« Un accident du quotidien »

Les faits se sont déroulés en mai 2022 sur une petite route départementale, au niveau d’une commune que nous allons appeler Trifouillis-les-Oies. Un cycliste retraité a été percuté par un automobiliste lui aussi retraité qui circulait dans le même sens et a perdu la vie sur le coup. Quasiment un an après, le conducteur en cause, a été jugé au tribunal correctionnel. Voici un article de presse réel relatant cette triste histoire – nous avons seulement changé les éléments de date et de localisation –  et nos commentaires sont ajoutés en italique.

La date de ce mois de mai reste gravée dans la mémoire des habitants de Trifouillis-les-Oies. Un dramatique accident a eu lieu ce matin-là, entre une voiture et un homme à vélo.

Comme d’habitude, on peut constater que l’accident, car il s’agit forcément d’un « accident, » et pas d’un meurtre ou d’un assassinat, a eu lieu entre « une voiture » et un « homme à vélo. » Bizarrement, « l’accident » n’a pas eu lieu entre un automobiliste et un homme à vélo, ou entre une voiture et un vélo, mais entre « une voiture et un homme à vélo. »

Le cycliste, retraité, a chuté et est décédé sur le coup, malgré les tentatives de réanimation des secours.

L’homme à vélo, qui est désormais « un cycliste, » « a chuté. » La phrase sous-entend donc qu’il est probablement tombé tout seul, car sinon on aurait pu aussi dire « l’automobiliste a fait chuté le cycliste… » En plus, on peut constater que ce cycliste n’a vraiment fait aucun effort, car il est décédé « malgré les tentatives de réanimation… » On est ici à deux doigts de lui envoyer la facture de l’intervention des services de secours…

Mais les causes restaient inconnues. Au lendemain des faits, les gendarmes communiquent aux médias un possible malaise du cycliste avant l’accident.

Donc, il a probablement chuté tout seul, mais les causes restent inconnues… Sauf que les premiers éléments de l’enquête amènent les gendarmes à dire aux médias dès le lendemain, donc après avoir quand même bien étudié l’accident, que le cycliste aurait peut-être eu un malaise… L’honneur est sauf, donc si on résume, on ne connaît pas les causes de l’accident, mais le cycliste a probablement chuté tout seul, ce qui serait logique vu qu’il a probablement fait un malaise… A ce stade, on se dirige donc vers une probable mise en examen du cycliste décédé ayant provoqué un accident traumatique pour « une voiture » et qui n’a fait en outre aucun effort pour se réanimer « malgré » l’intervention des services de secours…

Après l’accident, le parquet a demandé des analyses complémentaires à l’institut médico-légal pour confirmer, ou non, un malaise avant le choc. Le doute est émis sur l’origine de sa mort.

Bon, le cycliste est probablement coupable d’avoir dérangé « une voiture, » mais on va quand même être obligé de faire des analyses complémentaires à cause des besoins de la procédure et du fait qu’il existe peut-être un « doute »… Ils font quand même chier ces cyclistes!

Lors de l’audience, avant d’interroger le prévenu, la juge rappelle toujours les faits et les circonstances pour que les juges, la procureure et le greffier puisse reconstituer la scène. Ce jour de mai, tombe une course de vélo organisée chaque année à côté de Trifouillis-les-Oies. Par chance, il y a donc des témoins près de l’accident, notamment le Vice-président du club et son fils qui ont pu constater l’état préoccupant de la victime.  » J’ai compris tout de suite que c’était très grave », pouvait-on lire dans le témoignage. « Il avait encore son casque sur la tête, mais la selle était détachée et s’était projetée sur la route, il ne bougeait plus ». À l’arrivée des gendarmes, la scène n’est pas belle à voir. Ils constatent en effet un homme, allongé sur le bas coté, le vélo encastré sous la roue du véhicule. L’homme est en arrêt cardio-respiratoire. Malgré les tentatives de réanimations, le médecin du Samu déclare finalement le décès du cycliste. Sur place, secours, gendarmes, témoins ainsi que le Maire de la petite commune de 800 habitants qui reconnaît la victime.

