La voiture électrique n’est pas la solution écologique que les constructeurs et les médias voudraient nous vendre. En fait, l’objectif réel de la voiture électrique semble être de continuer à vendre toujours plus de voitures à des consommateurs occidentaux qui se désintéressent de plus en plus de la voiture. Mais passer de la voiture thermique à la voiture électrique revient en fait à changer de marque de cigarettes, la pollution n’est pas exactement la même mais le résultat final est le même.
Comme chacun le sait, les ventes de voitures en France et en Europe n’en finissent pas de plonger, ce qui n’est pourtant pas le cas à l’échelle mondiale. Sur le premier semestre 2013, les ventes de voitures ont progressé de 2,8% à l’échelle mondiale, ce qui représente le chiffre faramineux de 42.64 millions de voitures neuves vendues sur la planète, soit en rythme annuel plus de 80 millions de voitures neuves qui viennent s’ajouter à un parc automobile mondial composé de plus d’un milliard de voitures en circulation.
Il semblerait bien que les pays européens aient atteint leur taux de saturation: trop de voitures partout, et plus assez de place pour les faire rouler. Les villes anciennes européennes ne permettent pas d’accueillir indéfiniment des quantités toujours plus grandes de nouvelles voitures. La vieille Europe a bien essayé de copier le contre-modèle américain de l’étalement urbain et de la pavillonarisation, les rues de nos villes restent peu ou prou aussi larges qu’à l’époque pré-automobile. A moins de détruire des secteurs entiers des villes pour doubler la largeur des rues, la voiture européenne est condamnée à rouler au ralenti dans les rues embouteillées.
En outre, avec la crise, quel sens cela a-t-il de continuer à acheter des voitures neuves qui coûtent une fortune quand les alternatives à l’automobile individuelle se multiplient (transports en commun, vélo, autopartage, etc.) sans les contraintes inhérentes à la possession et l’entretien d’une voiture?
Ajoutez à cela la pollution, le réchauffement climatique et la fin du pétrole, et n’importe qui de sensé devrait réaliser que l’automobile individuelle est un mode de déplacement inapte à assurer durablement le transport de dizaines de millions de personnes tous les jours.
Sauf que dans le monde capitaliste, il n’y a pas d’alternative crédible au « make money or die » (faites de l’argent ou mourrez). Du point de vue de l’industrie, ce n’est pas exactement la même chose de vendre aux clients des voitures à 25.000 euros ou des vélos à 250 euros…
Alors, il fallait inventer d’urgence un nouveau concept pour reconquérir le gogo client, à savoir la voiture électrique. Pour l’industrie automobile, le traditionnel client de l’automobile a subi probablement un « lavage de cerveau » de la part du lobby écologiste mondial, aussi il faut lui fournir désormais un produit adapté à sa nouvelle lubie, à savoir une voiture « zéro pollution », « zéro émissions », voire même une voiture qui nettoie l’air pollué des villes!
Comme il n’y a pas 36 façons de produire une voiture et que tout a déjà été à peu près inventé, on nous a ressorti la voiture électrique inventée il y a plus de 100 ans. Les services marketing de l’industrie automobile ont sans doute pensé que puisque la pollution générée par la voiture électrique ne sortait plus du pot d’échappement mais d’une quelconque centrale située ailleurs, le client serait persuadé de « faire un geste pour la planète » tout en pouvant continuer à utiliser une voiture qui pèse toujours plus d’une tonne pour transporter son précieux corps de 70 kg.
Le problème, c’est que le client de l’automobile s’en fout assez royalement de la planète! Ce qui est assez normal car quelqu’un qui a roulé des dizaines d’années en diesel qui pue et qui tue a quand même montré assez clairement que la planète n’était pas sa première préoccupation…
En effet, les ventes de voitures électriques ne décollent toujours pas. On l’a dit ici-même en janvier dernier, le journal Le Monde le confirme encore aujourd’hui, « c’est plat comme un encéphalogramme de coma dépassé ». Voire même, les ventes de voitures électriques qui n’étaient pourtant pas bien hautes auraient presque tendance à baisser! Et pourtant, l’Etat qui comme chacun le sait est plein aux as, accorde de généreuses subventions à l’achat de voitures électriques.
