Donnons, pour sortir du consumérisme

Dans un monde consumériste, où la seule idéologie présentée comme « viable » reste la surconsommation débridée et outrancière, où le rebut représente près de la moitié de la production et où les déchets sont légions, il est toujours intéressant d’explorer d’autres voies, d’autres possibilités.

Carfree représente une de ces voies, par son combat contre un monde pressé, sous la botte du tout voiture, et nous montre fréquemment que non seulement un monde sans voiture est possible, mais qu’il est même bien plus intéressant, viable et enviable que celui qu’on nous sert. Même si, mais c’est un point de vue qui n’engage que moi, je regrette un peu les comparatifs faits assez fréquemment entre auto et vélo concernant les temps de trajet, le monde ne se résumant pas, pour moi, à un chronographe et à l’impératif, lui aussi consumériste, du temps…

Une autre voie est aussi à envisager, à promouvoir, une voie différente parce que détachée de ce lien de personnification idiot lié à l’objet. « Objet inanimés, avez-vous donc une âme ? » : NON ! L’objet n’est qu’un moyen, une extension permettant de faciliter la vie, et rien d’autre ! Ainsi, conserver sans besoin, posséder à outrance, et porter à l’objet une valeur sentimentale nous rend esclave de l’objet et, par extension, esclave d’un monde consumériste !

Pire, l’objet, une fois son utilité passée, et même s’il n’est pas conservé jalousement comme une preuve que nous l’avons eu un jour, est jeté, allant grossir les décharges alors que d’autres pourraient avoir le besoin de cet objet.

Une voie traitée en commentaire sur ce site permet de se servir encore de l’objet, non pas dans une utilité qu’il n’a plus, mais en le transformant de déchet en un épanouissement personnel artistique.

Nous sommes là dans le cadre terminal de l’objet non utile, objet rendu inutilisable par son usure, par son essence même (emballages, etc…). Mais il est aberrant de constater que, bien souvent, l’objet est jeté, transformé en déchet, alors que son utilité et son fonctionnement reste entier !

Si nous voulons sortir d’un monde de gaspillage, d’individualisme et si nous voulons, aussi, redonner à l’objet sa place, arrêtant ainsi d’en faire notre maître pour lui donner juste une place de moyen, il est aussi nécessaire de repenser notre monde et notre façon de voir ce que nous trainons.

Ainsi, et pour éviter de rester dans ce consumérisme, est-il évident que, une fois que l’objet ne nous est plus utile, il peut encore servir à d’autres… Tout comme ce que d’autres ont, et qui ne leur sert plus, peut nous être utile…

Lire aussi :  Yaourt contre Essence

On pourrait rester dans le système monétaire, imposant une valeur à l’objet, et vendant ce dont nous n’avons plus besoin, pour racheter ce qui nous est utile. C’est, encore là, accepter la société de consommation comme seule voie possible… Mais une autre voie est envisageable, celle qui se rapproche le plus du troc, consistant à échanger un objet contre un autre… pour peu que le but recherché soit la fin de la surconsommation et de l’exploitation, c’est la gratuité totale, autant dans le geste du don que dans celui du receveur ! Cela impose, bien entendu, pour fonctionner, une autre approche que celle de ce monde, une approche fraternelle, puisque basée, pour que le système perdure, sur une conscience et sur un respect. Si on me donne, je dois, moi aussi être prêt à en faire autant !

C’est le pari fait par un site internet, dans lequel, je précise, je n’ai aucun parti pris, si ce n’est celui d’y être inscrit, et qui met en relation les donneurs et ceux qui recherchent. Ainsi, et totalement gratuitement, pourrez-vous chiner, chercher l’objet dont vous avez besoin et, pour faire vivre ce site, donner, vous aussi, ce dont vous ne vous servez plus…

La démarche, totalement débarrassée de toute idée commerciale, est on ne peut plus intéressante, et va totalement dans l’optique de ce que beaucoup pensent ici, je pensais donc qu’il était nécessaire d’en parler et de donner le lien vers ce site, afin non seulement que celui-ci vive, mais aussi que nous ayons tous la possibilité de mettre encore plus en œuvre ce nécessaire détachement de la société de consommation.

