« Cycloterrorisme » ?

Dans un climat de plus en plus tendu sur les routes genevoises, les cyclistes subissent depuis plusieurs semaines une vague de stigmatisation et de dénigrement, allant jusqu’à devenir les bouc-émissaires des problèmes de sécurité routière. Dans cette période de grands chantiers, alors que la cohabitation est de plus en plus difficile avec un trafic automobile très dense et qu’une vaste opération de répression lancée par les autorités municipales s’achève, les associations en faveur du vélo et de la mobilité douce ont proposé leurs solutions à la presse cet après-midi.

Stigmatisation et agressivité croissantes

« Nous traversons une période très tendue sur les routes, et les cyclistes genevois sont en train de devenir les bouc-émissaires des problèmes de circulation à Genève, avec des termes parfois excessifs. Ce discours a généré un regain d’agressivité de la part des automobilistes. » affirme Eric Vanoncini, président de Roue Libre. Lisa Mazzone, coordinatrice de PRO VELO Genève, confirme : « Nous avons reçu plusieurs témoignages de membres qui se sont fait agresser physiquement et verbalement par d’autres usagers de la route. »

Thibault Schneeberger, co-secrétaire d’actif-trafiC renchérit : « Nous reconnaissons qu’il y a un problème : nous avons constaté un vrai ras-le-bol de la part de piétons qui se sentent envahis par les cyclistes sur les trottoirs, et de nombreux cyclistes commettent des entorses au code de la route. Mais aucun cycliste ne fait cela par pur plaisir : lorsqu’on est en danger sur la route, on se réfugie là où l’on peut être en sécurité, et on prend de l’avance pour éviter d’être dans les flux d’automobiles. »

Pour les associations, l’opération de répression menée par les autorités municipales ne résoudra rien à long terme. Les cyclistes sont très vulnérables puisqu’ils sont les seuls usagers sans moteur à circuler sur les routes avec les voitures et les camions. Il est donc grand temps de mettre en œuvre de vraies solutions pour assurer leur sécurité.

Point de rupture atteint : aménagements cyclables urgents !

« Le vélo doit être une solution pour se déplacer au quotidien, avec une certaine fluidité. Afin que cela soit possible, la ville doit se transformer. » Lisa Mazzone, de PRO VELO Genève, propose plusieurs aménagements qui amélioreraient la situation : « créer des sas vélos aux feux, ou donner l’autorisation de tourner à droite au feu rouge pour autant qu’il y ait un aménagement cyclable comme c’est le cas depuis peu à Paris, ou encore développer les feux spécifiques aux vélos. »

L’initiative « pour la mobilité douce » : 1m50 pour rouler sans mourir

Lire aussi :  L'urbaniste Elena Cogato Lanza imagine une Suisse sans voiture

Thibault Schneeberger, d’actif-trafiC : « Nous sommes arrivés à un point de rupture au niveau des transports et l’heure des choix à sonné. Notre initiative (IN144) pour la mobilité douce (qui demande des pistes cyclables directes, continues et sécurisées pour toutes les routes primaires et secondaires) devient indispensable. L’urgence est d’autant plus grande que la mise en place du réseau de vélos en libre-service va jeter 1200 cyclistes néophytes sur nos routes. Il en va de la responsabilité de l’Etat de créer des aménagements sécurisés pour rendre le vélo accessible à tous. Nous demandons juste 1m50 pour rouler sans mourir. »

Le code de la rue : pour repenser la place de l’automobile

Alors que la ville est aménagée par et pour l’automobile, les autres usagers de l’espace public n’ont trop souvent plus que quelques mètres carrés à se répartir entre eux. « Il devient nécessaire de mettre en place un code de la rue qui donne la priorité aux usagers les plus faibles et qui repense la ville comme un lieu convivial. » Eric Vanoncini, de Roue Libre, conclut : « Il aura fallu brûler des hérétiques pendant des siècles pour que l’humanité réalise enfin que la terre n’est pas au centre du système solaire. De même, il devient urgent de réaliser que ce n’est pas la voiture qui devrait être centre de la ville, mais bien l’humain ».

Source: http://rouelibre.org/

8 commentaires sur “« Cycloterrorisme » ?

  1. paladur

    L’augmentation de l’agressivité des automobilistes vis à vis des cyclistes n’est pas particulière à Genève. On subit la même chose en France. Vous parlez de la vulnérabilité des cyclistes sur la route mais c’est aussi l’usager de la rue (trottoir compris) le plus vulnérable car le piéton a une priorité légale absolue sur l’ensemble des autres usagers.

  2. sqoia

    Vraies actions cycloterroristes possibles:
    – Peindre des sas cycliste sans autorisation.
    – Créer des bandes cyclables de façon sauvage là où il y en a besoin mais que rien n’est fait.
    – Remplacer des panneaux 50 par des panneaux 30.
    – Peindre des pictogrammes verts et blanc cycliste en plein milieu de la voie.

    etc.

  3. cycliste alcoolique

    Je pense que l’amour démesuré de la bagnole que nous vivons au Québec – et les cas de rages au volant – est un dommage collatéral du féminisme. Le Gros Char est le dernier bastion des mâles, les vrais, les dures, les couillus, les bêtes de l’accélérateur, ceux qui n’ont pas peur d’aller se mesurer armés de leur simple 4×4, SUV et pick-up légers aux terrifiants cyclistes.

  4. Jean-Marc

    Vu l’état des routes où je suis, et de leur signalisation, j ai deja eu la même idée que Sqoia 🙂

    En particulier peindre des sas cyclistes, mais aussi, sur les pistes cyclistes à sens unique, quand celà est nécessaire, peindre une flèche dans l autre sens.

    (par contre, contrairement au lien de carfree, je ne suis pas passé à l action)

    p.s. sur la montée de l agressivité automobiliste
    (que j ai aussi resenti… mais QUE pour certains, une minorité en crise; alors qu’au contraire, le vélo me semble mieux accepté qu’avant par la majorité) :

    « The freeways ride » de los angeles, dont carfree a deja parlé,
    on remarque un truc sur leur 3eme video (the freeway ride III), absent des 2 premières :

    des automobilistes qui ouvrent leurs portières au passage des cyclistes…
    c.f. http://vimeo.com/channels/crimanimalz#1350052
    à 1:45 et 3:25

    Faudrait que les automobilistes comprennent que ce n est pas à cause des cyclistes, que la voiture est chère, et qu’ils sont coincés dans les embouteillages…

  5. Abel

    Est-ce la coordinatrice de Pro-Vélo Genève qui se trompe ou le journaliste qui l’a mal comprise ? Aucune « autorisation de tourner à droite au feu rouge pour autant qu’il y ait un aménagement cyclable » n’existe à Paris

  6. Pim

    @Abel : Certains carfreenautes confirmeront peut etre, mais pour les tourne à droite vélo, je crois que c’est expérimenté à Bordeaux et/ou Strasbourg…. Mais effectivement, à Paris, je n’en ai jamais vu.

  7. Wombie

    Cela ne sert à rien de peindre un sas cycliste au droit d’un feu rouge à voitures, tout le monde s’en fout.
    Le seul truc qui marche, c’est un feu rouge voitures avec sa bande d’effet de feu puis un sas cycliste après avec son propre feu cycliste
    Cela permet au cycliste de se faire pourrir par tous les conducteurs qu’il a remonté : à force de se faire frôler 20 fois par le même troupeau d’abrutis, il y a de fortes chances qu’un automodébile se dévoue et éjecte proprement l’énergumène.
    Bref, c’est pas gagné…

Les commentaires sont clos.