La société de la voiture

Contrairement à ce que certains ont pu penser ou pensent peut-être encore, ce blog n’a pas vocation à être « anti-voiture » mais cherche simplement à démontrer qu’avoir une voiture et la considérer comme indispensable est un choix de vie et rarement une obligation subie.

J’ai choisi de ne pas avoir de voiture et d’adopter la vie qui va avec pour plusieurs raisons : financières, écologiques, éthiques vis-à-vis du danger potentiel et enfin, pour m’éloigner de ce que j’appellerais « la société de la voiture ».

Aujourd’hui, la voiture n’est plus seulement un moyen de transport avec ses avantages d’un côté et ses inconvénients de l’autre, elle est devenue un véritable mode de vie.

Dès l’adolescence, la voiture sert d’outil d’éducation aux parents en servant de condition à une vie plus agréable pour les enfants qui ont une bonne conduite : ces enfants refoulent leur rébellion pour pouvoir continuer à profiter du moyen de transport « indispensable » que leur assure la voiture des parents.

Les parents le savent et plutôt que de leur apprendre l’autonomie et les règles de sécurité, il se félicitent d’avoir ce moyen de pression sur l’éducation de leurs enfants.

Le but ici n’est pas d’apprendre aux différents parents comment éduquer leurs enfants ou d’indiquer que les moyens de pression sont une chose à éviter, chacun se fera son idée et chacun éduque ses enfants à sa manière, mais le moyen de pression « voiture » conditionne déjà l’enfant au côté indispensable de celle-ci à cet âge qui ne permet même pas encore de conduire soi-même.

Ainsi, les autres moyens de transports sont clairement indiqués comme dangereux, peu fiables, pas adaptés et tout est fait pour faire de cet enfant un futur automobiliste qui n’imaginera pas un seul instant qu’il est possible de vivre sans la sacro-sainte automobile.

La voiture n’est pas qu’un simple moyen de transport permettant d’aller d’un point A à un point B, elle est un monde fermé sur soi, sa famille, ses amis, et ses connaissances proches, elle n’est ouverte qu’à ceux qui sont autorisés à y entrer, elle représente un lieu d’habitation privé au même titre que la maison ou l’appartement, une fois que la porte est fermée, le monde extérieur n’existe plus ou ne représente que gêne ou obstacle.

Chacun est ainsi coupé de toutes les autres personnes qui se déplacent sur le même axe que lui en étant déconnecté du monde par le chauffage ou la climatisation, par les vitres et par l’autoradio, seule une vue déformée par le pare-brise le rattachant à ce qui se passe autour de lui pour assurer au mieux la sécurité du déplacement et pour suivre la bonne direction.

Les seuls moyens de communication entre les automobiliste sont les appels de phares ou l’avertisseur sonore, utilisé bien souvent à outrance de façon illégale pour sermonner et non pour avertir, pour passer la colère accumulée par les incivilités quasi systématiques des autres usagers de la route et par les obstacles qui empêchent leur progression à la vitesse qu’ils considèrent comme idéale ou nécessaire.

Ainsi, on préférera avoir plus de temps le matin et partir le plus tard possible pour se retrouver à pester dans les embouteillage ou à s’énerver dès qu’un vélo roulant moins vite empêche de dépasser. La moindre incivilité (exemple: refus de priorité) ou le moindre obstacle subi (exemple: un camion à ordures qui bloque la circulation) devient prétexte à déverser une haine considérable contre la personne impliquée dans la situation.

Remis à l’échelle piétonne, ça reviendrait à trouver intolérable qu’une personne avance moins vite devant nous ou qu’une personne passe devant nous sans avoir regardé.

Nous avons tous vécu ce moment à pieds dans lequel on se retrouve face à une personne arrivant en face qui pensait partir sur la gauche pour nous éviter pendant que nous partions nous-mêmes sur la droite, puis de l’autre côté, et ainsi de suite sur trois ou quatre pas avant d’en rire et de continuer son chemin une fois la situation débloquée. Cette situation en voiture lors d’un croisement difficile sur le chemin du travail se résout bien souvent à coups de klaxon et de hurlements à la vitre baissée pour l’occasion.

Et n’imaginons pas le moindre accroc. On ne touche pas à la voiture. Elle est devenue une part entière de la personne qui la possède qui finit par se confondre avec elle. On ne s’imagine plus se déplacer autrement et chaque indication de chemin revient à imaginer par où la voiture pourra aller pour aller au plus court et au plus vite. Quand on revient à sa voiture, on ne se demande pas où on a garé celle-ci mais où on est garé soi-même.

