Pour un meilleur usage du 1:50.000

« La Géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre », disait le livre d’Yves Lacoste. Oui, mais pas seulement. Cela sert aussi à donner les bonnes indications au quidam qui se meut. La géographie permet donc tous ces flux humains et ces flux de marchandises. Son objet est d’étudier l’espace pour en donner une connaissance à son lecteur. La cartographie, elle, est l’activité qui consiste à produire les cartes. Tout le monde a tenu une carte routière dans ses mains un jour ? Tout le monde a essayé de faire une randonnée pédestre cool et longue avec une carte au 1 : 250.000 (échelle assez classique pour les cartes routières) ? Pas facile, en effet. En cela, oui, la géographie sert peut-être encore à faire la guerre : la guerre à ce mobilo-prolétaire qu’est le piéton.

Car une carte au 1:250.000 verra bien sûr ses informations sélectionnées par le cartographe selon l’usage prévu, le public prévu, etc.. Qu’est-ce qu’un radar automatique viendrait faire dans une carte de randonneur pédestre ?

Les cartes de l’IGN (Institut Géographique National) vont du 1:25.000 au 1:1000000 (cette échelle-ci peut servir pour les clichés aériens, par exemple. Le 1:25.000 et le 1:50.000, c’est bon, c’est très bien adapté au piéton et aux cyclistes. Et, par chance, ces cartes indiquent beaucoup plus de détails géomorphologiques (naturels) et de détails sur le tissu architectural et économique) qu’une carte destinée à un grand avaleur de route qui ne jure que par et pour sa ferraille (bah non, en fait, c’est pas de la chance ! C’est à peu près normal : de la même sorte, le piéton voit plus de choses quand il fait la même distance que l’automobiliste, il a plus le temps de voir le paysage.).

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Si l’on veut pouvoir connaître le tissu économique de proximité, connaître sa société locale, ce n’est pas le dernier « Atlas qui surligne en rose fluo tous les nouveaux radars de France » qu’il faut acheter : il faut se tourner vers les cartes qui collent au plus près du terrain, c’est-à-dire le 1:25000 ou le 1:50.000. Avant que les voitures n’aient un moteur à explosion, elles avaient des chevaux qui tiraient. Eh bien, les cartes étaient dotées d’une échelle plus précise que les cartes routières d’aujourd’hui (normal, vu l’incroyable révolution des transports) : la carte d’État-Major, fut complètement éditée, à la grandeur de toute la France continentale, à l’échelle 1/80.000.

Par contre, le risque est que l’on vous prenne pour un fou, à vouloir connaître toute votre localité, votre petit pays bien de chez vous, une carte à la main. Déjà qu’on vous prenait pour un fou quand vous rouliez à vélo sur les routes de votre patelin là où les automobilistes roulent sans pitié à 90km/h…

Image: Carte de Cassini, dressée par ordre du roi Louis XV, la « Carte de Cassini » est la plus ancienne des cartes de la France entière à l’échelle topographique

4 commentaires sur “Pour un meilleur usage du 1:50.000

  1. PHI

    Le 1:50000 est sans doute l’échelle la plus intéressante pour les « circulations douces ». Elle est encore assez détaillée et couvre une zone assez étendue pour une randonnée à vélo, à cheval ou même à pied. Un guide de l’IGN des années 80 recommandait le 1:25000 et le 1:50000 pour la randonnée pédestre, le 1:50000 et le 1:100000 pour la randonnée équestre ou à vélo.

    On peut d’ailleurs remarquer que la carte des pistes cyclables de l’Île-de-France, éditée par la Ragion et gratuite, est au 1:53000.

    C’est dommage qu’elle soit difficile à trouver dans la plupart des commerces, qui se contentent de vendre les cartes régionales au 1:250000, les cartes TOP 100 et les cartes TOP 25. La Série Orange au 1:50000 n’a pas été modernisée contrairement aux deux autres séries, notamment la TOP 25 où les cartes ont été recadrées pour mieux correspondre à la zone géographique qu’elles couvrent.

  2. CarFree

    La carte est historiquement un instrument de domination, des pays européens sur les pays colonisés, des puissants sur les faibles, des riches sur les pauvres, etc. Aujourd’hui, les cartes routières sont avant tout des instruments de domination de l’automobile sur l’espace: les voies routières sont démesurément agrandies hors de toute proportion d’échelle, laissant à voir un monde automobile bariolé de voies routières… tout est circulation, itinéraires, déviations, etc. oubliant l’essentiel de ce que masque la carte, la terre et ses habitants.

  3. Legeographe Auteur

    Oui, Carfree, on peut facilement mentir avec la carte, honnir, omettre ou soumettre ! Dans « Le « Monde Diplomatique », on parle beaucoup des cartes, de leur sémiologie et de leurs utilisations politiques : j’y ai fait de très bonnes lectures.
    En quelques secondes, avec une recherche sur le web, j’ai trouvé un blog qui est domicilié sur leur site :

    http://blog.mondediplo.net/2007-05-10-La-carte-dans-tous-les-sens

    « Le Monde Diplomatique » est une publication internet à lire si vous avez déjà tout lu sur Carfree et avez le temps de vous lancer dans d’autres lectures. 😉

  4. Gari

    Lorsque je fais du vélo, j’emporte avec moi les cartes au 1:25000 des endroits que je souhaite traverser et ma boussole.
    C’est vrai que je me fais un peu charrier par tous les gens (cyclistes compris) qui utilisent tous un GPS…

    La grosse difficulté est effectivement de trouver une carte au 1:25000 de son coin ; même dans les magasins situé dans la zone couverte par la carte il est difficile d’en trouver !

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