La nature et les droits de l’Homme sacrifiés sur l’autel de l’autoroute Moscou – Saint-Pétersbourg

Avec ses quelque 1.000 hectares, la forêt de Khimki constitue une des composantes majeure de la « ceinture verte » entourant Moscou. Sa faune et sa flore abritent de nombreuses espèces d’insectes et de plantes considérées en danger. Ce massif forestier précieux à plus d’un titre est toutefois appelé à être traversé par une liaison autoroutière Moscou – Saint-Pétersbourg voulue par les autorités russes. Le chantier et ses huit milliards d’euros représentent bien évidemment un enjeu financier considérable pour de nombreux intervenants – dont la société française Vinci – prêts à y sacrifier les droits de l’Homme et l’environnement.

Les travaux d’abattage des arbres ont commencé en juillet 2010. Des personnes se mobilisant contre ce projet destructeur s’y sont opposées. Les activistes étaient issus de divers mouvements : groupe local, groupe écologique de défense de Moscou et de sa région, Greenpeace Russie, associations de défense des droits civiques…

Dans un pays où les droits de l’Homme sont encore trop souvent mal ou peu respectés, les pires dérives étaient à craindre. Et effectivement, le mouvement de protestation s’est vu fortement réprimé (et ce dès ses débuts en 2007), y compris, selon les opposants, avec « la dispersion par la force de manifestations pacifiques, les détentions illégales, les arrestations d’activistes, les passages à tabac, la torture et l’utilisation d’hommes de main masqués arborant des insignes nazis » [1]. De plus, des agressions personnelles contre des journalistes ayant couvert le sujet et des activistes impliqués dans la résistance sont probablement en lien avec le dossier. Un journaliste et un activiste en garderont ainsi des séquelles à vie (impossibilité de parler ou de se déplacer).

Refusant de baisser les bras, le mouvement d’opposition a déposé une plainte à la Cour européenne des droits de l’Homme, à Strasbourg.

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Coup de théâtre : le 26 août 2010, le président russe Dmitry Medvedev décidait que les travaux de déforestation devaient être suspendus. Cette déclaration survenait après que Bono, le chanteur du groupe U2, ait officiellement soutenu le rocker russe Yuri Shevchuk qui l’avait sollicité après que les autorités moscovites lui aient interdit de faire usage de son équipement de sonorisation pendant un concert de soutien organisé au centre de Moscou.

Las ! Une fois calmée la tempête, le projet fut ressorti du chapeau : les travaux devraient recommencer en avril 2011, faisant fi de la volonté de la population et des analyses objectives. Une expertise indépendante a en effet comparé le tracé retenu avec onze tracés alternatifs : certains ne créent aucun dommage majeur à l’environnement naturel ni au patrimoine bâti alors que le projet soutenu par les autorités russe estlui le plus incident de tous [2].

Une pétition internationale demande à Vinci, seule société occidentale impliquée, de se retirer de ce projet dommageable à l’environnement et mené au mépris des droits de l’Homme.

Nous vous invitons à signer sans tarder cette pétition et à la relayer aussi largement que possible.

Source: http://www.iewonline.be/
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[1] Courrier de la coalition d’ONG « pour les forêts de la région de Moscou » à la société Vinci, 24 mars 2011

[2] Voir le résumé (en anglais) de l’étude