Lire aussi :  Addiction à l’usage de l’automobile en France et mesures d’élasticités

L’internaute Ludovic Brenta l’a remarqué intelligemment sur le site Carfree.fr: les gens ne parlent plus de leur voiture lorsqu’ils parlent de l’engin qui leur sert à se déplacer, mais d’eux-mêmes, comme si elle faisait partie intégrante de leur corps à la façon de leurs jambes et de leurs pieds qui leur servent également à se déplacer.

Ainsi, j’ai souvent entendu une collègue demander à un autre « tu es garé où ? » avant de se retourner vers moi pour me demander « et toi, ton vélo, il est où? ». Faute d’appendice corporel motorisé pour me déplacer, le vélo devient pour elle un outil de déplacement de secours là où la voiture est naturelle pour le reste des personnes.

Il n’est même plus imaginable pour certains que l’on puisse se passer de voiture pour certaines occasions : ainsi, un ami m’avait indiqué que j’allais devoir attendre le premier train du matin pour repartir d’un mariage auquel nous étions invités car je n’avais pas de voiture. Je lui ai indiqué que de toutes façons, même avec une voiture, je n’aurais pas aimé conduire de nuit car on ne voit rien, qu’on est fatigué et que je trouvais ça dangereux. La réponse fut catégorique : « on ne peut pas toujours choisir, comment feras-tu le jour où tu seras obligé de conduire la nuit ? ». Alors que j’explique chaque jour que l’on n’est pas obligé de conduire du tout, on en vient à s’étonner qu’il puisse être possible de se passer de voiture à un instant donné.

On m’a également raconté qu’une personne s’était retrouvée à partir en tête-à-queue dans un rond-point suite à un aquaplanning sous une forte pluie, heureusement sans conséquence. J’ai alors expliqué que je ne me permettrais pas de conduire un engin représentant un danger pour autrui duquel je peux perdre le contrôle à tout moment. On m’a alors rétorqué qu’on était bien obligé de conduire même quand la route était détrempée : chacun devient un danger mortel pour les autres usagers de la route mais il faut bien se déplacer, tant pis pour les potentielles victimes.

La société de la voiture qui a rendu dépendant des millions de gens à leur automobile s’auto-alimente constamment. En permettant d’aller loin rapidement sans effort, elle a engendré un étalement urbain considérable, une prolifération des grandes surfaces en périphérie urbaine et une notion de la vitesse et du service rapide dus à tout un chacun, provoquant à leur tour une nécessité de la voiture.

Tout doit être disponible tout de suite et à n’importe quel moment en prenant le moins de temps possible. Cette façon de penser devient une façon de vivre que l’on ressent bien après que la portière soit fermée et que la fermeture centralisée soit actionnée. Impatience aux caisses des grandes surfaces, intolérance face à l’erreur des employés des diverses administrations et des divers services, accumulation à outrance de denrées périssables gaspillées par la suite pour faire les courses le moins souvent possible.

L’automobile a même des effets thérapeutiques sur l’estime que l’on a de soi. Ainsi, de petites personnes frêles jugées comme fragiles vont se rassurer et prendre confiance en elles jusqu’à l’exagération au volant de leur SUV qui les rend enfin plus puissantes que la moyenne des gens.

Elle permet de hiérarchiser les individus et de les cataloguer : la personne puissante et riche et sa grosse berline, la personne adulte et responsable et sa familiale, la personne rebelle et libre et sa moto, et la personne en difficulté, dépendante et à plaindre et son vélo. Ainsi, les nombreux « tu es venu à vélo sous cette pluie/par ce froid ? Tu es courageux ! » ne sont en aucun cas une réelle impression de courage mais une façon détournée de dire « oh le pauvre, ça a du être très difficile, avec une voiture il n’aurait pas eu à subir tous ces désagréments, je n’aimerais pas être à sa place ».

La société de la voiture a créé un monde où la vitesse et le chacun pour soi règnent en maîtres et dans lequel le moindre effort de patience ou physique est considéré comme anormal tout en hiérarchisant les gens par rapport à leur mécanique et aux signes extérieurs de richesse.

Une société de laquelle je préfère rester à l’extérieur, en observateur dubitatif.

Source: http://pasdevoiture.wordpress.com/

22 commentaires sur “La société de la voiture

  1. Zeed

    Tout à fait d’accord,et en voyant la photo de l’article,j’ose espérer que certains y réfléchissent à deux fois avant de faire l’acquisition de l’une de ces machines infernales…

    1)  » la voiture n’est plus seulement un moyen de transport avec ses
    avantages d’un côté et ses inconvénients de l’autre, elle est devenue un
    véritable mode de vie ».Elle est devenue avant tout UN FLÉAU.

