A deux doigts d’inventer le train…

France-Inter, ce n’est plus ce que c’était. Aujourd’hui, on y découvre une sorte de publi-reportage pour un truc censé être « innovant » et « disruptif » en langage macronien, à savoir le « platooning« …

En gros, le platooning (peloton en anglais?) consiste à mettre sur les routes des camions en file indienne reliés par wi-fi, avec une faible distance entre eux, 15 mètres voire même 10 mètres. Cela permettrait aux véhicules suiveurs de profiter de la vitesse du camion leader et d’économiser du carburant.

Jusqu’à présent, la direction de la sécurité routière avait refusé la circulation de ce type de convois. Les choses ont évolué depuis, avec une démarche volontaire du gouvernement Edouard Philippe en matière de véhicule autonome… Les demandes de dérogation sont actuellement en cours d’instruction et devraient aboutir prochainement. C’est ça la Start-up Camion, euh Nation!

Incroyable ce que le « Nouveau Monde » à la sauce Macron peut générer comme trucs « débiling » ou « foutaging de gueule »…

Les gars veulent faire circuler des camions touche-touche en mode semi-autonome et wi-fi pour transporter des marchandises? Est-ce qu’on leur dit que s’ils mettent leurs marchandises dans des camions en dehors de la circulation, sur des rails, attachés les uns aux autres, avec une seule motrice, cela s’appelle un train?

A force d’être disruptifs dans le cadre de la Start-up Nation, ils vont sans doute finir par inventer… le fret ferroviaire.

Ah mais non, le « training » ou le « freting », c’est un truc de l’Ancien Monde sans doute. Car, dans leur monde à eux, il vaut mieux avoir des dizaines de chauffeurs de camions sans statut, sous-payés et exploités plutôt qu’un seul conducteur de train sous statut, protégé et syndicaliste…

C’était un peu la même logique avec les bus Macron: pourquoi transporter les gens dans des trains conduits par des agents SNCF alors qu’on peut les mettre dans des bus conduits par des chauffeurs exploités? Et pour sauver la planète, car c’est paraît-il l’objectif d’Emmanuel Macron, rien ne vaut le développement des bus et des camions sur les routes. A vrai dire, la disruption a fini par leur vriller le cerveau aux Macroniens.

Lire aussi :  Vérités et mensonges à la SNCF

Macron avait déjà grandement favorisé le développement des bus sur les routes au détriment des trains. Aujourd’hui, il favorise les camions au détriment des trains. On l’a vu récemment avec l’abandon du train des primeurs Perpignan-St Charles/Rungis qui va provoquer l’arrivée sur les routes de 20.000 camions supplémentaires chaque année. Au passage, pour signer la pétition pour le train de primeurs, c’est ici.

Peut-être que l’idée, c’est justement de faire du « platooning » de camions de primeurs entre Perpignan et Rungis? Si c’est le cas, la file de droite sur les autoroutes risque de ne plus être très praticable… Des expérimentations sont d’ores et déjà prévues en Nouvelle-Aquitaine sur l’A63. Egalement, on n’ose pas imaginer les problèmes de sécurité et de réseau wi-fi pour ces camions « intelligents » censés communiquer entre eux en temps réel: « attention on va être coupés, on passe dans un tunnel… »

Par ailleurs, ils ne sont pas seulement ridicules, ils sont aussi franchement dangereux. Leur projet est de mettre en place un « living lab« , encore de la novlangue macronienne, en gros une sorte de laboratoire vivant? Des files de camions en mode semi-autonomes vont ainsi être lancées en conditions réelles sur des autoroutes ouvertes à la circulation… Et devinez qui vont faire les cobayes? On imagine le conducteur de Twingo qui voudra sortir de l’autoroute et qui se retrouvera comme un steak haché entre deux tranches de pain…

A vrai dire, en France on reste des petits joueurs. Car, en Suède, ils électrifient carrément des autoroutes pour faire circuler des camions à propulsion électrique… Les Suédois ont encore un camion d’avance sur nous, il ne leur reste plus qu’à inventer… les rails.

11 commentaires sur “A deux doigts d’inventer le train…

  1. Prolo

    « On imagine le conducteur de Twingo qui voudra sortir de l’autoroute et qui se retrouvera comme un steak haché entre deux tranches de pain… »

     

    Heu.. il n’y a pas besoin de faire des « trains de camions » pour que les conducteurs de Twingo (et toutes sortes de bagnoles) se rabattent au dernier moment devant le nez d’un camion, parce que rester derrière un camion pendant 500 mètres avant de prendre la sortie d’autoroute leur est intolérable.

    Les automobilistes parlent beaucoup de « code de la route » au sujet des cyclistes, mais demandez l’avis d’un chauffeur PL sur les automobilistes et vous allez entendre des belles insultes, souvent méritées.

     

     

  2. toto

    Rouler à 90 km/h, ça fait du 25 m/s. Sachant que le code de la route impose (Article R412-12) au moins 2 secondes d’écart, cela fait 50m d’écart.

    Sachant en plus que tous les camions ne roulent pas à 90 km/h, mais parfois plus vite, la distance minimale monte d’autant plus vite (60m à 110km/h), ça ressemble quand même pas mal à une mauvaise idée.

     

  3. pedibus

    ah ben comment j’vas faire avé ma gnognole  pour franchir le mur du çon… heu de mions-mions… hein… ?

    et pis comme dirait mon ami Danny ça pue tout ça…

     

    mais alors pas glop du tout….

