La pénurie d’énergie ne fait que commencer. Ses conséquences sont souvent présentées de manière catastrophiste (Yves Cochet, Pétrole apocalypse, Richard Heinberg, Pétrole, la fête est finie, Jean-Marc Jancovici, Le plein s’il vous plaît, etc.). C’est-à-dire réaliste. Dario Fo, prix Nobel de littérature 1997, est assez documenté sur le sujet pour ne pas déborder d’optimisme. Mais dans son ouvrage L’Apocalypse différée, l’auteur italien imagine une prise de conscience soudaine et salvatrice.
Les vannes se sont refermées. Les Italiens n’ont plus une goutte de pétrole. Les supermarchés ne sont plus alimentés en marchandises venues de l’autre bout du monde. On ne peut plus se rendre au travail. A Milan, un ouragan détruit les gratte-ciels. Les armées sont immobiles. L’argent ne vaut plus rien.
Le vieux monde nourri au combustible fossile s’écroule. Les chaudières se vident et les voitures agonisent : « Une hécatombe de ferraille compressée et empaquetée ! » Le pays est paralysé. « Il nous faudra dire adieu aux 4×4… Retour à l’âge de la pierre. Mieux, à celui des piétons. »
Alors le peuple s’organise. Des foules à vélo apparaissent, tirant des carrioles. On échange, on troque, on cultive. Les villes sont désertées quand les champs sont reconquis par la paysannerie. L’artisanat se redéploie. L’air se purifie, les autoroutes deviennent des friches, le silence règne. Les habitations inutilisées sont squattées.
On se rencontre, discute de la vie de la cité, débat sur la constitution. L’espace public grouille d’une vie intense. La seule question qui compte : comment se prendre en main ? Il n’y a plus de dirigeants, les hommes politiques et religieux sont méprisés, les riches ruinés, les multinationales en faillite, disparues, les profiteurs dégagés. Les habitants gèrent eux-mêmes leur production d’énergie, se rationnent, partagent, créent et inventent. Même les lits des prostituées fournissent de l’énergie : le mouvement engendré par les ébats est récupéré.
Terminé, le style de vie imbécile et suicidaire. C’est quand l’effondrement survient que nous finissons par crier : « Nous voulons vivre. »
Dario Fo, L’Apocalypse différée ou A nous la catastrophe !, Fayard, 2010.
Source: http://pedaleurop.over-blog.com/
Image: Robert Crumb, The ecotopian solution
Combien de morts ?
Théorie d’Orduvai, le grand soir version piquiste…
Franchement, je suis « piquiste » mais je ne crois pas à ce scénario. D’ailleurs comment pourrait-il être aussi brutal ? Le cas le plus proche est Cuba qui a perdu l’essentiel de son appro en pétrole et des débouchés de son économie agricole monoculture et ça n’a pas fait un scénario aussi caricatural (quoi que pas mal qd même).
Et je ne le souhaite pas non plus. Aujourd’hui, un pouvoir vacille et tous les commerces volent en éclats. En quelque jours, la population a faim et c’est une guerre civile sanglante… rien a voir avec cette description angélique, même plusieurs mois et millions de morts plus tard !
La suite du scénario annoncé, c’est plutot Barjavel qui l’a décrite dans Ravage… même si ça fini en société paysane patriarcale rétrograde mais peut-être équilibrée, je ne souhaite pas cette histoire pour l’homme.
Xtoflyon5> On ne veut pas cette effondrement apocalyptique mais c’est un possibilité… Une autre serait une dictature généralisé autour des technologies et ressources confisqués par une nomenklatura. J’espère qu’il y en aura une troisième!
Du Barjavel après l’heure ! Je ne prévoie que très peu de démocratie dans ce futur, plutôt des bandes violentes genre « madmax » au mieux…