La ville d’Edimbourg (440.000 habitants) se trouve sur la côte est de l’Ecosse. La ville est déjà relativement dense comme la plupart des grandes villes écossaises où il est plus habituel de vivre en habitat collectif qu’en Angleterre. Ville historique, capitale culturelle de l’Ecosse, elle est aussi une ville clé sur le plan économique, en particulier les assurances, les bureaux gouvernementaux délocalisés et l’enseignement supérieur. La ville est récemment devenue une collectivité unitaire (Unitary Authority), rassemblant toutes les compétences d’administration locale sans être soumise à la tutelle régionale. Ses limites ne couvrent qu’une partie de l’aire métropolitaine, ce qui peut rendre difficile la coordination avec ses zones limitrophes.
Le Chef du service aménagement de la ville était jadis le Directeur de transports dans la région de Lothian, supprimée en avril 1996 suite à une restructuration des collectivités écossaises. Sous son impulsion, une politique intégrée de gestion des déplacements a été développée au sein de la région, ce qui avait pour but de diminuer la circulation des voitures dans la ville de 30% pour l’an 2010. Cette politique a été transférée grâce au soutien politique des élus de la nouvelle collectivité.
L’outil utilisé était le « Structure Plan » (Schéma Directeur) qui précise les grandes lignes de l’aménagement du territoire et les politiques qui doivent être prises en compte pour la préparation du local plan (équivalent au P.O.S.) de la ville.
Ce plan préconisait une politique de limitation des besoins de déplacement à une époque où une telle politique n’était pas à l’ordre du jour gouvernemental.
Le programme d’investissement pour mettre en oeuvre une telle politique est précisé dans le Transport Policies and Programme (Programme et politiques des transports) de la région. La politique a été prise en charge par la ville qui s’occupe actuellement de la promotion d’un projet pilote « villes sans voitures » pour un projet d’HLM dans un quartier de la ville. Pour pouvoir faire cette limitation, il faut coordonner les conditions imposées avec le permis de construire et la réglementation de stationnement dans le quartier.
DESCRIPTIF DE L’EXPERIENCE
Une politique intégrée
La partie transport du Structure Plan a été rédigée en collaboration entre les sections Urbanisme et Transports. Les besoins de déplacement sont générés pour l’essentiel par l’affectation actuelle des sols et il serait nécessaire d’investir toujours davantage pour conserver un niveau d’accessibilité conforme aux objectifs économiques et environnementaux.
Sans changement de politique, on prévoyait une augmentation de la circulation aux heures de pointe de l’ordre de 21% et une réduction de la vitesse moyenne de 10% en centre ville dans les 10 prochaines années.
Les objectifs de cette nouvelle politique sont les suivants :
· localiser les nouvelles implantations afin de diminuer les besoins de déplacement,
· favoriser les transports publics,
· améliorer la sécurité de la route,
· favoriser l’usage du vélo et de la marche,
· réduire l’impact de la circulation dans les zones résidentielles et commerciales pour favoriser l’usage du vélo et de la marche,
· ne pas construire des routes nouvelles à l’exception des aménagements destinés à produire des améliorations de la sécurité ou de l’environnement ou pour promouvoir la stratégie d’aménagement du territoire,
· transférer les marchandises de la route au chemin de fer.
Une stratégie complémentaire de transport a été adoptée pour définir les mesures nécessaires pour réduire la circulation dans les zones urbanisées.
Ces actions consistent dans les points suivants :
· une politique d’affectation des sols centralisera les nouvelles implantations dans les zones qui seront facilement accessibles
par les transports publics, prioritairement en centre ville et aussi dans une zone majeure d’aménagement à l’ouest de la ville liée au centre par une liaison nouvelle de « transport public de qualité »,
· les utilisations au sein des zones destinées à l’aménagement devront être mixées et les transports en commun devront convenir aux usagers,
· il y aura des aménagements destinés à limiter l’accès en voiture en centre ville et à favoriser les bus sur les routes vers les
banlieues (les « Greenways ») et les piétons en centre ville,
· le contrôle des parkings dans les nouveaux aménagements sera un outil clé pour limiter l’augmentation de la circulation,
· l’implantation des nouvelles entreprises hors du centre sera limitée. Moins de parkings seront autorisés si les implantations nouvelles sont situées dans les zones bien desservies par les transports publics.