    2) »Dès l’adolescence, la voiture sert d’outil d’éducation aux parents ».
    Comme quoi l’endoctrinement bagnoliste commence tôt et les
    parents devraient changer.Les enfants adorent le vélo,je n’ai JAMAIS vu
    un enfant ne pas aimer le vélo!!!!!Pourquoi ne pas faire évoluer nos
    petites têtes blondes dans ce sens,ce serait tellement plus facile!!
    Une anecdote:une fille est en 6e,vit à 3 km de son bahut,et adore le
    vélo.Elle a passé son permis cycliste en école primaire et va en cours
    avec la voiture de Papa.
    Celui-ci,qui est proche de l’abandon de ce tas de ferraille,demande si
    elle ne devrait pas se rendre au collège en vélo.Véto catégorique
    de Maman: »NON,hors de question,c’est trop dangereux! »
    Pourtant,ils n’habitent pas une ville de 50000 habitants…
    Comme quoi,la guérison et la conversion est très rude voire impossible
    chez certains qui ont goûté à ce fléau à quatre roues…

    3)Comme dit Nicolas Hulot: »Je suis stupéfait par l’individualisme agressif
    de mes contemporains.Chacun dans sa voiture,chacun dans sa boîte.
    Et le monde autour peut crever…

    4) »Elle permet de hiérarchiser les individus et de les cataloguer ».
    C’est vrai et j’ajouterai même que chez certains la voiture est devenue
    un objet de puissance;et donc,par conséquent,d’impuissance refoulée.
    Des études prouvent en effet que le propriétaire d’une Porsche
    ( ou autre connerie comme ça ),possède un bolide puissant parcequ’il
    a forcément quelque chose à compenser.

    Et je râle quand j’entends les passionnés de « belles mécaniques » faire le parallèle entre ces tas de ferraille surpuissants et le corps humain,lorsqu’ils disent,presque les larmes aux yeux: »Écoute ça:ce n’est pas un moteur,c’est un cœur qui bat »Quand j’entends ça,ça me fait péter un câble…

    Bref je confirme,vaut mieux rester en retrait de tout ça, »en observateur dubitatif »,surtout lorsque les gens se tabasseront pour un litre de carburant
    une fois la pénurie mondiale du pétrole arrivée.( souvenez-vous Mad Max )
    Et croyons-le ou non,ça arrivera.

    Et les hérésies écologiques du genre voitures hybrides ou électriques n’y changeront rien…

  2. picard

    @zeed
    « Des études prouvent en effet que le propriétaire d’une Porsche
    ( ou autre connerie comme ça ),possède un bolide puissant parcequ’il
    a forcément quelque chose à compenser. »

    Quels sont ces études? Vous avez des références?

    Vous parlez de pénurie de pétrole mondiale, je vous incite à visiter ce lien:
    http://petrole.blog.lemonde.fr/2013/11/13/petrole-la-route-est-droite-mais-la-pente-est-raide-dit-lagence-internationale-de-lenergie/
    En gros on serait en phase d’atteindre le pic de pétrole mondiale et d’aller vers une déplétion!
    En gros la voiture telle qu’on l’utilise aujourd’hui est condamnée!

  3. jean claude

    Pour aller dans le sens de la fin de l’article désormais aux collègues qui me disent lorsqu’il fait mauvais : »tu n’es pas venu à vélo!!? » je réponds : « ben non! t’as vu le temps? » Je pense que ca les pertube moins meme en meme temps ils sentent bien que je me moque un peu d’eux.

  4. Guillaume

    @Picard
    Quoi, une pénurie de pétrole ? Mon dieu, mais quel scoop ! Il faut vite aller le proclamer un peu partout !

    … Bon pardonnez moi, et ne le prenez pas mal, mais j’avoue que j’ai souri. Oui oui tout ça est vrai, et je pense que vous ne l’apprendrez pas à beaucoup des lecteurs de ce site.

  5. picard

    @Guillaume
    Vous êtes bien taquin! Peut être que je ne l’apprend pas à beaucoup de lecteurs de carfree mais à chaque foi que j’en parle autour de moi les gens tombent des nues! Même des professionnels qui travaillent dans le pétrole ou les économies d’énergies!

