Carnet de campagne d’un candidat à vélo

Clément Wittmann est un candidat écologiste, pacifiste et objecteur de croissance qui parcourt la France à vélo depuis bientôt un an pour obtenir les 500 signatures lui permettant de porter les thèmes de la Décroissance lors de la prochaine élection présidentielle. Voici son carnet de campagne.

500 signatures pour améliorer la visibilité des Objecteurs de Croissance

Carnet de campagne

Si le départ officiel du tour de France à vélo de Clément Wittmann a bien eu lieu le samedi 14 mai 2011 de Milly-Lamartine (Saône- et-Loire), en revanche le réel coup d’envoi eut lieu le lendemain, vers 14-15h, de Milly-Lamartine cependant !

Pourquoi un tel loupé, un tel retard, une telle incompétence, pourquoi déjà la non-performance ?! Tout simplement parce que notre passion de la chose politique nous a contraints à poursuivre et poursuivre la discussion précédent ce départ, parce qu’il nous fallait prendre notre temps avant de nous jeter dans cette aventure et, surtout, parce qu’à l’image de notre programme nous avions le devoir et l’envie de prendre ce temps, parce que nous voulions profiter de ce privilège que presque constitue le fait de vouloir – et pouvoir… – prendre ce temps, justement…

Marqué par l’imprévu dès le début donc, c’est ensuite et en plus une averse conséquente qui nous a invités à attendre, sous l’abri-bus de Milly-Lamartine, la fin de son passage… Par la suite nous en verrons, des abris-bus, des abris-bus et des gares dont l’état général traduit clairement la non-administration à leur égard ! Rien à foutre il y a les routes, prenez vos bagnoles ! Enfin c’est le départ, nos deux accompagnateurs-supporters, Andréas et Virginie, agitent leur mouchoir, nous leur faisons coucou, ça monte, on est heureux, on va changer le monde, rencontrer plein de monde, en direction de Pierreclos !

De l’avis du maire de Milly, premier signataire, inutile de perdre son temps là-bas, l’emprise productiviste a déjà bien trop fait son œuvre, Monsieur le Maire est en effet quelqu’un de « raisonnable » et il ne nous reste alors plus qu’à déplorer l’absence de permanence 24/24 au secrétariat de mairie (c’est dimanche) ! Un tract glissé dans la boîte à lettre fera l’affaire…

C’est arrivé à Tramayes que nous plongeons dans le vif du sujet ; d’abord surgit de nul part une jeune femme à vélo avec qui l’on discute un moment, ce tout en procédant à sa demande au réglage de sa selle positionnée bien trop haut ! Elle est en vacances, vient d’Allemagne, et nous demande s’il faut « supprimer les voitures ? » ! Plus loin dans le village, devant la mairie, une dame âgée nous explique, alors qu’il est question de la décroissance des inégalités, que « c’est comme ça, nous on a travaillé toute notre vie pour pouvoir vivre et que maintenant on continue même si c’est difficile », enfin que « on est du bon côté », alors qu’il est cette fois question de la répartition des richesses au niveau international. On repart en se disant, nous, qu’en lieu et place d’être du bon côté on est surtout du côté des salauds !!! Nous, au fait, c’est Clément Wittmann et moi, Yan Bertot, entre autre lecteur du journal « la Décroissance »…

Cap à l’Ouest, soit Saint-Pierre-le-Vieux puis Saint-Bonnet-des-Bruyères, où nous buvons un coup dans un (le?) café où les habitués n’ont pas l’air trop partants pour la causette – on est des étrangers pis aussi probablement des drôles de gars avec nos vélos plus remorques garés juste devant…! –, ensuite Aigueperse, enfin La Clayette (prononcer « clète » !…), où nous nous posons pour la nuit. Camping libre, c’est à dire camping non-autorisé ou bien encore « sauvage », ce à droite en sortant de la ville en direction de Marcigny, un terrain herbeux offrant quelques arbres fruitiers comme ancrage et intimité… Tout près de la mairie, tout près d’une école, nous déroulons les tentes et, surprise que vois-je, Clément procédant à l’édification de ce que l’on ne peut raisonnablement justement pas appeler une tente ! Il va dormir, en effet, dans un parallélépipède rectangle dont les cotes sont approximativement celles d’un humain (plus quelques centimètres…) mais là n’est pas le plus drôle ; voyant son attitude ainsi que le « produit », je lui demande si c’était bien ce à quoi il s’attendait, question à laquelle il a l’honnêteté de me répondre par la négative ! Vous aurez été prévenus, voilà de quel futur Président il s’agit !!!

