Les voitures électroniques qui vont sauver votre planète

La voiture électrique chinoise sera-t-elle le coup de grâce porté à l’automobile, ou du moins à l’industrie automobile européenne? Il semble qu’une vague gigantesque de voitures électriques chinoises s’apprête à déferler sur le continent européen et le tsunami risque de faire des dégâts.

La presse dans son ensemble fait état de dizaines de milliers de voitures électriques chinoises s’entassant dans les ports européens (photo). Certaines y passent des mois, voire des années (!), en attendant une hypothétique vente. Les navires arrivent de Chine les uns après les autres remplis de voitures électriques, certains pouvant même en transporter 7.000 d’un coup.

La Chine traverse une crise de surproduction sans précédent et cherche donc à écouler à l’export ses voitures électriques. Ce pays qui tentait péniblement de copier les voitures thermiques européennes dans les années 1990 a construit en moins de 10 ans une filière complète dans le domaine de la voiture électrique. Le constructeur américain Tesla a d’ores et déjà été détrôné et les constructeurs « traditionnels » sont dans les choux.

Une voiture électrique chinoise coute en moyenne 20 à 25% moins cher qu’un équivalent occidental avec des performances probablement équivalentes, voire même meilleures! Car, le virage de l’électrique est aussi un virage de l’électronique avec des voitures qui sont désormais plus des gadgets logiciels que des voitures classiques avec juste un châssis et un moteur. Les constructeurs européens engoncés dans leurs vieux modèles risquent de se faire doubler à grande vitesse par les voitures électriques chinoises.

Pour l’instant, ces voitures semblent avoir du mal à s’écouler, entre prix des voitures électriques encore trop élevés pour un consommateur européen moyen appauvri depuis le Covid et la guerre en Ukraine et baisses voire suppressions des aides gouvernementales pour les voitures électriques chinoises, mais le répit sera de courte durée.

De la même manière que la Chine a envahi le monde de produits en plastique depuis une vingtaine d’années, l’invasion électrique risque d’être sans précédent avec la future et prévisible baisse des coûts de production. Est-ce le prix à payer pour assurer la « transition » de l’automobile vers le tout-électrique? Probablement, même si la déferlante électrique ne sera surtout qu’une étape supplémentaire vers le pillage total des ressources et la pollution généralisée de la planète.

Remplacer un parc automobile thermique de centaines de millions de voitures par son équivalent en voitures électriques suppose en effet une révolution industrielle et une catastrophe environnementale. Une révolution industrielle car la technologie électrique n’a rien à voir avec la technologie thermique, elle suppose tout un écosystème entièrement nouveau (production massive d’énergie électrique, bornes de recharge, filières de batteries, etc.). Une catastrophe environnementale car la production d’une seule voiture nécessite au moins 30 tonnes de matériaux divers et variées, dont de nombreux matériaux rares, polluants et peu recyclables. Il va falloir en ouvrir des mines de lithium!

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La transition électrique et électronique de l’automobile va donc constituer, sous couvert de sauver le climat, une catastrophe environnementale sans précédent qui mène droit vers l’effondrement. D’un autre côté, qui ira vérifier les conditions sociales et environnementales de la construction des voitures électriques en Chine? Pour que l’automobiliste puisse continuer à rouler en toute bonne conscience, il fallait au moins un projet techno-industriel comme la voiture électrique, même si passer à la voiture électrique, c’est comme changer de marque de cigarettes.

Comme le disait Homer dans un épisode des Simpson, « les constructeurs de voitures électroniques sont là pour sauver votre planète. » Pour ce qui concerne leur planète à eux, la planète-profit, ne vous inquiétez pas, elle se porte bien.

Le problème, c’est que l’arrivée massive de voitures électriques chinoises à bas coût risque de détruire ce qui reste d’industrie européenne. Or, l’argument de l’emploi était à peu près le seul encore rationnel pour défendre l’usage de l’automobile dans les pays européens. Si les voitures ne sont même plus produites en Europe, mais en Chine, quel sens cela a-t-il de passer d’une dépendance au pétrole du Moyen-Orient à une dépendance à la filière électrique chinoise?

Quand on sait en outre qu’on passe certains hivers à la limite de la rupture en termes de consommation électrique, il va falloir en construire par dizaines des EPR dont on ne sait même plus combien ils ont coûté vu le temps qu’il faut pour les construire. Pas sûr que tout ceci aille dans le sens de la « sobriété » dont on nous vante les mérites…