La « mobilité intelligente » à Nuremberg (Allemagne)

L’agenda 21 de la ville de Nuremberg, en Allemagne, fonctionne depuis une dizaine d’années, sans que la démarche ne se soit essoufflée. Une des raisons principales en est l’engagement constant de la Ville qui encourage les habitants à exprimer leurs propres idées et accompagne leurs initiatives autant que possible.

Malgré des moyens financiers limités, l’Office de l’agenda 21 local n’a jamais faibli pour soutenir les bénévoles, pour faire connaître leurs projets et lier des contacts avec les sponsors potentiels. En 2006, plus de 450 personnes provenant de groupes sociaux divers – des associations, de l’économie, de la politique et de l’administration – ont travaillé de façon bénévole à plus de 40 projets.

La stratégie de communication de l’Office est particulièrement originale et efficace dans le domaine des transports. Le projet « intelligent mobil » (mobilité intelligente) réussit à inciter un nombre croissant de citoyens à préférer le vélo à la voiture individuelle.

Le contexte

La ville de Nuremberg et son agglomération comptent environ 1.300.000 habitants.

Le problème des déplacements, des transports et de la pollution constitue un défi permanent. La Société des transports de Nuremberg (VAG Nürnberg) gère des trains de banlieue, des bus et des trams mais la part des déplacements en voiture individuelle demeure trop importante.

L’agenda 21

La décision d’engager un agenda 21 local a été prise par la ville en 1995 après la signature de la Charte d’Aalborg.

La réalisation d’un premier rapport-diagnostic en 1997, a été suivie de l’installation d’un bureau de l’agenda 21 et de la tenue de plusieurs réunions d’information destinées aux acteurs locaux et aux habitants, puis de la mise en place de six tables rondes :

– Energie et climat,
– Environnement et économie,
– Education et communication,
– Aménagement urbain écologique,
– Durabilité sociale,
– Les enfants et les jeunes.

Ce sont ces tables rondes qui ont élaboré la plupart des propositions d’actions et il s’est avéré que dans ces groupes, les questions relatives aux transports occupaient une place importante, en lien avec l’élaboration du Plan d’occupation des sols (Flächennutzungsplan, FNP) qui a lui même arrêté un ensemble d’orientations autour de l’idée « d’une ville des courtes distance », de la préservation d’espaces et de corridors verts, de l’aménagement de pistes cyclables, etc.

Lire aussi :  Préjugés et autres considérations sur les cyclistes

Les mesures « dures » ne sont pas suffisantes

À côté de mesures classiques arrêtées par la Ville :

* offre améliorée de transports en commun,
* restrictions des parkings,
* généralisation des « zones 30km/h »,
* créations d’infrastructures pour les déplacements « doux »,

Il est apparu que d’autres actions étaient nécessaires en vue de faire évoluer habitudes et comportements. C’est l’objectif de « Nürnberg intelligent mobil » : une politique de communication inventive et originale lancée à partir d’avril 2002. Elle cherche à inciter les citoyens à changer leur comportement, en leur montrant que les alternatives à la voiture individuelle sont souvent plus rapides, plus commodes et surtout plus gaies. Il s’agit de le prouver concrètement, sans relâche et surtout de façon amusante.

Nürnberg intelligent mobil

Parmi les nombreuses actions lancées dans le cadre de ce projet, on peut citer :

* Mutants pour un an : convaincre un panel de volontaires à renoncer à l’usage de la voiture individuelle pour un an, au profit du vélo et des transports en commun ;
* Des députés exemplaires : des élus s’engagent à se déplacer à vélo ;
* Banquiers à vélo ;
* Hommes d’affaires à vélo ;
* Fonctionnaires de la Ville à vélo ;
* Exposition sur la mobilité ;
* Musique et mobilité : organisation de manifestations artistiques autour du thème des déplacements ;
* Cycliste du mois : interviews de cyclistes (avec remise d’un prix) par le quotidien de Nuremberg et sponsorisée par un fabriquant de bicyclettes, montrant que le vélo est, à tous les âges, une alternative à la voiture ;
* Marché aux puces de la mobilité « sans moteur » ;
* Semaine de la mobilité ;
* etc.

Toutes ces actions étant fortement médiatisées.

Ina RANSON, professeur de lettres et philologue de formation, journaliste, participe aux travaux de la Fondation Léopold Mayer pour le Progrès de l’homme et à ceux de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire. Franco-Allemande, elle a mené plusieurs enquêtes en Allemagne et dans les pays scandinaves sur le thème de l’approche territoriale du développement durable. Elle est l’auteure de nombreux articles ou dossiers sur ce thème.