  6. Zeed

    @Picard:la source vient tout simplement de ce même site:
    http://carfree.fr/index.php/2010/09/20/gros-4×4-petite-bite-resultats-d%e2%80%99une-etude-europeenne/

    Certes ça ne parle que du 4×4,mais cela est aussi valable pour les saloperies de Porshe,Ferrari,et autres bolides….
    Maintenant,ou on y croit ou on n’y croit pas,mais je ne pense pas que ce soit du mensonge,il suffit d’observer les possesseurs de ces engins dans la vie courante…

    Le vélo a de beaux jours devant lui en tout cas,même si les pneus,comme ceux des bagnoles sont issus du pétrole,mais bon:d’ici la fin de l’or noir,une matière remplaçante sera sûrement trouvée…

  7. Vincent

    Struddel > Je lui ai indiqué que de toutes façons, même avec une voiture, je n’aurais pas aimé conduire de nuit

    Correctement équipé, il n’y a aucun problème pour rouler en vélo la nuit. Après, en l’absence de pistes cyclables, savoir si c’est une bonne idée de rouler de nuit en France sur une départementale ou une nationale…

    Struddel > Elle permet de hiérarchiser les individus et de les cataloguer

    Ça explique peut-être la hargne que les cyclistes provoquent chez certains automobilistes : cycliste = pauvre, et en plus il se permet de nous ralentir sur la route voire même de passer au feu rouge* !

    * ce que, pour ma part, je me permets quand il n’y a ni piéton ni voiture, parce que 1) le code de la route est évidemment écrit en ayant les voitures à l’esprit et 2) je contribue, en me déplaçant en vélo, à réduire la facture pétrolière du pays et le déficit de l’Assurance-maladie 😉

    ZEED > Véto catégorique de Maman: »NON,hors de question,c’est trop dangereux! »

    Il ne lui est pas venu à l’esprit:
    1. de demander à la mairie d’installer des pistes cyclables dignes de ce nom (c.a.d. séparée du flux automobile) afin que les enfants, comme en Hollande, puissent aller seuls en vélo à l’école
    2. que ça leur ferait économiser du carburant de ne plus avoir à emmener leur progéniture en voiture
    ?

    PICARD > Vous êtes bien taquin! Peut être que je ne l’apprend pas à beaucoup de lecteurs de carfree mais à chaque foi que j’en parle autour de moi les gens tombent des nues

    Effectivement. Et encore moins sont au courant du lien entre pétrole et croissance éconmique…

    « Le prix du pétrole gouverne-t-il l’économie ? »
    http://www.manicore.com/documentation/petrole/petrole_economie.html

    « La Crise incomprise », http://www.editionsdutoucan.fr/livre.php?id_livre=226

  8. struddel

    Je pense aussi qu’ « on » trouvera toujours autre chose : d’autres matières, d’autres énergies, je fais « confiance » à l’être humain pour ça : s’il a peur de manquer de quelque chose, il est prêt à tout détruire pour soulager son manque.

    On le voit avec les sables bitumeux, le gaz de schiste, ou le nucléaire. Pour ce dernier, on est même allé jusqu’à expliquer aux gens que c’était bon pour la planète et les gens le répètent en coeur en en étant persuadé.

    On pourra toujours rouler en bagnole, quand ça ne sera plus possible sur Terre, on ira ailleurs, que les gens se rassurent.

    C’est aussi pour ça que j’insiste sur le problème sociétal que pose l’automobile, un problème qui va bien au-delà des ressources naturelles et de la destruction de l’environnement.

    Il faut se faire une raison, les gens se foutent de savoir que ça pollue, d’une, et de deux, tant qu’il restera une goutte de pétrole, les auto rouleront avec, et quand il n’y aura plus rien, on roulera avec autre chose, et cette réponse reviendra toujours : « mais on trouvera ! »

    Il est donc important de rappeler les problèmes de société que pose ce mode de vie qui exacerbe l’individualisme à son paroxysme car tout ceci ne trouvera jamais échappatoire grâce à « une autre technologie ».

  9. Jean-Marc

    « Le prix du pétrole gouverne-t-il l’économie ? »
    http://www.manicore.com/documentation/petrole/petrole_economie.html

    oui, actuellement, c est plutôt corrélé,

    1- mais déjà, actuellement, certaines parties de l économie y sont moins corrélée que d autres :

    Ainsi, l agriculture industrielle, les taxis et voyages en car et camions y sont plus corrélé au prix du pétrole que l agriculture biologique, les messageries à vélos ou le train;

    et sur ce site, nous mettons en avant les solutions moins dépendantes au pétrole, donc qui souffriront moins de sa raréfaction,
    et donc qui permettent de préparer plus sereinement l avenir.

    c.f.
    http://www.manicore.com/documentation/impasses.html
    et solutions :
    http://www.manicore.com/documentation/sobriete.html
    http://www.manicore.com/documentation/serre/lutte_individuelle.html

    2- la vérité des prix :

    c.f.
    http://www.manicore.com/documentation/cout_elec.html
    et http://fr.wikipedia.org/wiki/Vérité_des_prix

    et coûts externalisés sur carfree

    les prix (en € ou autre monnaie) ne représentent en rien les coûts réels, ni le travail réel;
    si bien que le PIB et les salaires sont totalement artificiels, il s agit juste de conventions

    c.f. bastamag, et la sociologue Monique Piçon-Charlot :
    http://www.bastamag.net/Monique-Pincon-Charlot-La-violence

    résumé (ce n est pas une citation) :
    Les plus riches sont-ils 100 000 fois plus productifs, et leur travail 100 000 fois plus important que celui d’un smicard ?

