Le « Peak Everything » (ou la fin des haricots)

Je vous bassine depuis cinq ans avec le Peak Oil, qui devait entraîner à court ou moyen terme la chute de l’économie mondiale et la fin de la doctrine croissanciste. Mais à y regarder de plus près, ce n’est pas la seule pénurie qui nous guette. Conséquence directe de la croissance mondiale infernale, d’autres ressources vont rapidement venir à manquer. Oh, pas forcément en même temps. Mais en l’espace de 2 ou 3 décennies, nombre de ressources indispensables à la conservation de notre niveau de vie vont devenir plus rares, et ne pourront plus être exploitées en quantité suffisante.

Pour ceux qui auraient pris le train en marche, deux notions de base, niveau maternelle moyenne section. On remarquera au passage que 99.9% de nos politiciens, dont certains ont pourtant fait toutes les études que l’on peut faire (Normale Sup, l’ENA, Polytechnique…) n’ont toujours pas compris ces notions.

1) Il n’y a pas de croissance infinie dans un monde fini. (les seuls à penser le contraires sont les fous, les économistes, mais aussi les politiciens et les médias qui leur servent la soupe). En maths, une exponentielle monte jusqu’au ciel. Sur terre, il y a un plafond avant, sur lequel la croissance est déjà en train de se fracasser.

2) (C’est un peu plus dur, mettons niveau CE2). Toute consommation d’une ressource finie passe par un maximum, après lequel elle ne peut que décroître pour finalement tomber à 0. Dans un ancien billet, je prenais l’exemple de quelqu’un qui fait pipi : la capacité de sa vessie étant finie, il pourra s’efforcer tant qu’il peut d’augmenter le débit, à un moment le jet se mettra à décroître avant de s’arrêter inexorablement. Le maximum du débit, c’est ce qu’on appelle le “Pic”. En rosbif “Peak”.
Le pic ne signifie évidemment pas la fin de la production. Simplement, les prix montent, et puisque toute la demande ne peut plus être honorée, toute croissance devient impossible.

Les estimations des pics ne sont certes pas précises à la minute. Et elles varient en fonction des sources. Là encore, la malhonnêteté, la corruption et la propagande jouent un grand rôle. Une grande compagnie pétrolière ne va évidemment pas avouer que son business va décliner et s’arrêter dans quelques années : pour protéger ses actionnaires, elle va surestimer ses réserves et soudoyer des experts véreux pour accréditer ses bobards.

Pour éviter ce piège, je me suis basé sur les travaux d’un groupe indépendant allemand, l’Energy Watch Group. http://www.energywatchgroup.org/

Le Pic pétrolier (Peak Oil)
J’en ai déjà beaucoup parlé, alors je vais faire bref. Selon les spécialistes indépendants, le pic a déjà été atteint, et nous sommes dans la phase de plateau qui précède la chute. La production mondiale plafonne à 82 millions de barils par jour. On a commencé à taper dans les stocks pour faire descendre un prix qui a repris le chemin inexorable de la hausse. Le pétrole le plus facile à pomper l’a déjà été. En 2030, la production mondiale devrait avoir diminué de moitié…
En ce début d’année, on nous annonce que le record du prix de l’essence a été battu en France. Et ce n’est que le début…

Le pic gazier (Peak Gas)
Le gaz, auquel la pub de GDF-SUEZ accole systématiquement l’adjectif “naturel” pour lui donner une image dans l’air du temps, est, exactement comme le pétrole, une ressource fossile non renouvelable, qui a mis des millions d’années à se former, et que nous allons bouffer en l’espace de 200 ans. La consommation mondiale de gaz a doublé depuis 30 ans, et la courbe reste résolument à la hausse. Les corrompus des pays producteurs (Russie, Qatar…) s’en mettent actuellement plein les fouilles, étalant leur richesse écœurante dans le monde entier.
Le gaz est notamment présenté comme la meilleure solution pour prendre la relève du nucléaire discrédité. C’est ce qui se passe par exemple au Japon, où la quasi-totalité des centrales nucléaire ont fermé depuis FuckUshima, et où le gaz importé a pris la relève.
Aujourd’hui, les estimations de la date du “Peak gas” sont entre 2020 et 2030. Demain, donc.

