On ne dira bientôt plus néo-libéralisme dans les manuels d’économie, mais tout simplement macronisme. Ce qui est en train de se passer avec l’assassinat actuel des trains français sera peut-être d’ailleurs un modèle du genre en matière de macronisme.
Macron, ministre de l’économie de François Hollande, avait déjà donné le premier coup de couteau au train en libéralisant les fumeux autocars dits Macron. Premier mensonge éhonté, cela devait créer 22.000 emplois, il semble que l’on soit loin du compte. Un an après, on était plus proche des 1.500 créations d’emplois, soit quinze fois moins que prévu (1). Et les emplois en question semblent être en voie de précarisation rapide.
Par contre, la mesure semble avoir été très efficace pour sabrer le train. Comme les entreprises de bus Macron se sont tirées la bourre sur les tarifs, évidemment beaucoup de gens ont abandonné le train. Certains vont sans doute dire: mais le voilà l’effet magique du capitalisme, la main invisible du marché, les joies de la concurrence et au final des bus privés à 1 ou 5 euros le trajet. Eh eh, on verra bien quand il ne restera plus qu’une entreprise ou deux de transport par bus si les tarifs resteront aussi attractifs… Déjà, plusieurs entreprises ont mis la clé sous la porte, le dumping social et environnemental aboutissant comme d’habitude à une situation monopolistique.
Par ailleurs, il ne faut pas être un génie pour comprendre que remplacer des trains par des cars, c’est plus de trafic routier, plus de congestion routière, plus de pollution, plus de CO2 et plus d’accidents de la route. On appelle cela des externalités négatives et elles n’entrent justement pas dans le prix du billet à 1 ou 5 euros. Elles sont juste payées par les impôts. Horreur! On fait du néo-libéralisme à fond la caisse, pardon du Macronisme, et on va se retrouver avec des impôts en hausse?
A bas les privilèges!
Non, non, rassurez-vous, les impôts ne vont pas augmenter pour tout le monde, en tout cas pas pour les plus aisés. On va juste réduire encore plus les « dépenses » publiques et donc les services publics. Vous savez, les « privilégiés ». Du moins, c’est ce que pense l’inénarrable Christophe Castaner, macroniste de choc, quand il déclare qu’il faut « mettre sur la table les tabous et les privilèges » (des agents de la SNCF). (2)
Peut-être fait-il allusion à la ministre des Armées, Florence Parly, qui touchait plus de 50.000 euros par mois à la SNCF durant les 6 premiers mois de 2017? (3)
Les Castaner, Parly et autres parangons de la Macronie me donnent juste envie de vomir. Les mêmes qui sont assis sur leurs privilèges d’élus et qui se servent sur la bête depuis des années font la morale aux autres. Pour eux, les infirmières aussi sans doute sont honteusement privilégiées?
Les agents de la SNCF, et au-delà les fonctionnaires en général, sont en effet des « privilégiés ». Avec leurs stocks-options et leurs salaires de députés, ils vivent comme des pachas. Ils ont en outre la chance de travailler les week-ends et la nuit. Comble des privilèges, certains agents de la SNCF font même rouler des trains pendant les tempêtes (4) et d’autres déneigent les voies la nuit pour que les trains puissent rouler le matin. Saleté de privilégiés!
Des « privilégiés » de la SNCF en train de déneiger les voies au petit matin…
Ce qui est intéressant avec cette « chasse aux privilégiés », c’est qu’elle montre bien toute la bataille idéologique qui est en train de se jouer. La Macronie veut achever le système ferroviaire français et il faut donc gagner la bataille de l’opinion publique en faisant passer les agents de la SNCF pour des « privilégiés ». Venant d’un Castaner qui cumule salaires et privilèges, cela ne manque pas de sel…
Autre bataille déjà gagnée, celle des trains de nuit (5). Ces trains ont aujourd’hui été quasiment tous supprimés au nom de la « rentabilité ». Ce n’est pas « rentable », donc on supprime… C’est à porter là aussi au crédit de la Macronie. Certains l’ont peut-être déjà oublié, mais la SNCF a été un jour un « service public » dont le travail était mesuré non pas à l’aune de la « rentabilité », mais de la « sécurité » (6).