Par chance, il y avait des témoins, mais apparemment ils n’ont pas vu « l’accident, » seulement le cadavre du cycliste au bord de la route. Effectivement, les témoins ont compris en voyant le cadavre que « c’était grave » et que son état était « préoccupant…. » En plus, le cycliste avait son casque sur la tête, alors on ne va même pas pouvoir lui faire porter le coup de l’irresponsabilité de faire du vélo sans casque! Heureusement pour le cycliste décédé, il est reconnu par le Maire, ce qui va peut-être lui permettre d’échapper à des poursuites…

Retraité, il habitait à Trifouillis-les-Oies depuis de nombreuses années. « C’était un habitant de longue date, il était là depuis plus de 50 ans, je crois, je le connaissais bien » explique le maire de la commune. Il était bien connu dans le secteur pour son implication au sein de structures sportives, notamment au sein du club de rugby ou encore pour la création de la section rugby au lycée agricole du coin. « C’était quelqu’un qui marchait beaucoup, il venait juste de se remettre au vélo » ​​​​​​.

En plus, il était connu de tout le monde en plus d’être connu du maire. Décidément, ce cycliste a tout fait pour embêter tout le monde. Heureusement, on apprend qu’il venait juste « de se remettre au vélo » et donc que sans doute il ne savait plus trop en faire. A tous les coups, il s’est jeté sous les roues de « la voiture » par méconnaissance du vélo ou du code de la route…

La procureure s’interroge. Car oui, la question se pose. Est-ce dû à un malaise cardiaque ? Ou une faute de la part du conducteur ? Lors des interrogatoires du conducteur, il explique avoir voulu aller promener son chien, comme habituellement, et avoir pris la route depuis son domicile.

Oui, on peut quand même s’interroger et la question se pose, ce cycliste s’est-il écroulé juste devant « la voiture » pour la forcer à l’écraser? Il faut en savoir plus, et l’enquête révèle à ce stade que le « conducteur, » car apparemment il y avait un « conducteur » dans « la voiture, » promenait juste son chien comme d’habitude… Si on ne peut même plus promener son chien en voiture sans se faire agresser par des cyclistes!

Sur sa route, il raconte alors avoir vu le cycliste, après un virage, faire des écarts sur la route devant lui et zigzaguer sur la chaussée. Voyant les écarts du cycliste, il ralentit alors de 60 à 50 km/h, sur la route départementale. Le voyant se rabattre sur la droite, sur le délaissé, il entame donc un dépassement.

Le conducteur rappelle les faits, à savoir la présence inopinée et irresponsable d’un cycliste qui fait des écarts sur « sa route » à lui qui lui appartient et en plus il « zigzaguait sur la chaussée, » un peu comme un alcoolique à vélo qui aurait trop bu avant de prendre le vélo. Heureusement, le conducteur est très prudent et il ralentit pour anticiper. Dès que le cycliste retrouve sa place normale, c’est-à-dire sur le « délaissé, » à savoir en-dehors de la partie de la chaussée normalement réservée aux gens sérieux que sont les conducteurs de voitures, l’automobiliste entame donc un dépassement dans les règles de l’art…

Mais durant la manœuvre, le vélo se serait finalement rabattu au dernier moment devant lui, ne pouvant pas éviter le choc. « J’ai voulu faire la manœuvre la plus sécurisante possible, j’avais ralenti, je n’ai pas compris comment j’ai pu le heurter », exprime avec émotion le conducteur, qui semble encore choqué de l’accident.

Et là c’est l’accident prévisible, le vélo (à ce stade on ne sait plus où est l’homme initialement sur le vélo…) se rabat méchamment au dernier moment sur la voiture, dans une sorte de geste désespéré pour essayer de faire tomber la voiture. Evidement, le conducteur a tout bien fait comme il faut et donc il a maintenant beaucoup « d’émotion » et il est « choqué, » ce qui pourra être reproché ultérieurement au cycliste décédé.