Voici donc le lien vers ce site, sobrement appelé « Donnons! » :

http://donnons.org/

C’est un premier (second même pour ceux qui ont su se passer de l’auto) pas vers autre chose de bien plus gratifiant que ce monde égocentrique qu’on voudrait nous faire accepter…

8 commentaires sur “Donnons, pour sortir du consumérisme

  1. VivreVegan

    J’ai donné des dizaines d’objets sur ce site. Ça fait des heureux : ceux qui reçoivent les objets et moi qui gagne une place incroyable dans mes placards !

  2. joshuadu34

    merci pour étoffer encore un peu plus le carnet d’adresses… en fait, j’aurais du préciser que les contributions permettant de continuer à prouver qu’il est possible de vivre autrement était souhaitable… Donc merci à Stefanopoulos pour ces deux autres adresses qui finissent illico dans mes favoris… et dans les votres aussi, j’espère !

    Et participons activement !!!

    Vider les placards, oui, mais surtout penser autrement, voila le réel but !…

  3. Pim

    Merci pour l’info Joshua, je ne connaissais que freecycle (cité plus haut par stefanopoulos).

    Par contre, j’ai toujours un peu de mal à donner « un objet » dont je ne me sers plus sans connaitre son utilisation future. Exemple, j’ai donné récemment un écran d’ordi qui fonctionnait mais parfois qui déconnait un peu. J’ai longuement hésité car je ne sais pas si la personne qui l’a pris va réellement l’utiliser, le réparer pour lui (ce qui me ravirait),
    le récupérer dans un but lucratif (ce qui n’est pas très honnête, mais hélas plausible)
    ou pire, le jeter en pleine nature après s’être dit que finalement, la réparation n’est pas envisageable!
    Dans ce dernier cas, j’aurais préféré l’envoyer en déchetterie où je pense (car on est jamais sur) que le dit écran sera démantelé et partiellement recyclé (on dit valorisé pour faire bien).

    Maintenant, sur beaucoup de points, je trouve l’initiative de ces sites formidable et encourage tout le monde à vider son grenier de cette manière !

  4. Thomas

    J’ai découvert Freecycle il y a quelques années et j’en suis revenu.
    Comme vous je suis séduit pour cette idée simple et non commerciale qui vise avant tout à réutiliser.
    Mais j’ai pratiqué quelque temps et j’ai arrêté. Les gens mettaient des messages parce qu’ils cherchaient quelque chose, en réponse j’offrais un objet qui correspondait exactement à la demande, mais 3 fois sur 4 : pas de réponse ou alors on fixait un rendez-vous et on me posait un lapin.
    C’est triste à dire mais j’ai trouvé que le gratuit ça ne marche pas. Pour quelques personnes qui ont compris le principe, le système est parasité par des gens qui, comme c’est gratuit, ne font aucun effort et me font perdre mon temps. En plus, j’ai bien peur que certaines personnes récupère des choses sans en avoir vraiment besoin pour les bazarder ensuite.
    Maintenant je me débarrasse des objets que j’ai encore en trop dans les petites annonces ou les vides grenier, non pas pour gagner de l’argent mais parce que les gens qui sont prêts à sortir quelques sous de leur poche pour récupérer un objet en ont vraiment besoin.

  5. Pim

    @propos de consumérisme, de gaspillage et d’inutile : je tombais ce matin sur cet article
    http://www.lesnumeriques.com/nos-appareils-sont-ils-programmes-fabricants-mourir-rapidement-article-1108.html

    ca m’a étonné de la part d’un tel site où le but est généralement de dire ‘cet appareil est obsolète, celui ci est top etc.’
    Et encore mieux, d’y trouver le mot ‘décroissance’. Dérisoire certes, mais je pense qu’il y a 5 ans encore, le mot décroissance n’était pas connu de ce genre de site high tech.

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