Le pic de charbon (Peak Coal)
Là c’est la surprise. On croyait en avoir encore pour 100 ou 200 ans, mais selon l’Energy Watch Group, c’est vers 2025 que l’extraction de charbon atteindra son pic, 30% au-dessus de la situation actuelle…

Le pic d’uranium (Peak Uranium)
Bien sûr la cata de FuckUshima a provisoirement calmé les ardeurs atomiques. Mais ne vous y trompez pas : les affaires vont reprendre. Les centrales françaises ont été déclarées “sûres”, malgré la démonstration de Greenpeace qu’un groupe de piétons même pas armé pouvait s’y introduire comme dans un moulin. Il est probable que toutes les autres affirmations (concernant par exemple une chute d’avion ou un tremblement de terre) soient tout aussi pipeautées, et qu’il faudra hélas attendre un accident majeur pour sortir les idéologues incapables et corrompus qui nous gouvernent (et ceux qui vont leur succéder dans quelques mois) de leur aveuglement.
Selon le “Energy Watch Group” le pic d’uranium est prévu vers 2035. Une énergie d’avenir, assurément…

Le Pic métallique (Peak Metal)
Là aussi j’en ai déjà parlé. La “croissance” implique une consommation toujours plus forte de métaux. On croit qu’il s’agit là de ressources infinies. Comme pour le pétrole, on a commencé par extraire ce qui était le plus facile. La teneur en métal du minerai diminue irrémédiablement.
Et pour bon nombre d’entre eux, y compris parmi les plus usuels (cuivre,nickel, zinc, plomb, étain…), le pic est tout proche proche. Vingt ans, trente ans. Demain, quoi. Même si le recyclage permet de réutiliser au lieu d’extraire, il est loin d’être total. Lire à ce sujet le livre très documenté de Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon : “Quel futur pour les métaux”.

Le pic électrique (Peak Electricity)
C’est tout simplement la conséquence des pics précédents. L’électricité n’est pas une énergie primaire, et il faut la produire. Or les quatre principaux moyens de production actuels (charbon, gaz, pétrole, uranium) vont commencer à manquer. Même si un jour peut-être on arrivera à produire suffisamment d’électricité avec d’autres sources, cela prendra un temps énorme, et le mal sera fait.
D’autant que certains misent sur l’électricité pour remplacer les autres énergies… Pour les voitures, par exemple. Ce qui là encore ne se fera probablement pas. À court terme, elles ne sont pas au point. À moyen terme, les capacités de production de lithium feront un goulot d’étranglement. Et à long terme il n’y aura plus assez d’électricité…
Autre “détail” : le pétrole sert aussi à fabriquer une foule de choses, comme du plastique et des engrais, que l’électricité ne remplacera jamais.

Le pic du sol (Peak Dirt)
J’observe tous les jours avec effarement l’avancée de l’urbanisme stupide (garages, centres commerciaux) dans l’est de Metz. Et s’il n’y avait qu’à Metz… C’est partout pareil. On nous parle de récession, de chômage, mais de nouvelles surfaces commerciales continuent à s’installer à un rythme démentiel. Sans négliger les lotissements. On estime que tous les 10 ans, c’est l’équivalent de la surface d’un département qui disparaît en France.
Saturés d’engrais, de pesticides, les sols s’appauvrissent. Alors on met plus d’engrais… Sauf que l’engrais est principalement dérivé du pétrole. On ne s’en sortira pas… Alors les pays qui disposent de pognon vont jusqu’à acheter des terres à l’étranger, notamment en Afrique, où l’on crève pourtant déjà de faim.

Lire aussi :  Insécurité routière dans le Monde: tout va bien!