Le lendemain on remballe, ce tout en assistant à l’incessant balai des automobiles livrant à l’école ses effectifs d’élèves lesquels élèves nous font inlassablement coucou plusieurs dizaines de minutes durant – mais que fait le corps enseignant ?! –… La Clayette et agglomération, ce sont environ 4000 personnes possédant une gare ferroviaire sur le quai de laquelle on aura vu attendre des passagers, preuve dont il fallait disposer pour pouvoir affirmer l’existence d’une circulation de trains de voyageurs sur l’infrastructure à voie unique encore miraculeusement existante… L’élu, on lui laisse un tract, le courant passe… mal ! Cap à l’ouest toujours, Baudemont, Vareilles, Saint-Christophe-en-Brionnais, où un chauffeur de poids lourd autochtone nous apprend qu’il se rend régulièrement dans le lyonnais pour charger de l’eau de javel et l’acheminer jusqu’à la centrale nucléaire située au nord ouest, sur la Loire, certainement Dampierre ou Belleville… Destinée à désinfecter les conduites, cette eau de javel, comme les gants, les combinaisons ou le reste, devra ensuite être traitée, ce après avoir été fabriquée, conditionnée et transportée; le nucléaire, donc, crée des emplois !

On repart en se disant que cette filière est une véritable horreur. Pause déjeuner-sieste à Sainte-Foy, au bord de la mare, dans les croassements! A Semur-en-Brionnais c’est l’époque médiévale, et « Radio Cactus » ! On rentre, on est convaincu que Clément va pouvoir bénéficier d’une heure de grande écoute pour un monologue propagandiste mais… à Radio Cactus on nous explique ne pas faire de politique, ne s’occuper que de choses locales! On « rigole », on discute un peu, la politique c’est partout, y compris dans l’éventuelle restauration du Château Saint-Hugues qui agrémente cette paisible bourgade… Un classeur « pub » se tient vaillamment sur une étagère, rien que de la pub locale elle aussi, pas de politique donc ! On quitte la ville après une discussion sérieuse avec les employées de mairie qui transmettront à « Monsieur le Maire » .

A Marcigny on fait une grande pause, petites courses, journaux, terrasse, et bagnoles en continu tout autour (« j’ai la tête comme ça » !). A la mairie nous laissons un tract au secrétariat, à la maison de la presse nous trouvons un allié potentiel qui envisage d’apposer notre affiche dans sa devanture… On passe la Loire, Chambilly est charmante, et on remonte dans les hauteurs, toujours vers l’ouest ! A la Motte au Merle se trouve un camping que l’on ne peut que recommander. Bien que privé c’est petit, pas cher, ombragé, simple et fonctionnel. Toute le nuit durant, le rossignol chantera juste au-dessus, là, dans l’arbre d’à côté ! Un vrai bonheur ! Pour ceux qui souhaitent plus de confort que la simple tente et surtout le simple matelas, on peut louer des petites caravanes ou bungalows, à la journée comme à la semaine… Les proprios sont sympas et rigolent lorsqu’on leur explique qu’un immense complexe va bientôt voir le jour, là-bas, juste en face sur le coteau ! Ce ne sont pas des hystériques, ils comprennent lenteur et temps de vivre, nous sommes heureux d’être passés par chez eux.