Et le but d’un service public n’est pas d’être « rentable », mais d’assurer une mission « d’intérêt général ». Selon le principe de la redistribution, il faut accepter que certaines missions d’intérêt général aient un coût pour la société que l’on se propose justement de mutualiser, comme l’école par exemple.
Un réseau de chemins de fer moderne, en bon état, bien entretenu, c’est un gain social et environnemental pour l’ensemble de la société. C’est moins de pollution, moins de trafic routier, moins d’accidents de la route, moins de CO2 pour le climat, etc.
A l’inverse, la posture idéologique de la Macronie qui consiste à dire que les trains coûtent trop cher, ne sont pas rentables et sont gérés par des « privilégiés », c’est organiser leur disparition et donc favoriser encore plus le trafic routier, la pollution, le CO2, les accidents de la route, etc.
En fait, tout ceci est assez limpide. Comme le disait Noam Chomsky, « pour privatiser un service public, commencez par arrêter de le subventionner, faites en sorte qu’il ne fonctionne plus, attendez que les gens se fâchent et enfin, donnez la gestion de ces services au secteur privé. »
Dernier acte, le rapport Spinetta
Le dernier acte est digne de Machiavel. La Macronie confie à Jean-Cyril Spinetta le 12 octobre 2017 le soin de réaliser un énième rapport sur la SNCF. Admirons déjà un premier élément: Jean-Cyril Spinetta est l’ancien président-directeur général d’Air France-KLM! On confie donc à quelqu’un venant du transport aérien le soin de proposer les réformes « évidemment nécessaires » de la SNCF…
On se demande parfois sur quelle planète on vit. Imaginons qu’on souhaite réaliser un rapport sur l’industrie du vélo en France. Évidemment, on chargerait Carlos Ghosn, le PDG de Renault, de le réaliser…
Mais revenons à notre Jean-Cyril Spinetta, chargé le 12 octobre dernier de nous pondre un beau rapport sur la SNCF. Il lui aura fallu seulement 4 mois pour accoucher de son rapport. Le 15 février 2018 sortait en effet un magnifique rapport intitulé « L’avenir du Transport ferroviaire » (127 pages). Vous me direz, le gars est un génie (Science-po et l’ENA).
Déjà, le rapport qui s’intitule « L’avenir du Transport ferroviaire« , cela sent le sapin. En langage orwellien, cela veut dire qu’on va parler de la mort du Transport ferroviaire. C’est un peu comme quand une entreprise sort son « Plan de Sauvegarde de l’Emploi », en général cela veut dire qu’on va faire un plan de licenciements…
Donc, faire un rapport sur L’avenir du Transport ferroviaire, c’est déjà nous dire que le train n’a plus d’avenir.
Sans surprise, quand on regarde en détail les mesures proposées par Spinetta, c’est le grand Big Bang ferroviaire: transformation de la SNCF en Société Anonyme, mise en place de la concurrence, extinction programmée du statut de cheminot, suppression des « petites lignes », etc.
Vous me direz, encore un rapport qui va servir à caler les armoires. On en parle quelques jours dans les médias, puis tout redevient comme avant. Erreur, le rapport était rendu la semaine dernière ou presque et ce lundi, le gouvernement commence à recevoir le patron de la SNCF et les syndicats pour discuter de sa mise en application! On a connu des sujets plus longs à se mettre en place, par exemple l’interdiction du glyphosate ou une politique cyclable digne de ce nom. C’est bizarre, quand il faut protéger l’environnement ou mettre de l’argent sur la table, il n’y a plus personne. Quand il faut achever un service public, dès le lundi matin on convoque tout le monde devant les caméras…
Le plus drôle, c’est que toutes ces mesures qui vont couler définitivement la SNCF sont présentées comme des mesures pour la sauver. George Orwell n’aurait pas fait mieux:
LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE
L’IGNORANCE C’EST LA FORCE
Et tant pis si les bénéfices de la SNCF en 2017 sont excellents, ce n’est pas grave, il faut sauver quand même la SNCF! On se demande bien de quoi il faut la sauver, peut-être des mensonges de la Macronie…
Et le comble de l’arnaque tient dans l’histoire de la pseudo-dette de la SNCF. Brandie comme un mantra par la Macronie, la dette serait la responsable de tous les maux: « Voyez la gabegie du secteur public qui vit au-dessus de ses moyens« .
