La carte de la pollution automobile à Marseille en haute résolution.
Pour la première fois la pollution de l’air en couleur et en haute définition pour Marseille, Paris et Lyon. C’est la première fois que l’on dispose sur une même carte, et avec autant de précision, des niveaux de pollution en situation de fond et à proximité du trafic.
L’impact de la pollution de l’air sur la santé n’est plus à prouver : perte de l’espérance de vie, décès prématurés, hospitalisations… 3.4 millions de Franciliens [1] vivent dans des zones qui dépassent la valeur limite 2010 de 40 µg/m3/an en dioxyde d’azote [2] (NO2 – polluant principalement rejeté par les véhicules, qui se transforme en particules de nitrates).
Dans l’agglomération marseillaise, nous estimons ce chiffre à 400.000 personnes au moins. La pollution de l’air dans les villes est un cocktail de polluants gazeux, tels que le dioxyde d’azote ou l’ozone, et de particules fines suffisamment petites pour entrer dans les poumons et même passer dans le sang.
ATMO PACA vient de publier les cartes [3] résultant de 303 points de mesure du dioxyde d’azote dans différents environnements de Marseille entre 2001 et 2005. C’est la première fois que l’on dispose sur une même carte, et avec autant de précision, des niveaux de pollution en situation de fond [4] et à proximité du trafic [5].
L’agglomération marseillaise est victime d’une forte pollution « ayant pour origine principale le trafic automobile », souligne ATMO PACA dans son rapport. L’organisme public préconise également des mesures de bon sens, loin d’être toujours respectées : notamment éloigner les écoles, maisons de retraite et terrains de sport des grands axes routiers.
Des cartes de ce type existaient déjà pour Paris et pour Lyon.
Concentration en dioxyde d’azote (NO2) à Paris en 2007 (Source: Airparif). La carte de la pollution automobile à Paris en haute résolution.
Concentration en dioxyde d’azote (NO2) à Lyon et Villeurbanne en 2007 (Source: ATMO Rhône-Alpes). La carte de la pollution automobile à Lyon en haute résolution.
Nous demandons la généralisation et la standardisation de ces cartes, qui sont encore insuffisamment utilisées en France et en Europe afin d’informer les décideurs et les citoyens. Encore faut-il donner les moyens aux différents réseaux de surveillance de la qualité de l’air de se doter de ce type d’outil.
Nous vous invitons également à constater par vous-même, grâce à une photo comparative entre un filtre neuf et un filtre devenu noir après une journée d’exposition, l’impact réel de la pollution de l’air sur nos poumons. Sachez, à titre d’information, que nos poumons filtrent environ 15.000 litres d’air par jour. Imaginez un instant la couleur de nos poumons… Les particules fines issues principalement du diesel (diamètre inférieur à 1 µm) représentent jusqu’à 87% des émissions liées au trafic.
Nous constatons dans ces études et sur ces cartes, que la pollution d’origine automobile (dioxyde d’azote, Benzène, Particules) peut être jusqu’à 3 fois plus élevée dans des situations de proximité automobile (voies de trafic de plus de 10.000 véhicules/jour et trottoirs attenants) que dans les quartiers, rues et ruelles moins fréquentés. Dans les centres-villes, la pollution est ainsi 30% plus importante que dans des quartiers périphériques.
L’aménagement du territoire, le Plan de Déplacements Urbains et tout projet urbanistique doivent tenir compte désormais de la pollution de l’air illustrée sur ces cartes. Ainsi, pour éviter par exemple, de construire des établissements scolaires, des complexes sportifs et des hôpitaux à proximité d’une pollution importante. De plus, réduire le nombre de voitures et remplacer progressivement le parc automobile actuel par des véhicules moins polluants utilisant par exemple le GPL ou l’électricité est une nécessité. Il est également urgent d’accélérer la mise en œuvre des normes Euro, de tenir compte de tous les aspects de la pollution de l’air sans se focaliser uniquement sur un seul (par exemple uniquement les GES) et bien sûr renforcer la politique des transports en commun.
Nous pouvons mieux concevoir la ville et mieux protéger la santé des citoyens !
Victor Hugo Espinosa
Président d’Ecoforum
Ressources:
Le Dossier Pollution de l’air préparé par l’association ECOFORUM
Pollution automobile à Marseille : la carte qui fait peur !, La Provence, jeudi 28 août 2008.
Notes:
[1] Communiqué de presse – AirParif – 2008
[2] Rappel : valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote : en 2005 : 50 µg/m3 ; en 2010 : 40 µg /m3
[3] Pour réaliser les cartographies modélisées du dioxyde d’azote et du benzène sur l’agglomération de Marseille, une méthodologie géostatistique, technique d’interpolation entre les points de mesures tenant compte de la distance entre ces points, a été mise en œuvre. Cette méthodologie a été éprouvée au niveau national lors du projet AirProche, piloté par l’AFSSET1 et l’IFEN2, qui s’inscrivait dans le cadre du plan cancer et dans celui de l’action 35 du Plan Santé – Environnement 2004 ; action pilote permettant de croiser des données environnementales, sanitaires et démographiques pour mieux documenter l’exposition et l’impact sanitaire.
[4] Pollution fond, celle que se trouvent normalement à 50 mètres des grands axes routiers et qui contrôlent la pollution de fond.
[5] Pollution trafic, qui concerne les capteurs situés à proximité des axes routiers (à environ 3 mètres de la route et à 2,5 mètres de hauteur, avec un minimum de 10.000 voitures/jour)
Marseille gagne largement Lyon et Paris mais cette fois ci ce n’est pas un honneur!!
Pourquoi cette différence de pollution entre ces trois grandes villes !
Pourquoi Marseille a un niveau de pollution si catastrophique qui s’étend sur tout le centre ville alors que les deux autres (même si elles ne sont pas exemplaires) ont 1. des niveaux de pollutions moins élevés, 2. une pollution bien localisée sur les artères de circulation ?????
Que font les pouvoirs publics ????
Ce qui est particulièrement scandaleux c’est qu’on peut être sûr que les logements situés sur les zones les plus exposées à la pollution, sont aussi les plus exposés aux nuisances sonores, et de fait sont les moins chers. Par conséquent, qui est-ce qui habite dans ces zones ? Les plus pauvres.
Par ailleurs, les personnes qui produisent cette pollution et ces nuisances sonores invivables, sont principalement des gens qui ont les moyens d’habiter en dehors de Marseille, à l’abris des nuisances (Ils ont déjà les moyens d’acheter une voiture !).
Les plus riches sont donc, soit ceux qui circulent tous les jours sur ces axes coloriés en rouge ou en noir sur la carte, soit ceux qui vivent dans les espaces jaune ou verts, zones préservées de Marseille.
Si vous ne voyez pas la dedans une violence insupportable, c’est que vous ne voulez pas le voir.