Comment expliquer une telle bérézina? Toutes les explications sont envisageables. Même largement subventionnée, la voiture électrique reste encore très chère. Au passage, plus personne ne parle désormais de la voiture électrique qui allait coûter quelque chose comme 0,02 centime par km… Le client de la bagnole est sans doute un pigeon mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus. Tout le monde a compris que la simple « coque » d’une voiture électrique coûtait quasiment aussi chère qu’une voiture thermique normale et que la batterie était une sorte de mini-centrale coûtant une fortune, avec une durée de vie des plus faibles pour vous fournir au bout du compte une autonome de 250 km maximum.
Donc, même avec les meilleures intentions du monde, l’automobiliste qui ne souhaite probablement pas sauver la planète mais au moins avoir l’impression de faire un petit geste pour l’environnement, reste avant tout un consommateur lambda dont le pouvoir d’achat a l’autonomie d’une voiture électrique, c’est-à-dire peu de chose.
Mais surtout, une autre explication commence peut-être à se faire jour. Nous le disons maintenant depuis longtemps, mais la voiture électrique n’a rien d’écologique. Malgré le discours des constructeurs, de tout le marketing et de la pub, le consommateur est peut-être en train de comprendre qu’une fois de plus on essaye de l’enfumer.
La chaîne de télévision Arte a publié récemment un article de Ozzie Zehner, de l’Université de Californie à Berkeley, auteur d’un récent ouvrage qui va faire date: « Green Illusions » (« Illusions vertes »), un manifeste dénonçant « les secrets sales des énergies propres ».
Et dans cet article Ozzie Zehner utilise une métaphore particulièrement forte pour parler de la voiture électrique:
En y regardant de plus près, abandonner la voiture à essence au profit de la voiture électrique s’apparente plutôt au fait de changer de marque de cigarette ».
Cette phrase toute simple résume assez bien toute la question de la voiture électrique. Si on fait le bilan global, une voiture électrique est tout aussi polluante qu’une voiture thermique, même peut-être plus. Ce qui est en cause, ce sont les modes de production de ces voitures, particulièrement énergivores, ainsi que les sources d’énergie utilisées pour leur alimentation, tel que le photovoltaïque.
Dans les pays occidentaux nucléarisés, la voiture électrique est censée rouler pour une bonne part à l’énergie nucléaire. Si vous êtes pro-nucléaire, pas de problème, jusqu’au jour où la centrale située à 300 km de chez vous explosera et que vous devrez déménager pour ne pas être contaminé. A l’échelle mondiale, la voiture électrique est censée rouler au charbon, dont le bilan écologique reste, comment dire, à démontrer.
C’est pourquoi, les partisans de la voiture électrique se sont trouvé une nouvelle passion, les énergies renouvelables. Si on les écoute, on va remplacer le milliard de voitures en circulation sur Terre par des voitures électriques qui rouleront avec l’énergie solaire ou éolienne ou marémotrice ou je ne sais quoi. Sur le papier, c’est magnifique, enfin une solution propre! Sauf que la réalité est bien évidemment tout autre.
En fait, sans compter les voitures électriques, on a déjà du mal à dépasser à l’échelle mondiale les 10% d’énergie renouvelable. L’écrasante majorité de l’énergie produite et consommée à l’échelle mondiale relève du charbon, du gaz, du pétrole et du nucléaire. La-dessus il faudrait ajouter un milliard de voitures électriques?
Alors on nous dit qu’on va couvrir la Terre d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. Sauf que ça coince aussi. Les cellules photovoltaïques contiennent des métaux lourds et leur production libère des gaz à effet de serre tels que l’hexafluorure de soufre qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a un potentiel de réchauffement climatique 23 000 fois plus élevé que le CO2. De plus, des carburants fossiles sont utilisés pour extraire les matières premières requises pour la production de cellules solaires et d’éoliennes, de même que pour leur fabrication, assemblage et maintenance. Il en va de même pour les centrales électriques utilisées à titre de sécurisation. Par ailleurs, le démantèlement de ces installations exige lui aussi un recours massif aux carburants fossiles.