Or, cette histoire de dette est abracadabrantesque, car on applique les critères du secteur privé à ce qui était historiquement un service public. Pendant très longtemps, la SNCF a investi dans le développement et l’entretien d’un réseau ferré car l’Etat, c’est-à-dire nous, on lui a demandé de le faire. Si ce même Etat n’a pas mis en face les moyens nécessaires à cette ambition, le différentiel a été réalisé par l’emprunt. Il s’agit donc d’une dette collective portée par l’Etat au nom du service public ferroviaire et non pas de quelque chose qui illustrerait la gabegie supposée de la SNCF.
En Marche… vers la concurrence!
Les différents paquets ferroviaires européens nous obligent désormais à l’ouverture à la concurrence. Celle-ci est déjà effective dans le domaine du fret ferroviaire avec le succès que l’on sait puisque ce même fret ferroviaire n’en finit plus de plonger au bénéfice du fret routier. L’ouverture à la concurrence dans le domaine du transport de passagers nous laisse entrevoir ce qui nous attend…
De deux choses l’une. Soit on ouvre complétement à la concurrence, ce vers quoi on va, et le train dans sa configuration actuelle va disparaître. Car, dans le monde magique de la concurrence et du secteur privé, il n’y a pas de place pour les « petites lignes » déficitaires. Il n’y a de la place que pour des lignes à grande vitesse rentables entre quelques grandes métropoles. On appelle cela des « avions sur rail » destinés aux CSP+++ et nul doute que cela plaise à l’ancien président-directeur général d’Air France-KLM!
Pour le reste, on aura des trains de plus en plus chers et de moins en moins sûrs, comme en Grande-Bretagne. Et des Bus Macron bloqués au milieu de voitures en plus grand nombre.
Soit on développe un véritable service public ferroviaire qui soit une alternative performante à l’automobile. Dans ce cas, il faut accepter que ce service public ait un coût, car au final c’est bénéfique pour la société dans son ensemble: moins de pollution, moins de CO2, moins d’accidents, moins de congestion, accessibilité pour tous, etc.
Certains pensent naïvement que l’on peut mixer les deux: du secteur privé sur les lignes rentables et des subventions publiques d’intérêt général sur les « petites lignes » déficitaires. C’est le vieux laïus sur la privatisation des profits et la collectivisation des pertes. C’est surtout un non-sens, car justement un service public efficient (et non pas rentable) peut équilibrer une partie de ses comptes avec des lignes dites « rentables » en échange de l’exploitation de lignes dites « déficitaires ».
Au-delà, c’est d’une naïveté confondante, car c’est méconnaitre la tendance de fond à l’œuvre depuis les années 1980 avec la dérégulation des marchés et l’ouverture généralisée à la concurrence. L’Etat se désengage massivement de ce qui faisait l’Etat-providence d’après-guerre, car il faut bien les financer les baisses d’impôts à destination des entreprises et des plus riches. Un coup on supprime quelques trains de nuit, un autre coup on supprime quelques « petites lignes par-ci par-là », au bout de 20 ans, il ne reste plus rien, si ce n’est des bus Macron bloqués dans les embouteillages.
Alors toi, l’automobiliste qui travaille dur, qui se lève tôt le matin et qui paye « toujours trop d’impôts », tu es sans doute content qu’on en finisse avec ces « privilégiés de la SNCF ». Sauf que ce ne sont pas tes impôts à toi qui vont baisser, tu n’es pas assez riche. Par contre, quand il n’y aura plus de « petites lignes de trains déficitaires », vous allez être de plus en plus nombreux en bagnole le matin sur la rocade.
Bloqués dans les embouteillages, pare-chocs contre pare-chocs, vous regarderez alors passer les TGV, comme les vaches.
(1) Un an après, les «autocars Macron» affichent un bilan en demi-teinte, Pauline Chateau, Le Figaro, 6 octobre 2016.
(2) SNCF : les cheminots, mobilisés contre le rapport Spinetta, manifesteront le 22 mars, Le Parisien, 16 février 2018.
(3) Salaire mirobolant à la SNCF ? Pour Florence Parly, circulez y’a rien à voir, Hadrien Mathoux, Marianne, 15 octobre 2017.