Le pic de l’eau (Peak Water)
Ah, de l’eau il y en a. Le problème, c’est qu’il va être de plus en plus difficile de trouver de l’eau en général, et de l’eau potable en particulier.
La première conséquence de la “croissance” est d’augmenter les besoins en eau. Une autre est la quantité phénoménale de saloperies disséminées dans l’air et dans l’eau. Engrais, pesticides, médicaments, rejets industriels, métaux lourds…
À titre d’exemple, le seul rejet dans le Rhône de quantités infimes de PCB (substance plus connue sous le nom de “Pyralène”, entrant dans la composition de vieux transformateurs électriques) a suffi pour rendre les poissons qui y vivent impropres à la consommation, et pour une durée indéterminée !
Des phénomènes similaires guettent toutes les sources d’eau. On connaît le phénomène des algues vertes en Bretagne, mais ce qu’on sait moins, c’est que dans de nombreux cas, l’eau du robinet est tellement chargée en nitrates qu’elle n’est plus potable. Et depuis longtemps. Alors les Bretons boivent de l’eau en bouteille. Dont les taux de nitrates augmentent aussi…
Enfin, conséquence du réchauffement climatique, des zones de plus en plus étendues, qui sont déjà parmi les plus déshéritées, vont souffrir de sécheresse. Avec son cortège d’enfants morts et d’émigration forcée.
1.8 milliard de personnes souffriront en 2025 d’une insuffisance d’approvisionnement en eau.

Le pic du maïs (Peak Corn) et le pic du riz (Peak Rice)
Là encore ce sont d’abord des conséquences des pics précédents. Moins de terres cultivables, moins d’eau = moins de céréales, c’est mathématique.
Autre problème, la tendance néfaste à utiliser des denrées alimentaires pour faire du carburant. On préfère gaspiller du maïs ou du blé pour faire de l’éthanol (avec un rendement minable) tout en sachant que des gens vont en crever.
Autre effet pervers, on préfère désormais remplacer les cultures de céréales par du palmier à huile. Cette saleté ne sert pas seulement à créer la “matière grasse végétale”, produit bon marché qui bouche les artères et qui est présent dans la quasi-totalité de la bouffe industrielle, base de l’alimentation occidentale, c’est aussi un “bio-carburant”…

On pourrait faire des centaines de pages sur le sujet. Mais j’ai fait court, ce n’est qu’un billet de blog.

Je suppose que comme moi vous écoutez d’un oreille consternée le simulacre désolant de “campagne électorale” que nous vivons actuellement. Un combat de coqs arrogants et ridicules, aussi ambitieux qu’incompétents. Avec la complicité des médias dominants, ils n’ont pas leur pareil pour mettre en lumière des problèmes ineptes, sans intérêt, ou parfaitement mineurs. Un “sommet social” grotesque, la suppression du quotient familial, le mariage homosexuel, la taxe sur le coca… J’en passe et des bien pires.

Tous les candidats dits “principaux” sont d’accord sur tout, à commencer par deux choses: “La croissance®”, et l’obligation de rembourser une dette indue contractée à taux usuraires, quitte à sacrifier les finances publiques et la vie de leurs électeurs. Des larbins.

Enfermés avec nous dans la cage des financiers, n’envisageant à aucun moment d’en sortir, mais prétendant que, à condition de diminuer de moitié notre consommation de grain et de doubler notre production d’œufs, nous courrons bientôt libres dans les champs.

Elle est où, l’écologie dans cette campagne de merde ? Nulle part ! Disparue ! La finance a tout bouffé. Le peu qui reste sera consacré à l’insécurité, aux promesses à crédibilité nulle sur “l’emploi” ou le “pouvoir d’achat”.

Oh, il y a bien une candidate “écologiste” officielle, Eva Joly. Sauf que tout ce qu’elle pourrait dire est tourné en ridicule. D’ailleurs elle ne dit rien, où alors sur des sujets… euh… hors sujet. Des jours fériés pour d’autres religions… Passionnant… Il semble qu’on tente actuellement de la “ramener à la raison” et abandonner purement et simplement sa candidature, pour ne pas risquer la déroute financière pour le cas de plus en plus probable où elle ne dépasserait pas les 5%…

Les électeurs “zécolos” seraient alors priés de voter Mimolette dès le premier tour, et de valider, outre la soumission absolue aux banksters, la poursuite dans la voie sans issue de la “croissance”, le tout-nucléaire, sans oublier d’avaler la pilule de l’Ayraultport, symbole de la bêtise et de l’incompréhension de l’avenir du monde.

