L’équité dans une société dépendante de la voiture

Voici un rapport datant de 2011 et réalisé au Royaume-Uni par une commission officielle du développement durable sur le thème des inégalités liées au transport. Le rapport, dont le titre est Fairness in a Car Dependent Society (L’équité dans une société dépendante de la voiture), constate de manière générale que les groupes vulnérables non seulement se déplacent moins que les autres personnes, mais qu’ils supportent une plus grande part des coûts liés aux déplacements des autres, notamment la pollution atmosphérique, le bruit, les dangers de la circulation, les blessures et la criminalité.

Notre dépendance à la voiture contribue à des inégalités substantielles et persistantes.

Si les gens ont bénéficié de la disponibilité et du caractère abordable des déplacements en voiture, par exemple en accédant à un large éventail d’opportunités d’éducation et d’emploi, de biens et de services, ces libertés ont été obtenues à un prix substantiel, qui pèse le plus lourdement sur les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. Les personnes qui ne conduisent pas ou qui n’ont pas les moyens de le faire se retrouvent de plus en plus piégées dans un monde dépendant de la voiture, incapables de profiter de ses avantages, mais contraintes d’en supporter les coûts.

Certains des groupes les plus vulnérables de la société – notamment les enfants, les personnes âgées et les personnes à faible revenu – sont les plus susceptibles d’être touchés par les effets négatifs de l’augmentation du trafic routier, alors qu’ils ont eux-mêmes le moins accès aux transports.

Voici les principales conclusions de ce rapport:

  • Les 10 % les plus riches de la population bénéficient de quatre fois plus de dépenses publiques en matière de transport que les 10 % les plus pauvres.
  • Les enfants des groupes socio-économiques les plus faibles ont jusqu’à 28 fois plus de risques d’être tués sur les routes que ceux du groupe socio-économique le plus élevé.
  • La cause la plus fréquente de décès chez les enfants âgés de 5 à 14 ans est le choc avec un véhicule.
  • Les personnes appartenant au quintile de revenu supérieur parcourent deux fois et demie plus de distance que celles du quintile de revenu inférieur et trois fois plus de distance en voiture.
  • Dans le quintile de revenu le plus bas, moins de la moitié des adultes sont titulaires d’un permis de conduire et moins de la moitié des ménages possèdent une voiture, tandis que la moitié des ménages du quintile de revenu le plus élevé possèdent deux voitures ou plus. Pour les personnes qui demandent une aide au revenu ou une allocation de demandeur d’emploi, les chiffres de l’accès à la voiture sont encore plus bas – près des deux tiers n’ont pas accès à une voiture et à un permis de conduire.
  • Les propriétaires de voitures appartenant au quintile de revenu le plus bas consacrent 25 % des dépenses totales du ménage à l’automobile (à titre de comparaison, le fait de consacrer 10 % du revenu aux factures d’énergie du ménage est défini comme une « précarité énergétique »). Les habitants des zones rurales considèrent désormais la possession d’une voiture comme une nécessité et environ 90 % des ménages en possèdent au moins une. Il a été constaté que le coût de l’automobile représentait entre 60 et 100 % du revenu supplémentaire nécessaire aux habitants des zones rurales pour atteindre un niveau de vie minimum socialement acceptable, comparable à celui des habitants des villes.
  • Les auteurs du rapport estiment que le coût total de notre dépendance à l’égard de la voiture pour le seul Royaume-Uni dépasse largement les 48 milliards de livres sterling par an (environ 57 milliards d’euros) que représentent les taxes et les charges imposées aux usagers de la route au Royaume-Uni.
Lire aussi :  Une question de taille: le cas des transports

Le rapport recommande une nouvelle approche de la politique des transports afin de faire de l’équité l’un de ses principes directeurs. Les recommandations de la Commission invitent les décideurs à donner la priorité à la réduction de la demande de transport, à l’encouragement de modes de transport plus durables et à l’amélioration de l’efficacité des modes de transport existants plutôt qu’à l’augmentation de la capacité du système de transport.

Télécharger le rapport (en anglais)

2 commentaires sur “L’équité dans une société dépendante de la voiture

  1. Bienvenu

    Bonjour,

    et merci car pour moi cette lecture est super, mais avez vous quelque part une traduction en Français de ce rapport, svp ?

  2. mat b

    A partager avec les candidats de « gauche » qui ne représentent rien en la matière

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