     

    et on pourrait pas mettre tout le fourbi sur wagon plat, avé deux ou trois voitures en queue, pour les bahutiers, les locaux, lowcosts et périr-urbains, ceux -là  qui ont pas assez de TER dans leur coin… ?

    franchement ça manque de créativité, d’ambition et autres perversités bien placées c’te truc-là… c’est pas pasque c’est des gros culs qu’il faut rester coincer de la chose…

     

    je tâche de contacter l’ami Danny pour synapser dare-dare là-dessus… :

    z’ont qu’à bien se tenir les prétendants au concours La Pine…

    moaaaaaaaa je connais…

    et si j’me trompe sur mes capacités, encore une fois, méat coule pas…. !

     

    boaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

    (en bien gras siouplait…)

  4. jol25

    D’un autre côté, n’est-ce pas déjà partiellement le cas ? Sur certaines autoroutes la file de droite est quasiment monopolisée par une file continue de PL, en Allemagne pire qu’en France. D’ailleurs les allemands roulent automatiquement sur la voie de gauche ou du milieu, jamais à droite.

    Ensuite c’est le premier pas vers les véhicules autonomes, car c’est le cas idéal à gérer.

    Le fret routier a pris le pas sur le fret ferroviaire ou mixte en raison des contraintes que cela impliquait. Le juste à temps ne permet pas d’utiliser le train. Les terminaux ferroviaires allaient rarement dans les industries, ou les horaires disponibles ne collaient pas au besoin.

    Maintenant le bon sens voudrait d’arrêter purement et simplement de faire sillonner la terre aux matières, pièces et produits, quel que soit le mode de transport…

  5. JP

    Juste une remarque à propos du système suédois : il a existé en URSS, avec de très gros camions …l’autre intérêt de cette idée étant que la pose des rails dans les sols sibériens posaient des problèmes.

    Donc l’idée est née là-bas , il y a bien 50 ans.

  6. JP

    Effectivement, prenant l’A104 le matin pour me rendre au travail, je vois ces files ininterrompues de dizaines de camions, parfois certains même sur la file de gauche et ça bloque…

    Les maires des villes résidentielles du 77 refusent le rail pour ne conserver que des catégories socialement aisées.

    Le trafic européen de camions s’accroissait annuellement de 18% vers 2000. Mais pas les salaires.

    Sinon, physiquement, l’usure de la route est proportionnelle à la puissance 5ème de la masse. Donc un seul camion 10 fois plus lourd usera comme 100 000 voitures. Un camion 20 fois plus lourd comme 3 200 000 voitures.

    Tout est conçu pour les camions, le profit est pour les patrons de ces entreprises ( certains en possèdent une flotte se chiffrant en milliers)  mais le coút de l’infrastructure est financé par ceux qui n’en tirent aucun profit boursier…on crée des autoroutes pour les camions, ou plutôt, le profit de camionneurs.

  7. PatMahieu83

    Le niveau d’incohérence de nos gouvernant est effrayant.

    Nous croient-ils a ce point assoupie pour nous croire capable de donner fois à leurs paroles vertueuses  (ecologies, DD,cop,GIEC,tri. Etc…)et de ne pas avoir un regard critique sur leurs agissements contraires.(encore plus de véhicule à sur les routes)

    Nos politiques devraient apprendre que leur crédibilité exige un minimum de coherence.

     

  8. JP R

    Mais cela me fait penser à l’écologie à Paris, avec la vignette Crit’air. Les « vieilles » voitures du prolétariat y sont interdites ( ex 206 Diesel, rejetant 124 g de CO2/ km, Crit’air 4), ce qui gêne pour aller chercher les proches chargés de valise à la gare, donc venus en train, alors que rouler jusqu’à Roissy, donc polluer plus, pour aller chercher un passager venu en avion, est « écolo-compatible ».

    Mais je me suis posé la question pour les gros 4X4 du 16ème, des voitures à 150 000€  au moins ( Porsche Cayenne) ou 95 000€ au moins ( BMW X5). Je tombe sur un site de ces propriétaires inquiets. Et là, je tombe sur des heureux possesseurs de BMW M 5 ou M6 ( M = Motorsport, la version sportive plus puissante encore), des voitures dont la puissance se situe entre 250 CV pour les moins puissantes, et 550 CV pour les bolides de ville…

    Ils sont rassurés : ces véhicules sont Crit’air 1 !!!! en émettant 2 à 3 fois plus de CO2 que la 206, et ne l’oublions pas beaucoup de particules fines, car la plupart des particules fines n’émanent pas du moteur ( équipés potentiellement de FAP qui évoluent), mais du freinage. Or le freinage est proportionnel à la masse, et au carré de la vitesse : 2 fois plus lourd et 2 fois plus vite ( sans oublier les phases accélérer/ décélérer plus fréquentes) c’est 8 fois plus de particules fines émises par le freinage.

    Par contre, pour les trains, le freinage est par induction EM ( en tout cas à haute vitesse), ce qui est totalement exempt de particules fines…

  9. guillaume

    Ils sont à deux doigts d’inventer les road-trains australien, où on chaîne les convois.
    Polluant et dangereux, ça semble être le meilleur exemple à suivre !

  10. l'intégriste ferroviaire

    L’argument de l’économie de carburant est bidon, ça gagnerait tout au plus quelques %. Bien en dessous de la diminution très sensible de consommation énergétique obtenable par transfert sur rail.

    Ils sont d’un ridicule abyssal, et assumé !

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