Un Jardin de la France en Béton armé (suite)
Cent soixante arbres à abattre, une bonne affaire à prendre… Des « appels d’offre » avaient-ils déjà été lancés, et peut-être même des promesses de « contrats fermes », étaient-elles déjà faites ? Comment comprendre autrement les choses ?
Pourquoi, à nouveau le cri de guerre des tronçonneuses lancé dans la presse par l’autocrate local en personne : « On replantera des arbres ! » (1) ?
Et comment interpréter le déploiement général des engins de chantier menaçant directement les allées arborées de la ville ?
La destruction du patrimoine arboré de la ville a-t-elle été vendue avec le tramway ?
Travaux préalables aux travaux
En l’espace d’une semaine, les engins de chantier se sont postés aux points stratégiques et contestés sur le tracé du tramway. Dans certains quartiers les habitants ont été réveillés au petit matin par la mitraille des marteaux piqueurs. « C’est pour ne pas nuire à la circulation automobile de la journée » affirme la municipalité…
Travaux de voirie, travaux de réfection ou de déviation de canalisation d’assainissement et autres conduits, travaux préparatoire aux travaux proprement dit du tramway, « qui ne sont pas commencés » c’est la version officielle… Partout sur le tracé du tramway, les engins de chantier se sont mis en action.
Mais pourquoi cette soudaine précipitation ? Au Sanitas, à l’extrémité sud de l’allée le massacre a commencé. Une tranchée profonde vient de détruire le réseau racinaire des quatre premiers arbres…
A Tours Nord, les habitants ont été convoqués par la municipalité pour entériner de manière « participative » un abattage d’arbre urgent dans le cadre de la « démocratie participative ».
Encore des travaux préalables… Le style de la lettre évoque l’ultimatum, l’état d’urgence ou la guerre. « Madame, Mademoiselle, Monsieur, LA VILLE DE TOURS VOUS INFORME:
Dans le cadre de la rénovation des réseaux d’assainissement préalable aux travaux du tramway, certains arbres du quartier vont devoir être supprimés puis remplacés. Afin de vous présenter cette étape et le projet paysager qui verra jour à l’issue du chantier, la Ville de Tours vous convie à une réunion d’information en présence d’élus et de techniciens. Jeudi 16 septembre à 19 heures A la ferme de la Milletière Chemin de la Milletière 37100 TOURS Ville de Tours »
Les choses ne se sont pas passées comme prévu
Le chantier du tracé avait déjà été vendu, mais des contretemps intempestifs sont survenus dérangeant le plan d’action municipal. Contre toute attente la commission d’enquête n’a pas été une simple formalité. Elle n’a pas été à l’image de la réunion publique d’information de la population, où l’arrogance ostentatoire des conseillers municipaux a pu être notée (2).
Première surprise désagréable à la municipalité, la commission d’enquête a du être prolongée de 15 jours, jusqu’à la fin du mois de juillet. Mais pourquoi une commission d’enquête programmée un mois d’été pendant les grandes vacances ? Passons sur cette question…
Une arnaque possible
Deuxième et grave déconvenue pour la municipalité, la profusion des observations de la population et surtout des critiques diverses et inattendues ont révélé un projet de tramway mal pensé, mal chiffré et peut-être pire, une arnaque possible, une spoliation des habitants pour assurer un prestige de la ville aussi débile qu’inutile …
Trop d’impensé sur tous les plans, trop d’aspects oubliés prenant un caractère suspect, trop de surcoût volontairement rajouté mais d’une totale inutilité. La diversité et le nombre des critiques de toute nature, techniques, financiers, géographiques, archéologiques et écologiques (3) ont surpris la municipalité sur son projet de tramway.
L’enquête publique a révélé dans le détail, les insuffisances techniques et la lourdeur financière frisant l’arnaque et aussi le désastre écologique délibéré et arbitraire. La municipalité a été surprise en flagrant délit la « main dans le sac », par la concordance des critiques fusant de tous les horizons.
Mais, pour le moment, l’état major municipal veut encore garder l’initiative et le monopole de l’action. Seule la municipalité, en effet, avec en face d’elle les associations, le collectif Vélorution et les personnes fortement impliquées et ayant suivi de manière active la problématique écologique du tramway connaissent les « dessous du dossier ». Les habitants pour leur part restent encore dans l’ignorance de l’arnaque et du désastre qui se préparent.
« Les Verts » pour leur part, obnubilés par ce moyen de transport électrique « vert », brillent encore une fois par leur silence retentissant. Ils n’ont même pas daigné relayer les critiques faites par les associations naturalistes et environnementales locales (4).
