Drame de Joué-lès-Tours : rappel de l’importance d’une paix piétonnière, d’une société débarrassée du tout-voiture oppressant et tueur

Brève, et pas des plus drôles… Lundi 30 mai, une camionnette conduite par un gendarme dans le cadre du travail (il était accompagné de collègues) a renversé des enfants à Joué-lès-Tours (37), alors qu’ils étaient en train de se diriger, à pied, vers le terrain de rugby pour aller en cours de gym. Une fillette a été tuée; un garçon était encore dans un état critique, mardi 31 mai au matin; beaucoup ont été renversés; tous ont très sûrement été mentalement choqués par le drame.

L’on veut bien sûr respecter les familles des victimes.

Je ne détaillerai pas plus les faits. Ils sont relatés aux articles suivants.

Claude Guéant présente les excuses de la gendarmerie, à l’heure où l’enquête avance :
http://www.lepost.fr/article/2011/05/31/2510720_drame-de-joue-les-tours-claude-gueant-presente-les-excuses-de-la-gendarmerie.html

Configuration de la route à l’endroit du drame, et Nicolas Sarkozy qui annonce le souhait de tirer au clair au plus vite la vérité sur ce qui s’est passé:
http://www.leparisien.fr/faits-divers/drame-de-joue-les-tours-une-fillette-tuee-un-ecolier-dans-un-etat-critique-30-05-2011-1473530.php

Le gendarme conducteur du véhicule banalisé est mis en examen pour homicide involontaire (et a priori, il n’y a pas de tache d’huile comme pensé initialement) :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/05/31/drame-de-joue-les-tours-le-gendarme-toujours-en-garde-a-vue_1529798_3224.html

Alors, bien sûr, à l’heure où le gouvernement parlait de sécurité routière, ça manque d’huile dans le rouage des événements, qui sont (pour ceux que l’on apprend) tristes. Des marches silencieuses ont eu lieu.

Cet accident, médiatisé, ne doit pas cacher le reste des accidents (environ 11 morts par jour, en France) [1]. Ici, ce qui paraît une plus grande injustice encore, et nous le soulignons souvent ici, c’est que le piéton est toujours tout riquiqui devant un véhicule motorisé (et encore plus quand c’est un enfant, n’arrivant parfois pas à la hauteur du capot). Nous rajouterons que l’enfant piéton est immaculé, encore innocent dans ce monde de bagnoles. Lui n’a pas fait le choix de la voiture. Il n’a pas choisi la funeste arme. Les adultes se disent responsables. Où est la responsabilité dans ce monde ? En effet, ôter la vie ne se répare pas. Même avec un jugement. Peu importe le jugement, si ça se trouve, dirons-nous… Surtout importe la société que ces enfants verront évoluer en bien si tout va pour le mieux, ou en mal si tout continue comme avant…

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Les enfants de cette classe ont un suivi psychologique en ce moment. Une psychologue vient les écouter. Que leur répondre, à ces enfants ? Que les adultes sont des irresponsables (nous ne visons ici en aucun cas singulièrement le gendarme mis en examen) ? Que les vieux ou les semi-vieux (bref, ceux qui ne sont plus innocents dans ce monde de bagnoles) continueront à prendre les jeunes (encore immaculés) pour des doux rêveurs? Les adultes, eux, ne sont pas immaculés, ils sont maculés. Ils ont les mains pleines de sang (les adultes dans leur globalité, pas uniquement un fautif pris sur le fait).

Paix à tous les enfants de la classe. Et quand nous disons paix, on peut l’imaginer psychologique, psychique, mais aussi peut-on espérer pour eux, un jour, une  paix piétonnière.

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Notes

[1] http://www.securite-routiere.equipement.gouv.fr/article.php3?id_article=3829

2 commentaires sur “Drame de Joué-lès-Tours : rappel de l’importance d’une paix piétonnière, d’une société débarrassée du tout-voiture oppressant et tueur

  1. CarFree

    Ce qui me choque le plus dans ce genre de drames, c’est la faiblesse des peines envisagées. Comme tu le dis, ce cas est juste très médiatique en raison des circonstances (gendarme et enfants), mais le nombre de morts est effectivement d’une quinzaine tous les jours de l’année… J’ai écouté la conférence de presse du procureur, selon lui, après la garde à vue du gendarme, il sera très probablement libéré sous contrôle judiciaire et risque une peine maximale, pour homicide involontaire, de 5 ans de prison ferme. Cela veut dire qu’il peut très bien avoir 3 ans ferme ou même 2 ans avec sursis… quand bien même une fillette de 8 ans est morte, sans compter les blessés graves, légers et les traumatisés… Dans le même temps, un petit braqueur de banque qui ne tue ni ne blesse personne n’est pas remis en liberté « sous contrôle judiciaire » et risque quant à lui 10 ou 15 ans ferme… Dans cette société, il vaut mieux tuer une fillette en lui roulant dessus plutôt que braquer une banque pour 15 ou 30.000 euros…

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