Il y a aussi Mélenchon. Sauf que ses convictions écologiques sont à géométrie variable. Et je ne parle même pas du nucléaire… Il est bien entouré, mais qui écoute-t-il ?
L’écologie, il en parle en meetings, ou en petit comité. Par contre, dans les grands médias, l’écologie disparaît. Pas un mot tout au long des deux heures de son émission sur France 2. Ce n’est pas un sujet porteur. Mélenchon, son truc, c’est le social. On dirait un peu un mélange de Mitterrand et de Marchais en 1980. Changer la vie, prendre aux riches pour donner aux pauvres, aux patrons pour donner aux ouvriers… On a vu le résultat. Des décennies de protestation dans le vide ont fait le lit du libéralisme et assuré son triomphe absolu.

Mais expliquer que le “pouvoir d’achat” a lui aussi atteint son pic, et qu’il vaudrait mieux s’adapter au monde qui vient en reprenant une vie plus sobre, c’est un coup à perdre des élections…

Pas plus tard que l’an dernier, Sarkozy, ce dangereux guignol, avait bien résumé la situation : l’environnement, ça commence à bien faire

Pourtant, le tableau est apocalyptique : il est désormais certain que les problèmes dus au tarissement de l’approvisionnement en pétrole se feront sentir bien avant la fin de cette décennie. Que de nouvelles guerres sont à prévoir pour se disputer les dernières gouttes. Que des tentatives désespérées pour pallier ce manque en tirant davantage sur le gaz ou le charbon auront pour résultat une nouvelle pénurie moins de 10 ans plus tard.

En même temps que la terre ne pourra plus nourrir les 8 milliards d’humains, dont un quart manquera d’eau. Le manque de métaux sera alors une cerise sur le gâteau de la catastrophe intégrale.

Il est hélas certain que d’ici là, l’économie, entièrement bâtie sur la possibilité de disposer d’énergie abondante et bon marché, et déjà mise à genoux par le racket de la finance, sera totalement par terre.

Qui s’en préoccupe ? Personne ! Pourtant, des politiciens surdiplômés, entourés d’une armée de conseillers, n’auraient aucun mal à être mieux informés qu’un petit blogueur armé de sa seule jugeotte et de sa curiosité à farfouiller sur Internet…

Nos (ir)responsables nous bassinent avec leur propagande libérale, réclament des “baisses de charges”, la suppression du code du travail… Ne parlent que de concurrence et de productivité. Nous poussent à con-sommer. Toujours plus. N’importe quoi. Continuent à implorer un chimérique “dieu croissance”.

Des fous, des aveugles, des drogués.

16 commentaires sur “Le « Peak Everything » (ou la fin des haricots)

  1. le forestier

    Excellente synthèse.
    Il y a une petite injustice envers Mélenchon sur FR2, que vous devriez podcaster pour l’écouter plus attentivement : il évoque plusieurs fois la nécessité d’une reconversion écologique pour nuancer son propos mais sans développement pour rester dans le sujet traité, c’est à dire trouver le moyen et le temps de répondre aux « pièges » des invités de Pujadas, lesquels sont les vrais responsables d’avoir évité le sujet de l’épuisement des ressources.
    Il n’est pas logique de dire que parce qu’il a compris que ce n’était pas un sujet porteur dans cette campagne médiatique, il s’en fout; c’est sans doute faux donc à la limite diffamatoire et ma remarque n’est pas partisane car pour le reste, je partage toutes vos réserves sur les résultats du vote communiste ou néo-communiste, dont on a vu la contre-productivité écologique par le passé.

  2. CarFree

    Sur mélenchon, voir le dernier article de nicolino qui s’est amusé (ouh le vilain!) à compter les occurrences de « réchauffement climatique » et « crise écologique » sur le blog de melenchon… Résultat éloquent: quasi rien depuis plusieurs années avec pourtant pas mal d’articles au compteur… Et sur le blog de melenchon, il n’y a pourtant pas de pujadas ou autre chien de garde pour mener les débats…
    http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1247
    (au passage, l’expression « épuisement des ressources » n’y apparaît pas non plus)
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/

  3. le forestier

    Je ne vais jamais sur le blog de Mélenchon et mon propos se limitait à dire que l’émission de Pujadas ne me permettait pas de prêter au candidat Mélenchon une pensée écolo-jem’enfoutiste et forcément immuable au fil des ans, car j’ai entendu récemment Mélenchon critiquer la production d’objets inutiles, contrairement a ce que dit Nicolino sur son blog en s’appuyant sur une analyse des écrits que je n’ai pas le loisir de dater et vérifier. Si c’est vrai, c’est plus probant pour étayer le constat que vous faites mais ce n’est qu’un détail de forme qui nous égare du vrai sujet : la disparition de l’écologie en rase campagne électorale ! La peur de la fin de la monnaie virtuelle évite de penser la fin des haricots bien plus terrifiante.
    L »essentiel est bien là dans cet article que je vais diffuser largement autour de moi.