Alors profitant de cette conjoncture encore favorable, pour conjurer les incertitudes et outrepasser l’avis de la commission d’enquête, la municipalité a choisi la fuite en avant. Depuis le mois d’août, les engins de chantiers ont durablement investi le tracé du tramway. Ils sont en manœuvre permanente d’intimidation sur l’ensemble des zones conflictuelles révélées par la commission d’enquête.
La fuite en avant pour assurer le massacre
La destruction du patrimoine arboré de la ville a-t-elle été vendue avec le tramway ? Les 160 arbres du mail du Sanitas sont toujours menacés. L’épreuve de force a commencé.
Rageur, l’autocrate local a relancé dans la presse le cri de guerre des tronçonneuses : « Si on en abat 600, il faudra en replanter 1200, et pas des arbustes nains », a-t-il lancé, refusant de souscrire à « la sublimation de l’arbre, car un arbre, cela vit et cela meurt (5). »
Pendant ce temps et de manière plus sérieuse et pernicieuse, l’organe de propagande municipale prépare la politique de la terre brûlée et du massacre accompli : « Travaux du tramway, c’est parti ! » « L’enquête publique est terminée. La commission d’enquête publique a remis son rapport au préfet le 30 août 2010. » (6). Si la première affirmation est dramatiquement vraie et réelle puisque le massacre a déjà commencé avec des ifs déracinés pour céder le passage au tramway ; la seconde est fausse et relève de la guerre des communiqués. La commission d’enquête n’a pas encore rendu son rapport et devant le début illégal des travaux, des recours (7) ont été déposés auprès du préfet.
Mais bien en amont de la commission d’enquête et quel que soit son résultat, il a été démontré par un dossier bien étayé plan à l’appui qu’un autre tracé du tramway préservant l’allée arborée du Sanitas est tout à fait possible (8).
Alors pourquoi cet acharnement déraisonnable pour un nouveau massacre ?
La municipalité avait-elle déjà vendu l’abattage des arbres du mail ?
Tours le 15 septembre 2010
(1) http://carfree.fr/index.php/2010/07/15/on-replantera-des-arbres
(2) Sauvons la promenade arborée du Sanitas . Cette page retrace dans le détail toute l’histoire de la lutte contre l’élimination des arbres de la ville.
(3) Tramway et arbres, voir les différentes dépositions faites au cours de l’enquête publique.
(4) voir note 2 les rapport de Dominique Boutin, la SEPANT et Réseau Climat 37. A signaler que ces personne ou associations sont a priori favorables au tramway, mais pas dans n’importe quelles conditions.
(5) Nouvelle République août 2010
(6) Tours info septembre 2010 : page 2 et 11. Magazine
(7) voir la note 2 « Sauvons la promenade arborée du Sanitas »
« Le 8 septembre Le préfet pourra-t-il débloquer la situation ? »
(8) voir la note 2 « Sauvons la promenade arborée du Sanitas »
C’est vraiment écoeurant toutes ces maneuvres. Qu’est-ce que je déteste voir couper des arbes !
Juste à côté de mon taf il y a un parc arboré privé magnifique (il appartient à un hopital) qui me donne un bol d’air tous les matins quand je me rends au boulot (à vélo, ça va de soi). Sur une grosse partie ce n’est pas construit, ça reste à l’état naturel, il y a plein d’écureuils et d’oiseaux. Et là des travaux viennent de commencer pour sans doute construire un nouveau bâtiment, avec un paquet d’arbres marqués d’une grande croix rouge qui les condamne… Je dois être un grand sensible, mais ce matin le bruit des tronçonneuses m’a mis la larme à l’oeil.
Croyez-vous qu’il est techniquement possible de les déplacer ailleurs pour les replanter dans des zones manquant d’arbres ?
Ils ont commencé à attaquer l’avenue de l’Europe. Pour ceux qui ne connaissent pas, il y a un alignement de cèdres de l’atlas de 40 ans au milieu de la chaussée de 1.6Kms, c’est unique en France (sachant qu’il leur a fallu 30 ans pour commencer à vraiment prendre l’allure d’un cèdre).
Un petit détour botanique : si on coupe une racine sur un pin c’est une branche qui crève, je ne sais pas si c’est valable sur des cèdres mais il y a toutes les chances pour que ça le soit car ce sont aussi des conifères.
Les travaux vont certainement endommager les racines, il y a fort à parier dès lors que les les cèdres crèveront. Une fois qu’ils auront dépéris ou seront morts, l’abattage ira de soi…