Le prévenu à la barre était un homme aux traits tirés. Un homme, retraité, qui a travaillé au Ministère et à la sous préfecture. S’il n’a pas été blessé sur les lieux, il se disait très inquiet et choqué de l’accident et demandait régulièrement des nouvelles aux pompiers sur place. Devant les juges, la voix quelque peu tremblante, on pouvait distinguer sa peine et ses lourds regrets. « Je revois la scène tous les jours », évoque l’homme âgé quand la juge lui demande s’il se souvient de l’accident. « C’est un peu flou maintenant, car tout s’est passé très vite, mais j’y pense tout le temps ».

Là, on peut voir tout le drame causé par les attaques de cyclistes sur les routes. C’est désormais un homme « choqué » aux « traits tirés » qui comparaît à la barre, comme si c’était lui le coupable! C’est quand même facile pour le cycliste d’être lâchement décédé, comme ça on n’a pas à comparaître à la barre… En plus, le conducteur a travaillé toute sa vie au « Ministère, » et même à la « sous-préfecture… » Autant dire que sa moralité est irréprochable, ce qui n’est peut-être pas le cas de celle du cycliste… Et dans sa bonté et sa gentillesse, il a même demandé régulièrement des nouvelles aux pompiers sur place, afin probablement de savoir si le cycliste était mort ou pas… Maintenant, il a de la peine et de lourds regrets et même sa voix est tremblante. Bon, il ne se souvient plus très bien de l’accident, sauf quand il disait précédemment qu’il avait précisément ralenti de 60 à 50 km/heure à la seule vue du cycliste… 

Un véritable traumatisme évoqué par son avocat. « Sa vie n’est plus la même, il ne s’en remettra véritablement jamais ».

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Son avocat se lance alors dans une plaidoirie émouvante en évoquant le « traumatisme » (pour le conducteur) et en précisant « qu’il ne s’en remettra véritablement jamais… » Alors que si ça se trouve, le cycliste, lui, il s’en remettra de sa mort…

Alors le cycliste a-t-il été victime d’un malaise cardiaque qui a provoqué sa chute sur la voiture ? Et bien selon l’autopsie, non. L’homme serait en fait décédé à la suite d’un polytraumatisme, une rupture de la moelle épinière, des liaisons abrasives, et de multiples fractures aux cotes. Selon la reconstitution de la scène, la roue aurait percuté le capot avant droit, puis le dos et la tête du cycliste ont à leur tour heurté, violemment, le capot et provoqué ces blessures, puis sa mort. Le constat est clair : la mort est bien due à une erreur d’inattention et à la mauvaise conduite du conducteur, qui ne serait pas assez déporté pour dépasser le cycliste.

Mince alors, l’autopsie vient prendre la défense du cycliste! Bizarrement, le cycliste n’aurait pas « chuté » de lui-même sur la voiture? On serait donc face alors à un vulgaire écrabouillage d’un homme à vélo… Ce n’est pas si clair, car apparemment la roue (du vélo) a quand même « percuté le capot avant droit » (de la voiture). L’honneur est sauf, on se dirigerait bien comme prévu vers l’hypothèse d’une attaque de cycliste par la droite…

Au vu des conclusions de l’autopsie, la juge demande s’il reconnaît sa faute. « Vous admettez avoir commis une faute de conduite ce jour-là ? », « Je ne me suis pas assez déporté, c’est sûr, j’aurai dû le faire davantage, ça, c’est évident ». Une réponse sincère qui semble convaincre la juge, lui rappelant tout même la distance obligatoire d’un mètre cinquante hors agglomération.

En plus, malgré le fait que le conducteur ne respectait pas la distance obligatoire d’un mètre cinquante hors agglomération et qu’il ne s’est pas assez déporté en dépassant le cycliste, ce qui est important ici, c’est la « sincérité » de l’automobiliste qui est au-dessus de tout soupçon et qui finit de convaincre la juge de ses bonnes intentions.