A Urbise nous conversons longuement avec l’employée de mairie ; tout y passe : « les vélos avec les remorques c’est dangereux », mais « les industriels ne renonceront jamais à l’automobile car les sommes en jeu sont trop importantes ». Son fils fait des études à l’autre bout de l’Europe, et « les transports sont inefficaces, et on est pris pour des cons »…! En réalité elle est « géniale », clairvoyante et aveuglée, calme et déchaînée, enfin elle transmettra à « Monsieur le Maire ». Montaiguët-en-Forez est jolie, mais personne ! Direction Lapalisse via un bout de grande route, là nous redécouvrons la joie des successions de camions (ici c’est Clément qui finit par avoir « la tête comme ça » !). Lapalisse c’est du sérieux, cyber-espace dans un magasin d’informatique-hifi-etc., agent immobilier, réfection du carrefour « central », office du tourisme, supérettes, bref on en repartira à ce point « regonflés » que nous nous engagerons à atteindre les chambres d’hôtes de Bois mal (commune de Chirat-l’Eglise, toujours plein ouest, à 59 km !) pour la fin de journée !!!… Bien que n’étant pas grand-électeur, la dame de l’office du tourisme a droit à notre « numéro », numéro de répétition que nous jouons à ce point léger qu’elle nous prendra au moins autant à la rigolade qu’au sérieux… Tout en rappelant quelques bases, le tract de campagne lui permettra d’être sûre de n’avoir pas rêvé !

Nous remontons sur nos machines à pédales et atteignons Périgny, où le Maire nous déclare avoir des opinions mais n’en pas faire étalage… Tract, et on repart après une discussion « difficile »! Pour éviter de poursuivre sur la grand’ route (il s’agit de la N7 ! ; à ce sujet il existe un film du même nom – « Nationale 7 » – qui est un petit chef-d’oeuvre…!), on passe « derrière » direction St-Gérand-le-Puy via Nouvelon, dans la toute petite vallée du Redan. C’est magnifique, calme, tranquille, et nous mène tout doucement jusqu’à Sanssat. Le soleil est déchaîné, pas âme qui vive, les habitants sont raisonnables c’est à dire probablement à l’ombre… Peut-être sont-ils aussi malheureusement sur la route ou dans des bureaux climatisés, « otages » de la France qui se lève tôt… Peut-être…

Vient Billy, promontoire surplombant l’Allier et sur lequel se trouve le château que nous ne visitons pas, même chose pour la mairie où nous trouvons porte close. Tract. On passe l’Allier. C’est une limite, une ligne, un phénomène de part et d’autre duquel on trouve des configurations similaires mais séparées… Le voyage à vélo a ceci de magique qu’il invite à exprimer les choses de cette manière, « On passe l’Allier », et a en prendre pleinement conscience… Plus réaliste – moins utopique donc…?! – aurait été un bac, bac qui nous aurait permis une plus grande proximité d’avec ces limite et phénomène… Un gué irait plus loin dans ce sens mais aurait bien plus durement confronté nos mécaniques respectives, corps et vélos confondus ! Tract à Marcenat. Tract à St-Didier-la-Forêt, mais aussi et surtout discussion avec le maire et une adjointe. Tout comme à « Radio Cactus », « Monsieur le Maire » nous explique ne pas faire de politique et n’avoir jamais signé pour qui que ce soit !

D’ailleurs il ne signera pour personne, qu’on se le dise ! On discute malgré tout en insistant sur l’aspect politique que recouvre chacune des actions ou mesures qu’il décide ou non de prendre… L’agence postale communale, l’école, les bacs à fleurs et le reste, tout ceci est pour lui du ressort du bien-être de ces concitoyens, rien de plus et sûrement pas de politique là-dedans…!

On enchaîne et on traverse des étendues cultivées, Clément remarque l’arrosage de parcelles de blé, il est bien question de sécheresse… Ne lit-on pas dans les journaux que la situation est catastrophique ? N’ayons crainte cependant, les gouvernements vont débloquer de l’argent ! Incroyable ! Il n’y a plus d’eau dans les sols, les plantes en crèvent et l’on convertit aussitôt ces questions en considérations financières !!! Que les agriculteurs soient indemnisés de manière à ne pas devoir fermer boutique ou crever de faim est une évidente nécessité, en revanche que l’on transforme systématiquement cette question de la production alimentaire en capacité potentielle de faire financièrement face à des problèmes éventuels de sous-production (sous-gaspillage serait peut-être mieux adapté, voir plus loin…!) est quelque peu effarant… Ceci contribue, avec le reste du discours productivo-croissanciste, à maintenir chacun d’entre-nous dans des raisonnements découplés de nos réalités physiques. Ceci dit et comme Clément me le rappelle en longeant ces parcelles de blé arrosé, on jette largement plus de 30% de la production agricole dans les poubelles, il y a donc de la marge !