  4. lynx

    un seul oubli dans la liste des pics: le peak de la connerie! En revanche pour celui-ci, peu de chance de l’atteindre dans les prochains mois. Il faudra attendre encore un minimum de 5 ans (et certainement beaucoup plus).

  5. LEGEOGRAPHE

    « La finance, ça commence à bien faire… » C’est pas la réponse que font les « indignés » à Nicolas Sarkozy ?

    Sinon, il n’y a pas à chercher, en fait les petites gens souffrent déjà d’une situation de crise qui ne sera pas une crise passagère, mais une crise d’un demi-siècle peut-être (et encore, un demi-siècle c’est peut-être peu si le capitalisme fait de la résistance dans la tête des gens).

    Après cette crise, encore faudrait-il qu’il y ait autre chose qu’une terre désolée, dévastée, ruinée, pour pouvoir repartir sur de bonnes bases (puisque les bases de la classe maternelle ou du CE2, les politiciens ne les ont pas toutes comprises).

  6. LEGEOGRAPHE

    Le lien indiqué dans le paragraphe du « Peak Dirt » laisse songeur quand on sait ce que le discours de Dakar (Sarkozy, 2007 ; plume : Henri Guaino) disait, à savoir que l’homme noir n’était pas entré dans l’histoire… C’est sûr que le gouvernement qui fait violer les femmes des populations locales bientôt expulsées, ça, c’est plus entrer dans « l’Histoire avec sa grande hache » (Georges Pérec, « W ou le souvenir d’enfance »).

    http://www.survivalfrance.org/actu/7522

  7. FRANCE

    « La fin des haricots » : en effet, au train où vont les choses, tout est fait pour qu’elle se produise et rien n’est fait pour l’éviter. Qu’en conclure ?

  8. lynx

    @ SuperNo: je cherche des infos sur le peak oil. Est-on « officiellement  » dedans? J’ai visité plusieurs sites spécialisés dont l’ASPO sans rien trouver.

  9. Jean-Marc

    http://en.wikipedia.org/wiki/Predicting_the_timing_of_peak_oil

    « Data from the United States Energy Information Administration show that world production leveled out in 2004, and an October 2007 retrospective report by the Energy Watch Group concluded that this data showed the peak of conventional oil production in the third quarter of 2006.[9]

    ASPO predicted in their January 2008 newsletter that the peak in all oil (including non-conventional sources), would occur in 2010. This is earlier than the July 2007 newsletter prediction of 2011.[12] ASPO Ireland in its May 2008 newsletter, number 89, revised its depletion model and advanced the date of the peak of overall liquids from 2010 to 2007.[13] »

    Peak oil du pétrole conventionnel passé en 2006, peak oil pour tout le pétrole (conventionnel + non conventionnel), estimé, dans les années 2007-2008, devoir être passé en 2010-2011 [mais bon, il y a eu d autres découvertes de non-conventionnel depuis 2007… par contre, le pic de pétrole conventionnel reste passé : le pic du pétrole le moins cher à extraire, à transformer et le plus facile à transformer en essence (arabic light en particulier) est bien passé].

    Apres, le non-conventionnel, biocarburant, élec (donc charbon et nucléaire), GPL, GNV,… permettent juste d avoir d’autres carburants, pour boucher le trou grandissant entre plateau de production de conventionnel et hausse des besoins.

    En celà, hors de toute autre considération sur leur pollutions plus ou moins grande vis à vis de la voiture à essence (conventionnelle), chaque voiture à carburant alternatif s’insérant dans le trafic automobile, permet de retarder la transition nécessaire vers d’autres modes de déplacement… tout en augmentant la quantité de GES rejettés (car les GES des extraction/rafinage/transport/utilisation des autres carburants viennent s ajouter à ceux du pétrole conventionnel).