Ce qui a aussi pu jouer ce jour-là, c’est que l’homme ne connaissait pas vraiment le gabarit de son nouveau véhicule. Un Suzuki, 4×4, qu’il venait d’acheter deux semaines auparavant, qui a été saisi depuis l’accident. Alors depuis ce tragique jour, l’ancien fonctionnaire jure ne plus avoir pris le volant. « Je ne conduis plus depuis ce jour, la conduite, c’est terminé pour moi ».

On voit ici que l’automobiliste avait en outre une circonstance atténuante, à savoir le rodage de son nouveau 4X4 acheté il y a deux semaines et dont il ne pouvait forcément pas bien connaître le gabarit. En plus, on lui a saisi son 4X4 à cause de l’accident… A vrai dire, on pourrait même se demander si le cycliste écrasé et décédé n’était pas un militant radicalisé anti-4X4… Et depuis l’accident, le conducteur jure en plus ne plus avoir conduit le 4X4 qu’on lui a saisi… Si c’est pas de la bonne volonté!

La juge est reconnaissante de la franchise du conducteur, qui semble véritablement culpabiliser de ses actes ce jour-là. « Vous êtes l’exemple de l’honnête homme par excellence. Je vous crois quand vous me dites que vous ne conduisez plus ». En effet, son parcours semble exemplaire, rien au casier judiciaire, marié, père, et même grand-père et étant connu pour être un homme droit dans son travail.

Effectivement, le tableau est très clair, l’automobiliste possède toutes les qualités, franchise, contrition, honnêteté, exemplarité et en plus il s’agit d’un grand-père et d’un homme droit dans son travail, du moins quand il travaillait avant d’être retraité. Et la juge, qui est très perspicace, a tout de suite compris que l’automobiliste disait vrai quand il jure en crachant qu’il ne conduit désormais plus son 4X4 tout neuf qu’on lui a saisi…

La procureure aussi, devant un homme qui semble hanté par cette tragédie, semble compatissante. « Comme beaucoup d’homicide involontaire, ce sont des accidents du quotidien, qui arrivent malheureusement trop souvent sur nos routes. »

Même la procureure essuie alors une larme (pour le conducteur). Tout ceci est involontaire, c’est la faute à pas de chance, les accidents du quotidien quoi! Un peu comme ce qu’on appelle les « accidents de la vie courante » comme les brûlures ou les coupures quand on fait la cuisine! Et tant pis si l’article L1171-2 du Code de la Santé publique précise que « les accidents de la vie courante se définissent comme l’ensemble des traumatismes non intentionnels, à l’exception des accidents de circulation et des accidents du travail. » Si en plus il faut connaître le Code de la Santé quand on est procureure! En plus, on ne poursuivra même pas le cycliste décédé… alors qu’on pourrait car l’automobiliste est désormais « hanté par cette tragédie. » Si ça se trouve, l’automobiliste va devoir se faire suivre par un psychologue pour supporter tout ça et qui va payer?

Pour le maire de la commune, ce n’est pas la première fois que cela arrive. « On dit qu’il faut attendre un mort pour que les choses changent, pourtant, il n’y a toujours rien de fait et il y a un mort tous les ans ». Maire depuis 2023, il a connu trois accidents avec des vélos sur cette parcelle de route. Alors, il a déjà fait la demande auprès du Département pour créer une piste cyclable sur la départementale. Malgré ses sollicitations, le Département lui expliquerait que la route n’est pas assez empruntée, avec moins de 1 000 voitures par jour y circulant, loin des 2000 voitures nécessaires pour envisager une piste cyclable. « J’aimerais vraiment que le Département fasse quelque chose, il n’y pas eu de mort cette année, et je touche du bois, mais si on continue à ne rien faire, ça continuera ».