(4) Merci aux agents de la SNCF, Marcel Robert, 10 mars 2017.
(5) L’État supprime les trains de nuit, l’un des modes de transport les plus écolo, Nolwenn Weiler, Basta, 13 octobre 2016.
(6) Trente-six compagnies pour une ligne de chemin de fer, Julian Mischi & Valérie Solano, Le Monde Diplomatique, juin 2016.
Le plus drôle : on sort juste des Assises de la Mobilité du mois de décembre dernier… Où une soi-disant « consultation du petit peuple » a eu lieu via Internet. Je le sais, j’ai été un contributeur assidu.
Résultat : l’item « comment aboutir à une mobilité soutenable » en termes de transports en commun, question à laquelle beaucoup ont répondu par l’évidence (un réseau ferroviaire intermodal et renfloué, qui redeviendrait un service public, et pas un business) a accouché de la merveille du rapport Se-pine-et-toi…
Les gouvernements successifs n’ont jamais rien compris d’autre que le petit paradigme capitalisto-nucléairo-bétonno-bagnolard. Ils raisonnent à courte vue, en regardant par le petit bout de la lorgnette, et répètent à l’envi des concepts tous faits et des théorèmes qu’ils voudraient des axiomes mais qui sont juste des bricolages branlants.
Einstein : « La folie, c’est refaire ce qui a déjà mené dans l’impasse, en s’attendant à un résultat différent ».
Permettez que de plus en plus de gens refusent qu’un guignol élu tous les 5 ans d’après un mode de scrutin non-représentatif leur dise ce qui est bon pour eux. A bon entendeur.
Sans défendre le lobby automobile ni Macron, il me semble que l’ouverture à la concurrence est une obligation législative de l’UE.
Après effectivement les modalités dans lesquelles elle intervient ne sont tous sauf 1) une gestion d’un service qui reste accessible pour tous (tous les âges, tous les départements…) et concurrentiel par rapport à la route 2) avec une logique de protection environnementale et notamment pollution de l’air.
Je suis bien évidemment contre cette logique de rentabilité et pour un service public de qualité. Et bien sur que l’Etat laisse se dégrader le service. Des lignes de chemins de fer ferment à une rapidité étonnante par exemple la ligne Saint-Etienne/Clermont-Ferrand, bientôt la ligne Abbeville-Le Tréport…Contrairement à l’automobile (un jeune de 16 n’a pas le permis, une mamie de 80 ans vivant dans un petit village qui a du mal à se déplacer…), le service public ferroviaire a (avait plutôt) l’avantage d’irriguer tout le territoire. Et tout ça parce que le train ne représenterait pas la modernité. Alors que c’est juste la solution!
Il faudrait que Macron aille faire un tour aux Pays-Bas ou en Suisse pour voir si c’est pas l’avenir. La gare d’Utrecht aux Pays-Bas accueillait plus de voyageurs (88 millions) que celle de Montparnasse à Paris (53 millions) en 2015. L’objectif ‘Utrecht Centraal est 100 millions en 2030. Il y a comme quelque chose qui cloche, non?
@abil59
Attention à Paris les voyageurs sont répartis sur 8 gares TGV (!) (Montparnasse, Gare du Nord, gare de l’Est, Saint-Lazare, gare de Lyon, Bercy, Massy TGV et Marne-la-Vallée) + la gare d’Austerlitz. Je ne crois pas que cela soit comparable avec Utrecht.
@Tom70s.
Oui c’est vrai mais Paris c’est plus de 2 millions d’habitants sans compter les voyageurs venant de la banlieue (pour la Gare du Nord notamment) Utrecht c’est 340 000 habitants et il y a d’ailleurs aussi 8 gares.
Ce que je veux dire par là c’est que même si on prend la gare du Nord, 214 millions de voyageurs si vous prenez la population de Paris (arrondi à 2 millions) en gros ça fait du 100 fois plus pour la principale gare et pour Utrecht 340 000 habitants pour 88 millions de voyageurs ça fait du 258 fois plus. Enorme la différence!
Je suis assez surpris de lire que le développement d’un service public de transport ferroviaire aurait un coût que le développement du transport privé routier n’aurait pas. Il me semble que la réalisation et l’entretien de la voirie ont un coût loin d’être négligeable pour le contribuable, et qu’y faire rouler des véhicules lourds (camions et bus) augmente de beaucoup les coûts d’entretien de ce bitume.