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On poursuit plein ouest – il y a, là aussi, de la marge !!! – et l’on traverse Barberier et Etroussat pour finir par une belle côte assez longue… Depuis la crête vue sur Ussel-d’Allier, là en contrebas à gauche, ainsi que la plaine et ses quelques petits monts droit devant. Le vent souffle, ce sont les derniers quarts d’heure avant la fin du jour, on est haut, on est libre!… Partisan de la décroissance mais quelque peu fanatisé par la vitesse, je descends à toute allure vers Ussel, histoire de jouer avec la mort… Totalement détendu et apaisé, Clément, lui, savoure, et de tout le voyage je ne sais s’il aura dépassé les 35 km/h, vitesse au-delà de laquelle on ne voit en effet « plus rien »… A Bellenaves il fait plutôt nuit, et complètement nuit lorsque nous arrivons à Bois mal. On y restera deux nuits entre lesquelles nous prospecterons dans le secteur, rencontrant ainsi les maires des communes de Louroux-de-Bouble et Echassières.

A Louroux-de-Bouble justement, il est pour nous beaucoup question de politique des transports, cette commune ayant la chance d’être traversée par une voie ferrée à voie unique (mon péché mignon !). Reliant Montluçon à Clermont-Ferrand (ou Vichy) par Gannat, le nombre et la fréquence des trains en dit long sur la volonté politique en la matière ! Je parierais que ce tronçon peut petit à petit fermer et ce tout simplement parce que l’alternative ferroviaire Montluçon – Clermont par Saint-Eloy-les-Mines appartient désormais au passé. A Lapeyrouse, l’embranchement situé à quelques kilomètres en direction de Montluçon, on ne peut que contempler les vestiges d’une forme de vandalisme d’Etat ; triage et potentiel ferroviaire abandonnés, bâtiments délabrés, trains au compte-goutte, quand ce ne sont pas des bus (à ce sujet TER signifie Transport Express Régional, et non Train Express Régional)… Là encore prenez vos bagnoles (vertes !), il n’y a de sous (donc de volonté !) que pour elles et c’est pourquoi « nos » dirigeants n’ont de cesse de refaire et d’élargir les chaussées, de refaire et d’élargir les rocades, de refaire et d’élargir les autoroutes etc. (« faire refaire » et « faire élargir » serait en l’occurrence plus juste!!!). Que dire, de plus et surtout, de la situation des habitants du coin ? De l’hôtel de la gare, en ruine ? Du café de la gare, en ruine ? Des volets de ces deux habitations, eux-aussi toujours en ruine bien évidemment?!!! Enfin dernière précision et non des moindres, s’il n’est plus possible d’emprunter le tronçon par Saint-Eloy, c’est paraît-il pour cause de vétusté du viaduc des Fades, situé 6 kms au sud de St-Gervais-d’Auvergne. On croit rêver ! Un pont nous arrête ! En considérant néanmoins cet argument ridicule comme recevable, je maintiendrais cependant l’idée d’une navette faisant des allers-retours Montluçon St-Gervais, allers-retours temporellement rapprochés et ce depuis tôt le matin jusqu’à tard le soir, pourquoi pas même week-ends compris parfois…!

A cette proposition les partisans du moins-disant social, favorables à l’exploitation, en continu et donc le dimanche, des populations qu’ils ont plongés dans des situations de besoin et de désoeuvrement telles qu’elles finissent par « accepter » le travail dominical, ricanent en prétendant avoir trouvé là une contradiction. Pauvres d’eux, qui n’imaginent pas à quel point nous sommes tous tout à fait disposés à travailler le dimanche…!