  10. Alain

    Vincent, t’as pas trouvé mieux que çà? Ben, si c’est Tesla qui est sensé sauvé le monde, on n’a pas fini de pleurer.

    Encore faudrait-il qu’il y ait assez de lithium pour (re)fabriquer toutes les battteries pour toutes les voitures en circulation. Encore faudrait-il qu’il y ait assez de nucléaire en France pour pouvoir (re)charger les voitures (re)fabriquées…
    Décidément, quand on veut pas voir le mur…

  11. Jean-Marc

    Vincent…
    la tesla, c est comme si tu disais que les ferraris allaient permettre d emmener les enfants à l école et de livrer les hypermarchés…
    elle représente moins que rien comme usage réel, tout comme les ferrari.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Tesla_Motors
    batterie d’UNE tesla : 85 kWh

    batterie un V.A.E. :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Véhicule_électrique#Vélos_assistés
    capacité de batteries de 0,24 à 0,26 kWh,

    Et, pour les voitures citadines (des Zoé et autre ions ou leaf, pas des Tesla), des capacités de 12 à 24 kWh,
    soit un ratio énergétique entre 50 et 100 fois moindre pour un VAE que pour une citadine 100% électrique.

    et un ratio de 340 fois moindre, niveau batterie embarquée pour des VAE que pour UNE tesla :

    alors, pour se déplacer seul ou en petit nombre, la marche, le roller, la trottinette, la draisienne et le vélo sont très bien,

    mais, pour transporter 300 à 500kg seul, un VAE avec une remorque vélo est pas mal, surtout s’il y a des montées…

    alors, pour la même consommation électrique, et autant de matériaux permettant de construire des batteries,
    en ville, vaut-il mieux avoir 340 transports à vélo, remplaçant les taxis, camionnettes de livraison et les camions de livraison et déménagement, OU, au choix, UNE SEULE tesla, pour faire 25km/jour ?

    25km/j : distance moyenne pour un français,
    c.f. http://www.planetoscope.com/automobile/114-nombre-de-kilometres-parcourus-les-francais.html

  12. psychelau

    Véridique:
    Ce soir, j’ai demandé à mon fils de 5 ans et demi (qui fait du vélo depuis ses trois ans, va à l’école en vélo sur le trottoir, et sur mon vélo -siège arrière- quand on va faire des courses ou au cours de musique):
    – Tu préfères quand je prends le vélo ou une voiture (je n’ai pas de voiture mais il m’arrive d’en louer 2-3 fois par an)?
    – (sans hésiter) Le vélo! Mais la voiture ça va plus vite! Et le train encore plus vite!
    – Mais le vélo, tu as vu, on peut le garer juste devant le conservatoire…
    – Et aussi on peut passer entre les voitures alors on est devant!
    -Ben tu vois, finalement, ca va encore plus vite que la voiture!

    Ceci dit, je ne sais pas si mon fils sera un cycliste ou un bagnolard quand il sera adulte… mais au moins je lui aurai montré dès son plus jeune âge qu’il a le choix… en espérant qu’il continue à faire le bon!

  13. struddel

    Effectivement, on ne peut pas être pleinement responsable des choix que feront nos enfants, mais si on peut leur montrer que le monde c’est aussi autre chose que ce qu’on leur donne à gober chaque jour, c’est toujours ça de pris !

    Mon fils est encore trop jeune pour répondre mais dans la voiture de mes beaux parents, il pleure, dans la remorque, il tape au « carreau » en faisant coucou aux passants, mais je ne sais pas à quoi c’est dû, on doit un peu plus ressentir le sol donc ça doit être plus amusant je suppose.