    Ces carburants peuvent peut-etre un peu retarder la crise énergétique dans les transports indivs… mais risquent surtout, en offrant des chimères,* de retarder la prise de mesures concrètes (par ex : plus des rues piétonnes, hausse des taxes sur tous les carburants et sur les péages pour camions, et baisse des taxes sur les TEC et le ferroutage), et d’augmenter la pollution qu’on aura produit avant cette remise en cause forcée.


    J ai essayé de trouver sur manicore.com une fiche sur ce sujet, mais je n ai pas trouvé de fiche sur les +/- de GES/CO2 produit selon si on n’utilise que du pétrole conventionnel, ou aussi d autres sources pour le transport (j ai peut-etre loupé la fiche/le paragraphe?)
    Même si la conclusion de cette fiche (faite sur l’énergie pas sur les transport) y répond cependant :
    http://www.manicore.com/documentation/serre/fossile.html

    Cependant, j ai aussi trouvé cette fiche, qui va déplaire à Lugdunum :
    http://www.manicore.com/documentation/serre/voiture_serre.html
    en particulier, le 3eme dessin et son commentaire :
    http://www.manicore.com/documentation/serre/voiture_serre_graph1.gif

    sur 8 ans (90 à 98) :
    « On constate alors que les deux premiers postes d’augmentation des émissions, sur cette base, sont :
    – la voiture particulière (à gauche)
    – les camions (poste « services de transport », avant dernier sur la droite). »

    Lugdunum pourra toujours répondre que les GES ne sont pas les seuls polluants… ce qui est vrai.
    D ailleurs, en fonction du choix du polluant observé, on modifie forcément l’ordre des responsabilités.
    Ainsi :
    – l’utilisation de l espace public (avec pour conséquence l’étalement urbain, la bétonisation du pays, la dilution du lien social local, et la perte de temps accrue dans les transports),
    – le bruit (considéré, selon les sondages, comme la 1ere ou 2eme pollution par les français),
    – les morts et blessés,
    (…)
    sont d’autres pollutions ou inconvénients majeurs… pour lesquelles la voiture (tous carburants confondus*) écrase largement le chauffage au bois.

    * sauf, pour le bruit, l’électrique pure… jusqu’à 30-40km/h : plus une voiture va vite, plus les bruits aérodynamiques et de roulements se font entendre, au points que, dans une voiture à moteur thermique, dès 60km/h, ils font plus de bruit que le moteur !
    (les voitures élec, en ville, dans la circulation actuelle, paraissent silencieuses du fait du bruit des voitures thermiques à coté d elles… mais il suffit de rouler seul pour se rendre compte qu’elles ne le sont pas).

    * des chimères, car chaque report d’une énergie vers une autre, fait que cette dernière s’épuisera plus vite

    Surtout que l usage d’une énergie différente pour différents usages à un (peu de) sens :
    utiliser le charbon pour le transport indiv entraine un gaspillage énergétique énorme [le procédé Fisher-Tropsch pour produire un carburant liquide à partir du charbon, ou la production d’élec par charbon pour des voitures élec : tous 2 ont des rendements inférieurs à 1 (de l’ordre de 0,5, de 50%, pour Fisher-Tropsch)]
    Ainsi, chaque report entrainera des gaspillages, donc une fin plus rapide des dernières énergies fossiles encore dispo, uranium et surtout charbon.

  10. grasshoper

    Plutôt que de « Peak Everything », il faudrait parler de « Peak All ». La synthèse est excellente, un vrai régal. La cécité volontaire des politiciens fait peur quelque part tellement elle est énorme. J’ai assisté à une rencontre entre un élu (de droite mais c’est franchement loin d’être un imbécile et il connait ses dossiers) et la population. La croissance revient encore et encore dans le discours comme la solution à tous nos maux.

    On est mal barré et ils font semblant de ne rien voir car ils savent très bien que ce type de discours ne sera jamais porteur auprès de leur électorat.