Nouveau rebondissement de l’enquête, on se dirige désormais vers la faute de l’infrastructure, à savoir une route départementale délictueuse qui tue un cycliste chaque année. C’est normal, car on vient de voir que l’automobiliste n’y est pour rien et que si le cycliste est sans doute responsable, il a eu la bonne idée de décéder pour échapper aux poursuites. On aurait pu envisager de construire une piste cyclable, peut-être sur le « délaissé » ou carrément dans le fossé afin de limiter les attaques de cyclistes sur les voitures, mais il n’y a pas assez de voitures qui passent, alors vous comprenez, on ne va quand même pas engager des dépenses supplémentaires pour ces cyclistes alors qu’on peut tout simplement « toucher du bois » pour éviter que les accidents se reproduisent…

Au vu de la situation et du comportement à la barre du prévenu, elle a donc requis une peine, plus d’avertissement que de sanction, en requérant 10 mois de prison avec sursis simple et une annulation du permis de conduire. Le parquet a décidé d’être légèrement plus clément et l’a condamné à huit mois avec sursis simple, une annulation du permis et l’interdiction de le repasser pendant un an. Il est aussi condamné à verser 400 euros d’amende pour les deux infractions dont il était accusé, soit le dépassement d’un usager sans respecter les distances de sécurité et la non maitrise de sa vitesse. Pour les dommages et intérêts à la compagne de la victime, l’audience sur intérêt civile a été reportée.

On l’a compris, ce n’est pas peine de « sanctionner » un automobiliste essentiellement victime de cet accident du quotidien malencontreux qui arrive malheureusement trop souvent sur nos routes. Un simple avertissement suffira avec 10 mois de sursis et un permis annulé. Mais, comme tout ceci parait quand même bien lourd, le parquet réduit la peine à 8 mois de sursis et si possible, l’automobiliste essaiera quand même de payer ses deux amendes pour un montant total de 400 euros. Bien sûr, on lui enlève son permis, mais il pourra le repasser l’année prochaine pour continuer à promener son chien. Les poursuites contre le cycliste décédé sont abandonnées au regard du fait qu’il était connu dans le village et qu’il n’est pas décédé d’un malaise cardiaque coupable, mais à la suite d’un polytraumatisme, une rupture de la moelle épinière, des liaisons abrasives, et de multiples fractures aux cotes. On ne demandera donc pas à la veuve du cycliste de payer les dégâts causés au nouveau 4X4 de l’automobiliste ainsi que les frais de psychothérapie nécessaires à la reconstruction de ce pauvre automobiliste traumatisé.

11 commentaires sur “« Un accident du quotidien »

  1. zaph

    J’ignorais qu’il fallait un 4×4 pour promener son chien.

    Je pensais bêtement qu’il suffisait d’ouvrir la porte de sa maison munie d’un paire de chaussures….

  2. JM MAD

    Bonjour Zaph,

    Ca paraît évident : si pas transporté en 4×4, le chien pourrait se faire écraser par un cycliste !

    D’ailleurs si le cycliste avait pris son 4×4 pour aller  » FAURE DU VELO  » comme on entend souvent dire, il n’aurait pas été percuté par le bagnolard.

    Au passage, on notera qu’on entend jamais l’expression  » FAIRE DE LA BAGNOLE  » ….

  3. plouf

    Pour info, le procureur et le Parquet c’est kif kif. La condamnation vient du Tribunal et non du Parquet, qui ne fait sue requérir une peine.

  4. PMeBC

    Bon, je ne suis pas mort. Pas même blessé. Mais traverssant une rue sur une piste cyclable parallèle à un passage clouté, j’ai été renversé par une petite voiture. La pauvre conductrice, qui n’avait pas vu son feu au rouge, était tellement choquée qu’elle a eu besoin d’aide. Entre temps on avait oublié le cycliste errafflé et au pantalon déchiré. C’était pas grave, il n’était pas mort. Pauvre dame conductrice, quel traumatisme.

  5. jol25

    Vivement les voitures autonomes, on pourra vraiment dédouaner les « conducteurs » en toute bonne conscience.

  6. Joffrin

    Un peu de moraline dans le Figharo, pour soigner ses abonnés, ces grands malades :

     

    https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/periph-voies-sur-berges-histoire-de-la-voiture-a-paris-de-pompidou-a-hidalgo-20230603

    Le titre initial de l’article est : « L’amour des Français pour la voiture pendant les Trente Glorieuses était-il si méprisable ? » ; faut relire Reiser ou Gébé pour avoir la réponse : ben oui.