  14. Jean-Marc

    @ Psycheleau :

    à la télé (films, dessin animés et pubs), les poursuites se font en vélo ou en voiture ?
    qui est montré comme rapide ? (contrairement à la réalité, dans les VRAIES villes… où les voitures sont bloquées dans les embouteillages qu’elles créent… ou à attendre aux feux rendus nécessaire par leurs présences)


    Weed :
    « Une anecdote: une fille est en 6e, vit à 3 km de son bahut, et adore le vélo.
    Elle a passé son permis cycliste en école primaire et va en cours
    avec la voiture de Papa.
    Celui-ci,qui est proche de l’abandon de ce tas de ferraille,
    demande si elle ne devrait pas se rendre au collège en vélo.
    Véto catégorique de Maman: »NON,hors de question,c’est trop dangereux! » »

    Oui, j ai une collègue… même véto :
    son fils (vers les 10 ans, en estimation) VEUX aller au collège en vélo, elle mets son véto pour des raisons de sécurité.
    elle devrait se renseigner…
    la voiture en ville est bien plus dangereuse que le vélo…

    (les 2RM sont encore pire, mais elle ne l amène pas en 2RM au collège, c.f. la collonne « coût en accidents » :
    http://carfree.fr/index.php/2009/03/13/couts-externes-des-transports/
    voiture : 3.17
    cyclo : 13.21
    moto : 23.26
    vélo : non significatif
    TEC :
    tram : 0.18
    bus : 0.07
    des ordres de grandeurs que chaque parent, chaque humain devrait connaitre :
    les TEC et vélos sont plus sûr que la voiture,
    elle même moins pire que les cyclos,
    eux-même moins pire que les motos)

    autre donnée intéressante :
    en dehors des ado alcoolisés de fin de soirée/de milieu de nuit,
    les personnes les plus fréquemment en (légers) excès de vitesse en ville, c est…
    les mères de famille qui se dépêchent de déposer les enfants, avant d aller au travail, ou qui se dépêchent d aller chercher les enfants en sortant du travail

    (ce n est pas sexiste.. c est une réalité : comme dans beaucoup de ménage, ce sont les femmes qui font la dépose/ramasse du linge sale… pardon, des enfants considérés comme des objets à transportés, sans aucune autonomie ni possibilité d agir par eux-même.. ne serait-ce que pour -action particulièrement difficile et éprouvante- poinconner un ticket…)


    p.s.
    autre comparatif d accident, mais où le vélo n est pas pris en compte :

    http://eduscol.education.fr/education-securite-routiere/IMG/pdf/livret_fntv_final.pdf

    « Le transport en autocar est-il sûr ?
    C’est le moyen de transport terrestre le plus sûr au monde. En effet, le taux d’accidents mortels pour un milliard de passagers-kilomètres est de 0,2 % en car,
    mais de 60,9 % en moto,
    5,6 % en voiture et 0,6 % en train.
    C’est-à-dire que lorsqu’un passager parcourt un milliard de kilomètres en car, le risque d’accident mortel est de 1 sur 500. « 

    Super.. c est ultra sûr !
    conséquence logique ?
    déconseillons la voiture et les 2RM, par des importantes campagnes d information (comme sur le tabac), et faisons de la pub pour le car et le train, non ?

    ben non.. faut lire la suite :
    « Cependant, pour garantir la sécurité »
    ??? WTF !
    Ben.. elle est DEJA là… pourquoi garantir qq chose, que notre CHOIX de mode de transport garantis DEJA ???

    « Cependant, pour garantir la sécurité, les passagers doivent respecter les règles élémentaires à l’intérieur du véhicule. »

    Et, si celà ne suffisait pas… au lieu d’apprendre aux enfants à refuser de monter dans une voiture ou sur une moto, quand un autre mode de transport est possible,
    page 22, on leur apprend de nombreuses contraintes, et des pratiques à avoir en car, soit-disant nécessaires pour le transport par car (alors que le chiffre des accidents mortels, donné par eux-même, montre qu’elles ne sont pas nécessaires… que choisir le car ou le train (ou autres TEC) est deja ultra responsable, par rapport aux modes de transports individus motorisés)

  15. Ludovic Brenta

    psychelau: à cinq ans, mon fils m’a dit: « tu sais, papa, maintenant je veux aller à l’école à vélo tous les jours: même quand il pleut, même quand il y a du vent, même quand il neige! » Et c’est ce que nous avons fait ces trois dernières années…

  16. Jean-Marc

    Alain : « i c’est Tesla qui est sensé sauvé le monde, on n’a pas fini de pleurer.