Selon Ozzie Zehner, une étude menée par des universités américaines conclut que, d’ici 2030, les véhicules hybrides et électriques tributaires du réseau électrique provoqueront davantage de dommages environnementaux que les véhicules traditionnels à essence, même si l’on tient compte du progrès technique.
Et en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le soi-disant argument fort de la voiture électrique, ce n’est pas mieux. Une évaluation réalisée par la Royal Society of Chemistry a montré que si l’on adoptait intégralement la voiture électrique en Grande-Bretagne, cela ne réduirait que de 2 % les émissions de CO2 dans tout le pays. L’année dernière, une étude lancée par le Congressional Budget Office des Etats-Unis a révélé que les véhicules électriques subventionnés « ne permettront pas ou quasiment pas de réduire la consommation totale d’essence et les émissions de gaz à effet de serre du parc automobile national dans les prochaines années »
Sauf que pour en arriver à ces piètres résultats, il faut produire des voitures électriques qui nécessitent des matériaux toujours plus polluants, toujours plus énergivores. Bref, c’est l’impasse.
Alors, il y a désormais une chose insupportable qui saute aux yeux. Que les constructeurs, les agences de marketing ou les médias alimentés par la pub vantent les mérites de la voiture électrique, on peut le concevoir, c’est la loi du capitalisme. Mais que des associations, des groupes ou des personnes qui prétendent se soucier d’environnement se fassent les avocats de la voiture électrique, cela devient proprement scandaleux.
Comme le dit Ozzie Zehner, c’est un peu comme si un médecin vous conseillait de changer de marque de cigarettes…
sur le meme sujet, l’observatoire du nucleaire a obtenu quelques résultats.
http://observ.nucleaire.free.fr/observ-contre-voitelec.htm
C’est pareil pour la Smart.
Lorsqu’elle est sortie il y a quelques années, j’avais été « brainwashed »‘ par leur pub, et j’étais persuadé que c’était une bagnole écolo.
Jusqu’à ce que je m’apercoive qu’elle avait un moteur…diésel! et quant au concept « small car », il n’est pas nouveau : nous les plus anciens nous nous souvenons de la Fiat 500, et même avant , du « pot de yaourt’ !
Merci Pim pour le lien, c’est une info très récente (26 août) et c’est effectivement une bombe! Les réponses (écrites) des constructeurs sont pitoyables…
Concernant le lien de PIM, les constructeurs surfent sur la vague écologique. Mais toutes les entreprises le font et mettent l’écologie à toutes les sauces. Ce mot en devient vidé de son sens.
Il faudrait plutôt parler d’impact environnemental et se baser sur certaines données (bilan carbone, consommation de matières premières,…) ceci serait plus factuel et on sortirait des discours marketing
Merci pour cet article intéressant qui résume vraiment bien les choses.
Le principal problème de la voiture électrique reste qu’elle demandera toujours beaucoup trop d’énergie pour déplacer son propre poids, la voiture est la plus grosse ineptie technique après le zeppelin (car oui, on a fait pire que la voiture), qu’elle soit à pétrole ou au charbon nucléaire.
Je ne suis pas contre le déplacement électrique car je pense que de petits deux roues électriques ayant une vitesse raisonnable (de l’ordre de 30 km/h) peuvent aider les déplacements de certaines personnes comme des personnes diminuées physiquement incapables de pédaler et peuvent aider aux longs déplacements extra-urbains « obligatoires » (la famille qui choisit de rester dans son trou paumé inaccessible aux voitures et à 60 km de toute gare)
Ces engins doivent évidemment consommer le moins possible dans une limite raisonnable au niveau du ratio nombre de personnes déplacées/énergie consommée : par exemple, tirer une remorque avec des enfants demandera évidemment plus d’énergie que se déplacer seul, alors qu’en voiture, c’est pareil.
Le déplacement facilité sur les moyennes et longues distances demande forcément une consommation d’énergie : les vélos nécessitent une certaine énergie pour leur production, les transports en commun roulent à l’énergie autre qu’humaine (gaz, pétrole, électricité), etc.
Je pense que le moyen de transport le moins gourmand en énergie pour effectuer des déplacements plus efficacement qu’à pieds doit être le roller, mais il demande une condition physique pour faire de longs trajets que tout le monde n’a pas.
