A gauche, le premier ministre français expert en plan vélo, à droite le premier ministre hollandais. Lequel a tout compris en matière de vélo?
Ces jours-ci, Édouard Philippe, ancien représentant de commerce d’Aréva, a fait le détour par Angers pour nous présenter le magnifique Plan Vélo que la France attendait depuis des décennies.
On ne va pas s’étendre ici sur le contenu de ce Plan Vélo, on en a déjà parlé par ailleurs. Juste préciser qu’il s’agit d’un enterrement en grande pompe de ce qui s’appelait l’indemnité kilométrique vélo (IKV). On parle aujourd’hui d’un vague « forfait mobilité durable », non obligatoire bien entendu, et ce sera au salarié de convaincre son employeur de le mettre en place… Bon courage!
Le plus triste, c’est qu’une déclaration d’Edouard Philippe au sujet de ce forfait mobilité durable montre qu’il ne sait pas de quoi il parle: « Alors évidemment, (ce forfait mobilité durable) sera exclusif d’autres mécanismes qui viennent accompagner le salarié ou l’agent. » L’idée, c’est que soit vous touchez la prise en charge par l’employeur de 50% du coût des transports en commun, soit vous touchez le forfait mobilité durable pour vos déplacements à vélo.
Comment dire? Et pour ceux qui utilisent le vélo avant et après le train en mettant par exemple le vélo dans le train? Profiteurs! Vous choisirez, c’est l’un ou l’autre… Enfin, cela va être vite choisi: vu les sommes en jeu et le caractère complétement aléatoire de ce forfait mobilité, ce sera donc la prise en charge par l’employeur de 50% du coût des transports en commun, comme avant quoi! Merci le Plan Vélo et merci Édouard Philippe!
Vendredi dernier, après avoir annoncé leur magnifique plan vélo, Édouard Philippe, le nouveau ministre de la transition écologique, François de Rugy, et la ministre des transports, Elizabeth Borne, sont ensuite repartis… en voiture pour parcourir… les 800 mètres qui les séparaient de leur visite suivante.
Tout est dit et on ne peut s’empêcher de repenser à ce magnifique dessin de Wolinski qui n’a pas pris une ride…
« Alors évidemment, (ce forfait mobilité durable) sera exclusif d’autres mécanismes qui viennent accompagner le salarié ou l’agent. »
Il ne sait pas de quoi il parle ?… Au contraire, nième recul, arbitrage de Bercy, on ne cumul plus remboursement velo et TC. Supprimer les effets d’aubaine, ne privilégier que de vraies mesures incitatives, qui ne peuvent être portées qu’au niveau local car qui mieux que le terrain connait les problèmes locaux, on les connait par coeur les arguments bidons pour arrêter de donner quelques centimes… il sait parfaitement de quoi il cause, un double recul, et un objectif risible, 3 à 9% par l’opération du saint-esprit.
Je vous trouve un peu dur.
Peu importe le contenu de ce plan, le plus important est la couverture médiatique que ce plan apporte sur l’usage du vélo, qui est ainsi mis au centre de l’actualité.
Et ça, c’est déjà une énorme avancée.
Ce qui est affligeant, justement, c’est que ce spectacle d’annonces et de demi-mesures soit bel et bien une énorme avancée. « Je m’apprête à faire le tour du monde mais je vais faire une pause d’un an parce que je viens de lacer mes chaussures… »
Tant qu’on n’aura pas le courage de penser autrement qu’en options, mesures volontaires et autres incitations, le fond du problème restera le même. On passe encore pour un•e hurluberlu•e quand on se déplace à vélo de manière systématique. Quand on ne verra plus ce qu’il y a d’amusant dans la photo d’un ministre sur son vélo, on aura progressé.
Je pense plutôt que le premier barbu de France est déjà en burnout – et non pas en burnous… – pour désonner de la sorte…
ou alors à vouloir jouer à fond le p’tit gestionnaire il a dû virer trop de collabos dans son cabinet, qui dès lors n’est plus d’aisance et où l’on ne peut être autant à l’aise pour jacter intempestivement ; résultat :
personne pour lui faire le topo idoine et lui sonner les cloches sur le dispositif actuel de cumul IKV – remboursement partiel du TC…
A propos de çonnerie c’est finalement un bon signal d’alarme, pour que se bougent sérieusement le panier à crotte les acteurs du lobbying en faveur des modes alternatifs à la bagnole, au cours de l’élaboration du texte qui sortira du projet de loi d’orientation sur les mobilités…
@Alain : « Peu importe le contenu de ce plan, »
Desolé, mais c’est n’importe quoi. C’est parce qu’on ne fait en France que parler de vélo et qu’on ne fait jamais rien (à l’instar de ce ‘plan’ qui est nul et non avenu) qu’il ne se passe rien.
En tout cas, les caisseux peuvent être satisfaits du dernier Plan Bagnole : outre le contournement ouest de Strasbourg qui va coûter cher en morcellement forestier et amoindrissement de la bio-diversité dans la région, j’ai remarqué que dans ma région Ile de France, la larve bagnolarde moyenne a contre toute vraisemblance toute latitude à rouler directement sur les pistes cyclables.
Au point de faire des appels de phares et de vous intimer l’ordre de dégager de sa route, pensez-vous, son temps à lui est précieux. Et lorsqu’un cycliste récalcitrant (moi) -diantre ! -lui signifie qu’il n’a rien à faire là, le veau motorisé en question se fend d’un « Ta Gueule ! ». Voyons voir mon poussin crade, petite feignasse enviandée et mollassonne, si j’avais VRAIMENT voulu parler à quelqu’un ayant 200 mots à son vocabulaire, je t’aurais pas attendu mon chéri.
Bref, on va au-devant de situations encore plus navrantes, pendant que les gouvernements fantoches successifs et inutiles saupoudrent de mesurettes leur inaction en matière environnementale, que la planète se meurt sous les coups répétés du capitalisme court-termiste, et que 99% de la population des pays dits « développés » ne se rend compte de rien, reste engluée dans sa routine crétine, et garde les yeux rivés sur l’écran de la téloche (ou de la tablette / du portable / du PC d’ailleurs) à ingurgiter toute la pâtée qui lui est servie tiède… Ce jacobinisme teinté d’abrutissement aveugle me fait gerber.