  11. gilles

    En parlant de cécité des politiciens l’analyse de Dominique Voynet dans le + du nouvel obs sur le prix de l’essence trouverait ça place ici:

    On note:

    « ..Cruelle évidence : les ressources non renouvelables ne sont pas renouvelables… »

    et en conclusion:

    « ….Restera la question de fond, que seuls, hélas, abordent aujourd’hui les écologistes. Décrocher ! Combattre l’addiction ! Engager dans les actes la transition énergétique. Considérer celle-ci comme une priorité cardinale : on ne réduira pas la pauvreté ; on ne recoudra pas les fractures territoriales qui minent notre pays ; on ne permettra, enfin, aucune sortie durable de crise, si l’on n’engage pas cette mutation… »

    La cécité des autres n’en est que plus frappante.

  12. Irisyak

    Je suis allé à Copenhague pour échanger sur le « climatechange » et j’ai té surpris que la problématique était: « Les pays riches doivent payer pour le mal qu’ils ont fait ». Il est évident qu’aucun pays riche n’est prêt à payer à hauteur du mal qu’ils ont fait.
    C’est pourquoi la seule solution que j’ai trouvé consiste à organiser la croissance des énergies nouvelles à hauteur de 100% des énergies consommées en 2040. Ceci donne environ 3% par an .. Le coût est ridicule et génère une société très différente.

  13. GEGE

    Ce qu’il faut comprendre avec Mélenchon, c’est qu’il est engagé dans une coalition avec une organisation qui a encore pas mal de poids dans le paysage français : le PCF. Or le PCF est une organisation qui a une tradition fortement productiviste. Ils sont en train de faire tout doucement leur aggiornamento, sans bruit, par en bas. Prenez les communes qui se disent « pour la cantine des gamins le midi, j’ai le choix entre faire appel à une multinationale qui va refourguer des crevettes surgelées qui ont fait trois fois le tour de la planète, et construire un système de production locale qui crée des emplois et finalement coûte moins cher à la collectivité », eh bien, ce sont souvent des petites communes PCF qui font ça.
    Le problème avec les idées écologistes, c’est qu’elles prennent difficilement dans les couches les moins aisées de la population. Parce que quand tu te bats au jour le jour pour survivre économiquement, tu n’as pas vraiment l’impression de surconsommer. Or face aux pénuries genre pétrole, il faudrait peut-être prendre conscience que le débat ne se limite pas à la gauche productiviste et aux écolos. Les fascistes aussi sont sur les rangs. laissons-leur les beaufs de base, moi ce qui m’intéresse c’est la classe ouvrière : pour le monsieur qui va prendre son poste à l’usine à 5 h du matin, les transports en commun ou la bicyclette ça ne me semble pas pertinent politiquement de proposer cela. La réponse à la hausse du prix de l’essence, c’est une franchise en base, une subvention, fonction de l’éloignement domicile travail et du revenu.
    Les radars, certes ils font baisser les accidents mais ils sont aussi parfois placés de manière à rapporter des sous… Moi si je me prends une prune avec la voiture du travail, je peux assumer financièrement, c’est pas forcément le cas de tout le monde. Ca pourrait donc être intéressant de moduler les amendes selon le revenu, non ?

    Sinon, sur le nucléaire qui est un truc emblématique, la question n’est pas de savoir qui entoure Mélenchon, mais ce qui a été signé comme accord programmatique. Tout d’abord la démocratie : rendre le pouvoir au peuple et faire un référendum sur le nucléaire et plus généralement l’énergie. Ensuite la question de la sécurité des centrales : arrêter la sous-traitance. Or cette sous-traitance est au coeur du système électronucléaire. Si c’était appliqué, étant donné les fuites sur les circuits primaires et les niveaux de radiation, le nucléaire serait clairement non-compétitif économiquement. Ce qui ne signifie aucunement sa fin : restent les arguments sur les émissions de CO2 et l’autonomie énergétique. Enfin, le petit truc « stalinien » scientiste et prométhéen, mais qui pour celui qui sait lire entre les lignes est intéressant, le « continuer la recherche sur la transmutation » implique une remise en cause de la logique d’enfouissement des déchets à vie longue…

  14. Jean-Marc

    1- petrole/amendes :
    « Ca pourrait donc être intéressant de moduler les amendes selon le revenu, non ? »
    -> oui, oui, et encore oui ^^

    c est deja le cas en angleterre et en suisse (http://www.caradisiac.com/Suisse-des-amendes-en-fonction-du-revenu-13596.htm)

    le but est de savoir :
    les amendes (et autres peines) sont là pour remplir les caisses de l’état… ou pour être dissuasives/incitatives à avoir un comportement qui permette de sauver des vies ?