Pour toutes ces raisons, je pense que, hors des villes et pour les personnes diminuées physiquement ou devant transporter de très lourdes charges, l’énergie électrique peut être le moyen le plus efficace sur le ratio énergie consommée/poids-nombre de personnes en déplacement-distance parcourue.
Mais la voiture électrique, elle, est tout sauf une solution, elle permet de rouler à la même vitesse qu’avant et donc de maintenir les 3000 décès/an de nos routes, nécessite toujours autant d’espace et d’infrastructure pour exister (les autoroutes ne sont pas prêtes de disparaître), permet aux personnes habituées à leur auto thermique de maintenir le même mode de vie (les grandes-surfaces de périphérie et les lotissements péri-urbains et toutes les aberrations écologiques et énergétiques que représentent ces modes de vie automobilo-centrés ont de beaux jours devant eux) et maintient donc les campagnes désertes et sans vie, et maintient la bulle que représente l’automobile en entretenant l’agressivité et l’incivisme des conducteurs sur la voie publique.
N’oublions pas que ces voitures électriques permettent toujours d’utiliser la climatisation et que celle-ci n’est pas moins catastrophique dans une voiture électrique que dans une voiture thermique.
Le silence des grands médias oligarchiques sur la victoire de l’observatoire du nucléaire (ie un homme quasi seul, stéphamme lhomme) sur plusieurs multinationales de l’automobilie est proprement scandaleux!
De toute façon tant que ça ne continuera pas à faire « vroum », « vroum » et « peta », « peta », ou encore à cracher noir comme un poulpe c’est promis à rester au stade actuel…
Un dossier de plusieurs pages sur le marché de la voiture électrique dans le magazine Green en cours.
Les primes aux acheteurs de voitures électriques profitent même aux acheteurs étrangers. Et c’est la france qui régale tout le monde.
http://www.charentelibre.fr/2013/09/19/la-france-verse-une-prime-aux-voitures-propres-qui-roulent-en-norvege,1856080.php
Notez l’emploi du terme « voiture propre » au lieu de voiture électrique dans l’article. C’est un détail mais à force de le répéter ça va finir par passer pour une vérité.
Citation de la fin de l’article : « Alors, il y a désormais une chose insupportable qui saute aux yeux. Que les constructeurs, les agences de marketing ou les médias alimentés par la pub vantent les mérites de la voiture électrique, on peut le concevoir, c’est la loi du capitalisme. Mais que des associations, des groupes ou des personnes qui prétendent se soucier d’environnement se fassent les avocats de la voiture électrique, cela devient proprement scandaleux. »
Les associations qui prétendent se soucier d’environnement sont composés de gens normaux. Lorsqu’ils sont matraqués tous les jours par les messages confortables et positifs de la publicité, ils ne peuvent indéfiniment s’en prémunir. Ceux qui pensent être imperméables à la publicité sont dans le déni le plus total. J’ai beau être militant anti-pub, je réalise chaque jour que je dois faire un travail énorme pour contrer les sirènes de la pub. La pub ne vend pas un produit ou une marque, elle vend un modèle de société, le « bonheur conforme » cher à François Brune. Les publicités pour les voitures électriques ne sont pas les seules à mettre en cause ; les publicités pour des yaourts aussi, lorsqu’elles dépeignent une jolie femme en tailleur vivant dans un pavillon de banlieue en train de manger un yaourt avec une moue de contentement orgasmique, le tout pendant qu’on voit le gros break familial par la fenêtre (sans parler de l’inévitable mari en costume cravate, des deux enfants et du chien qui terminent ce tableau idyllique).
700 messages en faveur du « bonheur conforme » reçus en moyenne chaque jour par les français, c’est un rouleau compresseur qui porte sérieusement atteinte aux combats de carfree et des associations anti-voiture. Tant que les associations anti-pub ne seront pas massivement soutenues, la pub continuera de nuire à l’ensemble des combats menés contre le modèle de société qu’elle vend.
Le seul avantage des transports électrique serait la santé de nos petits poumons qui ne seraient pas directement en contact avec les pots d’échappement et donc réduire l’impact sur la santé…à moins d’habiter près des usines qui produisent ces dites voitures.