour transporter en ville très peu de monde. C’est particulièrement vrai dans les grandes villes denses. Qu’en est-il pour Paris par exemple? C’est difficile de trouver des chiffres identiques, mais on peut les approcher malgré tout.
Déjà, en premier lieu, nous avons appris en 2024 que le vélo surpasse la voiture à Paris et en petite couronne (et de loin). Selon une étude de l’Institut Paris Région publiée jeudi 4 avril 2024, 11,2 % des déplacements se font à vélo dans la capitale, contre 4,3 % en voiture. Oui, vous avez bien lu, il y a désormais près de trois fois plus de déplacements à vélo à Paris par rapport à la voiture. On nous aurait dit ça il y a 20 ans quand nous avons ouvert le site Carfree.fr, on aurait ouvert le champagne.
A Paris, la marche et l’usage des transports en commun restent en haut du podium avec 53,5 % des déplacements pour la première et 30 % pour le second. Il n’en demeure pas moins que le vélo écrase désormais la voiture, symboliquement du moins car dans les rues c’est autre chose…
Pensez-vous que le vélo reçoit dès lors trois fois plus d’argent public que la voiture à Paris? Evidemment, c’est peu probable. Si on regarde la budget de la capitale en 2023, on constate que sur les 862,5 millions consacrés aux transports, pas plus de 40 millions d’euros sont consacrés aux « mobilités douces » regroupant en toute logique l’argent affecté au vélo et aux piétons… Pas loin de 600 millions relèvent des transports publics et le reste, plus de 200 millions, sont donc probablement consacrés à l’automobile.
Concernant la place occupée par le vélo, difficile d’avoir des chiffres précis, mais on doit tourner autour du 1% comme à Montréal, ce fameux 1% de pistes cyclables que les automobilistes trouvent scandaleux et qu’ils utilisent fréquemment pour stationner, voire pour circuler en roulant sur les pieds des cyclistes comme dans le cas de Paul Varry massacré par un conducteur de SUV le 15 octobre 2024.
En 2016, on avait réalisé un article sur l’arrogance du stationnement automobile à Paris qui montrait que le seul stationnement automobile à Paris représentait environ 8 km², soit la quasi-totalité du centre de Paris couverte de voitures.
Aujourd’hui, avec trois fois plus de déplacements réalisés à vélo plutôt qu’en voiture, Paris devrait devenir une réelle ville cyclable, ce qui veut dire que l’ensemble de la ville devrait être réservée au vélo, avec seulement quelques pistes bagnolables de ci de là, mais pas plus.
Des pistes bagnolables où on pourrait stationner nos vélos par exemple…
Et la marche ? Vous ne remertez pas en cause les velos alors que c’est aussi un problème. Beaucoup de pneus jeté et les voiture pas de chambre a air A la poubelle quand c’est le moment du remplacement . un très petit pourcentage des velos avec pneu increvable. Vous allez me dire les chaussures aussi il y a des particules sur le sol , mais beaucoup moins que les pneus de vélos . C’est la vitesse et la qualité des matières qui augmente ou réduit le nombre de particules en plus dans l’air et le sol .
Pour bien montrer l’absurdité de l’argument que ce sont les pistes cyclables qui créent des engorgements de voitures, on pourrait imaginer une grève de cyclistes.
Un jour donné, la majorité des cyclistes, qui ont une automobile, laisse leur fidèle monture au garage à vélo et utilise leur voiture pour les déplacements.
Les embouteillages seront poussés à leur paroxysme et pour bien en signifier la raison une pancarte indiquant » d’habitude je suis cycliste » posé sur la voiture montrerait au contraire à ces automobilistes « bas du volant » l’interêt qu’il y a a développer les aménagements cyclables.