    Encore faudrait-il qu’il y ait assez de lithium pour (re)fabriquer toutes les battteries pour toutes les voitures en circulation. »

    si seulement le lithium était le seul pb des voitures élec…

    Le lithium sert aux batteries « modernes » actuelles (Lithium-Polymère),
    mais il n y a pas que des batteries, dans une voiture élec…

    (la pile « classique » peut même être supprimée, avec une pile à combustible… mais il restera autre chose, dans un véhicule électrique)

    il y a SURTOUT un moteur élec fournissant une importante puissance pendant des années
    => afin d’éviter les déperditions énergétiques par frottements, ou par rotation d’un rotor lourd, on utilise des aimants puissants
    = des aimants contenant des terres rares (chères et à accès limitées) aux fortes propriétés magnétiques, certaines des lanthanides

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Lanthanide

    dont 3 d entre elles, en particulier :
    – le néodyme (bonnes propriétés magnétiques, assez abondant dans les terres rares),
    – le cérium (proprio magn. moyennes, mais plus abondant et moins cher que le néodyme),
    – mais, SURTOUT, le dysprosium (excellentes proprio magn., mais TRÈS rare et bcp plus cher)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dysprosium
    « Il coûtait un peu plus de 10 euros le kilogramme en 2003, contre plus de 320 en 2011 »
    (et son prix continue à monter, au fur et à mesure que de plus en plus de moteurs élec mobiles, donc d aimants puissants, sont utilisés)

    anecdote « amusante » sur le dysprosium :
    son nom, venant du grec, signifie « difficile à obtenir »….
    celà ne présage rien de bon…

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Terres_rares#Aimants_.C3.A0_forte_puissance
    Néodyme, Dysprosium et Samarium selon wikipedia

    => Samarium :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Samarium
    « aimant permanent en alliage avec le cobalt : SmCo5 et de Sm2Co17. Les aimants en SmCo5 possèdent la résistance de démagnétisation la plus élevée connue. »

    donc essentiel pour les aimants permanents, donc pour la longévité des moteurs

    => du cérium comme « tout venant » magnétique, et du néodyme enrichit en dysprosium pour booster les caracts du moteur neuf, et du samarium pour garantir une longévité accrue des aimants du moteur au cours du temps, pour un moteur de moins en moins performant, mais avec un magnétisme minimum garanti, au fur et à mesure de la démagnétisation des autres éléments.

  17. Jean-Marc

    précision…
    toutes ces terres rares viennent quasi exclusivement de Chine

    (les autres sociétés d extractions ont -dans un premier temps- fait faillite, vu les prix de la main d oeuvre chinoise, et de l absence de contraintes environnementales sur l extraction et la purification)

    Mais depuis 2011, les USA commencent à ré-ouvrir qq mines, pour raison stratégique, pour ne pas dépendre à 100% de la chine…
    à l’inverse, l’union européenne, qui n a d union que le nom, dans sa politique énergétique et sa politique de fourniture de matières premières stratégiques, ne s est pas encore penchée sur la question de façon coordonnée…
    Une sacrée chance pour la chine…

    N.B. :
    Le japon a deja subit un boycott de terres rares de la part de la chine… si bien qu’il était en rupture de batteries pour ses tél et ordi portables.. car il faut les meilleures batteries, donc des terres rares, dans ces objets mobiles : des ordi de moins de 900gr, des tél de moins de 150 :
    on ne peut imaginer les alourdir de 50 ou 10gr, pour les même performances, mais sans terres rares :
    notre ordi/tél serait alors dépassé par tous ses concurrents, plus petits et plus légers…

  18. Jean-Marc

    précisions :

    – sur le pdf des cars :
    c est page 12, tout en bas de la page, qu’ils parlent de la sécurité comparée des différents moyens de transport

    – sur l’usage des terres rares :

    les aimants sont de plus en plus utilisés partout,
    exemple : pour la direction assistée et autres systèmes mobiles sans contact :
    « autrefois » (de 1800 à hier), un système mobile, c etait un engrenage (de bois, puis de métal), huilé (à l eau, puis à l huile),
    mais celà entraine des frottements, un entretien et une usure des pièces mécas.

    avec des aimants, des rotors-rotors, on n a plus de contact : plus d usure des pièces ni de nécessité d’huile, ni de frottements :
    meilleur rendement, meilleure longévité, entretien plus simple
    => celà est appelé à continuer à se multiplier

    A quand (si elle n existe pas deja?) la première boite de vitesse entièrement magnétique ?
    (un cylindre lié au vilebrequin, qui coulisse dans la boite, entrainant des « donuts », qui eux-même entraînent l arbre à came)

    On passe de l’époque du steampunk, avec plein d engrenages, à la (micro-)télékinésie ^^

    Remarque : autres utilisations des terres rares :
    les RMN et IRM, où intervient le magnétisme et la forte résolution de l’image; mais aussi, d’usage bien plus courant, les nouveaux écrans couleurs.