Le plan propose quelques autres améliorations des transports publics, par exemple la réouverture d’un chemin de fer désaffecté de banlieue et l’ouverture de quelques gares nouvelles.
Zone sans voitures à Gorgie Goods Yard
L’ancienne Région de Lothian et la ville d’Edimbourg font partie du réseau « Villes sans voitures ». Elles ont décidé d’établir une zone résidentielle sans voitures en janvier 1995 et un groupe pilote a été établi. Elles ont examiné d’autres expériences européennes dans ce domaine et ont analysé les critères de localisation, les règlements d’urbanisme nécessaires, les contraintes juridiques et les contraintes liées aux transports. Un rapport, « Habitat sans voitures à Edimbourg » a été publié.
Ce rapport a considéré qu’un projet d’habitat sans voitures pouvait être installé à Edimbourg, de préférence dans un quartier du centre ou près du centre. Des espaces occupés par des anciennes voies de chemin de fer à l’abandon ont été retenus pour construire le quartier sans voitures, qui est situé à environ 3 km au sud-ouest du centre d’Edimbourg.
Des commerces, un centre commercial et un supermarché sont situés à proximité immédiate du quartier d’habitat. Plusieurs équipements de loisirs sont situés à moins d’un kilomètre du quartier: terrain de football, parc public, bowling, etc. Une école primaire et une école maternelle sont situées à moins de 500 mètres.
Le permis de construire a été accordé en décembre 1995 et un concours a été lancé pour la conception de l’aménagement (1996-1997). La construction du quartier a débuté en 1998 et s’est terminée en 2000, date de la réalisation définitive du projet.
Le quartier Gorgie (photo) s’étend désormais sur une surface de 1,6 hectare et comprend 120 appartements répartis comme suit: 26 propriétaires-occupants, 25 en propriété partagée, 55 en location sociale et 14 logements réservés à des personnes handicapées.
Le projet se trouve entre deux routes principales dans la ville pratiquées par un service d’autobus sur chacune d’entre elles (10 min du centre environ). Le quartier est située à moins de 3 km de la gare principale. Un service d’autopartage propose aux habitants du quartier une voiture en location. Enfin, le quartier s’intègre dans un réseau dense de pistes et bandes cyclables.
Un souci clé relevé dans le rapport était le contrôle juridique visant à empêcher les résidents de garer leurs voitures près de l’aménagement.
Pendant ces délibérations, une demande de permis d’aménager (outline planning permission – c’est à dire une demande pour changer l’utilisation du sol) a été déposée par une association de logement social qui convient bien à un aménagement sans voitures et qui a été considérée comme projet pilote. Le site se situe dans une zone urbaine, près des commerces et transports publics, mais où il n’est pas facile de construire un chemin d’accès pour les véhicules.
Une convention liée au permis de construire a été signée entre l’association et la ville, ce qui impose aux habitants de ne pas garer une voiture sur l’aménagement et dans un périmètre défini dans la convention. Une dérogation aux normes habituelles de parking (une place de parking par logement) a été accordée et une norme d’une place par 10 logements y a été substituée. Des règlements ont été imposés pour supprimer les places de parking près de l’aménagement.
Aujourd’hui, l’opération semble avoir été un succès. Les logements ont été quasiment tous réservés à l’avance et ils sont désormais tous occupés. Egalement, depuis la création du quartier, le turn-over a été très faible et les nouveaux habitants semblent vouloir rester dans ce quartier sans voitures.
Quand on lis le discours et les objectifs,
c’est vraiment une bonne chose… sauf un point…
La taille…
120 foyers, c est petit…
Pas de quoi vivre dans une ville (quasi) sans voiture ni même un vrai quartier… (malgré son nom « quartier Gorgie »)
Un point de départ intéressant.
En multipliant de tels îlots, et en faisant une trame, un réseau de routes piétonnes les reliant entre eux, ce serait bien,
mais on n en est pas là.