De fait, l’équation n’est pas développement ferré public coûteux contre développement privé routier gratuit, mais plutôt ferré public coûteux contre routier privé et coûteux aussi pour le contribuable ! Peut-être faudrait-il commencer par là…
Tout à fait Phanou.
Il est très difficile -voir impossible- de trouver ce que coûte l’entretien des routes en France, certains avancent dans les 30 milliards d’euros/an, soit potentiellement 750 euros/an par automobiliste. Sans compter le budget « insécurité routière » (40 milliards / an).
A comparer avec les pertes « abyssales » du train en France (3 milliards / an)
Vous avez raison de souligner les coûts trop souvent méconnus de l’autocar qui, comme le camion, n’est soumis à aucune écotaxe (cette subvention occulte explique en partie le succès des cars Macron). Mais il y a une troisième voie : celle du rail confié à un opérateur compétent, public ou privé, intéressé par le développement du service public et capable d’exploiter pour bien moins cher que la SNCF. Il en existe en Suisse, en Allemagne, en Espagne, en Italie du nord.
Un exemple ? Voyez la réouverture de la ligne Merano-Malles, une ligne de 60 km située dans le Sud Tyrol italien (Val Venosta), fermée en 1991 par les Chemins de fer de l’Etat italien (FS) pour manque de fréquentation et coût d’entretien trop élevé. La desserte, squelettique, était alors de 4 ou 5 allers-retours quotidiens. La ligne a été rouverte en 2005. Elle est exploitée par l’opérateur privé STA Bolzano. D’emblée, c’est une offre ambitieuse, à la suisse, qui a été mise en place : un train par heure toute la journée (de 5h à 23h) renforcée par un deuxième train semi-direct dans l’heure à certains moments de la journée. Le succès est évident : 1 million de voyageurs en 2005, 2,7 millions en 2010 soit environ 7000 voyageurs par jour ! Le succès de cette réouverture est tel que le financement de l’électrification de la ligne et de l’achat de rames électriques plus capacitaires viennent d’être décidés. Remarquable a été le coût de la remise en état de l’infrastructure : 120 millions d’euros pour 60 km, matériel roulant compris. Et le coût d’exploitation est de l’ordre de 7 à 8 euros du km (contre 20 euros ou plus en France) et 12 à 13 euros avec l’amortissement du matériel. Il s’agit d’une réalisation moderne, rationnelle et très automatisée, pour la commercialisation (distributeur dans les gares) comme pour l’exploitation (commande centralisée de l’ensemble de la ligne), conduite à agent seul… Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’il ne s’agit pas d’un exemple suisse pour lequel l’on pourrait objecter que les densités de populations sont sans comparaison avec la démographie française et que l’approche culturelle est différente. Ici nous sommes en Italie, dans une région rurale, avec des localités d’une importance proche de celles rencontrées sur la ligne francomtoise Besançon – Le Locle.
Le problème n’est pas la mise en concurrence que veut imposer Bruxelles. Cette concurrence est déjà effective dans les transports en commun dans les villes et personne ne s’en plaint.
Le problème c’est le contrat passé et son exécution. Face à un client qui ne fait pas de cadeaux et se tient au contrat un transporteur tâchera d’être dans les clous. Les administrations françaises ont la mauvaise habitude d’être clémente face aux écarts contractuels.
Une des raisons de cette clémence est qu’une administration régalienne n’a aucun intérêt à mettre des pénalités qui vont directement à Bercy sans que l’administration ayant fait le dossier de pénalités touche quoi que ce soit, y compris en dotations futures.
et si les opérateurs privés, pour les petites lignes, avaient la seconde casquette du tourisme… ?
une chaîne de petits hôtels avec l’esprit socio-environnemental friendly, disséminés dans les chefs-lieux de canton le long de l’itinéraire, avec une offre tyrolienne (!) digne de celle de l’exemple de Jean Sivardière :
si le succès est au rendez-vous les besoins de la population locale et ceux des touristes peuvent être satisfaits…
… mais il ne tient qu’à un fil*, avec une volonté politique consistante et de nouvelles façons de penser le territoire, c’est-à-dire hors silo, en intégrant le transport aux autres chapitres de l’aménagement, dont l’habitat et le tourisme.