A Louroux-de-Bouble, le maire comprend notre approche… Même chose à Echassières, où nous parlons plutôt des écoles, que certaines communes s’évertuent à conserver par le truchement du Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) ; suite logique à l’abandon des territoires et de leurs habitants, suite logique au mépris des populations rurales par les « hauts » « responsables », le RPI semble constituer le seul moyen, pour des petites communes rurales, de conserver un service scolaire pour les enfants jusqu’au primaire…

Envisageons trois communes, donc trois écoles, proches les unes des autres. Jusqu’alors écoles de proximité (maternelle, CP, CE et CM), ces trois écoles deviendront au mieux écoles de niveau, la première accueillant les petits, la deuxième les moyens et la troisième les grands… « Au mieux », car dans ce genre d’opération une des écoles est parfois fermée… Je ne sais ce qu’en pensent les enseignants mais je crois savoir d’une part qu’ils ne sont pas à l’origine de cette réforme – les parents non plus –, d’autre part que les écoles à classe unique donnent d’aussi bons résultats que les autres… Par ailleurs la polyvalence, mise sans cesse en avant par « nos » « hauts » « responsables », disparait quelque peu… Fini le brassage intergénérationnel (!), les « petits petits » n’auront plus la chance de côtoyer les « grands petits » et vice versa… Enfin les transports augmentent, ce qui est une bonne chose pour tous ceux à qui cela profite c’est à dire en réalité personne !

Totalement perfide et avançant masquée, la haute engeance dirigeante est capable de justifier la fermeture des petites écoles par la recherche d’un enseignement de qualité, à l’image d’ailleurs de ces privatisations qui n’ont d’autre objectif que l’amélioration des services publics (les plus potentiellement rentables comme de juste!)… Par enseignement de qualité on peut comprendre moyens mis à disposition, par exemple des ordinateurs bien évidemment…! Là ressort la trop petite envergure de ces élus artisans du gaspillage qui, bien que tout disposés à donner gain de cause aux aspirations philanthropiques des marchands d’ordinateurs, ne peuvent hélas y accéder que partiellement ! Trop cher ! Politique publique de rigueur oblige, chaque élève du primaire ne se verra donc pas secondé par ce compagnon électronique indispensable à cet éveil de qualité tant recherché ! Les maigres ressources d’un Etat sont parfois salvatrices, et ces ordinateurs ne seront affectés en priorité qu’aux écoles des « grands grands », ouf !!!! Nous qui sommes pour la défense de la proximité nous entrons dans la petite quincaillerie-bazar faisant aussi office de station-service. On veut en savoir plus ! A quand la fermeture, et dans quelles conditions ?!!! Comme nous, le patron s’attendrit devant l’authenticité – une belle devanture en bois notamment – de ce commerce de plus bien utile. Il le tient de son père, et va bientôt prendre sa retraite, aïe ! Pour éviter de laisser totalement « couler » son village, la Mairie est partie prenante et envisage de participer au maintien de cette activité… A la boulangerie d’à côté nous achetons aussi quelques pommes, normalement utilisées à la fabrication des chaussons du même nom !

On profite de l’abri-bus pour échapper à l’averse et croquer lesdites pommes. Le quincailler sort et s’engouffre dans son 4X4. On est décu, l’authenticité en prend un coup ! Entre ces deux communes, Echassières et Louroux, nous découvrons les restes d’un site d’extraction de tungstène, comme nous l’expliquent des « anciens » arrêtés sur le bord de la route. Un petit centre de vacances est en lieu et place envisagé, apprend-on…

Plus loin nous manquons d’entrer en collision avec une biche qui traverse juste devant nous. Ces animaux sont dangereux, comme le rappelait un pilote du Paris-Dakar à propos de gazelles au comportement plus que léger ! Heureusement qu’on ne roulait pas vite cependant…

Après cette halte prolongée de Bois mal, nous mettons cap sur St-Eloy-les-Mines via Lapeyrouse (tract!) et Buxières-sous-Montaigut (retract, et discussion avec la secrétaire de mairie qui transmettra).

Nous arrivons dans St-Eloy par la route longeant cette fameuse voie ferrée désormais désaffectée. A l’image de cette désaffection, les faubourgs laissent transparaître une certaine misère sociale… Les émanations d’une grosse cheminée d’usine toute proche dégagent une odeur forte et désagréable… Le centre-ville, quant à lui, se confond en partie à l’artère principale que constitue l’ancienne route nationale N144. Aujourd’hui rebaptisée départementale D2144 (le monde change!), celle-ci relie Montluçon à… Clermont-Ferrand bien sûr !