  19. Jean-Marc

    Il existe 2 choses qui se cumulent (actuellement) pour expliquer qu’il y a -pour l instant en france- encore si peu de monde à utiliser le vélo pour des trajets de 1 à 20 km :

    La force de l habitude, le réflexe (individuel)
    ET l’importance de la voiture dans la vision quotidienne (effet collectif, reflet chez chacun de la société, de la pression sociale inconsciente… ou même consciente)

    c.f. cette image :
    http://www.vetopsy.fr/comportement/ethologie/images/pnl-filtres.gif

    il s agit des filtres socio-culturels et individuels :

    La majorité des personnes,
    même si celà fait plus de 40 ans qu’on chante qu’ à Paris, en vélo, on dépasse les autos » (« La complainte de l heure de pointe« , en 1971),
    les gens, en majorité, imaginent encore aller plus vite en voiture en ville qu’à vélo…

    Ceci, même si tous les tests fait par des assos ou des municipalités, ont tjrs montré l inverse…

    Ainsi, la solution du vélo leur parait inutilisable,
    mais, au fur et à mesure qu’ils croisent de nouveaux cyclistes chaque jour,(en particulier des cyclistes les doublant), et que les embouteillages ne s arrangent pas, donc que les filtres socio-culturels et individuels se fissurent,
    la réalité peut, progressivement, les atteindre.

    (c est le principe de la masse critique, de l effet boule de neige, voire même du 100ième singe :

    à un moment, alors que, depuis qq années, le nombre de cyclistes en ville progresse tjrs lentement, il y aura une accélération, quand la vision quotidienne de cyclistes, quand le long travail psychologique sur de nombreux individus finira enfin par aboutir à un passage à l acte, à une action… et même, après un moment, celà deviendra normal, sans que certains n’imaginent qu’on puisse faire autrement (le 100ième):
    c est un imaginaire automobile mensonger à déconstruire, et un nouvel imaginaire qui doit progressivement se mettre en place*)

    On ne voit que ce qu’on peut voir…
    c.f. http://carfree.fr/index.php/2011/01/15/whodunnit/
    et http://www.dothetest.co.uk/bankjob.html

    Les seules questions sont de savoir,
    « quand aura enfin lieu cette accélération ? »
    et « quoi faire pour l accélérer ? »

    [là, pour le « quoi faire?« , la réponse est simple, pour l action individuelle : faire du vélo de façon visible, et aider les autres à faire du vélo (participation à un atelier-vélo, prêt d’un vélo à des collègues pour les dépaner, aide à l entretien du vélo de connaissances, cadeaux (entre autre aux enfants ^^); voire, peut-etre plus dur : l action politique, au sein d asso (ou en direct, comme citoyen/membre d’un conseil municipal) agissant auprès des municipalités pour les aménagements urbains]

    * on pourrait se demander,
    « pourquoi mettre en place cet autre imaginaire ? les 2 sont des modes de transports… chacun peut utiliser le mode de transport qu’il préfère… »

    Mais à cause des chiffres des coûts pour la société :
    coûts niveau financier (individuel et collectif), mais aussi niveau santé et mortalité
    (c.f. http://carfree.fr/index.php/2014/03/03/les-inconvenients-de-lautomobile/ par exemple)

    si la voiture n avait pas autant de défauts, ce changement de pratique et d imaginaire n aurait pas trop d’intérêt…

    ainsi, passer d’un monde à vélo, à un en draisienne, ou en roller, ou en skate n est pas fondamental, vu qu’ils sont tous assez proches
    (quoique… le vélo est celui, parmi ces 4 modes de déplacements, qui permet, pour un même effort, d aller le plus loin, le plus vite, avec le plus de charge…)

    mais il y a une différence d ordre de grandeur entre la voiture, la moto, les 50cc d’un coté, et ces 4 autres modes de déplacements actifs, de l autre.

  20. struddel

    (Pas tout à fait d’accord pour le roller qui permet d’avoir les mains libres et donc de transporter certaines choses difficilement transportables sans une certaine logistique à vélo là où ça ne demande qu’une paire de roller dans la première solution. Mais il existe d’autres inconvénients tels que la quasi impossibilité de rouler sur chaussée mouillée, l’effort plus important que le vélo qui fait apparaître une sueur gênante très rapidement, et l’exigence du terrain qui demande une route bien lisse là où le vélo va à peu près n’importe où)

    En tout cas tout à fait d’accord avec le reste du commentaire, ça résume l’idée complète des raisons qui poussent à abandonner la voiture et l’explication du poids de la société qui l’encourage au contraire.

Les commentaires sont clos.