*https://fr.wikipedia.org/wiki/Tyrolienne_(transport)
Construire, rénover et élargir des routes, c’est rentable?
Pour les grosses boîtes du BTP oui…!
@Phanou :
« Il me semble que la réalisation et l’entretien de la voirie ont un coût loin d’être négligeable pour le contribuable, et qu’y faire rouler des véhicules lourds (camions et bus) augmente de beaucoup les coûts d’entretien de ce bitume. »
Exactement. L’usure de la route est proportionnelle à la puissance 4 du poids. Il faut compter que le poids est réparti sur chaque essieu (c’est pour cela que les remorques de PL ont 3 essieux derrière).
Un véhicule 2 fois plus lourd use 16 fois plus la route (marrant, la question antispam c’est 4×4 = seize). Un véhicule 10 fois plus lourd l’use 1000 fois plus (il faut faire passer 1000 voitures de 1.9 tonnes pour égaler l’usure d’un camion de 19 tonnes). C’est particulièrement visible dans la ZI où je travaille : suite à des travaux et des bouchons importants sur la rocade proche, une partie du trafic PL s’est rabattue sur un itinéraire qui leur est interdit, la route a été défoncée à certains endroits (surtout les virages serrés à 90° ou plus), alors que jusqu’ici elle n’avait pas nécessité de travaux depuis des années.
L’Italie souhaite développer le tourisme à vélo en misant (entre autres) sur la complémentarité des transports. L’Allemagne dépense en 1 an 3 fois plus que la France pour ses trains et son réseau.
La France, c’est comme la musique classique au /15/16/17ième siècle. Pendant que les arias à la mode italienne inonde l’europe de la beauté et de leur qualité, inspirant tous les plus grands compositeurs que le monde ait connu, la France se croyait invincible avec ces déclamations chantées que tout le monde trouvait insipides en dehors des français.
Un italien entendant un opéra français demande à son voisin à la fin du 1er acte. C’est beau, mais où sont les arias? Le français lui répond: comment? vous n’avez rien entendu? il y’en a eu 3.
Pendant que la France se regarde le nombril dans son autodestruction au nom du progrès, les autres pays avancent et rigolent.
Qu’attendre d’autre d’un pays dont la dernière des lois concernant le droit du travail consiste à faciliter les licenciements tout en prétextant que ça générera des embauches ensuite ?
Alors la destruction du rail à des fins d’améliorer le service c’est juste la suite logique d’un raisonnemera idiot basé sur la remontée depuis une conclusion crétine.
Carfree
Très bonne article merci a tous. Excuser mon franglais écrit.
Voila j’ai remarque un manque dans tout vos magnifique arguments. En 98 à Toronto Can. on as manifester une super semaine de conférences sur le vélo et l’économie. Conferenciers/ières venue de partout au monde.
Ce que j’ai aprit, est que le transport public ou sans payage, dit gratuit, n’est pas gratuit du tout mais public. Les couts et les REVENUES sont public. Du vrais socialisme ou du communisme, pour les zétats zuniens et les capitalists radicaux (Trump et ces semblables, yen as beaucoups trop a mon gout haha! Cette article met Macron dans la même poche ou poubelle 🙂
Il y as en europe quelques villes qui on enlever le payage des autobus vide et on realiser une augmentation de l’economie local allant jusqua 20%. Le cout des transports public est de beaucoups moins que ca DONC! Le transport public accèsible aux moins nanties n’est PAS un côut mais un REVENU public.
Le même argument as servi pour valider l’utilisation du vélo et le besoin d’infrastructures securitaire. Le meme argument sert pour les trains avec quelques variantes qui rende le train encore plus payants sans payage.
Si Macron as pas compris ça alors il resemble pas mal a Trudeau, ils sont plus beau que intelligent 🙂 Trump est le meilleurs étant aussi laid que sa stupidité. Les zétats zuniens gagne encore une étoile pour prouver que ils sont les meilleurs au monde 🙂 ils sont inbatable, ils sont donc tenu a s’entre tué.
GUY W.
@Jean : je partage ton analyse sauf l’orthographe de l’adjectif franc-comtois pour qualifier la ligne SNCF de ma jeunesse Besançon-Morteau-Le Locle 😉