La circulation est dense, tout comme le bruit. La voie ferrée était donc bien superflue, les actions menées par une partie de la population pour demander le maintien de l’offre ferroviaire tout autant ! Les gens, enfin certains, ne sont pas réalistes ! Ils pensent vivre dans un pays riche capable d’un tel effort de complémentarité, route, et rail ! Le beurre, et l’argent du beurre ! Enfin bon évitons de nous plaindre, cette commune accueille encore un bureau de poste ainsi qu’une médiathèque… Profitons-en, ce que nous faisons d’ailleurs avant de poursuivre en direction de Montaigut !

Camping tenu par un « néerlandais » à Buxières-sous-Montaigut lequel « néerlandais » semble heureux d’avoir enfin déniché des « français » fidèles à leur réputation c’est à dire contestataires (tu parles !!!)…! Il est sympa, curieux et, surtout, de bonne foi. Il est bien d’accord avec nous, on est dans la merde, même si le cadre environnant est charmant ! Nous atteindrons Montluçon dans le début de soirée, en coupant par la campagne via Commentry et Chamblet.

A Commentry l’impression est un peu comme à Saint Eloy… L’intérieur de la mairie en impose, l’ambiance est feutrée dans les étages, les portes sont capitonnée, enfin des responsables de service transmettront au maire. Chamblet, elle, se trouve sur la N371, pardon D2371, le monde change encore et toujours, et fait partie de ces communes sinistrées par le trafic privé d’Etat. C’est presque « dérisoire » mais le gouffre financier que représente la perpétuelle réfection de ces routes, la charge financière engendrée par le simple remplacement des indicateurs routiers, remplacement consécutif à la réaffectation des routes nationales en routes départementales (le monde change encore et toujours disais-je…!), toutes ces dépenses pourraient contribuer à maintenir quelques écoles et hôpitaux dans nos campagnes, non ? Pire encore le travail associé à ces activités, artificiellement soutenues donc sans intérêt aucun, pire aussi encore les dégâts matériels liés à ces activités sans intérêt aucun, encore bien pire encore la « destruction » d’humains chaque jour un peu plus au bout du rouleau après le boulot – « vivement ce week-end », ça veut dire quoi ??? –, bref si l’on ajoute à tout ceci le bruit et l’odeur, comme l’avait malheureusement pensé (et dit) la dernière recrue du PS sauce Hollandaise, alors le riverain de la D2371, français ou non, devient fou. Poussé par sa folie il demandera le contournement de la commune lequel sera réalisé grâce au dynamisme de ces Messieurs les plus éminents Conseillers des Alentours, révélant ainsi la nature parfois profondément routière de nos démocraties pétrolières…!

A Montluçon, Désertines plus précisément, nous sommes accueillis et hébergés par des sympathisants de l’extrême gauche. Ils sont super sympas ! Citoyens militants du NPA qui portent les idées de la décroissance au sein de l’ancienne LCR, ils nous offrent le gîte et le couvert pour ensuite nous « livrer », le lendemain matin à l’aube, à une radio locale où Clément est attendu ! D’obédience communiste, BFM est aussi une radio… « locale » ce qui signifie qu’à 8 h. pile le flash d’info démarre en trombe, que ça fonce, que Clément est évoqué entre d’autres trucs et que c’est ensuite à lui pour quelques rapides petites minutes !

Là non plus pas de monologue propagandiste comme nous l’avions espéré à « Radio Cactus » – encore que…! – mais en revanche une heure de grande écoute…! Pour la décroissance. On est content !

> Yan Bertot

5 commentaires sur “Carnet de campagne d’un candidat à vélo

  1. bruno le hérisson

    Actuellement une candidate à du le pen à recueillir les 500 signatures, cela m’a amené à avoir une petite réflexion, dans la mesure où je n’aime pas trop l’idée de tout un peuple qui remet son destin entre les mains d’un seul homme providentiel, j’ai rêvé d’une utopie : les maires n’accordent leur signature à aucun candidat, le conseil constitutionnel constate qu’il n’y aucun candidat, il n’y a plus de présidentielle et plus de président.

  2. Gautamickael

    On ne pourra pas reprocher à Clément et Yan de manquer de courage dans leur démarche.
    Bon courage les gars !

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