    dans le cas 2, pour chaque infraction mettant directement ou indirectement une vie en jeu (passage à un feu orange, garé devant une bouche incendie ou une piste cyclable (détour dangereux à faire), non respect des distances de sécu,… téléphone, vitre fumée (chute visibilité pour les autres usagers), absence d’usage de clignottant,…) il serait normal d’être modulable (au mieux, par un juge, sinon, automatiquement sur les revenus), de façon à être +/- dissuasif pour tous.

    [En effet, 100€ pour un smic horaire à temps partiel, ce n est pas du tout pareil que 100€ pour une personne gagnant plus de 4 smics… et dont l amende pourra souvent être payée par la boite chez qui il travaille… (donc amendes plus élevées, mais surtout un minimum de prison ou TIC sans surcis, même d’une seule journée, pour les plus riches, lorsqu’ils font une infraction mettant la vie des autres en danger).

    Par contre, pour une infraction ne mettant pas de vie en danger, comme un PREMIER dépassement d’horaire sur place de parking ou … (ah… je n en vois pas d autre, en fait ^^), alors, une amende forfaitaire se conçoit mieux. (« premier » : si multi-récidive, au delà de 5 -> fourrière).

    remarque : en angleterre, les taxes indexées sur les revenus ont permis d améliorer énormément la sécu, et de faire chuter les infractions.

    (il y a un risque, comme il existe deja la revente de points de permis, d avoir des volontaires -contre avantage- pour endosser des peines légères à la place de la personne ayant fait l’infraction, et qui aurait une peine bcp plus lourde… mais, du fait des retraits de points allant avec l amende, cet éventuel trafic ne devrait pas représenter un %age important)

    2- le nucléaire :
    « Ce qui ne signifie aucunement sa fin : restent les arguments sur les émissions de CO2 et l’autonomie énergétique.  »

    l’autonomie énergétique ?
    depuis quand areva a-t-elle des mines d’uranium en france ? (pour plus qu’une production anecdotique)

    suffit de suivre l actu
    http://indices.usinenouvelle.com/energie/areva-vinci-enlevements-au-niger-sur-fonds-d-exploitation-d-uranium.3240
    (38% de l uranium d areva vient du niger, au moment des enlèvements)

    Si areva est au niger, si aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique ) est très puissante, c est pour la même raison :
    la présence d’uranium au niger, d’areva pour le récupérer au coté du pouvoir, avec un pouvoir qui ne redistribue pas aux populations locales (au contraire, les « mineurs » sont souvent des « volontaires » grâce aux mitraillettes des militaires qui les encadrent)

    L’autre gros centre d approvisionnement d areva, le Kazakhstan, n est pas non plus particulièrement un exemple de démocratie avec partage équitable de la richesses…

    [bon, tu me diras, en S_rkozie, on est aussi de mieux en mieux, dans la non-redistribution équitable de la richesse… mais ils vivent celà à un niveau bien supérieur à nous… et avec les plus pauvres qui ont bien plus de pb vitaux que nous]

    Alors qu’avoir des travailleurs libres, « bien payés » (selon les critères de ces pays, soit 200€/mois), ne coûterait pas très cher à areva…. et permettrait de réduire les attentats et le financement d aqmi et d autres mouvements de contestation sociale ou ethnique, chapeautés par des « idéaux religieux ».
    Mais voila, areva ne veut pas des employés volontaires et bien formés, mais préfère des magouilles sales avec le pouvoir contre sa population… celà permet de gagner des clopinettes en plus, mais de devoir faire intervenir l armée française quand ses actions entrainent leurs conséquences attendues.
    (http://www.france24.com/fr/20100920-france-envoie-80-militaires-tenter-retrouver-otages-niger-areva)

    p.s. en fait, celà montre aussi le peu d’intérêt d areva pour ses employés : elle les envoie dans la poudrière qu’elle crée, au risque de leurs vie…
    seuls les cadres sup. à Paris n’allant pas sur le terrain et les actionnaires profitent de la politique d areva

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