Quand la marche inspire les dessinateurs

Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours… et en l’occurrence certains dessins expriment plutôt bien la situation de la marche dans les villes d’aujourd’hui: mode de déplacement de perdant passant après tous les autres et espace ridicule affecté aux piétons…

Le premier dessin en haut de l’article illustre un problème classique de la marche en ville, à savoir la nécessité parfois de devoir appuyer sur un bouton pour pouvoir arrêter le flux des véhicules motorisés. Ce bouton peut être vu comme l’humiliation habituelle du piéton, comme s’il fallait demander la permission afin de traverser la rue.

Et si au contraire c’étaient les automobilistes qui devaient appuyer sur un bouton pour pouvoir traverser le flux des piétons? Nul doute que la physionomie de nos villes serait radicalement différente.

Au passage, il faut savoir que dans certaines villes, comme Paris par exemple, ces « boutons pour piétons » ne fonctionnent que la nuit…

precipice

Cet autre dessin est un classique du genre. Sans aucun mot, tout est dit sur la réalité de la place réservée aux piétons dans nos villes. Condamnés à longer les façades, les piétons doivent prendre garde aux précipices…

pauvre-femme

Le dessinateur américain Andy Singer est un habitué de la critique de l’automobilisation des esprits. Dans ce dessin, il est question de la perception de la marche par les automobilistes, un mode de déplacement de pauvre et de looser… Les gens « normaux » et « bien-portants » se déplacent en voiture, quitte à faire du gras bloqués dans les embouteillages. Les « perdants » et les « gens bizarres » se déplacent à pied, libres de leurs mouvements et en bonne santé…

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si-les-pietons

Et si les piétons avaient vraiment de l’influence? Une bonne question posée par le dessin suivant quand on connaît la situation actuelle. Lors des épisodes de froid, neige, verglas, la chaussée circulée par les voitures est l’objet de toutes les attentions des pouvoirs publics quand, très souvent, les piétons doivent se débrouiller sur des trottoirs impraticables…

marche

Enfin, terminons par ce dessin qui résume admirablement bien la schizophrénie de notre société. La sédentarité automobile provoque de nombreuses maladies et il serait plus qu’urgent de favoriser réellement la marche, mais si l’automobile est mauvaise pour la santé des automobilistes, elle l’est aussi pour la santé des piétons!

4 commentaires sur “Quand la marche inspire les dessinateurs

  1. Florent

    Et oui…

    Et moi je me bats depuis des années dans ma ville pour que les fameux capteurs de présence qui permettent à la voiture qui arrive d’avoir un feu vert presque immédiatement… (comme le bouton poussoir le permet également au piéton !)… fonctionne aussi pour le cycliste !!!
    Car bien souvent, la boucle est mal placé pour capter un cycliste, pas assez sensible, etc…
    Et depuis des années, le responsable de la voirie de la commune (que je rencontre régulièrement de façon tout à fait « officielle » en tant que représentant de l’asso vélo) prend mes coordonnées et, m’indique (je montre de la bonne volonté: je lui indique quels feux et précise que je souhaiterais aider la mairie à trouver des solutions à bas coût, etc) que le gars qui s’occupe des feux va me contacter rapidement…
    Et chaque fois, j’attends…
    La dernière fois, c’était jeudi dernier…

    Alors bien élevé, j’attends…

  2. Vincent

    En revanche, les boucles de détection sur pistes cyclables aux Pays-Bas, ça marche super bien. Testé le week-end dernier.

    Sinon, petite erreur classique dans l’article : « looser » → « loser ».

    « Loose » = « lâche » et se prononce comme s’il y avait deux « s »
    « Loser » vient du verbe « to lose » et se prononce comme s’il y avait un « z » (qui veut dire Zorro).

  3. pedibus

    La gestion des villes comme leur aménagement sont essentiellement guidés par une logique de flux routier alors que ce sont des rues qui les traversent…

    S’il y a des acteurs pour qui il est extrêmement urgent de modifier les constructions cognitives ce sont bien les techniciens en charge de la voirie – et les élus qui les chapeautent -, dont le service municipal est presque toujours en situation de domination sur tous les autres, alors que celui qui permet de broder en permanence, dans la feuille de chou de la collectivité, sur l’environnement et le développement durable, lui  il est toujours en situation de cinquième roue du carrosse…

    Une belle formule assassine, un bon dessin ou une carte géographique, voire un plan qui amènent à prendre conscience du risque pour la société à devoir en permanence… tracer des boulevards pour ne faire prospérer qu’une technique de déplacement, au détriment du reste des besoins des sociétés urbaines, c’est déjà permettre de faire un grand pas dans la bonne direction.

    Faut-il encore avoir une fenêtre de tir pour lancer ces messages dans l’espace public. Faut-il passer à l’acte et tenir comme moyen de droit l’état de nécessité en bousculant les conventions marchandes? Je veux dire par là faut-il donner raison aux activistes de l’anti pub et de l’anti embrigadement des consciences en dépolluant l’environnement visuels des messages qui nous manipulent et nous empêchent de muter idéologiquement?

    Resterait alors, « à bon droit », à occuper le terrain des innombrables panneaux publicitaires vantant les produits du système automobile, pour faire la pédagogie du changement sociétal, que l’on sait nécessaire, sans toutefois y croire vraiment pour trop de nos contemporains.

    Jusqu’au moindre pare-brise de cacatre, où coller le message, qui peut faire mouche, pour un monde moins moche…

    Avant de tomber sous le joug de l’Etat puissant, et de son système marchand qui lui donnait turgescence, vasodilatation…, la ville a très bien su apporter l’émancipation à ses habitants, lesquels ont pu équilibrer le pouvoir entre religion, corporations et échevinage. Celle d’aujourd’hui s’en méfie encore au nom d’un principe d’étalonnage généralisé pour fabriquer un décorum sensé  attirer toujours plus d’élites (la métropolisation). Alors que le nombre devrait faire la richesse sans distinction de rang et trouver naturellement débouché et acteurs à un ensemble démographique se suffisant donc à lui-même : c’est l’économie résidentielle, qui voit presque toujours l’hôpital, l’enseignement et le commerce de base comme tous premiers employeurs du bassin de vie…

    Ces habitants doivent se manifester quotidiennement par le « faire par soi-même » (DIY, Do It Yourself) au degré le plus inoffensif qui soit, en détournant les symboles du moment, comme nos grands-parents ont pu le faire, par exemple en mélangeant les panneaux indicateurs pour fourvoyer l’envahisseur… Actions symboliques qui nous occupent et occupent le terrain.

    Je m’y vois déjà… Bon la formule de la colle biologique qui demande des plombes pour enlever l’affiche clandestine c’est quoi  déjà?

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