    Cf. le livre de K. Ross : « Rouler plus vite, laver plus blanc » (2006), un must, un incontournable sur le sujet, à faire lire aux abonnés du Figharo.

    Et enfin : « Une autre histoire des « Trente Glorieuses » (collectif, 2013), autre livre devenu incontournable, par la droite ou par la gauche.

     

     

     

     

  7. Joffrin

    Oyez, oyez ! Le tango des grands quotidiens est de retour ; ici c’est l’Immonde qui râle contre le ‘laxisme’ (mais comprenez bien le message : il faut sanctionner… pour que ça perdure pour toujours, pour que ça roule en bon ordre, il faut que ça roule donc ; et l’Immonde, c’est donc le torchon fasciste habituel, on ne change pas de formule, c’est leur ADN qui parle).

    C’est ici :

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/05/demagogie-automobile-contre-securite-routiere_6176237_3232.html

    « Démagogie automobile » ?

    C’est qu’en matière de démagogie, ils n’ont rien à apprendre chez l’Immonde, c’est leur terrain, leur raison d’être, ‘chiens de garde’ du capital.

  8. Olivier

    Attendez, Joffrin, j’ai lu l’édito du monde et il reproche justement ses contradictions au gouvernement : à trop vouloir ne pas contrarier les enfants gâtés que sont les automobilistes, le gouvernement en vient à oublier la sécurité (« petits excès de vitesse, 80km/h, contrôle technique 2RM…).

    « A l’heure où, à la tête de l’exécutif, on s’inquiète d’un « processus de décivilisation », pourquoi ne pas considérer que le comportement des citoyens dans leurs usages des modes de transport individuels est précisément, par le respect des autres, de la santé et de la vie de chacun, l’un des marqueurs de notre civilité ? »

    C’est un discours assez rare dans la presse pour le souligner, il y est quand même sous entendu que les automobilistes sont des sauvages. Pour moi, « démagogie automobile » y est très péjoratif: le gouvernement racole de l’électeur au détriment de la société, de l’environnement et de la sécurité, en totale contradictions avec les discours (surtout sur la sécurité).  Les lecteurs du monde un peu trop drogués au pétrole ne vont pas aimer.

    Du coup, je ne vois pas bien ce que vous reprochez au Monde. Ommettre de questionner l’usage en plus du comportement ? Je suis d’accord avec vous, mais il faut reconnaître que notre société part de très loin.

    Il est évident que si le papi de l’article avait promené son chien à pied, il aurait fait beaucoup moins de dommage (et c’est ahurissant que personne ne relève ce point, à part sur des sites comme celui-ci, c’est pour ça que je dis que notre société part de loin, elle ne se rend même pas compte).

    Je regrette beaucoup que la presse et les tribunaux ne questionnent pas le contexte du trajet du (ou des) automobiliste(s) lors de collisions (même entre eux), si on pouvait chiffrer le nombre de morts survenant alors qu’on promène son chien en voiture, prend son 4×4 pour aller faire du vélo plus loin, va chercher le pain à 2km… On aurait un peu une idée de la quantité de vie inutilement gâchées.

  9. Joffrin

    @Olivier : ce que je pointe, c’est le fait que c’est la voiture elle même qui fait partie de la « décivilisation » et pas tant les excès associés dans l’article du Monde ; quand on a un marteau, on peut avoir tendance à taper sur tout et n’importe quoi (ça n’est pas une règle générale, bien entendu), et quand on a une arme, on a tendance à s’en servir (regardez donc en Amérique), etc. L’objet est donc « structurant » (ce qui nous donne donc la notion de « décivilisation ») et se focaliser sur la (« bonne ») manière de s’en servir, c’est légitimer l’objet lui-même : c’est le fond de ma critique. Sur ce site, en général on ne trouve pas de « bonne » manière de s’en servir, pas de « bonne » conduite : si ça n’est pas votre point de vue, ne venez pas publier sur ce site (jusqu’à nouvel ordre du patron). Cdmt, JPJ.

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